❝ then i'll surrender | Pv. Renard

Tu poses ton téléphone, hésitante. Vous étiez au dessert et tu jettes un coup d'oeil à Renard un peu plus loin à table. Tu te sens tendue... il ne te devait rien et pourtant tu l'avais délibérément provoqué. Tu avais ouvert une brèche alors que tu n'avais pour l'instant aucunement répondu à ses avances.
Renard c'était bizarre. Il était sombre, trop sombre... et tu t'étais interdit les garçons comme lui désormais. Pourtant, en apprenant - et le surprenant - en plein rapprochement avec une blonde serpentant, tu ne pus contrôler ce sentiment de jalousie.

Il t'avait séduit toi - Judy Jenkins - et malgré tout il allait voir ailleurs.
Encore une preuve irréfutable que les garçons montaient une coalition pour te briser le coeur. Tu avales ton pudding - l'engloutit - et t'essuie délicatement la bouche en expliquant à Jordan que tu la rejoindrais dans la chambre dans la soirée. Elle te lança un de ces regards du style "euh oui et avec les détails stp" avant de te laisser partir. Tu jettes un dernier coup d'oeil à la table des poufsouffle et remarque que Renard n'était plus là. Mince, il était déjà en route et tu ne l'avais pas remarqué.

Tes petites et maigres jambes te transportent jusqu'à la vieille chapelle au bord des jardins de Poudlard. Il faisait déjà nuit et froid, l'ambiance était effrayante.
Te mordant la lèvre en poussant le lierre pour te frayer un chemin, tu fais grincer la vieille porte en voix pour pénétrer La Chapelle.
Ton regard mortifié le cherche désespérément dans la pénombre. Tu sors ta baguette et murmure un lumos pour éclairer les anciennes voûtes couvertes de peintures.

— « Renard...? »

Ta baguette éclaire finalement une silhouette et tu sursautes, la lâchant au passage. Tremblante et un peu timide de lui faire face après vos échanges intenses, tu ramasses en prenant un peu de recul, riant nerveusement.

— « Haha tu m'as fait peur... ça va ? »

Tu essaies malgré le flash de son téléphone qui t'aveugle, de capter les traits tirés de son visage. Te protégeant avec ton bras de la lumière, il en pose finalement la source sur un des bancs de prières. Vos faciès à contre-jour, tu ne le discernais pas assez pour être rassurée. Mais Renard avait toujours les mots pour te faire rester, pour t'apaiser d'une illusion comique que seul lui pouvait démanteler.

— « Euh.. Oui désolée.. »

D'un geste informulé, un Nox éteint la source lumineuse provenant de ta baguette, et tu la ranges dans la poche de ton uniforme. La gorge sèche, tu n'aimais pas les conflits Judy. Et tu étais un peu honteuse d'être venu le chercher sur un terrain sale. Il faisait ce qu'il voulait, cela ne te regardait pas. Tout comme toi... Mais les dessous de cette vérité, tu ne la connaissais pas. Renard avait ses yeux partout alors que tu n'avais jamais rien vu.

— « Mes cours de..? On va vraiment parler de ça Renard ?! »

Tu serres tes poings et fronces les sourcils. Le courage (ou plutôt l'insouciante impudence) te fait avancer vers lui de pas rythmés et déterminés. Une fois face à lui, tremblante de colère et de jalousie, tu le dévisages sans crainte. Tu n'as pas à avoir peur de lui, il ne te ferait jamais de mal. N'est-ce pas vile promesse?

Mais avant que tu n'ouvres la bouche, il répliques immédiatement, te clouant sur place. Tes lèvres s'étaient animées en silence, et tu t'étais finalement tu pour de bon. Tes paupières papillonnent avec légèreté et ta voix se fait douce amère.

— « Pourquoi dis-tu ça ? Je n'ai jamais dit que je n'aimais pas... ta façon de penser. »  Tu ne sais pas ce qu'il pense. C'est une tombe. « Mais je t'écoute. »  Tu rougis un peu, agacée par la façon dont il se trompait, quand il voulait prophétiser chacune de tes pensées.

Tu voudrais hurler Judy. Hurler la douleur qu'il te fait ressentir. Ses mots résonnent encore dans ta tête alors que tu fixais ses lèvres, tremblante du pouvoir qu'il exerce sur toi. "J'ai couché avec." Tu perds toute expression sur le visage, traits tirés et regard égaré. Tu voudrais crier mais aucun ne sort, tu es pétrifiée. Encore un qui t'a déçu décidément quelle calamité.

Il t'avait demandé de l'écouter, de juger et détester après mais première d'entendre ses justifications erronées. Tu serres les poings mais aucun mot ne sort. Tu baisses les yeux, un autre coup de poignard dans la poitrine. Il t'avait pourtant prévenu la première fois, dans sa franchise brutale et torturée : il ne pourrait rien t'apporter à part un coeur brisé.

Mais Judy tu les collectionnes déjà et Renard fait mal, il appuie sur ta carte sensible. Avant même qu'il ne termine, tu sentais ta voix sangloter, défaillir et se rebeller pour finalement articuler :

— « C’est lui faire comprendre que ça ne suffit pas à se sentir aimé... ça te fait jubiler de détruire les gens ? Ça te fait bander ce genre de trucs ? »

Tu essuies tes yeux, dégoutée amère. Tu aurais voulu croire en celui qui t'avait exprimé des sentiments, le premier depuis longtemps que tu semblais intéresser. Mais il était comme les autres, il se servait, il punissait, il détruisait.

— « J'ai passé ma vie à vouloir être aimée, j'ai passé ma vie à me donner à ces connards qui voulaient juste me prouver que ça n'irait jamais plus loin, que j'étais une désespérée. »

Tu renifles, et lui tourne le dos.

— « T'as rien compris à l'amour Renard. L'amour c'est pas ça, t'es complément paumé. Pauvre Kate, tu n'avais qu'à lui dire que tu n'étais pas intéressé... Elle aurait fini par accepter, par cicatriser proprement et oublier ! »

Tu te retournes, flamboyante d'une aura destructrice. Tu aurais voulu exploser tant la douleur était grande. Mais pourquoi cette réaction Judy ? Est-ce que Renard te plaisait réellement ou bien était-ce l'illusion de la déception ? Tu avais voulu y croire, voulu t'accrocher au désir qu'il avait fait naitre en toi.

— « Tu disais m'aimer, mais que tu me détruirais. Tu avais peut-être raison dès le début, j'aurai du fuir tant qu'il était temps. »

Tu tapes du poing sur la table, pleurant cette fois à chaudes larmes.

— « Mais merde, maintenant je crois que je te déteste pour m'avoir faite tomber amoureuse de toi ! »

Tu voulais mourir. La douleur était trop forte et la honte était insupportable.
A surmonter.
Tu ne voulais pas de ses excuses et de son amour, tu n'avais rien demandé. Tu voulais juste.. apprendre à ne plus dire oui, résister au pouvoir d'aimer.
Mais Renard rusé avait réussi à faire percer cette pseudo coquille que tu avais érigé pour ta propre sécurité. Il avait forcé en t'inondant de ses phrases calculées, de ses plaintes déchirantes déchirées et de ses supplications désabusées.

— « Ce n'est jamais simple avec toi. Tu l'as dit toi même ? »

Mais pourquoi tes dents grincent Judy ? Pourquoi tes poings se serrent ? Tes ongles s'enfoncent dans la paume de ta main, dessinant des demi arc de cercle dans la peau. Douleur nécessaire pour inoculer le chagrin qui se répand tel un poison dans tes veines.
Tu sais que tes mots l'ont blessé mais tu étais dans l'incapacité d'exprimer autrement tes émotions.
Pauvre Kate ? Oui pauvre Kate, et pauvre toi et pauvre lui, pauvre de vous.
Merde, tu suffoques. Tes paupières batifolent à mesure que tu bafoues des allitérations en "euuuuh". A contre d'argument, tu étais à cours d'armes, également.

— « Arrête ... arrête de te défiler... Arrête de te cacher derrière tes tortures. Arrête de venir me chercher pour me repousser, s'il te plait... »

Tu aurais voulu étouffer rapidement, car tu manquais d'air. Les joues rouges et les yeux brûlants par le sel, tu essuies tes joues avec ta manche et renifle. Ta barrette Batman se détache de tes cheveux et s'écrase au sol dans un bruit métallique résonnant dans les arabesques en ruine.
Il soupire et tu renifles à nouveau. Dans le silence on entendait que tes sanglots.
Fatalité, Renard agonise enfin.
Je dois tuer Orphan.

Mais toi, Dieu refuse de te laisser mourir.
Je dois tuer Orphan.
Tes yeux s'écarquillent. Ton coeur loupe un battement.

— « Quoi...? »

Etait-ce encore une de ses fabulations ? Qui lui avait attribué une mission aussi funeste ? Aussi insensé. On parlait tout de même d'un meurtre et toi tu ne savais deviner, s'il avait conscience de la gravité de ses mots.
Tu prends un peu peur mais souffle du nez, avançant vers lui d'un ton posé.

— « Je n'ai jamais entendu quelque chose d'aussi compliqué, je t'avoue. Je ne comprends pas. Tu seras enfermé à Azkaban pour le restant de tes jours si tu ... si tu le tues. Et je ne veux pas être celle qui devra t'attendre jusqu'à mon dernier souffle. »

Tu t'abaisses à son niveau, en équilibre en position squat, le poids tenant sur tes genoux.
Tu relèves le menton pour capter son regard, l'emprisonnant dans tes prunelles désaccordées.
Et avant que tu ne puisses ouvrir la bouche, il te pose la question... une question dont tu n'avais aucune réponse. Incertaine. Est-ce que si tu essayais tu pourrais partir à n'importe quel moment ? Pour ne pas devenir ta propre prisonnière, de tes sentiments.

— « Je ne sais pas Renard.... Je voudrais bien. Mais j'ai peur de ce que tu viens de me dire, de tous les choix que tu pouvais faire. Si j'accepte, est-ce que tu renonceras ? »

Tu ne comprenais pas, le souffle avide et les yeux vides. Tu ne savais plus quoi vraiment penser, mais tu décidais de t'accrocher à ce peu d'espoir qu'il avait créé. Tu étais naïve Judy, stupide et utopiste. Première règle : on ne change pas les gens. On ne les tourne pas de leur destinée.
Pourtant, égoïstement tu voulais y croire, tu voulais avoir la force d'y arriver. Fermer les yeux et te laisser bercer, dévorer, aimer... Même si Renard t'aimait trop, d'une passion qui - tu ne le savais pas encore - allait te consumer.

— « C'est d'accord. Je veux bien sortir avec toi Renard Leroy. »

Tes yeux viennent se planter dans les siens. Amoureuse, tu l'étais ? Certainement. Apeurée ? Encore plus.
Tu pourrais le changer ? Grossière erreur. Mais tu y croyais dur comme fer, possédée par la détermination et l'objectif qui avait du sens.

— « Mais je ne veux pas te perdre et j'ai l'impression que tu commences à te perdre toi même.. »

Tu le prends dans tes bras, enfouissant ta tête dans le creux de son cou. Peut-être qu'il aurait simplement pitié de toi, et de ta misère. Assez pour obtenir sa miséricorde.
Il sentait bon. C'était hypnotisant.
Trop, prémédité pour te faire défaillir.

Alors c'était fait ? Tu étais en couple avec Renard Leroy. Le souffle court, tes bras tremblants se tenaient désespérément à son dos. Il sentait bon, même si c'était encore bizarre d'imaginer humer ce parfum à chaque réveil, ou au détour d'un couloir. Tu avais été rarement en couple, si ce n'était presque jamais. Habituée et bercée par le rejet des autres, il t'était difficile d'appréhender un retour équivalent à ton amour déversé.

Sans être voyante, tu savais que son destin serait controversé. Et tu serais la fleur aux pétales arrachées, sur ce chemin sans rédemption annoncée.
Maintenant, ce sont ses bras qui te retiennent prisonnière de son amour, alors que ton visage tente de s'échapper pour le regarder.

— « Mais non, Renard. N'aies pas peur de moi, ni de mes yeux, ni de mon visage entier. »

Tes lèvres viennent chercher les siennes et la sensation du baiser te fait frissonner. Il n'était pas si différent de celui qu'il t'avait donné dans la bibliothèque.
Ta main dans ses cheveux, tu finis par te détacher complètement de lui, un peu gênée. Titubant, en équilibre sur une jambe, tu le dévisages parler dans la pénombre. Cet endroit ne te rassurait toujours pas, il y avait quelque chose de symbolique. Dans une chapelle, on prie on pleure et on s'unit. On se confesse aussi, mais tu croyais pas en Dieu, seul tes oreilles avaient été témoin de son triste destin.

— « Cheerleader ? C'est vrai que tu n'es pas très sport. C'est dans l'optique de me voir danser ? Je ne pense pas que tu me verras distinctement tout en bas au milieu des autres filles depuis les gradins. »

Tu rougis un peu malgré toi. Renard avait été ton ami, ton mentor. Mais tu ne le connaissais pas si bien que ça, malgré son attitude - qui t'avait fait flancher - tu ne mesurais pas encore le degré de ses réactions.

— « Promis. » Tu étires un léger sourire, ponctué d'un rire doux. « Je danserai pour toi, si tu veux. »

Renard te connait bien. Il te connait trop bien et si tu n'étais pas amoureuse à cet instant, si tu avais de la présence d'esprit ça te ferait peur Judy. Il était trop sur de lui, dans son comportement envers toi. Et ton coeur meurtri en toi avait besoin de ça pour être rassurée, même si la fille elle se sentait en danger.
Tu rougis à sa remarque, un sourire en suspens un peu gêné aux lèvres. C'est vrai Judy.. comment avais-tu osé en douter ? Renard prendrait soin de toi, Renard est le seul qui te reconnaîtrait parmi ces silhouettes toutes plus remarquables que toi. Renard te rassure, il t'offre enfin l'importance et la reconnaissance dont ton coeur avait cruellement besoin. Et jamais à ce moment là tu aurais pu sentir le piège se refermer sur toi. La joie était si intense que la douleur en prévision était inaccessible. Mais pourtant si prévisible. Stupide Judy.

— « Waaaw, je suis impressionnée... C'est fou quand même cette vision que tu as ! »

Tu tires la langue, pour l'embêter tu avais user du sarcasme mais il était bien trop mignon pour qu'il puisse te le reprocher. Tu lui caresses les cheveux comme si tes doigts avaient besoin de s'amuser mais la gêne était encore trop présente pour penser à différemment les utiliser.

— « Tu exagères, mais je suis flattée. Arrête de me flatter, je vais finir par prendre la grosse tête ! » Tu glousses d'un rire cristallin avant de baisser la tête. « Désolée je n'ai pas l'habitude. »

Avant de t'empourprer et de manquer de tomber de ses genoux. Ce qu'on pouvait faire en dix minutes ? Plein de choses surement, mais tu n'avais pas envie d'en faire grand chose en ce lieu. Tu bafouilles en te grattant le cou, au niveau de ton tatouage.

— « Tu pourrais m'embrasser et me donner l'heure et le lieu de notre prochain rendez-vous. »