le ciel est bleu nous n'avons rien à faire rien que d'être heureux
c'est fou comme elle te hait. ce qui est encore plus fou, c'est à quel point cela lui prend du temps de s'apprêter pour te voir, à chaque fois. il lui faut bien une heure et demi pour s'assurer qu'elle rayonne et écraser la tienne, de lueur. elle y va armée de beauté pour te montrer que tu n'es rien, et qu'elle te possède dans son aversion. zohra cueille même les fleurs empoisonnées pour montrer qu'elle n'a peur de personne et que ce n'est pas toi avec ta mine de chérubin qui la ferait fuir. elle pourrait dédier ce temps-là à ceux qu'elle aime, chérir ces âmes qui gravitent autour d'elle mais elle préfère s'arrêter à toi et tes airs d'artiste maudit - mon dieu qu'est-ce que ça l'attire. c'est inexplicable à quel point ça accroche ses yeux. elle chérit tes mots autant qu'elle abhorre ton âme pourrie et le vice est bien là : elle se la joue frivole mais elle est amoureuse de tes histoires. elle s'abreuve de ce que tu écris, reste bouche-bée face aux tragédies que tu contes sans pour autant oublier à quel point elle tordrait ton cou si elle le pouvait.
c'est pour cela qu'elle est assise à cette table et qu'en tant que reine, elle te fait face à toi, le roi d'empires inassouvis - elle chérit tes contrées de syllabes et de rimes oubliant qu'elle pourrait te trancher la tête. son sac est garni de jolis cadeaux très chers pour de simples adolescents, qu'elle te tend avec mépris à chaque fin d'entrevue. ainsi elle ne t'est pas redevable et cela marque bien qu'elle ne t'aime pas. elle t'emploie et te donne un juste salaire. on peut enfin se voir... elle sourit. son rouge à lèvres est intact malgré la gorgée de thé qu'elle vient de boire, il n'y a qu'une mince trace sur la porcelaine. qu'est-ce que tu as écrit depuis la dernière fois ? raconte-lui - elle est folle pour toi, elle le sera toujours tant que tes contes persévéreront dans ton imagination.
Haemon Liddicoat
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Re: amour désaffecté + haemon Lun 4 Mar - 0:33
amour désaffecté
par nos passions qui s'étouffent
zohra. née de malice comme emmitouflée dans un panier de vices, singulièrement bordée par un amour tangible que tu lui réserves jalousement : elle est de ces femmes qui font vivre tes tourments, et ça te plait. macabre idée que de te sustenter des malheurs qui te ronges, et pourtant… son audace et sa mesquinerie ne sont que le merveilleux reflet de la splendeur des claques qu’((elle)), jadis, t’offraient par dizaine. zohra balance chaque jour par sa simple apparition, quelques miettes dans le gosier de ta peine, et, jamais repu, t’en redemande. oui, zohra, jette donc des cailloux et quelques casseaux tranchants, jette donc, que la douleur soit plus « vraie », car c’est si bon, de vivre de rossé par le passé…
quelle est belle, succulente.
tu te ravis de ses joue de sa taille de ses tenues de ce teint de son air de son regard de sa voix, d’un tout qui la rend si parfaite, extraordinaire comédienne dans la tragédie que tu n’as jamais cessé de vivre, ah, ça te plait tellement, de vivre comme pendu à ses lèvres, car pour quelques histoires tu en retires quelques belles bricoles, et de tes meilleurs cahiers à ces somptueux stylo si précieux, tu te sens riche, invisible, emmitouflé dans tout ce matériels superflues qui cajolent naïvement la solitude qui plane sur ton cœur étiolé. tu inspires. encore une fois, c’est si précieux. tes yeux la scrute comme un diamant dérobé, et tu voudrais l’enfermer à tes dépends, la tenir contre toi, te forcer à croire que c’est ((elle)), qui te fait face…
silencieux, tu bois ses paroles. elle qui sirote ce thé ignoble, tu laisses l’index de ta main droite faire le tour de ta tasse. séduisante assassin, tu l’aimes à chaque souffle qu’elle prend… et c’est insupportable.
car elle n’est pas ((elle)).
« j’ai écris sur un garçon qui s’éprend d’amour pour une fille bien prude. elle lui promet monts et merveilles, souffle simplement contre ses lèvres, sans jamais lui laisser un baiser. ça dure trois ans. il lui donne tout, finit par s’endetter, s’effondre d’épuisement. elle, toujours belle et vive, est prise de dégoût… et j’attend encore un peu pour écrire le tournant de leur rupture. je veux que ce soit mesquin, dans la candide douceur d’une enfant trop cajolée… je veux l’ardeur et la haine d’un homme trop vieux pour son âge, dont les épaules ne peuvent plus rien soutenir, ni même l’arrogance maladive de son amante. un truc du genre… »
tu t’abandonnes finalement à ta soif, t’abreuvant d’une gorgée d’eau sale. tu déposes doucement ta tasse, penche ce visage qui te vaut tant de louanges… et tu la dévores, comme à chaque jour.
« je veux qu'elle porte ton rouge à lèvre. »
que tu puisses habiller cette odieuse sotte de ces caractéristiques qui rendent ton interlocutrice si désirable, à la foi tant détestable.
Dernière édition par Haemon Liddicoat le Lun 4 Mar - 1:33, édité 1 fois
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Re: amour désaffecté + haemon Lun 4 Mar - 1:20
le ciel est bleu nous n'avons rien à faire rien que d'être heureux
elle se demande très innocemment si cela pourra durer toute une vie. à dix sept ans elle pense à demain et espère qu'il existe entre vous pour encore sentir le sang à travers ses veines. non ce n'est pas cet amour-là qu'elle déclare rondement aux autres jeunes filles, ce n'est pas l'illusion amoureuse - c'est bien plus terrible. elle s'attache à tes mythes. toujours et encore. c'est un oasis riche, donne-lui tes émotions humaines et elle te donnera ce pourquoi l'homme est avide : l'argent. donne-lui quelques lignes, quelques joies, quelques tristesses qui ne l'atteindront jamais réellement et elle te laissera un empire et une renommée - elle pourra te pistonner. ce n'est pas une avery pour rien.
elle ne jure fidélité qu'à son nom mais là il n'y est pas de ce genre de question, mais plutôt d'une obsession - d'une trahison à ses propres valeurs qu'elle ne connaît même pas mais qu'elle se fixe habituellement. machinalement.
elle écoute en acquiesçant tes mots de velours, tranchants. elle imagine la blondeur des boucles de cette amante, une éternelle jeunesse aux yeux de son amoureux, une fontaine de jouvence rien que si elle laisse les voyageurs s'abreuver. et le drame qui parvient à leur royaume tranquille. tragique. ça lui laisse un goût amer sur la langue. sa joue encore ronde repose tout contre sa paume quand elle cisaille tes prunelles des siennes. elle cherche une autre vérité, à te mépriser.
elle déteste cette histoire - et elle adore le faire.
c'est un sourire vicieux qui naît et qui souligne son visage de renarde, là où on voit en quoi elle s'est glissée chez les serpents à l'école. ah oui..? ça lui prend un temps. elle se saisit de sa petite cuillère pour venir découper le gâteau crémeux et en prendre une petite bouchée. ça crépite sur sa langue. est-ce que je dois considérer alors que tu me vois comme l'ennemie des hommes ? des garçons. des éphèbes. des laiderons. si tu veux faire une de ses caractéristiques quelque chose qui vient de moi. elle plisse des yeux, elle est comédienne. elle est dramatique et putain qu'est-ce qu'elle aime ça, se jouer des mots dans sa parfaite sincérité. est-ce que tu détestes les femmes haemon ? autant qu'elle déteste les hommes ?
Haemon Liddicoat
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Re: amour désaffecté + haemon Lun 4 Mar - 2:02
amour désaffecté
par nos passions qui s'étouffent
ah. elle est terrible. mère de toutes tes passions, à ce jour, tu t’abandonnes à elle. tu lui donneras, toutes tes histoires, toutes tes idées, toute ta mémoire : si seulement elle respire. si ses lèvres forment des mots si sa voix chantent ses dires si son être subsiste, alors il ne suffit plus de rien pour subsister dans toutes tes illusions romantiques.
tu te demandes si un jour l’audace te poussera à lui demander, si cette aversion qui semble la prendre dès lors que l’homme se fait personnage principale, n’est que l’écho de votre passé. car tu te persuades un peu candidement quelque part, que ((cette)) femme qui, tournant les talons, t’as laissé pour mort, c’est peut être elle.
ça te plairait. de la revoir, de la retrouver, de lui dire comme tu l’aimes et comme tu l’abhorres. tu pourrais enfin le dire, de vive voix, que « zohra », c’est ta vieille amante c’est ((cette)) zohra qui t’as appris l’amour pour enfin te l’arracher, à main nu droit au cœur, là où les pansements ne sont rien et où le réconfort ne peut bâtir la confiance. tu en rêves, car ça te démange de détester sans pouvoir mettre le doigt sur l’ingrate qui t’as tant donné,
autant en bonheur qu’en chagrin.
mais oui, sainte avery, qu’elle est futée qu’elle rayonne d’intelligence, qu’elle sait lire entre les lignes, qu’elle pense bien ses mots, mais comme elle s’emporte.
ennemie des hommes ? elle, cette belle dame qui n’a de passion que pour les fleurs sucrées ? son sourire lui fait honneur, et de compliment, tu ne pourrais lui en refuser.
« oh non zohra. pour être ennemie, il te faut être détestée. qui peut te haïr ? » elle es si parfaite, même dans le crime.
comment faire le moindre reproche à ce qui est trop bon, sans paraître trop jaloux ? non, zohra n’est l’ennemie que d’elle-même, c’est quelque chose que tu sens, que tu penses savoir, et que tu aimerais coucher sur le papier. mais pas maintenant, pas déjà. tu veux t’en délecter, chiffonner toute une rame de papier, et finalement, écrire la somptueuse histoire de cette frêle enfant…
« j’aime les femmes. » tu réfutes, éloignes le thé au plus loin de la table. « elles sont tout. elles peuvent tout bâtir, tout détruire. elles peuvent venir susurrer des délices, et partir tout en laissant le sel ronger nos plaies. elles sont bonnes, divines, à la fois terrible, singulières… » tu fonds lentement dans ton sièges, ton dos embrassant le dossier, pour enfin reprendre « nous, les hommes, on a faim de vous. de votre peau douce, de vos baisers enflammés, de vos désirs tantôt timides, tantôt sauvages. non zohra, je ne peux pas détester les femmes, je ne vis que de femmes. »
et haemon, toi dont le nom inspire le drame, l’amour gâché, la perte inévitable tu oscilles dans ta bonne attitude, et te tente, simplement, pour être taquin, à laisser glisser le talon de ta jambe gauche sur la cheville de miss sang-pur. au pire, tu mourras par ses soyeuses mains, au mieux, elle te démontera, brique par brique, jusqu’à te rendre ta place de simple cracmol.
« d’où te viens cette aversion ? non, non. c’est stupide, je les aime aussi : je comprend qu’elles te plaisent. c’est tes lèvres qui me dictent d’écrire, pourquoi ne pourrais-je pas donner un peu de leur couleur ? tu joues l’égoïste… »
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