❝ like a flower made of iron PART 1. | Pv. Samuel

Fin mars 2029.
Samuel Hassan avait quitté Poudlard. Et toi, comme une idiote tu ne l'avais pas accepté. L'ambiance à l'école était tendue, entre deconstruction d'esprits et reconstruction des debris. The Crow était partout, agissait dans l'ombre, apparaissait dans les rêves de certains. Et même parfois dans les tiens. Tu ne savais jamais si c'était réel, ou un mirage. Si tu étais importante aux yeux de l'ennemi ou si c'était un désir de l'être, enfoui.

Samuel... Un cracmol en perdition, un des rares à avoir gardé son pouvoir, comme toi. Tu ne supportais pas qu'il t'est échappé, alors que tu avais travaillé avec lui tant de fois pour essayer de le faire changer. Vaste blague, il était impossible de changer les gens, malgré tout nos efforts. Ce que tu voulais, c'était le sauver, de lui même et de ce gourou qui lui faisait surement s'accrocher à des mensonges, à des inepties qui finiraient par le détruire de l'intérieur. Sans l'accord de personne, tu irais le chercher. Il t'écouterait, Andy. Il t'écoutera.

***

Allée des embrumes, samedi 30 mars, 7h12 du matin.

Tu avais passé la nuit chez ton père, après l'avoir appelé pour qu'il vienne te chercher à Poudlard vendredi soir. Une autorisation de sortie exceptionnelle que tu n'avais pas eu trop de difficultés à obtenir. Sac sur l'épaule, et respiration saccadée. La cape d'invisibilité d'Edwyn sur le dos, tu avais tourné dans l'allée des embrumes. Esquivant les rares silhouettes sur ton passage et étouffant tes pas sur les pavés froids, tu avais eu par source sûr que Samuel était passé par là. Du moins, son portrait robot. Et qu'il reviendrait ce matin même pour terminer sa mission.

Rien que d'imaginer ce scénario te donne la nausée. Samuel avait trahi l'école, avait trahi ta confiance et avait choisi la voie d'hors-la-loi, au service d'un terroriste dangereux et puissant. Saleté d'opportuniste Samuel, il paiera cher.

Tapie dans l'ombre, tu attendais désespérément qu'il fasse son entrée. Une femme un peu louche était passé près de toi, s'étant arrêté pour humer ton parfum, qui passait au travers de ta cape d'invisibilité et tu avais paniqué pendant quelques secondes prête à te défendre. Mais elle était reparti aussitôt en entendant des bruits de pas pressés derrière vous. Samuel venait d'arriver. Il avait changé, comme s'il avait pris quelques années sur la figure en un mois. Il paraissait beaucoup plus sur de lui, et surtout beaucoup plus méchant qu'il ne semblait l'être dans les couloirs de l'école.

Tu décides de le suivre, jusqu'à ce qu'il s'arrête dans un cul de sac. Attendait-il que quelqu'un transplane ? Ou alors allait-il préparer un mauvais coup? Un piège? Pas le temps d'attendre, tu fais glisser ta cape à tes pieds et fronce les sourcils. Vos regards se croisent et le silence est pesant.

— « Samuel. Je t'ai enfin retrouvé. Reviens avec moi à Poudlard.»

Il était devant toi, tu avais tant cherché, tant espionné et attendu le bon moment pour le piéger. A son propre jeu. Tu ne pensais pas vraiment pouvoir l'intimider, ni le convaincre... le tout est de l'avertir, et si possible lui faire entendre raison sur sa triste réalité.
Quand vos regards se croisent et que le sien te toise, tu sens ton sang se glacer. Amère, tu serres très lentement les poings jusqu'à enfoncer tes ongles dans la paume de ta main.

Si piquant... Samuel était aussi corrosif qu'un acide. Un poison douteux qui perlait déjà dans tes veines depuis des années. Tu souffles du nez pour conserver ton calme réputé olympien mais la vérité est toute autre et il le sait.

— « Un.. caprice..? Tu n'y es pas du tout Samuel. Moi, Andy Ollivander, je te ramènerai de gré ou de force à Poudlard ! »

Tu t'avances l'air déterminé vers lui, poussé par cet élan de sang-froid et de détermination qui t'anime. Tu agis comme si tu étais intouchable, inébranlable. Mais la vérité c'est que ses mots ne te laissent pas indifférente. Tu n'avais pas spécialement peur de cet endroit, mais plus des gens qui le fréquentaient. De lui, peut-être aussi. Même si tu espérais que votre lien si fort vous empêche de vous détruire.

— « Mes petits copains attendront mon retour. »

Tu étais plus qu'à quelques centimètres de lui. Tu voulais qu'il te regarde dans les yeux et que peut-être il prenne conscience.
Dans un murmure intimiste, tu ajoutes comme si tu voulais que le silence lui même ne soit pas témoin.

— « Samuel... Tu es manipulé. Cette personne se sert de toi et te rejettera dès que tu lui seras inutile. Dès que tu voudras penser à nouveau par toi même. C'est ça ta vocation ? être le chien qui aboie sur les ennemis de ton maitre ? Est-ce qu'il t'a montré son visage ?! »

Chaque mot qu'il te balance à la figure fait office d'un coup de poignard. Alors... oui ça ne fait pas si mal. Depuis le temps, tu as commencé à t'armer, en priorité de boucliers. Il pouvait s'acharner sur ta carapace avant de pouvoir la briser. Mais l'affronter relevait toujours d'un défi mental que tu prenais pour personnel.
Alors que tu comptes répliquer avec vivacité, il enchaine, rapide, brutal. Il ne mâche pas ses mots et ne te laisse pas le temps de te défendre. Tremblante de rage et de frustration, tu te mords la lèvre. La marmite boue de plus en plus, prête à lui exploser au visage sans crier gare.

— « TAIS-TOI ! »

Tu étais fébrile Andy, déstabilisée alors qu'il retourne la situation contre toi. Toi, manipulatrice ? Peut-être bien sans t'en rendre compte, oui. Tu le savais, que tu devrais écraser tout ceux qui se mettront en travers de ton chemin pour arriver à tes objectifs. Tes compagnons d'infortune étaient tes plus précieux alliés, mais tu avais encore du mal à accepter qu'ils étaient aussi des pions sur l'échiquier. C'était votre bataille mais ta guerre. Tu te l'étais approprié égoïstement car sans se mentir, tu étais parfois la seule à vouloir la porter... La seule qui te donnait les moyens, qui consacrait le sens de ton inexistence à cette cause, perdue d'avance.

— « Arrête Samuel. Tu ne sais rien de moi, tu ne veux pas comprendre que je fais ça dans l'intérêt de tous. Si je ne me relevais pas, personne ne se bougerait pour que ça avance ! Je... Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. »

La gorge sèche, tu déglutis. Tu ne voulais pas montrer de signes de faiblesse face à lui, mais il s'avérait que ça en devenait presque une habitude. Tu sacrifiais beaucoup trop de choses pour eux. (Les non magiques de Poudlard). Mais alors te souvenais-tu de la colère que tu as ressenti envers Ezra après sa trahison avec Isaac. Même s'il a cherché à se faire pardonner, tu avais beaucoup plus mal réagi qu'avec Samuel avec lequel tu t'efforçais d'avoir de l'espoir. Tu étais injuste Andy. Tu ne méritais pas d'être leur héroïne même si tu le voulais tellement. Il visait juste, et ça te faisait mal. A toi de répliquer.

— « C'est toi qui te sens enchainé. Parce que tu sais que je ne te laisserai pas agir de manière dangereuse impunément. Tu es pitoyable, tu es prêt à tout détruire dans le seul but d'avoir de l'attention et de la reconnaissance ! J'ai voulu t'en donner... j'ai voulu t'offrir une raison d'être et de te battre. Mais je me suis trompé sur ton compte. Tu es juste mauvais... Mauvais, et je ne te changerai jamais n'est-ce pas ? Mes espoirs sont vains.. n'est-ce pas ? »

Tu avais reculé d'un pas, comme si tu ne voulais plus qu'il se rapproche, rabattant une distance entre vous. Tu ramasses ta cape d'invisibilité, le toisant avec amertume et prête à te défendre au cas ou. Mais vous étiez deux cracmols hein ? Inoffensifs... Hein.
Des larmes presque indiscernables te montaient aux yeux. Pourquoi te faisait-il cet effet là?

— « Je ferais mieux de repartir.. ta cause est perdue. Tu es perdu. »

Ses mots sont douloureux. "Je suis monstrueux !" Tu fermes les yeux, grimaçant et plaquant tes douces mains sur tes oreilles pour ne plus l'entendre. Mais sa voix transperce tes tympans, pour se planter dans ton esprit. Tu ne pouvais l'accepter, ça faisait trop mal. Samuel faisait parti des rares cracmols de l'école, il faisait parti de ta communauté, de ceux que tu voulais considérer comme ta grande famille. Et aujourd'hui, un de tes compagnons s'était égaré dans la douleur et dans le désespoir. Mais ce qui te brisait le coeur, c'est qu'il te forçait à ouvrir les yeux, à comprendre qu'il était déjà parti depuis longtemps. Et que rien pas même toi n'aurait pu le retenir, le faire revenir.

— « Tais-toi je te dis... Si tu ne veux pas faire parti de cette famille que je t'offre, alors reste seul. Ne viendras pas me chercher lorsque tu seras à terre, seul et à l'agonie, abandonné par ton nouveau maitre qui te promets le paradis. Je te regarderai dépérir et ne compte pas sur moi pour que je te tende la main à nouveau. »

Ton regard était dur, froid, tu laisses entre-paraitre une autre facette de ton visage quand tu es à ses côtés. Une reine impitoyable pour te protéger de ton coeur brisé. Une partie de toi aimait Samuel, comme attiré par ses ténèbres, qu'il assumait... alors que tu avais toujours tenté de les dissimuler. Andy Ollivander brillait, mais au fond d'elle elle pleurait.

Tu avais tourné le dos, pour cacher tes larmes qui tatouent tes paupières fermées. Mais il t'avait retenu de par sa connaissance de toi. Il savait comment arrêter ses pas déterminés, en piquant sournoisement ta curiosité. D'un mouvement de tête, tu te tournes vers lui, tes cheveux roux s'envolant sur le côté.

— « De quoi parles-tu ? »

Tu serres les poings puis te gratte nerveusement l'intérieur du bras. Tu te serais presque griffée tant le doute qu'il installe en toi te rend tendu.
Avançant lentement vers lui avec méfiance, tu le scrutes autant que tu le juges.

— « Quelles rumeurs ? Si ta volonté est de me retourner le cerveau je... Je n'y croirais pas ! »

Mais au fond de toi tu y croyais déjà.
Ezra t'avait déjà planté un couteau dans le dos, qui d'autre se serait laissé tenter par ton nouvel ennemi ? Qui d'autre t'aurait abandonné pour son discours de roi?

Tout se mélangeait dans ta tête. Tu mets trop de temps à comprendre le fait que Samuel te retourne le cerveau. Ses idées s'insufflent dans ta tête et te perturbent. Tes yeux captant les siens, tu serres les poings d'abord sans rien répondre. A chaque fois tu voulais répliquer quelque chose de cinglant, il enchainait sans te laisser le temps de réagir. On voulait ta tête ? ça, tu l'avais toujours su. Cela avait commencé par Andersen, qui avait légitimé le fait de te faire la misère.

Mais tu étais forte Andy, tu serres dans ta main le petit artefact que t'avait fait Ned en cas de danger. Puis tu le ranges dans ta poche avec discrétion.
Pendant un instant, tu étais hypnotisée par ses iris cruelles, cherchant à tout prix à déceler sa part d'humanité. Oui, tu aimes avoir raison Andy, et tu détestes avoir tort.

— « Et donc Samuel ? Que me proposes-tu ? Tu es bien brave de me faire un état des lieux. Mais serais-tu mon prince charmant près à me secourir de tout ces méchants ? »

Tu fronces les sourcils et le toise avec mépris et assurance. Encore tremblante de doute, tu chasses tes angoisses dans un coin de ta tête. Non, il ne les trouvera plus, tu dois les dissimuler derrière une porte, dans ton esprit. Pour le rendre impénétrable.
Son pouvoir était donc si redoutable.

— « S'il m'arrive quoi que ce soit à Poudlard, la personne sera poursuivie par la loi. Et... The Crow serait-il un menteur ? Ce n'est pas lui qui a parlé de justice ? Je me souviens encore de sa voix dans ma tête, quand il voulait m'offrir protection et pouvoir. »

Tu le défies du regard avec arrogance, croisant les bras sous ta poitrine. Il avait commencé ce petit jeu.. c'est toi qui le terminerait. Même si tu dois le pousser à bout, tu pouvais toujours te protéger avec ton bouclier.
Mais était-ce réellement une bonne idée de jouer avec le feu? Samuel semblait avoir un regain de confiance en lui, il pouvait enfin assumer d'être le monstre qu'il avait toujours voulu être.

— « Nous ne sommes à l'abris nul part. » Tu murmures à son oreille. « Je crois que tu as oublié qui tu es. Samuel Hassan. Tu es comme moi, un cracmol. »

Tu serres les dents. La description monstrueuse et sanglante qu'il fait de ses ennemis te glace les veines. Tu laisses échapper un léger souffle du nez, retenant ta respiration en imaginant ton corps dans le même état. Pourtant, Samuel appuie sur des choses qui te font grogner silencieusement. Il gratte l'orgueil qui reste collé à ton squelette. Il te connait trop bien mais te sous-estime encore grandement.
A ses provocations tu ne peux t'empêcher de t'enflammer, telle la gryffondor que tu étais.

— « Tu restes un cracmol, tu ne seras jamais l'égal d'un sorcier. »

Tu l'avais méprisé du regard, et gratifié d'un petit sourire en coin. Même s'il savait pertinemment que tu pensais le contraire, tu te réjouissais comme d'une sale vengeance du pique tu venais de lui asséner.
Mais la suite qu'il t'avait réservé malgré tout te figea sur place. Pendue à ses lèvres, tu avais scruté son regard et bu ses paroles pour tenter de percevoir le nom qu'il désirait te faire deviner. Un élève avec qui tu avais déjà eu des problèmes ? En réalité tellement. Mais un nom vient caresser tes lèvres comme une évidence.

— « Bergling ? Tu parles de lui ? Si tu crois qu'il me fait peur... »

Tu croises les bras avant de froncer les sourcils. Tu analysais encore à ce qu'il avait dit juste avant. Cette vision t'obsédait, comme corrompue de mauvaises pensées. Cette fois, il assumerait jusqu'au bout. Tu avais peur Andy, mais d'un autre côté tu te hhaïssais de ressentir de la crainte à son égard. Une petite voix dans ta tête te murmurait joyeusement de le remettre à sa place.
Contre le mur.

— « Tu sais quoi Hassan ? » Tu craches à ses pieds. « Compte moi parmi tes ennemis à partir de maintenant. » Tu l'aimais plus ce que tu voulais y croire. « Alors fais-le maintenant. Prouve moi que ta vanité n'est pas synonyme de ta lâcheté. »

L'issue fatale dans votre acte final.

— « Tue-moi. Je n'ai pas peur de toi ni de personne. »

Je suis terrifiée.

Tue-moi.
Tu avais envie de te convaincre qu'il n'en était juste pas capable. Que peut-être des sentiments autre que la haine l'animaient sans doute. Mais tu préférais rejeter cette possibilité en bloc, pour ne pas souffrir s'il te convainquait du contraire.
A ses mots et son rire s'arrache une faiblesse que tu n'as plus la force de dissimuler. Tu baisses la tête sans répondre dans un premier temps, l'esprit plongé dans un état léthargique second.

Ses paroles font l'effet d'une lame de couteau, qu'il aurait enfoncé profondément dans tes côtes. Lentement, il remontait le ventre jusqu'à ta poitrine pour atteindre ton coeur.
Des larmes de douleur s'échappent de tes yeux, mais ne s'écoulent pas. Tu les retiens dans leurs orbites irrités et rougis. Par la tristesse et la haine. Tu t'étais attaché à cet enfoiré, et tu allais devoir le libérer. Un abandon officiel qui déclarerait officiellement votre guerre. Tu l'affronteras si un jour elle éclate.

— « Je ne vais pas te faire perdre ton temps davantage alors, monsieur le missionnaire. »

Tu ne le regardais même plus. A cet instant, c'était même toi qui avait envie de le tuer, pour être honnête. Tu ressors ton artefact. Ca pourrait être si simple, personne ne le regretterait...
Non.
Attends.
Andy ? Quoi ?
A quoi tu penses ?
C'est insensé, il est encore dans ta tête, il instrumentalise tes pensées.

— « En espérant que tu tombes un jour sur plus fort que toi. Plus fort que moi. Qui te fasse revenir à la raison avant que ton souffle ne s'arrête sur ton dernier regret. »

Tu recules, distance de sécurité.
Tes larmes coulent cette fois, parce que tu ne veux pas imaginer Samuel mort. Tu ne veux pas imaginer son destin s'effondrer, mais tu crains de le voir sombrer.

Tu as mal Andy. Tu n'en peux plus, de l'écouter. Tu te croyais forte mais pas avec lui. Il t'avait toujours fasciné, lui et sa propre fascination sur la mort.
Tu le toises avec dégout, avant de reculer à nouveau.
Non, ça ne sert à rien de s'accrocher à lui. Il passera sa vie à te décevoir.
Et si tu dois le brûler sur ton passage, si tu dois lui arracher ses ailes de démon pendant ton ascension, tu n'hésiteras pas.

Il ne craint pas la mort, mensonge.
Qui ne perd pas pied face à son destin ? Face à sa décrépitude ? Personne ne peut nier avoir peur de disparaitre, sans plus jamais rien accomplir.
Sa manche vient essuyer tes lames, tu frissonnes dans un soubresaut et dans un sanglot.
Il te rassurait presque dans sa folie. Tu le désirais à bout de souffle et à bout de vie.

— « Les gentils gagnent Samuel. Tu n'as toujours pas appris ? »

Cette fois, tu puises la force de caractère et tu sembles éblouir à nouveau. Sûre de toi, tu veux lui faire comprendre une dernière fois que même si son choix est déterminé, il est mauvais. Il n'a pas choisi le bon camp.

— « Je gagnerai. Et tu mourras seul dans ta folie, sans n'avoir rien accompli. On oubliera ton nom. Et JE changerais le monde, avec ou sans toi. Maintenant, pars. Et ne reviens pas me supplier quand tu auras compris qu'il se joue de toi... »

Mais tu sais qu'il ne le fera jamais.
Samuel mourra avec fierté, même si celle ci a depuis été longtemps bafouée.