« FoUs FoUlEy Du ThEy ??? » •• Upsilon

Fous Fouley du thay ???

Falvie ▬ Upsilon

Et tu souris, là face à ton reflet. Ajustant les derniers détails de cette nouvelle tenue. Deuxième peau que tu devras revêtir pour les prochaines années à venir.

C’est… différent. Mais pas déplaisant.
La couleur, la coupe, le tissu aussi.
Ouai, ça te change de l’uniforme d’Ilvermorny. Mais bon, tu t’y adapteras. Ou au pire, tu enverras valser ta veste pour ne te trimballer qu’en chemise ouverte et cravate négligée au grand dam des pro-intimiste et autre Mr. Prout-Prout chiant à en pleurer. ‘Au pire’ ouai…pas sûr que toi, tu l’envisages ainsi. Après tout, tu as toujours préféré le confort et l’aisance à l’esthétique criard et pas forcément au goût de tous. Alors oui, tu t’en fous. Un t-shirt noir et un jean noir et te voilà le plus heureux des fashionistas, bien plus que n’importe quel égérie surpayé.

Tes yeux se plissent sous l’effort de la concentration. Tes doigts s’agitent, se croisent et s’entrecroisent pour nouer l’attache-cou que tu ne sais ni aimer ni farouchement détester. Et il est probable que jamais tu n’arriveras à répondre à cette question “Alors les cravates ? Tu aimes ?” "Et ta soeur comment elle va ?" sera ta seule réponse. Comme à ton habitude, tu t’arranges pour ne pas la serrer. La tenue d’un ennuie impeccable du banquier coincé et irréprochable ne te branche pas plus que ça. Tu préfères encore porter un bermuda et des claquettes. Noirs. En été.

Tu croises ton propre regard, remarque qu’une mèche noire se la joue rebelle et tente de se faire remarquer plus que les autres. Tu la disciple, l’envoyant se fondre dans ta crinière d’ébène, parmi un désordre capillaire. Il est vrai que tu ne prends jamais réellement le temps de dompter correctement tes tifs. Mais pourquoi faire ? Tu sais d’ores et déjà que tu y mêleras tes doigts au cours de la journée. Et que si ce n’est toi, quelqu’un d’autre s’en chargera à ta place. Un fin sourire étire tes lèvres. Oui, et tu sais très bien qui peut faire parti de ce “quelqu’un”. Fleur douce et bienveillante, elle serait plutôt l’épine acéré d’une rose caustique et incroyablement chiante. Mais tu le vis bien. Du moins la plupart du temps.

Un coup d’œil à ta montre t’indique que tu as déjà bien trop traîné. Les cours ne vont pas tarder à commencer et tu espères avoir un peu de temps à accorder à la rose muée dans la peau d’un serpent. Du temps à lui accorder oui, mais inutile de te voilà la face Ash, c’est aussi pour toi et le plaisir de sa compagnie que là, à l’instant, tu regrettes d’avoir bouffer ton temps pour des banalités. Certes ils restent les cours pour vous côtoyer mais, à Ilvermony, pour la majorité des leçons communes, vous vous placiez à l’autre bout de la salle. Loin l’un de l’autre. Et tu t’arrangeais toujours pour être derrière. Parce que ça te permettait de garder un œil sur elle.

Névrosé.

Tu chopes ton sac, que tu aurais dû préparer la veille, ça t’aurait justement épargner quelques précieuses minutes, et descends les marches. Et tu la vois, là, assise sur le rebord d’une fenêtre, l’attention portée sur un tissu noir recouvrant ses jambes. Tu l’observe une fraction de seconde, contemplant la vue et savourant le fait de pas avoir encore été repéré. Tu détailles ce que tu peux distinguer. Approuvant le port de la jupe, incertain sur le port de… collant ? Ou serait-ce des chaussettes hautes ? Un peu dans le flou, tu attendras qu’elle se lève pour poser un avis là-dessus. Elle relève la tête et ses yeux se braquent sur toi.

▬ Moi qui croyais que t’étais à la bourre pour ménager ton effet.  

Tu souris. Une main se perd dans ta tignasse, désordonnant le foutoir que tu t’es appliqué à laisser telquel. Tu franchis le seuil, t’approchant d’elle en laissant une distance quasi raisonnable.

▬ Nan, ça c’est ton truc.

Toi t’étais à la bourre parce que t’es pas foutus de t’organiser. Et que tu prends une demi-heure pour vérifier que tes cheveux sont pas coiffés. Tsss. Ne te mens pas Ash, tu es aussi un peu stressé. Nouvel environnement, nouvelles tête. Nouveaux couloirs et potentiellement nouvelles chances de se perdre Dieu sait dans quelle foutue salle qui ne serait ta destination. Mais pitié par l’infirmerie.

Elle t’étudie pendant que tu penses vraiment à ce que tu dis. A tes bons souvenirs, elle a toujours eu le chic pour faire des entrées remarquées. Pas forcément par le port d’une tenue déconcertante ou élégante, elle pouvait tout aussi bien déréglé le climat ambiant par une attitude… surprenante ? Parfois inconcevable, parfois agréablement déroutante selon ton jugement. Elle t’étudie, accentuant ton sourire, animant l’aura de fierté qui émane de ton corps et qui, oui, sans mentir, est bénéfique pour ta confiance en toi.

▬ C'est pas mal.

Un “pas dégueux” ou un “c’est pas mal” se traduit de la même manière venant d’elle : T’es canon. Mais ça, elle ne le dira pas. Tu ne perds pas espoir d’avoir un jour un compliment net, sans voile ni filtre. Et même dans une situation où la sobriété serait partie s’éclater avec la décence, tu prendrais.
Volontiers.
Et ça te suffirait.

Ton regard pétille.
Ton sourire s’accentue :

▬ Merci. T’es pas dégueu non plus.

Tu choisis tes mots avec la traduction qu’il y a derrière. Si les compliments venant de sa part sont encore utopiques, les tiens se font également extrêmement rares. Non, vous êtes pas fichus de dire les choses clairement. Mais après tout, vous vous comprenez ainsi, alors tant que ça vous convient… les “T’es merveilleuse” et mièvrerie du genre devront attendre. Et être patient.  

Elle se redresse et l’espace d’un instant, lorsque sa main s’approche, tu rates une expiration. Tes yeux t’ont certainement trahis, reflétant la pensée ou l'inquiétude ressentie une fraction de seconde. Mais elle ne fait qu’enrouler ses doigts autour de ta cravate, évinçant l’idée qu’elle puisse te jouer un de ses fameux tour vil dont elle a le secret.

▬ Je préférais l'ancienne

Tu quittes enfin ses yeux pour baisser les tiens vers le bout de tissu critiqué. Toi, t’as pas trop d’avis là dessus. Elle est verte, argenté. Plaquée d’un blason reptilien. Chiante à enfiler mais devient plaisante lorsqu’on en détourne l’usage. Tu ricanes.

▬ Faudra faire avec.

Elle relâche sa prise, s’adosse contre le mur. Tu la laisse faire, un peu à contre coeur. Tu ne saurais dire comment, mais tu perçois un peu de lassitude, sans aller jusqu’à la résolution, dans son attitude. Intimement, tu te promets de changer les choses. Serait-elle nostalgique de l’école passée ? Peut-être un peu perdue aussi mais, tout comme toi, il y a de très fortes chances qu’elle ne l’admette pas.

▬ Ça passe non ? Enfin ça pourrait être pire. Au moins on entendra plus Amory et sa clique réclamer que les plats de McDo soient intégrés à la carte des repas. M’enfin ici c’est le thé qui remplace les frites, je croyais que c’était mieux mais…

Ah.. Amory… elle ne te manquera pas. Toujours à gueuler dans le couloir, à la recherche d’une attention et d’un amour que ses parents ne lui ont visiblement pas accordé. Triste vie, en arriver à réclamer de la fastfood juste pour augmenter son quota de popularité et de “fille bien qui fait pas attention à son assiette”... à tes yeux elle a simplement disparu de ton champs de vision. Dommage que tes oreilles ont quand même dû subir ses piaillements suraigus.

Ce n’est peut-être pas la question, mais tu aurais volontier pris la défense du thé. Consommateur de longue date, débarquer dans un pays où cette boisson est reine ne te bouscule absolument pas. Et c’aurait été pareil avec le café. A condition d’avoir du sucre à portée de main.
Soit, ce n’est pas réellement le sujet.
Mais tu crois comprendre.

▬  C’est pire qu’une caricature.

Elle roule des yeux et, à nouveau, tu perçois par ce signe de la lassitude. Un semblant de compréhension traverse ton regard.

▬ Si je ne te connaissais pas, je dirais qu’Ilvermorny te manque. Et que tu flippes à l’idée que Poudlard ne puisse pas répondre à tes attentes.

Sauf que tu la connais, et que quelque part, tu penses avoir viser juste. Tu ne tiens pas à la laisser se morfondre dans ce nouvel environnement. Pas qu’elle se laisse flétrir dans la dépression mais, tu préfères de loin une Fal souriante et déroutante qu’une Fal ronchonne qui refuserait d’être consolée. Le changement ne doit pas être sans affecte sur elle, et c’est un peu sa façon de l’exprimer. Tu t’approches, t’assoies à ses côtés, là, sur l’espace libre qu’il reste. Tes lèvres s’étirent.

▬ A moins que le fait de devoir reformer une secte ne te gonfle déjà ?

Tu captes son regard et poses une main sur son genoux. Geste qui pourrait témoigner ton envie de la rassurer mais, ce n’est pas exactement ça. Motivation, taquinerie mêlées, un dosage un peu embrouillé de tout ça. Tes doigts au contact du tissu te fait froncer brièvement un sourcil. Puis tu te lèves pour lui tendre la main.

▬ Allez, allons conquérir les tocards.

Il reste encore un peu de temps mais, les cours ne vont plus tarder.

Et t’as surtout très envie de voir le tombé de sa jupe sur ces nouveaux collants, une fois qu'elle sera debout.