Les murs tanguaient dangereusement depuis trop longtemps. Des heures durant, boire encore et encore, s’échauffer sur la piste de danse, rien pour empêcher l’alcool de te monter à la tête. Pour autant, le sourire te collait toujours au visage – impossible de l’y déloger celui-là – même si t’étais probablement à deux doigts de tomber. L’équilibre était difficile, mais raison de plus de t’appuyer sur ce gentil monsieur avec qui tu dansais. Son parfum caresse tes narines, attise le feu qui brûle ton épiderme et le jeu commence. C’était peut-être le sixième de la soirée – ok t’as arrêté de compter après 2 pour dire vrai – que tu abordais sans trouver réelle satisfaction. Trop pressés, porcs, trop insistants. Celui-ci, pourtant, il semblait pas mal même s’il semblait avoir trois yeux. Faute des derniers shots sûrement. Mais tu n’imaginais pas ses lèvres sur la peau tendre de ton cou, ses mains chaudes à la taille, bougeant au rythme de tes hanches qui remuaient contre lui.
Seul problème. T’as encore soif, et il faisait diablement chaud sur le dancefloor.
Le contact est rompu, scellé tout de même par un baiser tout sauf doux, bref remerciement pour un moment agréable qui aurait pu se poursuivre si la dame n’avait pas besoin d’une bière au beurre illico presto.
Accoudée au bar après avoir commandé, t’as le luxe de respirer et d’être divertie par ton blond de soirée préféré. Du sperme d’alligator, encore ça.
Faut toute ta volonté pour pas éclater de rire, et si t’as l’impression de t’être tenue tranquille, tu pourrais pas l’affirmer tout à fait vu ton taux actuel d’alcoolémie qui devait certainement fausser tes perceptions.
Attente bien sage de la chope qui arrive enfin, bien pleine, débordante de saveurs qui explosent contre tes papilles impatientes d’avoir leur dose. Tu baisses la tête et la sort du verre de bière en entendant Owain t’aborder enfin. Il était temps qu’il te remarque quand même, c’était presque plus drôle de l’observer avec la serveuse à distance là.
« Tu sais que j’ai mon lit en haut, j’fais rouler la place. » Un clin d’œil bien marqué, puis une nouvelle gorgée du liquide ambré te rafraîchit la gorge. « Puis, c’est pratique habiter ici pour conclure quelques fois. » Tes sourcils montent de haut en bas, accentuant les propos déplacés portés par ta bouche.
Impossible de rester sérieuse trop longtemps, il faut bien que tu t’esclaffes. Revigorée. « T’veux m’voler ma chambre hein c’est ça??? Faudra que tu m’passes sur le corps ! » Avec tout le sérieux d’une fille trop bourrée.