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[CLOS]The flavor of life - Sandro

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Dorothy Martin
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[CLOS]The flavor of life - Sandro Dim 7 Avr - 15:47


listen and learn

listen and understand

Feat Sandro & Do

C'était la curiosité qui avait guidé tes pas, la première fois. Une ballade solitaire entre les murs froids et épais de Poudlard, une envie de bougeotte irrépressible et, surtout, un nouvel ouvrage tout droit sorti de la réserve à éplucher. Depuis le Speed-Dating, tu t'étais employée à être discrète, à te faire la plus petite possible, le temps que les choses se tassent. Tu avais accueilli le début de semaine comme une espèce de délivrance, entre les cours, les devoirs, les travaux optionnels, tu avais largement de quoi t'occuper et surtout pas mal d'occasion pour faire du zèle. Il était, peut-être, quelque peu cliché de placer sa scolarité au centre de ses occupations quand on avait Serdaigle pour maison, mais le travail avait toujours été, pour toi, un moyen efficace de se prémunir du pire. C'est parce que tu étais active, le cerveau en ébullition sur des dizaines de sujets différents, qui tu arrivais à ne pas te noyer. C'est parce que tu t'employais à travailler avec rigueur que tu réussissais à ne pas entrer dans la spirale nocive et toxique du doute, de la remise en question à outrance. Tu n'avais plus trop échangé avec Ethan ou Gus depuis samedi dernier. Une partie de toi était rongée par la culpabilité. Tu ne voulais pas t'imposer, t'avais la sensation que ce n'était pas le moment, qu'il fallait laisser le temps au temps. Sans doute, profiterais-tu de la chasse au trésor qui se tient prochainement pour prétexter une sortie en groupe, mais pas aujourd'hui. Pas maintenant. Question de timing.

Mais oui, c’était la curiosité qui avait guidé tes pas, la première fois. Cherchant un lieu relativement calme et peu peuplé pour te plonger dans une lecture que tu espérais longue et fructueuse, tu avais jeté ton dévolu sur le cinquième étage. Un lieu assez étrange doté d’une ambiance particulière. Tu n’as jamais su si c’était cette atmosphère unique qui tenait les curieux loin de cette partie du château mais tu savais que s’il y avait un endroit, dans tout Poudlard, où l’on pouvait être tranquille quelques heures, c’était bien celui-là. C’est à ce fameux cinquième étage que tu l’as entendu, la première fois. Un son caractéristique que tu as identifiée, sans mal, comme étant celui d’un saxophone. Un son unique mais dont tu n’as pas su comprendre la raison de sa présence. Oui, c’était la curiosité qui t’avais poussé à découvrir l’origine de ce son. Telle une inspectrice sur la trace d’un indice, tu avais remonté les couloirs à petits pas pressés jusqu’à l’atteindre, lui. Son visage ne te disait rien. Peut-être l’avais-tu déjà croisé dans les couloirs mais tu n’en garde aucun souvenir vivace. Il y avait quelque chose d’étrangement sincère et maladroit dans sa façon de jouer. C’était loin d’être parfait mais c’était loin d’être désagréable à écouter aussi. Il n’avait pas la technique d’un grand musicien mais il arrivait à insuffler quelque chose de particulier dans ses sonorités. C'était imparfait mais étrangement satisfaisant. Tu aurais pu rester là, à l'observer sans rien faire, mais, heureusement pour toi, tu avais un minimum de savoir-vivre. Alors tu t'étais posé discrètement dans un coin, ramenant tes genoux contre ta poitrine, ouvrant ton épais grimoire pour ne plus en sortir le nez. Et tu avais écouté, en silence, sans rien dire, sans rien voir. Mais tu avais écouté… Et ça t'avais fait du bien. La musique avait un pouvoir particulier sur toi. Au départ simple prétexte pour briller encore plus aux yeux de ta mère, c'était devenu un véritable défouloir au fil du temps. Insuffler de la force dans ses notes, enchaîner les mouvements avait quelque chose de jouissif, qui t'amenait hors du temps. C'était comme une transe, une petite bulle hors du monde extérieur, un cocon qui répondait à la moindre fluctuation de tes sentiments. Tu avais souvent harcelé le clavier du piano de la salle de musique pour te défouler, pour passer tes nerfs, crier de façon non-verbale et sourde ta tristesse. Tu avais souvent assimilé tes sonorités à une forte tempête, mais les siennes avaient quelque chose de totalement différent, de plus nostalgique peut-être ? Et ça t'avait rendue curieuse, Dorothy. Alors, c'est presque naturellement, aujourd'hui, que tu es revenue au cinquième étage. C'est presque naturellement que tu as parcouru le même chemin, avec les mêmes petits pas, la même curiosité. Et il était encore là aujourd'hui. Alors tu prends la même place que la dernière fois, tu replonges ton nez dans ce même livre. Un bout de quelques minutes, tu relèves la tête, toujours mue par cette même curiosité, cette même envie d'écouter.

- « Tu vas encore jouer, aujourd’hui ? »
:hearts:


Dernière édition par Dorothy Martin le Jeu 23 Mai - 10:46, édité 1 fois
Sandro Clemenza
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Re: [CLOS]The flavor of life - Sandro Dim 7 Avr - 20:51


[CLOS]The flavor of life - Sandro  KzYgb1E

Au début, il ne comprenait pas vraiment pourquoi son oncle, Idris, tenait absolument à ce qu’il s’essaie à la musique. Il n’avait eu de cesse de lui répéter que cela pourrait lui faire de bien, pour extérioriser un peu son énergie bouillonnante et ses frustrations. Pour que sa rage de ne plus pouvoir continuer le volley-ball « comme avant » ne soit pas uniquement utilisée pour alimenter des coups de colère et des bagarres injustifiées. Idris, il fait du piano et il aime le jazz, le blues, la soul. Entre sa femme très cinéphile et lui amateur de musique d’un autre temps, ils font bien la paire ces deux-là, et plus d’une fois Sandro s’est amusé à les traiter de bobos. C’est peut-être ce qu’ils sont mais ils le vivent bien, et il ne peut que les remercier de l’avoir pris sous leur aile et d’avoir fait en sorte qu’il trouve auprès d’eux un cocon. Pas parfait, c’est impossible, mais tout de même confortable. Une présence et une attention que ses parents ont refusé de lui donner quand ils ont découvert sa condition de sorcier. Son anormalité.

Le choix du saxophone, ça s’est fait par hasard. Son oncle l’avait amené plus d’une fois dans un club où il jouait avec des amis à lui. C’était jazzy et à force d’y aller, Sandro avait commencé à comprendre l’esprit qui s’en dégageait. Plus que le piano ou la guitare, ce sont les cuivres qui ont retenu son attention. A l’origine, la clarinette lui semblait… euphorique, énergique, touche-à-tout. Il a essayé quelques semaines, avant qu’on lui mette un saxo dans les mains. C’est Ben, un ami de son oncle, qui lui avait dit : « Teste ça. T’as une gueule à sax ! » … Une gueule à sax, ça veut rien dire, on est d’accord. Il l’a quand même pris pour un compliment, et il a essayé. Il était dans sa cinquième année à Poudlard, c’était les vacances d’été et… il a eu comme un déclic. Le saxophone, instrument incongru de la famille des cuivre. A la fois envoûtant et terre-à-terre d’une certaine façon. Il a appréhendé son saxophone alto, son bec et ses clés, avec application. Son oncle était là pour le guider dans ses premiers pas, lui faciliter la compréhension des notes autant que l’esprit jazz qui lui plaisait tant. Tout d’abord hésitant… il a finalement foncé, le Clemenza, écoutant en boucle des artistes qu’apprécie son oncle, il a plus d’une fois tenté de refaire les morceaux, avec plus ou moins d’assurance.

Désormais, quatre ans plus tard, il sait qu’il ne s’accorde pas suffisamment de temps pour devenir un musicien vraiment expérimenté. Il adore, pourtant, la sensation du saxophone sous ses doigts et la bulle qu’il se créé quand il joue. C’est peut-être là le problème me direz-vous, Sandro il joue pour lui. C’est comme une mise à nu ou un journal intime en musique. Via son instrument, il traduit ses émotions et ses colères, sa tristesse et son incompréhension du monde qui l’entoure. C’est pour ça, aussi, qu’il ne parvient pas à y accorder toute l’attention qu’il faudrait pour réellement progresser. Parce que quand il joue, il cherche toujours un endroit isolé, une façon de se cacher, en quelque sorte. Des fois, même, il lance un sort de « sourdine » à l’instrument pour qu’on l’entende à peine. Un jardin secret dont il parle peu.

Cette fois, la semaine vient de démarrer et c’est une envie de souffler un peu, de s’accorder du temps pour lui, qui le pousse à sortir discrètement de la salle commune des Serpentard, en ce début de soirée. Il a avec lui son éternel sac besace qu’il a soumis depuis bien longtemps à un sortilège d’extension si bien que la housse de son saxophone s’y cache sans problème. Parmi ses lieux de prédilection pour jouer en toute discrétion, il y a l’un des recoins du cinquième étage. C’est une partie de l’établissement assez peu fréquentée une fois les cours de la journée terminée. On dit un peu tout et n’importe quoi sur les raisons… peut-être parce que la plupart des gens qui s’y rendent vont droit à la salle informatique qui regorge d’ordinateurs, sans s’attarder sur les autres couloirs. Sandro, il a découvert ce coin un peu par hasard. Il faut dépasser la salle informatique, esquiver le bureau de la psychologue et la salle d’arithmancie pour s’engouffrer dans le couloir complètement à l’opposé. Là, il y a comme une alcôve formée par l’angle du mur et une fenêtre ouverte qui donne droit sur le parc, en contrebas. Lorsqu’il y était revenu avec son instrument, la première fois, il s’était rendu compte de l’acoustique du lieu et de la possibilité de jouer tout en observant, de haut, tout ce qui entoure le château.

Aussi, quand il peut et qu’il sait que l’endroit sera désert… il y revient. C’est l’un de ses nombreux spots. La dernière fois qu’il est venu, cependant… quelqu’un l’a écouté. Il ne s’en est rendu compte qu’au bout d’un long moment à faire pleurer son saxophone, les yeux perdus dans la brume qui surplombait le parc. C’était une fille. Une Serdaigle. Au bout d’un moment elle était partie aussi discrètement qu’elle était venue.

Là, il s’assoit comme il a pris l’habitude de le faire, sur le rebord de la fenêtre, sa jambe droite dans le vide. Il a sorti son saxophone et le laisse reposer sur son torse, maintenu par une sangle spéciale. Il s’accorde quelques instants pour sortir son PINEAPPLE et regarder les dernières publications du jour. C’est alors qu’il entend un bruit de pas s’approcher. Il relève la tête et il la voit. Encore elle. Cheveux roses, uniforme de Serdaigle et lunettes sur le nez. Pas bien difficile à oublier. Il la regarde qui s’installe dans un coin, comme elle l’avait fait l’autre jour, et elle sort un livre et commence à le lire, comme si de rien. Alors il fait pareil, il la délaisse et continue à scruter Snapchat Wizard. Il se veut imperturbable mais au fond de lui, il s’interroge. Est-elle volontairement revenue ici ? Parmi tous les endroits calmes de l’établissement, pourquoi cet endroit, dans ce cinquième étage la plupart du temps dépeuplé ? D’une certaine façon, cette présence le dérange. Il veut se mettre à jouer, mais il sait qu’il est loin d’être un grand saxophoniste. Il ne cherche pas à avoir du public.

C’est elle, sans le vouloir, certainement, qui déclenche les hostilités.

- Oui. Ça t’pose un problème ?

Il ne peut contenir son agressivité, elle sort de ses lèvres, instinctive. D’une certaine façon, il veut la faire partir. La voir partir.

- Si tu veux lire, tu peux aller ailleurs, sinon.


Dernière édition par Sandro Clemenza le Mar 9 Avr - 15:07, édité 1 fois
Dorothy Martin
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Re: [CLOS]The flavor of life - Sandro Mar 9 Avr - 12:14


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Feat Sandro & Do

Un sourire discret se dessine sur tes lèvres. Évidemment, tu es une intruse pour lui, une présence non désirée. Tu es la petite poussière qu'on remarque sur le bord du meuble, le petit mouton de poil resté accroché au tapis. Évidemment qu'il prend ce ton-là, c'est normal. Tu ne peux que trop bien comprendre sa réaction. Si tu ne te considères pas artiste, Dorothy, tu comprends certains principes qui régissent l'art. Tu comprends le besoin d'intimité et le concept de transe qui tourne autour. Tu avais souvent lu des biographies de peintres célèbres, expliquant qu'on mettait toujours une partie de soi dans ses traits. L'œuvre est un reflet de son auteur. Ça s'appliquait au tableau, mais également à la musique et aux autres arts en général. Une note est une note, mais il y avait bien des façons de la jouer. Il était possible d'insuffler une multitude de nuance dans sa musique, de sorte à la rendre unique. Ces nuances, c'était le propre du musicien, c'était ce qui faisait qu'on pouvait lire et voir à travers lui. C'était quelque chose d'assez intime, peut-être trop pour être partagé à des inconnus. Pour autant, tu pouvais te montrer particulièrement bornée quand tu le voulais. Et puis, il y avait cette curiosité.

- « Pas le moins du monde. »

Tu lances cela avec une certaine douceur. Tu n'es pas ici pour juger ou noter. Tu es ici pour… Pour quoi en fait ? Tu ne sais pas très bien. Pour satisfaire ta curiosité du moment ? Distraire un cœur rongé par le doute et une tête lourde de pensées désagréables ? Peut-être un peu de deux, en fait. Tu ne peux pas nier que tu es intriguée par sa performance, tu veux l'entendre du début, un concert n'est pas une bonne expérience qu'on y assiste en cours de route. Mais au-delà de ça, tu ne sais pas, ça t'avait fait du bien, la dernière fois. Tu avais pu évacuer tes angoisses l'espace de quelques instants, tu avais oublié les mots de Payne, tes doutes vis-à-vis de Gus, ta honte vis-à-vis d'Ethan. Tu avais laissé ce sentiment désagréable de l'échec de côté et ça t'avait fait du bien. C'était un caprice égoïste quand on y pense. Si tu étais une jeune fille polie et réellement soucieuse de son prochain, tu partirais sans demander ton reste. Mais voilà, tu n'as pas envie de partir, Dorothy. Tu n'as pas envie de retourner à tes ombres jusqu'à ce que tu trouves le courage et le timing pour éclaircir ta situation. Quand tes propres mélodies ne te transportent plus, tu te laisses transporter par celles des autres. Il avait des sonorités que tu n'arrivais pas à reproduire. Tu voulais les entendre une nouvelle fois. Parce que c'était agréable d'entendre autre chose que la violence de tes notes, que l'énergie colérique de ta musique. Une tempête transporte, mais ne repose pas l'esprit. La douceur de la nostalgie, en revanche, si.

- « Je suis là pour ça, en fait. » Laisses-tu échapper calmement. « J'ai bien aimé lire en t'écoutant. Ta musique change de ce qu'on peut entendre au club de musique. C'était agréable ce qui s'en dégageait. »

Tu n'en dis pas plus. Tu n'en dis pas moins. Une vérité brute, voilà ce que c'est. Tu ne cherches pas à le manipuler, à le complimenter pour lui faire baisser sa garde. Ce n'est pas ton objectif, à vrai dire, tu n'en as pas grand-chose à faire de ce que tes mots éveilleront en lui. Une demande égoïste nécessite de sacrifier le facteur humain pour en satisfaire un autre. Cependant, tu es bien consciente que c'est à la personne qui pénètre dans la bulle de faire preuve d'un minimum de savoir vivre. Aussi, tu te lèves, tu te décales de quelques pas encore et tu te poses dans le creux d'une fenêtre à l'opposé de celle où il se trouve. Ainsi caché dans son angle mort, tu t'arranges pour jouer de ton petit gabarit et te caler de telle sorte à ce que seul une petite touffe rose dépasse de ta cachette. Un des seuls avantages d'être une personne menue et de petite taille. Les endroits inaccessibles pour le commun des mortels ne le sont pas pour toi.

- « Tu ne veux pas avoir la sensation d’être observé, soit. Comme ça tu ne me vois même plus sauf si tu te tournes. Je ne te regarderais pas et je ne ferais aucun bruit susceptible de te déranger. Ça me semble être un compromis plutôt honnête. »  

Tu as les yeux rivés sur une page manuscrite de l'ouvrage que tu as posé sur tes cuisses. Tu prends le plus grand des soins à rester concentrée sur ta lecture, à ne pas bouger ou imposer ta présence de quelque manière que ce soit. C'est ta preuve de bonne foi. Un moyen…. Peut-être un peu fourbe d'accorder vos désirs du moment. Toi d'écouter. Lui de jouer. Moyen un peu fourbe, oui. Mais que serait Dorothy Martin sans fourberie ?
Sandro Clemenza
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Re: [CLOS]The flavor of life - Sandro Mer 10 Avr - 0:13

Sandro, il se rend bien compte que son agressivité face à l’autre élève est complètement gratuite… mais il ne peut pas s’en empêcher. C’est comme ça. Lorsqu’il est venu ici, avec son saxophone, il avait en tête de trouver l’endroit parfaitement vide et de pouvoir s’évader de tout son saoul avec son instrument, sans rien devoir à personne, perdu dans son propre monde intérieur, celui de sa musique. Cela peut sembler quelque peu vantard de dire « sa musique ». Certes, il s’essaie à des trucs, parfois, des riffs de jazz qui rappellent des solos de grands artistes… mais la plupart du temps, il reprend les airs des autres. Et quand il improvise, il n’est pas vraiment capable de réellement réussir à « refaire » ce qu’il aura fait une fois, à l’instinct. Sans doute est-il un peu tôt de parler de « sa » musique, seulement, c’est ainsi qu’il le ressent. Lorsqu’il joue, c’est un moment pour lui, purement égoïste.

Aussi, il ne s’attendait pas à ce qu’il y ait quelqu’un qui vienne et par ses simples paroles, il espère la faire fuir. Dans un autre contexte, certainement qu’il s’en serait complètement moqué qu’elle vienne là. Il lui aurait laissé son espace et vice-versa. Il n’est pas forcément du genre à imposer sa présence, en général… sauf lorsqu’il est de mauvais poil ou qu’il a une raison de réagir, face à quelque chose qui serait fait ou dit devant lui. Dans l’immédiat, ce n’est pas le cas, mais jouer de la musique n’est pas quelque chose qu’il peut faire sans que quelqu’un à quelques mètres de lui s’en rende compte. C’est ça qui le crispe. D’une certaine façon, elle fout en l’air ses plans. Il voulait se relaxer, prendre le temps de jouer, tranquillement… et non. Elle est là. Elle dont il croit se souvenir du nom, de mémoire. Marin, quelque chose comme ça. Le prénom ne lui revient pas, il sait simplement qu’elle est plus jeune que lui.

Elle ne s’en va pas. Mieux, elle lui répond d’une voix paisible, comme s’il n’y avait pas le moindre souci à leur présence conjointe en ce lieu. Sandro, ça l’agace. Il fait inconsciemment claquer sa langue contre son palais, en fronçant les sourcils. Cela ne va pas en s’arrangeant, d’ailleurs, lorsqu’elle renchérit. Il n’y a rien d’hostile dans la posture de la Serdaigle, et ça l’énerve, à l’italien. Il aurait préféré qu’elle riposte, qu’elle hausse la voix, qu’il parvienne à la foutre en rogne et qu’elle reparte illico presto. Il n’en est rien. Elle ne se départit pas de ce calme olympien qu’elle dégage depuis son arrivée et fait part de ses intentions. Le brun ne peut contenir son étonnement. Il ne s’attendait pas à… ça. En vérité, et même si c’est paradoxal, il ne s’attend jamais à être réellement écouté, quand il joue. Entendu, oui. Des gens l’ont entendu parfois, en passant, malgré sa volonté de se faire discret. Son oncle et sa tante, aussi, bien sûr. Le premier avec toujours de bons conseils pour s’améliorer et des partitions à travailler, la seconde, avec bienveillance et des mots encourageants, pour ne jamais lâcher. Mais que quelqu’un qu'il ne connaît pas revienne, en lui disant s’être véritablement attardé sur sa musique et ce qu’elle dégage… il ne s’y attendait pas. Il la fixe un moment et murmure un :

- Oh. Euh… merci.

C’est dit à mi-mot mais c’est dit. C’est déjà ça. Il n'a jamais su y faire avec les compliments, quels qu'ils soient. Il a d’ailleurs bien retenu la petite indication glissée dans sa phrase, elle indique connaître le club de musique. Est-elle musicienne ? Sans doute, quelle autre raison aurait-elle de se rendre dans ce club ? Il ne sait pas trop quoi faire de cette information. Il la met de côté. Si elle est musicienne et qu’elle dit avoir apprécié ce qu’elle a entendu, c’est un beau compliment. Vu qu’il n’a jamais franchi le pas de jouer pour quelqu’un d’autre – quelqu’un de neutre – il n’a jamais eu de vrais retours sur sa musique. Sans trop l’admettre, ce simple retour le touche.

Il n’en reste pas moins méfiant, à la regarder sans trop oser bouger. Il n’a pas l’habitude que cette intimité musicale qui est la sienne soit partagée avec d’autres. Il ne sait pas trop ce qu’il doit faire, en cet instant. Changer ses plans ? Au fond de lui, il n’en a pas envie. Il veut jouer. Il en a besoin. Il n’y a rien de pire que se préparer depuis plusieurs heures en se disant « après les cours, j’irais jouer » pour que finalement une contrariété nous en empêche. « Contrariété »… le mot est fort, certes, cependant l’idée est là. Cette jeune fille, cette présence, c’est inattendu. D’autant plus qu’elle ne dégage pas la moindre once de jugement ou de moquerie à son égard, bien au contraire.

Sandro ne le remarque pas mais il serre son PINEAPPLE dans sa main, comme un idiot. Il veut jouer. Il n’ose pas. Il y a ce regard porté sur lui, ces deux oreilles toutes proches, il ne sait pas si… s’il est à la hauteur de ça. Ce n’est pas sa façon de faire, lorsqu’il joue de son saxo. Ça le perturbe plus qu’il ne saurait le dire. La Serdaigle doit avoir la capacité de lire dans les pensées – ou bien sa gêne est parfaitement palpable – car elle se lève et se décale, d’elle-même, pour se mettre dans un coin. Il doit tourner la tête pour la voir, elle et cette chevelure rose des plus reconnaissables.

- Je… Désolé, oui, c’est vrai, j’ai tendance à jouer pour moi. Je ne cherche pas de public.

Elle l’a clairement compris, vu la manière très douce avec laquelle elle lui parle, jusque-là. Elle fait preuve d’un tact bluffant et il ne saurait lui dire, là, de partir. Elle affiche une posture candide et honnête, comme si tout ce qu’elle avait dit depuis sa venue n’était que la stricte vérité. Elle a fait un effort de son côté, lui indiquant sa volonté de l’écouter, tout simplement, sans le déranger pour autant. Il ne se voit pas  la repousser.

- … Ok. Tu peux rester. Je m’excuse pour l’accueil, je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait quelqu’un, je sais que je ne suis pas un pro.

Il glisse son téléphone dans la poche de son uniforme. Il essaie de faire abstraction de cette présence. S’il reprend sa position d’origine, assis comme il en a l’habitude, il ne la voit pas, il ne l’entend même pas, comme elle lui a dit. Il souffle tout de même :

- Je ne promets rien pour tes oreilles.

Il prend en main son saxophone et le porte à sa bouche. Il aime la sensation de l’instrument sous ses doigts et des clés qui glissent. Il prend une grande inspiration et… il se lance. Il sait ce qu’il va jouer, un air qu’il travaille depuis pas mal d’années maintenant.

Dorothy Martin
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Re: [CLOS]The flavor of life - Sandro Jeu 11 Avr - 13:26


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Tu aurais bien envie de lui dire que les vrais musiciens ne jouent que pour eux-mêmes. C'est un concept et une vision bien égoïste de la musique, mais c'est la tienne. Jouer pour autrui n'a aucun sens. Exercer un art pour autrui n'a aucun sens. L'art a toujours été personnel, égoïste. C'est un exutoire pour son auteur, pas pour son public. Une musique devient fade et inintéressante lorsqu'elle est faite dans le but de plaire à quelqu'un d'autre qu'à soi-même. La musique devient monotone lorsqu'on la fait pour des oreilles autres que les siennes. Tu n'as jamais pris de plaisir à jouer pour ta mère, pour les autres. Tu t'étais rapidement rendu compte que les heures de travail ne valaient pas les compliments arrachés à la fin. Tu ne prenais ton pied qu'en jouant pour toi, contre toi. Les autres n'avaient que peu d'importance, jouer était un moment intime, un tête-à-tête avec toi-même. Tu couchais sur le clavier des pensées codées que seul toi pouvais comprendre. Comme-ci les notes étaient un langage qui pouvait te montrer la voie à suivre quand le canot de survie commençait à tanguer un peu trop fort à ton goût. Comme-ci ce dialogue entre toi et l'instrument constituait un véritable entretient, un véritable débat d'idée. Bien sûr, il arrivait, quelques fois, que des oreilles sensibles et curieuses en viennent à apprécier tes mélodies. Mais ce n'était que du bonus, qu'un public qui venait de lui-même et repartait une fois le show terminé. Au final, le concept de public t'était quelque chose de flou, d'optionnel. Une cerise sur le gâteau dont on se passerait volontiers.

- « Comme tous les vrais musiciens, tu me diras. On créer avant tout pour soi. »

T'oses un léger coup d'œil dans sa direction, ton épais manuscrit toujours posé contre tes cuisses. Peux-tu considérer ton acceptation comme une petite victoire ? Où serait-ce un peu trop présomptueux ? C'était bien la seule chose positive qui t'était arrivé depuis ton altercation avec Payne. Enfin, tu avais eu l'occasion de te rapprocher de Bertram ce soir-là. Tu avais aussi pu faire connaissance avec Innocenty. Mais pouvais-tu sincèrement considérer le fait d'avoir consolé un ami et dépanner une connaissance comme une victoire ? Dans l'idéal, tu aurais aimé n'avoir jamais eu à faire vider le stock de larmes du premier, ni te mettre dans de beaux draps pour un caprice du second.

Un sourire discret orne néanmoins tes lèvres. Oui, après tout pourquoi pas ? Pourquoi pas ne pas considérer ta présence ici comme une petite victoire, comme un premier combat remporté avec succès ? Ça ne pouvait pas faire de mal de tirer du positif de temps en temps. Du moins, ça te semble légèrement plus sain que de considérer tout le reste comme un premier bon pas.

- « Il n’y a pas de mal. Je m’excuse aussi pour l’intrusion. »

Tu pouvais au moins faire ça. Un moyen de te donner de nouveau bonne conscience. Tu avais ta part de responsabilité dans toute cette histoire, il serait hypocrite de ne pas l'assumer. Tien, hypocrite ? Voilà que tu te mets à corriger ta propre hypocrisie, Dorothy ? Comme quoi les miracles existent. Tu te replonges dans ta lecture, tu ne prends pas la peine de répondre à sa dernière remarque, c'est inutile selon-toi. Tu sais ce que tu as écouté la dernière fois. Tu étais-là. L'amateurisme n'avait, à aucun moment, été un frein à l'appréciation de sa musique. Aussi, tu laisses les lettres, les mots et les lignes défiler et prendre sens dans ton esprit. Bientôt, il te semble avaler les pages sans pour autant les lire vraiment. Ton attention est plus sur la mélodie qui se joue que sur les révélations de l'épais manuscrit. Tu retrouves les mêmes sensations que la veille, les mêmes échos. Un sourire se dessine sur tes lèvres alors que tu prends le temps de décortiquer chacune de ses notes. Oui, c'est loin d'être parfait, pour autant que tu puisses en juger, c'est pourtant magnifique. Il n'y avait pas besoin d'être maître de son instrument pour lui faire cracher de beaux sons. Ce qui comptait, avant toute chose, c'est l'honnêteté du musicien, le cœur qu'il met à l'ouvrage. Et du cœur, il en met. Beaucoup, te semble-t-il. Tout le long de sa prestation, tu écoutes. Les airs de jazz t'ont toujours fait un petit, je ne sais quoi. Tu trouvais cette musique née de bric et de broc particulièrement authentique, naturelle, chaleureuse. Beaucoup moins pompeuse et élitiste que pouvait l'être le classique. Il te semblait que le jazz était une musique de gens véritables et simples. Tu te surprends à écouter plus attentivement, a finalement délaisser les pages épaisses de ton livre pour tendre sans aucune pudeur l'oreille. T'apprécies l'instant, c'était bien.

Tu ne sais pas ce que tu peux dire ou pas, ce que tu peux faire ou pas. Tu tentes un coup d’œil curieux vers lui. Peux-tu lâcher quelques mots ? Est-ce que ça ne serait rompre les termes de votre accord ? Plus aucun son ne sort maintenant. Oui. Allez, juste quelques mots.

- « C’est marrant, mes oreilles n’ont pas saignées une seule fois. »

Sandro Clemenza
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Re: [CLOS]The flavor of life - Sandro Jeu 11 Avr - 23:22

Quand il joue, il oublie tout le reste. Il oublie ses tracas, les pensées qui le hantent et les contrariétés du quotidien. C’est comme s’il s’immergeait, tête la première, dans un océan d’émotions, un cocon chaleureux et envoûtant. Il se laisse guider par ce qu’il ressent autant que par les sons cuivrés de l’instrument. Ce morceau, « Petit fleur », c’est un classique de jazz que lui a conseillé son oncle. Un beau morceau de saxophone d’un vieux jazzman originaire de La Nouvelle-Orléans. Parfois – sans doute à tort – il se dit que la vie devait être plus douce de l’autre côté de l’Atlantique, à jouer du jazz à longueur de journée. C’est faux et présomptueux, bien sûr, mais quand il joue, il en vient à divaguer, à s’imaginer une autre vie, bien différente de la sienne. Il se voit musicien dans un quintet de jazz, à faire des concerts chaque soir, à vivre d’une musique chaleureuse, dansante et envoûtante.

En vérité, il ne sait même pas s’il supporterait ce genre vie, à ne jamais s’arrêter vraiment, toujours sur les routes, à ne faire plus que jouer, sans arrêt. Ce genre de vie ne doit pas être fait pour tout le monde. Peut-être que cela le dégoûterait du saxophone, que sa musique ne serait plus la sienne, n’aurait plus rien d’introspective et en deviendrait commerciale, fade. Difficile à dire, cependant. Il est bien loin de ça et comme il l’indique à la Serdaigle lorsqu’il joue, actuellement, c’est un jardin secret qu’il cultive, un puits à ressenti et à évasion. Rien de plus. L’autre élève semble le comprendre, vu comment elle lui répond. Elle est toujours douce dans ses réponses, et il accepte le compromis qu’elle lui présente.

Il l’accepte mais c’est plus facile à dire qu’à faire… parce que lorsqu’il commence à souffler dans son saxo, pendant plusieurs secondes, il ne peut s’ôter de la tête le fait qu’un peu plus loin, derrière lui, assise contre un mur, il y a quelqu’un d’autre. Il a beau ne pas l’entendre, ni même la voir, il sait qu’elle est là et ça le déstabilise tout de même. Peut-être aurait-il préféré que ce soit comme la dernière fois, lorsqu’il n’a réalisé sa présence qu’à la toute fin, quand il terminait ses morceaux. Enfin… s’il veut vraiment s’améliorer, ce n’est peut-être pas si mal. Avoir une oreille neutre, différente, quelqu’un qui n’est visiblement pas dans le jugement. Du moins pas pour le moment. Alors il ferme les yeux et se concentre, il souffle avec plus de conviction, tenant au mieux les notes hautes. Il aime la complainte enjouée qu’est ce morceau et les différentes intonations qui s’y trouvent. Lorsqu’il termine, au bout de quelques minutes, il a les yeux toujours fermés et profite du silence qui suit la dernière note du saxophone. Il n’y a pas de bruit. Pendant quelques petites secondes, il se demande ce qu’en a pensé son auditrice du jour. Il hésite à se retourner, il veut savoir autant qu’il craint son avis. Parce qu’il n’est pas habitué à ça.

C’est elle qui brise le silence, cependant et, sans se retourner, il ne peut contenir un léger rictus amusé.

- Tant mieux.

En l’immédiat, il se fait homme de peu de mots, parce qu’il est fébrile, intérieurement, à l’idée qu’on l’écoute, et ce premier retour le soulage quelque peu. Il n’attend cependant pas qu’elle reprenne la parole et se remet à jouer. Il est là pour ça, à la base.



L’air est différent. c’est un autre standard de jazz, toujours cette musique d’un autre temps dans laquelle il se retrouve tellement. Le rythme est plus complexe, le morceau est plus long. Il sait qu’il n’est pas complètement en accord sur les temps et que le tout gagnerait en épaisseur avec un accompagnement piano, comme la première fois qu’il l’a entendu… C’est pas grave, il se laisse porter par l’instant, les envolées des notes, il est concentré et détendu à la fois, la volonté de bien faire autant que l’envie de se vider l’esprit, de n’être plus que « musique », à proprement parler. Le temps de ces longues minutes, il en oublie complètement le fait qu’il n’est pas réellement seul, dans cette alcôve du cinquième étage.

A nouveau, quand il s’arrête, c’est le silence qui reprend possession des lieux. Il n’entend rien d’autre et ne sait toujours pas si l’autre élève lit réellement, ni même si elle est toujours là, en vérité. C’est simplement parce qu’il ne l’a pas vue partir qu’il en est convaincu.

Il hasarde un :

- Alors ?

L’instrument sur son torse, toujours accroché à sa sangle, il laisse reposer sa tête contre la pierre derrière lui. Il se remet de ses émotions, de l’énergie investie dans ce morceau. Il ajoute ensuite :

- T’es musicienne, au fait ?

Il a les yeux rivés sur un point quelconque de la fenêtre, il regarde sans réellement regarder. Il attend de voir si elle lui répond.


Dernière édition par Sandro Clemenza le Lun 15 Avr - 17:16, édité 1 fois
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Re: [CLOS]The flavor of life - Sandro Sam 13 Avr - 19:44


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Tant mieux. Tu t’es donc fait accepter. Tu n’as pas besoin de signaux plus directs pour comprendre le message caché derrière ces deux mots. Tu n’as pas besoin non plus de chercher son visage pour deviner son expression. Tant mieux. Tes yeux se reposent sagement sur les pages épaisses de ton ouvrage. Tant mieux, tu n’avais pas besoin de plus. Tu pouvais te contenter de peu. La gourmandise et l’envie seraient probablement tes péchés capitaux, Dorothy. Mais tu savais que si désirer n’est pas un mal, il fallait savoir se modérer un minimum. Par respect pour l’autre, dans un premier temps, et par respect pour soi ensuite. Le fait qu’il se remette tout de suite à jouer, ne fait que t’encourager quand on fait que tu as ta place ici, maintenant. Tu n’es plus une présence indésirable. C’est déjà beaucoup. Très honnêtement, tu n’en demandais pas plus. Juste pouvoir être là, juste pouvoir écouter et se changer brièvement les idées. Juste faire une pause dans le fouillis de tes pensées, juste pouvoir laisser de côté la toile complexe qu’est ta tête.

Le morceau qui envahit l'espace, alors, est plus complexe que le premier, plus décousu aussi. Tu devines que si ce n'est pas une improvisation, la partition d'origine devait être sûrement pensée pour être accompagnée d'un ou de plusieurs instruments. Moins mélodieux, mais plus intéressant, voilà ce que tu penses de ce morceau. Les mélodies plus conventionnelles sont faciles à retenir, mais moins marquantes. Tu appréciais les morceaux qui partaient dans tous les sens, dérangeants et fascinants à la fois. Tu appréciais ces pianistes qui sortaient de leur rigueur habituelle pour s'essayer à quelque chose de plus expérimental. C'est cette même sensation d'expérimental que te procures le morceau de ton compagnon. Tu n'arrives pas à identifier couplet et refrain, sans doute qu'il n'y en a pas réellement, dans le fond, mais ça n'a que peu d'importance. L'expérience reste agréable et le petit jeu de piste solo que tu te fais ne te déplaît pas. Tu le laisses finir, c'était un morceau bien plus long que le premier. Tu savais qu'il était fastidieux de s'engager sur des prestations aussi longues, car elles étaient épuisantes et mettaient l'endurance du musicien à rude épreuve. Tu avais connu ça sur plusieurs morceaux, mais tu imaginais sans peine que ça devait l'être bien plus dans le cadre d'instruments à vent.

- « C'est plutôt impressionnant. Jouer un morceau long de plus de cinq minutes, c'est quelque chose qui n'est pas à la portée de tout le monde. J'imagine que c'est d'autant plus compliqué avec un instrument comme le tien. Gérer son souffle ça doit être beaucoup plus complexe que ça en a l'air. »

Il y a une réelle curiosité dans ta voix. Tu ne peux pas dire en connaître un rayon sur les vents ou même sur les instruments autre que le piano, en général. Tu connaissais et maîtrisais le clavier, c'était déjà quelque chose d'assez compliqué sans que tu ne doives y rajouter la maîtrise d'autres arts. Il n'empêchait que tu étais plutôt curieuse d'en apprendre plus. Après tout, tout bagage était bon à prendre et si tu pouvais repartir d'ici avec quelques connaissances en plus, ça ne pouvait être que bénéfique.

Tu laisses un sourire relever tes lèvres alors que tes yeux s’attachent encore aux mots inscrits sur le papier.

- « On peut dire ça, oui. Je joue du piano depuis ma première année ici mais je ne peux pas dire que ce soit par amour du public. En définitive, je suis un peu comme toi, je joue pour moi avant tout. »

Même si tu avais commencé tout ça par amour pour quelqu'un d'autre. Enfin, le pourquoi du comment tu as commencé n'avait que peu d'importance. C'est pourquoi tu continuais qui importait.

- « Ça permet de mettre à plat des choses qu’on ne peut exprimer avec des mots. Il y a des gens qui tapent sur des sacs de frappes, moi je frappe des touches, c’est un délire différent. » Un léger rire sort d’entre tes lèvres à cette pensée. « Tu viens souvent jouer ici ? »


Dernière édition par Dorothy Martin le Jeu 18 Avr - 10:31, édité 1 fois
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Re: [CLOS]The flavor of life - Sandro Lun 15 Avr - 17:45

Ils sont assis de manière à ne pas se voir directement, l’un comme l’autre, et pourtant Sandro a bien la sensation qu’elle l’écoute avec attention lorsqu’il joue. Le second morceau est plus complexe que le précédent, plus long aussi et certainement plus décousu, sans piano pour l’accompagner. C’est un choix qu’il fait, pourtant. Il apprécie ce morceau même s’il le joue de façon très brute. Il ne sait pas pourquoi il la questionne, à dire vrai. Jusque-là, il n’a jamais réclamé de jugement sur ce qu’il fait, quand il souffle dans son saxophone. Peut-être par crainte de ce qu’il entendra ? Même s’il joue pour lui et qu’il sait que ce n’est pas parfait, il n’est pas certain de vouloir entendre quelqu’un pointer du doigt ce qui ne va pas.

Quand elle lui répond, elle s’attarde sur la longueur du morceau. Il est vrai que Footprints, le nom de cet air, s’étire dans le temps. Beaucoup de morceaux de jazz, d’ailleurs, dépassent bien souvent les cinq minutes. Sans doute parce qu’il y a dedans l’idée d’insuffler une énergie, un état d’esprit, à ce qui entoure les musiciens. Certains s’amusent à dire qu’il s’agit de musique d’ascenseur ou de salle d’attente… cela peut être vrai. Ça ne s’applique pas à tous les morceaux, bien entendu, mais certains ont une facilité à se fondre dans le décor, comme un air lointain qui participe à une ambiance sans forcément prendre le dessus. A l’inverse, d’autres vont marquer les esprits et pousser à ce qu’on arrête complètement ce que l’on est en train de faire pour écouter, pleinement.

Footprints, c’est un morceau où l’on déverse une énergie fugace. Il l’aime bien pour ça. Il hoche la tête quand elle achève sa remarque et, les yeux toujours rivés sur la fenêtre, acquiesce :

- Oui, c’est vrai que c’est un morceau long. Beaucoup le sont, c’est un coup de main à prendre au niveau du souffle, il y a toujours des moments de respiration mais il ne faut pas se rater dans le timing.

Plus d’une fois ça lui est arrivé de vouloir bien faire au début, à croire qu’il aurait suffisamment de souffle pour finalement terminer un enchaînement sur une note qui se meurt, en n’ayant plus d’air et le visage rouge d’avoir essayé au mieux de compenser. Il faut savoir gérer la respiration par le nez, celle par la bouche et se souvenir de la participation dans sa tête. C’est justement cette concentration qui lui plaît, aussi, en plus du son de l’instrument. C’est certainement le cas pour n’importe quel instrument, cela dit, mais ça n’y change rien. Dans ces instants où il focalise son attention sur ce qu’il doit faire, sur le son qui doit sortir du saxo, le fait de correctement ponctuer sa respiration et garder un souffle stable, il ne pense à rien d’autre.

La remarque de la jeune fille est finalement plus technique qu’autre chose et ça lui convient bien, à Sandro. Il préfère ça car il sent un réel intérêt vis-à-vis de ses réponses. C’est ce qui lui pousse à lui demander si elle est bien musicienne, comme il pense le comprendre. Elle le confirme en quelques mots.

- Le piano ? Je vois. On se ressemble sur ce point, oui. Je comprends mieux ton… attitude. Il ne sait pas si c’est le bon mot. Il entend par là le fait qu’elle ait, dès le départ, agi avec tact à son égard, sans se vexer face à son agressivité première. Mon oncle joue du piano également, ce n’est pas un instrument facile, ça non plus.

Il ne sait même pas pourquoi il lui parle de son oncle, ce n’est pas bien intéressant mais c’est sorti comme ça. Quand il pense à la musique, il pense à son oncle, forcément. C’est lui qui l’a initié à tout ça. Le piano demande une application bien particulière là encore. C’est un instrument très noble et qui convient à toute sorte de musique. Par l’intermédiaire d’Idris, l’italien sait parfaitement la discipline requise pour correctement maîtriser le piano. Il ne peut s’empêcher de demander, d’ailleurs :

- Si je peux me permettre, pourquoi ce choix du piano ?

C’est sans doute idiot mais Sandro a la sensation que derrière chaque instrument il y a une histoire. Les compères de jazz avec qui joue son oncle ont tous des anecdotes plus farfelues les uns que les autres pour expliquer pourquoi la trompette, la clarinette ou le trombone, pourquoi la contrebasse ou la batterie. Bien entendu, il ne la force pas à répondre mais puisqu’une atmosphère plus… compréhensive s’est installée, d’une drôle de manière, il alimente à son tour la discussion.

- Ça n’empêche pas de faire les deux, cela dit. Ce n’est pas la même manière de se défouler, la musique je trouve que c’est plus… une introspection, un peu. Enfin pour moi. Je fais parti du club de boxe anglaise de l’école, et je peux te dire que ça, ça fait du bien aussi, parfois. Mais d’une autre manière.

Oui, c’est complètement différent. Il répond après coup à sa question.

- Ouais, des fois. J’aime bien cet endroit, on voit le parc depuis la fenêtre et c’est tranquille en général, après les cours. J’y croise jamais personne. Il marque une pause. Sauf une lectrice qui s’égare, apparemment.

Il ponctue cela d’un petit sourire et se tourne sur le côté, de façon à avoir ses deux jambes dans le vide, cette fois, et son instrument toujours maintenu sur son torse, il tourne la tête pour observer au mieux la Serdaigle.

- Du coup, tu es… Martin ? A travers sa prononciation son accent italien prend le dessus. M’en veux pas, j’ai plus ton prénom en tête.
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Re: [CLOS]The flavor of life - Sandro Jeu 18 Avr - 12:25


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C'était donc une question de souffle ? Tu es assez impressionnée, savoir jongler à la fois entre son souffle, sa respiration et sa partition te semblent quelque chose de très complexe, spécialement lorsqu'on apprend soi-même. Il faut une sacrée de dose de courage et pas mal d'entêtement pour ne pas baisser les bras à la première difficulté. Tu imagines que l'apprentissage de ce genre d'instrument ne se fait pas en un jour et, qu'à l'image du piano, il faut des années avant de pouvoir réellement dire qu'on sait où poser ses doigts et quand. Tu n'as pas la sensation d'avoir entendu des pauses dans sa mélodie, pourtant, et les rares morceaux de jazz que tu connais te donnais une impression de non-stop qui allait un peu à l'encontre de ce principe de reprise du souffle. Ça te semble, cependant, logique que le musicien remplisse ses poumons à nouveau de temps en temps. Sans doute que c'est la preuve d'une bonne maîtrise de son art de savoir rendre ces difficultés techniques discrètes au point que l'auditeur lambda ne puisse pas les soupçonner.

Cette réflexion t'en emmène à une autre, parce que tu es comme ça, Dorothy. Quand quelque chose capte ton attention, quand un sujet attire ta curiosité, tu veux le décortiquer, l'aborder sous tous les angles et en apprendre plus que tu ne le devrais. Ton esprit devient vif, saute de question en question jusqu'à épuisement, quitte à faire perdre le fil à ton propre professeur. C'était dans les détails que se cachaient la richesse et des détails, la musique en avait plein. Ce n'était pas pour rien que cet art t'avait séduite lorsque tu t'y étais mise. Plus que la peinture ou la sculpture, tu trouvais qu'il y avait dans la musique de nombreuses failles dans lesquels s'engouffrer pour découvrir et créer des choses nouvelles, des sonorités uniques. Tu fais l'effort de retenir la foule de questions qui se précipite déjà sur le bord de tes lèvres. Faire preuve de tact avait endormi sa méfiance et tu n'avais pas pour projet de la raviver tout de suite. Tu aurais sans doute l'occasion de te montrer curieuse plus tard dans la conversation. Savoir respecter son interlocuteur était souvent la clé pour arriver à ses fins.

Ça te fait plaisir, Dorothy, t'établir une ressemblance avec les gens qui t'entourent. Ne pas être à part, ne plus avoir la sensation de l'être du moins. Bien sûr, une partie de toi sait que cette ressemblance est toute relative, probablement éphémère et mensongère, mais elle a le mérite d'exister dans la tête de certain. Pour être honnête, tu n'en demandais pas plus. Avoir quelque chose en commun avec quelqu'un, ne pas être l'ovni à problème, être « normale ». C'était une idée qui te faisait du bien.

- « Oh, tu as d'autres musiciens dans ta famille ? » T'aurais bien envie de dire que ceci expliquait cela, mais ce serait sauté trop rapidement à une conclusion. « J'ai bien envie de te dire qu'aucun instrument n'est facile, en vérité. Je pense que c'est plus une question d'affinité, en fonction du musicien certains instruments seront plus naturels que d'autres. Pour moi, ton saxophone est cent fois plus complexe que mon piano. »

Vient alors ensuite une question que tu ne t'es jamais réellement posée. Pourquoi le piano ? À choisir, tu aurais préféré le violon. Tu trouvais ça plus classe, plus noble, plus beau, puis il y avait toute une notion de mouvement que tu ne retrouvais pas assise devant ton clavier. Tu ne pouvais pas dire que tu n'aimais pas le piano, au contraire, tu l'adorais. Tu avais appris à l'aimer de façon passionnelle, mais il est vrai qu'au départ, ce n'était pas ton premier choix. Qu'est-ce qui t'avait alors décidée à aller vers lui plutôt que vers un autre ? Tu ne t'en rappelles plus vraiment. Tu tentes de creuser pour obtenir des réponses, quelques brides de souvenirs te reviennent en mémoire, t'aborde une expression concentrée, comme-ci te replonger à cette époque bénie de tes 11 ans te demandait un effort d'imagination. Ça remonte à si loin, tout ça.

- « Hmm… C'est un peu un choix par défaut, je dirais. » Ce n'était pas très glorieux comme réponse. « Quand j'ai commencé la musique, je n'y connaissais rien. Petite, j'admirais les violonistes, mais sans trop savoir pourquoi c'est devant un piano que j'ai joué mes premiers airs. Au départ, je n'avais pas vraiment d'infinité avec cet instrument, c'est avec le temps que la passion et tout le reste est venu. »

C'est une histoire simple, mais c'est la tienne. Tu ne penses pas qu'il y ait nécessairement besoin de grands airs et de grandes histoires pour rendre quelques choses authentiques et réelles. Les sentiments n'étaient pas toujours une question de grandeur. Tu n'avais jamais été très fan des grandes histoires passionnelles qui transcendent cœur et esprit. Tu aimais plus les histoires simples, intimistes. Les symphonies avaient besoin de dizaines d'instruments pour impressionner, les petites mélodies n'avaient besoin que de quelques notes pour tout chambouler.

- « Comment dire, pas mal de musicien expliquent qu'il faut avoir un coup de foudre avec l'instrument pour pouvoir en jouer. Dans mon cas, c'est quelque chose de beaucoup plus simple. Je n'ai jamais été très branchée coup de foudre, ça explique aussi peut-être certaines choses. Mais, ça s'est vraiment construit au fil du temps. Tu joues un peu tous les jours et petit à petit, tu apprends à t'amuser. Plus tard t'apprends à mettre un peu de toi dans chaque note et rapidement, tu te rends compte que ta relation avec l'instrument est devenue plus personnelle, plus intime. C'est quelque chose de naturel, quoi. Fin, j'imagine que c'est le cas pour pas mal de monde. Et toi ? »

Maintenant que tu poses des mots sur ton attachement au piano, tu te dis que tu n’aurais pas pu trouver une meilleure version de cette histoire. Une confiance et une ouverture qui se fait petit à petit, des sentiments qui grandissent et se renforcent au fil du temps. C’était, à tes yeux, la définition d’une relation idéale. Quelque chose de calme, de sain. Sans explosion, sans vague émotionnelle forte. T’en a déjà suffisamment dans ta vie sans que tu sois obligé d’en rajouter là où il n’y en pas besoin.

Tu ne peux t'empêcher de rire à sa dernière réplique. Tu n'aurais pas pensé que ta comparaison avec le sac de frappe soit autant de circonstances. Tu ne peux qu'approuver cependant. Le piano t'aide à faire entendre ce que tu ne peux dire avec des mots. C'est comme vider son sac, sans prendre de gant. Tu devais cependant avouer que le défoulement que tu as avec ton clavier est différent de celui que tu as avec ton fleuret. L'escrime avait un côté plus… Agile ? Peut-être moins brute que la musique ? Si tu devais résumer ces deux pratiques, tu dirais que le piano est le défouloir de la Dorothy brutale, authentique. L'escrime est le défouloir de la Dorothy fourbe.

- « Oui, je vois ce que tu veux dire. J’ai un peu la même chose avec le club d’escrime mais c’est plus… Comment dire… Subtile ? »

Un nouveau rire t’échappe à sa seconde remarque. Un sourire un peu plus taquin aussi.

- « Mais ce n’est pas désagréable de croiser une lectrice qui s’égare de temps en temps, n’est-ce pas ? »

Tu fermes ton livre pour venir faire pendre tes jambes dans le vide et ainsi sortir de ta cachette. Tu n’as pas la même délicatesse que lui, tu n’as aucune idée de son prénom.

- « Tu connais mon nom ? La lectrice que je suis en est honorée. » lâches-tu en souriant. « Dorothy, mon prénom c’est Dorothy. »

Ce n’est pas un prénom sexy, pas un prénom classe, mais c’est le tien.

- « Je suis navrée, par contre, parce que je n’ai aucune idée du tien. Mais je peux t’appeler le Jazzman ou l’inconnu du cinquième étage si tu préfères. »

Sandro Clemenza
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Re: [CLOS]The flavor of life - Sandro Sam 20 Avr - 0:19

Au naturel, Sandro n’est pas le mec le plus bavard qui soit. Non pas qu’il soit forcément timide ou renfermé, mais il est du genre à parler quand c’est nécessaire, il écoute d’abord et réagit ensuite. Là, c’est un peu différent. Sans doute parce que le sujet lui tient à cœur. La musique, ce n’est pas forcément quelque chose qu’il partage, ou partageait, jusque-là. Les groupes qu’écoutent ses potes sont plus pop ou rock, pas très axés jazz, en général. Non pas qu’il n’aime pas la pop ou le rock, mais c’est… autre chose. Comme si son saxophone et les morceaux qu’il joue restent ce jardin secret, parfaitement cadenassé, dans lequel il ne fait entrer personne. Ou presque personne, apparemment. Il faut dire que la jeune fille est du genre à grimper par dessus le grillage, en vérité. Il aurait pu la faire partir, il ne l’a pas fait. S’il ne se l’avoue pas, il est content, au fond de lui, de trouver une interlocutrice qui s’intéresse à ce qu’il fait, ce qu’il joue, et qui semble partager son intérêt de la musique. Elle n’est pas dans le jugement, elle questionne et a l’air de sincèrement s’attarder à ce qu’il lui dit. C’est nouveau, pour Sandro.

- Mon oncle, oui. Juste lui. Pianiste de jazz à ses heures perdues, il m’a fait découvrir tout ça, il m’a bien cerné, il disait que la musique me ferait du bien. Il avait raison.

Parfois têtu, le jeune homme n’a certainement pas remercié son oncle pour ça… mais Idris doit avoir compris dans l’acharnement de son neveu à s’améliorer au saxophone qu’il y a trouvé une voie – et une voix. Celle de sa rancœur et sa mélancolie, celle de sa colère et de ses émotions vivaces.

- Oui, tu as raison. C’est comme tout, faut s’entraîner. Et y passer du temps, et du temps, et du temps. Faire en sorte que la lecture des notes et leur réalisation soit automatique, pour ensuite se perfectionner dans le rythme, la respiration, l’enchaînement des croches et autres tons.

S’il brasse l’évidence, elle ne lui en tient pas rigueur et répond à la question qu’il a osé lui poser. Un choix par défaut, dit-elle. Un bon choix, alors, si elle en fait depuis des années. Lui, le violon… il n’a pas trop connu. Il trouve ça « criard », même s’il sait que correctement joué, ça peut être envoûtant. A pratiquer, ce n’est pas son truc. Dans les instruments à cordes, il n’y a bien que la contrebasse qu’il aurait pu envisager. Et encore… c’est uniquement parce que Harvey, l’un des compères musiciens de son oncle, en joue et ne tarit pas d’éloge sur son instrument. « Sa belle dame », dit-il en rigolant et en se resservant un whisky, la plupart du temps. Pour la Serdaigle, ce choix du piano s’est visiblement confirmé avec le temps.

- Le coup de foudre, c’est bien que dans les contes… Je pense que ceux qui vont dire que le choix de leur instrument était « une évidence » exagèrent forcément. En vrai, comment on peut savoir tant qu’on a pas tout essayé ? Perso, c’était pas une évidence. Comme dit, c’est mon oncle qui m’a conseillé le saxo. Il disait que ça collait bien avec ma personnalité, c’est un instrument polyvalent, qui peut traduire autant l’amusement que la tristesse, la douceur ou la puissance. Bon, il a pas dit les choses comme ça au début, et c’est comme toi, c’est en pratiquant que j’ai compris que oui, ça m’allait bien. Comme une extension de moi, un peu.

Bon, c’est imagé mais c’est clairement l’idée. Il n’a jamais évoqué ça avec quiconque et il se sent à la fois soulagé et embarrassé, un peu. Il est pas forcément du genre à s’ouvrir, encore plus auprès de quelqu’un qu’il ne connaît pas vraiment. Pourtant, l’atmosphère de ce moment, et sans doute le sentiment de relaxation qui suit toujours un moment à jouer de son saxo font qu’il parle. Il parle avec la même honnêteté qui transparaît dans les mots de son interlocutrice.

- Ah ouais le club d’escrime… ça a l’air pas mal aussi. Plus classe, j’imagine, mais ouais, ça doit défouler aussi. On se ressemble sur ce point, alors !

Ce qu’il n’aurait pas forcément deviné en la voyant débarquer ici. Il sait qu’il ne faut pas qu’il juge les gens à leur apparence ou les livres à leur couverture. Il le sait parce qu’il en a souffert, ne serait-ce qu’avec ses parents qui le prennent pour un marginal ou un pêcheur simplement parce qu’il a des pouvoirs de sorcier qu’il n’a jamais demandé, à la base. Il sait qu’il ne faut pas faire de raccourci dans la vie, mais parfois, il ne parvient pas à s’en empêcher. Comme quoi, la vie aime lui faire des pieds de nez, et il réalise que cette « intruse » dans sa bulle de musique est finalement intéressante et parfaitement à l’écoute.

- J’avoue. Je pensais pas… enfin, je croyais que tu allais… juger, rire. Je sais que j’ai encore beaucoup à faire pour que mes morceaux soient parfaitement fluides.

Même s’il le sait, il a aussi conscience qu’il n’est pas du genre à se donner corps et âme dans la musique. Elle reste pour lui un exutoire et un moment privilégié dans lequel il aime plonger, tête la première. Ce n’est pas un domaine dans lequel il cherche à s’épuiser à la tâche au point de s’en dégoûter. Oui il veut s’améliorer, oui il sait qu’il a besoin de pratiquer plus encore, et quand il a l’envie, l’impulsion, il s’y consacre plus, mais il n’aimerait pas se forcer à jouer. Ce n’est pas sa manière d’envisager la musique.

Il s’est avancé sur le nom de famille de la Serdaigle sans trop d’hésitation. Il est observateur et même s’il ne s’intéresse pas spécialement aux potins qui peuvent traîner, il sait qu’il y a quelques années, son nom était associé à différentes rumeurs dont il ne se souvient pas. Il a juste retenu de cette époque que la bouille aux lunettes et aux cheveux devenus roses depuis s’appelait « Martin », le reste, il s’en fout.

- Ah ouais, Dorothy, voilà. Pour le tact, on repassera. Le Jazzman, c’est classe ! Mais sinon, moi c’est Sandro Clemenza. Enchanté. J’passe un peu plus inaperçu j’imagine.

En disant cela, il fait un mouvement de tête pour désigner sa chevelure rose. Il sait pourtant que dans le coin, des couleurs improbables, y’en a pas mal. Mais dans son cas, ça dénote bien.

- Et du coup, tu fais comment pour bosser ton piano, toi ? Tu vas à l’auditorium ?

Il sait bien qu’il y a un club de musique et une pièce prévu pour, il y est déjà passé, très furtivement, mais il n’a jamais eu la sensation que c’était réellement pour lui. Il a l’impression d’être trop sauvage ou hasardeux dans sa pratique. Pas assez scolaire, peut-être, pour se retrouver dans un club ou une pièce prévue pour.
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Re: [CLOS]The flavor of life - Sandro Jeu 25 Avr - 0:56


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Feat Sandro & Do

Les coups de foudre, ce n'est bien que dans les contes. Un sourire légèrement nostalgique se laisse mourir sur tes lèvres. Dans les contes, oui. Quel bel univers que celui des contes. Un univers où tout finit bien, parce qu'il y a un destin derrière chaque personnage. Les méchants perdent, les gentils triomphent. Il n'y pas d'univers plus lisse, plus simple aussi. Il n'y avait pas d'univers aussi injuste également. Tu t'étais souvent demandée, si, comme les personnages de contes il y avait un destin derrière toi, une force qui détermine à l'avance ton parcours, tes choix. C'était une idée séduisante sur certains points. Être une marionnette entre des mains autrement plus puissantes que les siennes permettait de se dédouaner de beaucoup de choses. Mais tu n'as jamais aimé cette idée de destin. Cette idée que tout a été écrit à l'avance. Le destin est lâche, injuste et cruel. Une partie de toi aurait bien aimé trouver dans ce destin un coupable, mais une autre partie de toi savait qu'il n'y avait qu'une seule responsable de ton parcours : toi. Tu ne pouvais pas mettre sur le dos d'une pseudo force tes échecs et tes désillusions. Tu as un rire amer qui résonne dans ta tête en repensant à ce que tu es, au coup de foudre et ce que ça pourrait donner. Oh non, il ne faut mieux pas que tu le vives un jour, ce fameux coup de foudre. Ça te tuerait. Les émotions intenses et fortes ont le chic pour te mettre à mal, Dorothy.

Mais l'on ne parle pas de destin ou d'amour, mais bien de musique. Sur ce sujet, tu ne peux qu'approuver les dires de ton camarade. Un instrument se découvre et se révèle au fil du temps, c'était ta vision des choses et tu es plutôt heureuse de pouvoir la partager avec quelqu'un d'extérieur. La musique est un de tes sujets préférés, mais tu ne peux l'aborder que très peu au quotidien. Tu n'as pas l'entourage pour, pas l'envie également. C'est une philosophie bien particulière que tu rechignes un peu à partager par peur de l'incompréhension de ton auditoire. Après tout, la musique fait appel à temps de choses.

- « Une extension de soi, c’est vrai qu’il a de ça. C’est un peu comme une partie de ton corps détachable. On n’en a pas besoin pour réellement vivre mais on se sent plus complet quand elle est là. Hm, ouais, j’aime beaucoup l’idée. »

Mais tu aimes encore plus l'idée qu'il souligne avoir des points communs avec toi. C'est une sensation agréable d'être sur la même longueur d'onde que quelqu'un. Tu laisses un rire léger sortir d'entre tes lèvres, tu ne pouvais pas dire que tu en espérais tant de cette rencontre. Comme quoi, Ethan avait raison, prendre le risque valait parfois vraiment le coup. Et dans cette semaine compliquée où tu ne sais plus trop où mettre les pieds, ce genre de moment suspendu te fais du bien. Un sourire malicieux s'empare de tes lèvres alors que tu l'écoutes. Tu descends de ta cachette pour venir te mettre dos au mur en croisant les bras.

- « J'aurais pu. J'aurais pu si tu avais été un jazzman sans saveur, t'sais, le genre de type qui ne joue pas vraiment pour lui mais pour l'image que ça donne. Mais ce n'est pas ton cas, ça se voit et ça s'entend. » fis-tu avec un léger sourire « Ce que tu fais n'est peut-être pas parfait, mais tu fais de ton mieux et surtout, tu le fais sérieusement. Je pense que c'est le genre de démarche qui doit être encouragé. »

Son nom est donc Sandro. Tu graves dans ta mémoire cette information pour ne pas la perdre en cours de route. Tu passes instinctivement une main distraite dans ton épaisse chevelure rose. Ouais, c'est vrai, c'est particulier comme couleur, ça ne passe pas inaperçue. Ça aussi, tu avais appris à l'aimer avec le temps. Au départ c'était un cri de détresse, avec le temps c'était devenu une partie intégrante de ton identité. Tu ne peux pas dire que tu regrettes ce choix capillaire, bien au contraire, s'il y avait quelque chose que tu aimais chez toi, c'était bien ta chevelure indomptable. Même si elle n'en faisait qu'à sa tête, même si elle était douloureuse à entretenir, c'était la partie la plus libre de ton corps, celle qui exprimait réellement quelque chose.

- « Oui j’imagine que le rose n’aide pas à se fondre dans la masse. Sandro, donc, c’est noté. Et bien ravie de te rencontrer Sandro le Jazzman. »

Tu laisses ta main s’attarder dans tes cheveux un moment avant de la laisser retomber le long de ton corps. Tu laisses tes yeux s’attarder sur le plafond et les larges vitres, plus tu l’observes, plus cet endroit te donne l’impression d’un cocon.

- « Tu t'en doutes, un piano ça ne se trimballe pas à bout de bras du coup, je suis plutôt limitée dans le choix des lieux où je joue. » A ton grand désespoir. « J'utilise le piano qu'il y a l'auditorium, oui. Mais je le fais souvent à des heures improbables histoire de ne pas être dérangée. Je n'aime pas vraiment l'idée de jouer en public et avoir du passage près de moi quand je joue. Je veux dire, c'est tellement… Intime comme moment. Tu devrais essayer l'auditorium de nuit, d'ailleurs, c'est une ambiance très particulière et plutôt inspirante pour jouer. »

Le soir la salle était vide, le château silencieux. Il n'y avait que les fantômes et les ombres mystérieuses. Poudlard changeait alors d'aspect et de forme, c'était comme découvrir l'autre facette d'une même pièce. Tu adorais te perdre dans cet univers quasi-parallèle.

- « Je n’ai jamais essayé mais la salle sur demande pourrait peut-être aussi marcher. Tu as déjà joué avec quelqu’un ? Je n’ai jamais eu l’occasion, mais parait-il que ça apporte vraiment quelque chose. »

Oserais-tu lui demander de t’accompagner ?

:hearts:
Sandro Clemenza
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Re: [CLOS]The flavor of life - Sandro Mar 30 Avr - 0:55

C’est fou quand même de se dire qu’à travers la musique et son instrument, il en vient à discuter de choses plutôt profondes et personnelles avec une élève qu’il a à peine croisé dans l’établissement jusque-là. Il sait qu’elle est plus jeune que lui donc forcément ils n’auraient pas été amenés à se rencontrer dans des cours communs mais… le hasard s’amuse, parfois. Sandro, tout en l’écoutant, se retrouve parfaitement dans ses paroles. Ils partagent tous les deux une conception très proche de la musique, très intimiste aussi.

Lui qui au début voulait rester dans sa bulle et ne pas en sortir, ne souhaitant pas être entendu ou vu, voilà qu’il se penche un peu plus pour observer la Serdaigle qui elle-même se positionne pour être un peu plus visible. Il la détaille en silence tandis qu’elle parle.

Sandro hoche la tête à ses paroles et se sent presque embarrassé des compliments qu’elle lui adresse. C’est toujours plaisant quand quelqu’un parle positivement de soi, sauf que là… c’est particulier. La musique, ce n’est pas quelque chose qu’il montre, en général. Peu d’élèves savent qu’il fait du saxophone… peut-être deux ou trois mecs de Serpentard avec qui il partage son dortoir et qui l’ont sans doute vu ranger son instrument mais rien de plus. Aussi, ce n’est pas une discipline dans laquelle il a pu avoir un avis ou un retour sur ses capacités. Certes, il y a son oncle mais c’est différent… ce dernier est plus dans une posture de « prof » envers lui. Quelqu’un de quasiment son âge qui s’intéresse à la musique et lui fait des commentaires positifs, c’est con mais ça le touche complètement.

- Woh. C’est sympa, merci. J’ai pas l’habitude qu’on me donne un retour sur ma musique en fait. Il marque une pause et ajoute avec un léger rire. Pas Serdaigle pour rien, hein ? Mais c’est vrai que pour bien jouer, faut un minimum de sérieux, en musique. Elle n’a pas tort toutefois, quand il joue c’est vrai qu’il fait preuve d’application et de concentration. Il veut bien faire et rendre autant que possible justice au compositeur original du morceau. Parce que la musique, il ne faut pas l’oublier, c’est aussi une sorte d’héritage. On prend des morceaux d’autrui, on les apprend on essaie de les jouer au mieux et quand, un jour, on est complètement à l’aise, on s’essaie à créer ses propres morceaux, sans doute. Trouver son propre son. Sandro n’en est pas encore là, même si le jazz reste un esprit de création et de liberté, il a déjà créé des petites successions d’accords qu’il garde en tête par moment, mais jamais un véritable morceau à proprement parler.

Maintenant que les présentations sont faites, il n’hésite pas à la questionner plus directement sur sa pratique du piano. Sans trop le réaliser, il en vient à s’intéresser à son univers à elle, en tant que musicienne. Il se doute que chaque parcours dans la musique doit être bien différent.

- C’est sûr que c’est pas l’instrument le plus pratique que tu as choisi. Mais c’est aussi ce qui fait le charme et peut-être même la noblesse du piano, en quelque sorte. Il ne se transporte pas, on va à lui. Une pièce qui possède un piano est une pièce qui possède un piano. C’est de suite différent, ça ancre directement dans un contexte. Un lieu de musique. Il l’a toujours ressenti ainsi, Sandro, surtout avec le salon de son oncle et sa tante dans lequel trône justement un piano. Il trouve que ça impose le respect.

Sans trop de surprise, donc, elle utilise le piano de l’auditorium. Il faut dire il n’y a pas trop le choix mais peut-être qu’elle aurait pu utiliser autre chose…

- Tu sais, même de jour, j’y suis jamais trop allé à l’auditorium. Sauf quand y’a un événement officiel, quoi. Mais y jouer… non. J’me dis que c’est pas pour moi. Faut être calé, j’imagine. Mais je note en tout cas que tu m’invites à braver le couvre-feu pour m’y rendre de nuit ! Il dit ça avec amusement. Certes, il y a un couvre-feu officiel dans l’établissement fixé à 21h30 mais clairement… aucun élève normalement constitué n’atteint sa neuvième année sans l’avoir bravé à de maintes reprises. Je te crois pour l’ambiance. Après tout c’est un lieu dédié à la musique. J’ai plus tendance à jouer dans des coins moins formels, en général mais je tenterais peut-être… un jour.

Quoique. Il a l’impression qu’aller jouer à l’auditorium ce serait admettre qu’il est meilleur qu’il ne l’est en réalité. Il n’est pas du genre à se diminuer mais en matière de musique, c’est vrai, il n’a pas vraiment d’échelle de valeur ou d’élément de comparaison. Alors il sait pas trop. Il n’est pas pompeux dans sa musique, il veut juste prendre du plaisir et avoir la sensation que les notes s’enchaînent comme elles le doivent, autant dans l’énergie que dans la mélancolie, selon les morceaux. Pour qu’il se retrouve à jouer dans l’auditorium, faudrait qu’on le tire par le bras.

- Oui, la Salle sur demande l’avantage c’est qu’elle peut toujours faire l’affaire, elle. Cette salle, c’est l’un des mystères de la magie le plus fascinant et le plus intriguant qui soit. Incroyable, cette salle, d’ailleurs. Il murmure et fixe ensuite la jeune fille et sa dernière question. J’ai déjà un peu joué avec mon oncle mais toujours dans une logique d’apprendre. C’était plutôt lui qui m’accompagnait et me guidait.

Il se rend compte en discutant avec Dorothy combien son oncle prend une place importante dans sa pratique de la musique, et par là-même, sa vie. Idris n’est pas son père. Il ne le remplacera jamais. Il a déjà un père en Sicile qui semble volontairement l’oublier, sauf à quelques rares occasions dans l’année pour se donner bonne conscience. Pourtant, actuellement, Idris remplit un rôle que son père a abandonné en refusant d’admettre sa nature magique. Idris devient celui qui le guide et l’accompagne, justement. Autant dans cette vie de sorcier que dans sa pratique du jazz. En y songeant, Sandro se plonge dans un silence de quelques instants, les yeux rivés au sol. Idris n’était pas obligé de faire tout ça pour lui, après tout, c’est sa tante Gloria qui est la sœur de sa mère. Idris, c’est la « pièce rapportée ». Il a fait beaucoup pour lui.

Sandro réalise le silence qui s’est installé et secoue la tête, avant de fixer à nouveau son regard sur la silhouette de la Serdaigle.

- Ce sont de bons souvenirs, en fait, d’avoir joué avec mon oncle. Donc oui, ça apporte quelque chose. Il ne sait pas forcément si c’est l’ambiance, la nostalgie ou simplement le fait qu’ils échangent aussi simplement, mais le voilà qui ajoute : Si tu ne me trouves pas trop mauvais, on pourra essayer, à l’occasion ?

En temps normal, il n’aurait pas osé. Peut-être qu’au fond de lui, il réalise que la musique prend une toute autre dimension quand elle se partage.

- D’ailleurs, question con, t’as jamais essayé un clavier ? C’est pas pareil mais c’est pratique, aussi. Ca peut dépanner, genre pour t’entraîner. A dire vrai, il ne sait pas si c’est quelque chose de purement moldu, un clavier électrique ? Peut-être ? A moins que ce soit un truc moldu, j’sais pas.
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Re: [CLOS]The flavor of life - Sandro Ven 3 Mai - 16:23


listen and learn

listen and understand

Feat Sandro & Do

À une certaine époque, au début de ta scolarité pour être exacte, tu avais exprimé une vive fierté à entrer à Serdaigle. Serdaigle, c'était la maison de ta mère, la maison de l'intelligence, des gens qui ont ce petit truc en plus, cette petite patte particulière. Pour la gamine de onze ans que tu étais, il n'y avait pas de meilleure maison possible que celle-là. T'avais un regard plutôt méprisant sur le reste, Serdaigle représentait une élite dont tu faisais partie. C'était un privilège, une reconnaissance pour tes capacités et pour ton éveil. Marcher dans les traces de ta mère t'avait comblée, les premières années. S'asseoir dans cette salle commune où elle s'était auparavant assise, porter les couleurs qu'elle avait également portées de nombreuses années plus tôt. Pendant longtemps, tu avais jeté un regard fier et peu objectif sur les qualités de ta maison et ce que pouvait dire de toi le fait d'y appartenir. Aujourd'hui, les années avaient passé et, avec elles, tu avais acquis une vision beaucoup plus nuancée. Tu n'avais plus cette pseudo-fierté, en vérité, Serdaigle ne représentait, à tes yeux, pas plus l'intelligence que l'instabilité. Les connaissances n'avaient rien à voir avec les capacités et les valeurs d'une personne et tu n'avais pas assez d'estime de soi pour voir dans tes couleurs un gage de qualité. En vérité, plus les années passaient, plus tu avais du mal à trouver un intérêt dans ce système de maison. Dans chaque camp, il y avait des cons, dans chaque camp, il y avait du bon. Tu ne te retrouvais pas, non plus, dans les valeurs soi-disant transmises par la dame à l'origine de votre nom. Tu ne pouvais ignorer, cependant, qu'au-delà de cette impression d'être plus le fruit d'une partouze foireuse entre le jaune, le bleu, le vert et le rouge qu'autre chose, il y avait sûrement un fond de vérité derrière ta nomination. Tu avais ce don prodigieux pour franchir les limites par simple fierté et avidité. Tu étais gourmande, Dorothy, tu voulais plus, toujours plus. Tu cherchais sans cesse à améliorer le moindre de tes défauts, la moindre de tes petites zones d'ombre, complexant encore et encore, incapable de te concentrer sur le positif ou même de soupçonner son existence. C'est ce qui faisait de toi une espèce de drama-queen, par moment. Une femme entêtée, qui sans vouloir avoir raison, ne supportait pas l'idée de s'être trompée.

Ces défauts t'avaient souvent valu de préférer le calme de la solitude et le manque d'engagement qui allait avec. Tu n'aimais pas les conflits, tu n'aimais pas l'idée d'en être l'origine. Tu n'aimais pas non plus l'idée d'un regard négatif sur ce que tu étais. Tu n'aimais pas, tout simplement pas, avoir la sensation de sur-réagir, de franchir cette limite entre le raisonnable et la bêtise. Tu te demandes si c'est une caractéristique Serdaigle, ce manque de recul sur soi-même, cette envie de vouloir tellement bien faire au point de tout faire foirer. C'était peut-être tout simplement une question de dominante ? Au-delà de l'empathie réelle que tu pouvais avoir, de cette ambition et de ce courage inconscient, tes complexes et tes peurs avaient sûrement un poids autrement plus grand. C'était peut-être ce que le Choixpeau avait vu en toi, le jour de la cérémonie. Des dizaines de couleurs qui se confondent au milieu d’une sphère fissurée qu'on appelle l'amour de soi.

- « J’imagine oui, Serdaigle n’est pas ma maison pour rien. »

Tu n'avais jamais réfléchi à ta relation avec le piano avant. C'était un besoin, quelque chose qui faisait partie intégrante de ta vie sans pour autant pouvoir définir avec précision pourquoi lui, pourquoi lui et pas un autre. Tu n'avais jamais été vraiment opposée à l'idée d'apprendre autre chose, mais tu n'avais jamais vraiment fait le premier pas pour non plus. Comment dire, c'était là, déjà là, tu n'éprouvais pas le besoin de te tourner vers d'autres sons parce que ceux de ton piano te convenaient déjà. Tu te rends cependant compte que tu ne savais que bien peu de choses sur ton partenaire silencieux. La réflexion de Sandro éveille ta curiosité, te force à réfléchir sur ta propre vision de la musique. Tu n'avais jamais vraiment considéré les choses sous cet angle, t'avais jamais vraiment fait la différence, en fait.

- « Ce n’est pas lui qui vient te chercher, mais toi vient à lui… Je n’avais jamais vu les choses de cette façon. De même, on pourrait aussi dire que le piano n’est pas un instrument exclusif, il passe souvent entre de nombreuses mains et apporte à chacun ce qu’il désire à l’instant T. On partage souvent un piano avec d’autres personnes à cause de sa taille et de son poids, ce qui n’est pas le cas pour d’autres instruments. »

Tu as pris ton menton entre tes doigts, venant mordiller du bout des dents ton pouce. C’était une réflexion très intéressante, une réflexion qui amenait un certain nombre d’idées et de pensées sur lesquelles tu n’avais que peu de contrôle. Où commençait le « mon » en musique et où s’arrêtait le « nous » ?

- « Tu pourrais, toi, confier ton instrument à quelqu’un ? »

Tu n'avais jamais vraiment été dérangée par l'idée de voir quelqu'un d'autre sur un piano parce que tu n'avais jamais vraiment considéré le piano comme ta propriété. À l'image d'une personne, le piano avait son cercle de fréquentation, chacune avait sa place et son importance. Mais pour un saxophone ou un instrument plus petit, c'était sûrement différent. Tu n'avais jamais vu un trompettiste laisser un inconnu souffler dans son instrument, après tout.

Tu comprends sa réticence à aller à l'auditorium. Auditorium, rien que le nom, plus officiel, tu meurs. C'était comme poser une grosse pancarte « Ici, on fait de la musique, cassez-vous les noobs » à l'entrée. Forcément, tout le monde ne se sentait pas légitime d'y aller. C'était comme une espèce d'espace vip pour des gens… Pas si Vip que ça, en vérité.

- « En théorie, ouais. Enfin, c'est l'auditorium, certains considèrent l'endroit comme une espèce de terre sainte pour petit génie de la musique, mais, spoiler alert, tous ceux qui se la jouent gros vip ne sont pas foutus d'improviser une mélodie et panique s'ils n'ont pas une jolie petite partition à suivre. » Tu lâches un petit rire. « Ouais, le règlement c'est très surfait et on s'amuse plutôt bien à jouer les rebelles de temps en temps. »

God. Ta mère irait sûrement te mettre au couvent si elle entendait « sa petite princesse » dire tout haut qu'elle emmerde un peu le règlement. Tu as au moins la décence de croire que Bertram en rirait et qu'Ethan trouverait ça mignon. Ton regard se tourne plus en avant sur la silhouette de ton camarade. Il a l'air d'appréhender l'idée de jouer dans un lieu aussi formel que l'auditorium. Tu peux aisément comprendre, tu ne peux pas dire que tu ne reverrais pas de jouer ailleurs si tu en avais l'opportunité.

- « Essaye peut-être d'y aller de nuit pour commencer ? L'acoustique est géniale là-bas. » Tu n'oses pas te proposer, c'est peut-être un peu présomptueux pour une première discussion. Parait-il qu'il faut y aller doucement avec les gens. « Ça fait partie des plus grandes merveilles de Poudlard après la cuisine et la salle des ordinateurs. » Quoi, comment ça la salle sur demande, c'est moins bien que les cuisines ?

Tu notes le silence qui se prend place et son regard qui touche le sol en évoquant ce membre de sa famille dont tu ne savais rien. Tu as l'impression d'avoir touché un point sensible, quelque chose qui te dépasse. Ça éveille ta curiosité, mais tu as trop de respect pour l'intimité d'autrui pour oser soulever l'évidence. C'est trop tôt, ce serait sûrement trop maladroit aussi. Tu n'as pas envie de jeter un froid en faisant un mauvais pas. Ce qu'il se passe en ce moment te fait beaucoup trop de bien. Tu ne peux réprimer une certaine surprise, cependant, en l'entendant te proposer de jouer. Est-ce que… Est-ce qu'il vient réellement de te demander de l'accompagner ? Vraiment ?

- « Heu, bah oui, bien sûr. »

Tu ne t'attendais pas à recevoir ce type de proposition, là, maintenant. C'est le signe que la conversation se passe bien, que tu arrives à construire quelque chose de ne pas trop dégueulasse. T'as la force d'ignorer le bien que ça te fait, de voir que tu peux conduire une conversation sans accrochage, sans frustration. Tu laisses un sourire un peu trop prononcer illuminer ton visage. Ça te fait plaisir de le voir faire le premier pas.

- « Un clavier ? » Tu clignes des yeux. Un clavier… L'image d'un clavier d'ordinateur te passe en tête, mais ce n'est sûrement pas de cela qu'il parle, n'est-ce pas ? T'empoignes ton portable pour faire une petite recherche rapide. Un clavier. Un clavier… AH. « Tu parles de ça ? » Sur ton téléphone, apparaît une espèce de piano portatif, une suite de touches visiblement transportable. D'apparence, ça à l'air d'être plus un jouet pour enfant moldu qu'autre chose. Tu t’es approchée sans vraiment réfléchir pour lui tendre ton téléphone. C’est la curiosité qui parle, Dorothy. « C'est un vrai instrument ? J'veux dire, je ne comprends pas comment ça fonctionne… C'est électrique ? Je me demande le son que ça fait ce machin… »

Ça te parait difficile de pouvoir reproduire le son d’un vrai piano avec ce machin. Tu considères d’un œil plutôt dubitatif cette image étrange. Il ne te proposerait pas un jouet pour compenser le manque de mobilité d’un piano, n’est-ce pas ?

- « Whoua, ça coûte chère ! » fis-tu alors que ton regard se pose sur une somme à trois chiffres. « Ça ne doit pas être un jouet ou alors c’est vraiment très très coûteux pour un jouet. »

T’avoues, tu trouves ça un peu con de dépenser autant pour quelque chose qui n’a que pour fonction le divertissement. Surtout chez un enfant où ledit jouet aura une utilité très limité dans le temps. Une console de jeu ou un bouquin ça te paraît plus viable niveau cadeau.

- « Vous avez d’autres instruments comme ceux-là chez les moldu ? »

Ton regard brille de curiosité, Dorothy.

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Sandro Clemenza
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Re: [CLOS]The flavor of life - Sandro Mer 8 Mai - 17:11

Sans que Sandro s’en rende réellement compte, ce moment qui devait être un instant isolé, seul avec ses pensées, sa musique et son introspection devient un échange intéressant et… doux. Il n’arrive pas à s’enlever de la tête, malgré la passion que tous les deux semblent partager, qu’il y a une réelle douceur dans tout ça. Le fait qu’ils parlent, ça s’est fait à petit pas, dans le respect. Désormais, ils discutent en toute simplicité, apprenant l’un de l’autre. Ce n’était pas ce qu’il avait prévu, ce n’était clairement pas ce à quoi il s’attendait mais… ça lui fait du bien, quand même. Ça le coupe avec certaines habitudes de solitaire qu’il conserve au fond de lui.

Dans les mots qu’il prononce, il y a une fluidité qui l’étonne presque. Comme si parler musique, c’est quelque chose qu’il aurait aimé faire depuis longtemps, sans trouver l’interlocuteur approprié ni le bon contexte. Par là même, il s’amuse un peu de l’autre élève, plus jeune que lui. Il reste bienveillant et il croit quand même déceler, dans le silence qu’elle marque, qu’elle aussi sait très bien se laisser envahir par ses pensées, l’espace d’un instant. Il respecte cela, il sait combien c’est nécessaire, parfois. La réponse à sa petite remarque concernant Serdaigle le laisse un instant silencieux. Il ne sait pas si elle dit cela avec enthousiasme ou lassitude. Si on lui demandait, lui-même n’est pas convaincu du système de répartition des étudiants dans des maisons, pour les parquer selon des traits de caractères absurdes. Personne n’est tout noir ou blanc. Personne ne se résume en deux ou trois éléments de sa personnalité… et encore moins durant une scolarité de dix ans ! Chacun a largement le temps de se façonner, de changer, d’être tantôt comme ceci, tantôt comme cela, de  devenir un peu « Serdaigle » quand la pression des examens arrive, de se découvrir « Gryffondor » face à une difficulté, d’être « Poufsouffle » en amitié et « Serpentard » face à une trahison. S’il peut comprendre que les fondateurs aient tenu à laisser leur empreinte dans l’établissement, il n’est pas entièrement certains que maintenir cette tradition sous cette forme soit nécessaire aujourd’hui. Un simple tirage au sort pour une différenciation par couleur, si ça aide à l’organisation interne, ferait tout aussi bien l’affaire. Pourquoi conditionner les élèves à se croire à ce point différents les uns des autres ? C’est quelque chose qu’il ne saisit pas bien. Lui, il est de ceux qui s’en amusent, du coup. Il sait pertinemment qu’il a un côté Serdaigle en lui, comme Beckett – l’un de ses amis et camarade de chambre – a un gros potentiel Gryffondor quand il s’agit de se lancer dans les plans les plus foireux qui soient. Alors oui, taquiner les gens sur ça, il le fait parfois. Il espère toutefois ne pas avoir froissé la jeune femme.

Elle n’en donne pas l’impression et il se contente de maintenir son regard rivé sur ses cheveux roses. Elle ne le regarde pas et ça l’arrange. Il préfère observer les autres. C’est beau ce qu’elle dit sur le piano et il comprend parfaitement ce qu’elle entend par là. Un piano, ça a la stature d’un meuble, dans le bon sens du terme. C’est physique, imposant et puissant et en même temps… c’est là. C’est généreux et ouvert aux autres.

Tu as raison. Le piano se partage plus facilement. La question qui suit il ne se l’est jamais posée. Je ne sais pas. L’occasion ne s’est jamais présentée mais… je vois ce que tu veux dire. Peut-être ? Ça dépend. Là spontanément, il aurait tendance à dire non. Sauf qu’il ne sait pas, en fait. C’est la première fois qu’il parle musique avec quelqu’un qui lui ressemble. Se projeter à imaginer faire de la musique avec d’autres, c’est déjà beaucoup pour Sandro. C’est nouveau aussi. Prêter son instrument… J’imagine que si on joue avec quelqu’un, ça peut être une étape supplémentaire. Mais honnêtement, je ne sais pas. C’est idiot mais c’est vrai que mon saxophone… c’est très personnel, pour moi. Rien que montrer l’objet en lui-même, ça lui est arrivé assez peu.

Plus ils en parlent et plus il s’imagine l’auditorium. Il y est déjà allé, pourtant. Seulement, à chaque fois c’était dans un but précis et jamais celui d’y jouer lui-même. Il s’est toujours dit que ce n’était pas un endroit pour lui. Qu’il n’avait pas le niveau pour. Dorothy a d’ailleurs l’air de comprendre ce qu’il ressent mais en profite pour le rassurer sur ce point. Elle a l’air de savoir de quoi elle parle.

- Ah ouais ? Y’a réellement des gens… des gens qui débutent qui vont direct à l’auditorium pour jouer ? C’est con comme question, il s’est retenu de dire « des gens mauvais ». Est-on réellement mauvais en musique ? On manque peut-être de technique, de rythme ou de justesse, mais mauvais ? C’est fort comme terme. Il a la prétention de ne pas se croire « mauvais ». Loin d’être parfait, c’est sûr. Avec des lacunes, oui. Mauvais ? Non. Il ne veut pas être mauvais, ce n’est pas son état d’esprit. La moyenne ça lui va. Briller ? Il ne dirait pas non mais il a de la marge pour ça, encore beaucoup de choses à perfectionner.

Et en même temps… L’établissement n’a pas de salle de musique à proprement parler, c’est l’auditorium qui en fait office donc ceux qui veulent officiellement apprendre la musique n’ont pas trop le choix ? Enfin, il sait pas trop. Il secoue la tête avec un léger sourire en l’entendant parler du règlement.

- Ceux qui ne vivent pas un peu dangereusement doivent bien se faire chier ! Bon ok, parler de danger pour simplement aller jouer de nuit dans l’auditorium, c’est clairement exagéré mais l’idée est là ! Le Clemenza, faut le pousser souvent. Spontanément il irait pas forcément faire n’importe quoi… mais il faut qu’il l’admette, il lui suffit de pas grand-chose, simplement une bonne raison, ou un pote avec lui pour l’embarquer dans une aventure improbable et il y va. Parce qu’il est comme ça. Il aime bien plus l’inconnu qu’il ne le prétend.

Vue la façon dont la Serdaigle lui parle de l’auditorium, il se dit bien qu’il ira, une fois. Il espère simplement qu’il sera seul. Absolument seul. Cette musique qui est un peu comme sa voix intérieure, il ne veut pas la voir jugée ou critiquée. Il aurait vraiment peur que quelqu’un l’entende et se moque. Il le prendrait mal. Il sait qu’aujourd’hui il a de la chance. Dans l’attitude de Dorothy il a compris qu’elle n’était pas dans cette posture moqueuse, bien au contraire. C’est pour ça qu’il l’a acceptée dans sa bulle et qu’ils discutent désormais. N’importe quelle autre attitude de sa part aurait certainement fait sortir l’italien de ses gonds.

- J’irais tester. Promis. Pourquoi une promesse ? Il ne sait pas. Cela glisse de ses lèvres. Il sait qu’il la respectera tout de même. Ce qu’elle ajoute, cependant, le fait sourire. La salle des ordis, une merveille ? Hum… honnêtement je sais pas ! Y’a des cybercafés nettement plus impressionnants niveau matos et ambiance… Enfin, ça dépend de quel point de vue on se place j’imagine. Le truc incroyable dans tout ça c’est sans doute la façon dont les sorciers ont réussi à s’approprier à leur manière ces technologies, l’électricité, l’internet. Pour moi c’est surtout un truc comme la Salle sur demande qui est dingue. Ou les tableaux qui parlent. Ça fait un moment que j’suis là hein, mais ça m’fascine toujours autant. Chacun son émerveillement. Et… les cuisines tu dis ? Vraiment ? Il a un léger rictus amusé.

Lui aussi il sait se faire silencieux quand il réfléchit au fait que sa relation avec son oncle s’est affirmée sur un air de jazz. Celui qu’il a écouté, d’abord, dans le salon de la petite maison galloise dans laquelle ils vivent, puis celui qu’il a découvert ensuite, dans le club favori d’Idris, auprès de ses compères, et désormais celui qu’il joue à sa manière, en suivant les conseils de son oncle, toujours. Ce guide désormais bien plus indispensable dans sa vie qu’il n’ose le dire. Tout ça, il le réalise d’un coup. Dans un autre contexte, il en serait pudique, il serait peut-être parti, même. Là il ne le fait pas. Il se sent bien ici, à discuter. C’est cette facilité dans l’échange qui fait qu’il l’invite, sans trop réaliser, à jouer avec lui. Un jour. Il ne l’a pas vu venir, et elle non plus, apparemment.

Il ne s’appesantit pas. Ils trouveront l’occasion ou ils la créeront. C’est comme si cet instant était un déclic pour lui. Une prise de conscience que oui, il peut continuer longuement ainsi, à jouer de son saxophone comme d’une catharsis solitaire… ou bien décider que la musique n’est pas que ça, et qu’il gagnerait à s’ouvrir un peu plus aux autres par son intermédiaire. Pour devenir un musicien aguerri et assumé. Il lui faudra certainement plus de temps pour bien le réaliser, mais c’est vrai qu’une graine germe en lui en cet instant. Le voilà qui questionne donc Dorothy avec la première remarque qui lui vient à l’esprit. Elle n’a pas l’air de comprendre ce dont il lui parle.

- Ouais donc ça confirme bien ce que je pensais, famille de sorciers j’imagine ? C’est dit sans jugement, bien entendu. Ce sont des petits moments comme ceux-là, cependant, qui les ramènent forcément à leurs origines. Leurs univers respectifs. Rapidement, il la voit qui fait une recherche sur son téléphone et il la laisse faire. Elle s’approche et Sandro décide qu’il est temps de descendre de son perchoir, alors il enlève son saxophone qu’il pose avec douceur sur le rebord de la fenêtre et reste un instant debout. Il récupère le téléphone qu’elle lui tend et se penche pour voir la page de recherche. Il se positionne naturellement à ses côtés pour qu’ils observent tous deux. Sans être forcément hyper grand, elle lui arrive au torse, cela lui permet de bien voir l’image sur l’écran. Ouep, c’est bien ça. Sa remarque l’amuse et il ponctue. Ah ouais, pour être un instrument c’est un instrument. Électrique, oui.

Toute à sa recherche Dorothy s’exclame en voyant le prix et Sandro secoue la tête. Y’a quelque chose d’attendrissant dans la posture de la Serdaigle. C’est un instrument à part entière en fait. Y’a de nombreuses gammes et des spécificités. Certains pianistes s’en servent pour s’entraîner parce que c’est plus pratique et d’autres vont les configurer autrement. Certains parlent de pianos numériques. Je suis pas expert mais je sais qu’il peut y avoir différents modes et du coup les touches peuvent faire des sons plus « rock » ou « classique » ou même des sons d’autres instruments. Et là forcément, ça devient des trucs complexes et chers… mais je pensais plus au fait que les claviers standards sont facilement transportables et pratiques pour les pianistes. Enfin, j’disais ça comme ça.

Oui parce que du coup, elle ne connaissait pas et vu le prix, c’est pas comme si elle allait pouvoir essayer en un claquement de doigt. Heureusement, elle a l’air sincèrement curieuse. Ça permet à Sandro de se sentir moins ridicule. Il ne peut contenir son étonnement à sa question et acquiesce.

- Oui. Y’a pas mal d’instruments électriques qui se développent au fil des ans… même une musique électronique, pour tout te dire. C’est un style particulier mais c’est intéressant à découvrir. Y’a même des saxophones électriques, des guitares électriques ou des contrebasses électriques…

Tout à son explication, il penche un peu plus la tête et tourne son visage vers Dorothy.

- Je peux ? Il prend doucement le téléphone dans sa main et tapote dessus, jusqu’à ce qu’une vidéo se charge. C’est un artiste que j’aime bien, il fait du saxo électrique mais c’est très instrumental. Le problème de la musique électronique c’est que parfois c’est vraiment que des « machines » programmées presque. Lui, non. Tu vas voir, il a un système de pédale électronique ça lui permet de donner des effets à ses notes, ce qu’un saxo classique peut pas faire. J’aime bien son univers. Là il est accompagné. Et je préviens attention, c'est plus rock. C'est bien différent de ce que je jouais.

Jamais il n'aurait cru pouvoir présenter un tel artiste, moldu qui plus est, à quelqu'un.

- On s’ra p’t’être mieux assis ? Et comme pour joindre le geste à la parole, il se laisse glisser contre le mur et attend qu’elle en fasse de même. Puis il appuie pour lancer la vidéo.




Dernière édition par Sandro Clemenza le Ven 17 Mai - 19:21, édité 1 fois
Dorothy Martin
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Re: [CLOS]The flavor of life - Sandro Sam 11 Mai - 17:54


listen and learn

listen and understand

Feat Sandro & Do

Ton sourire s'élargit, tu comprends où il veut en venir. C'est ce qu'il y a de passionnant dans son rapport avec l'instrument. Par moment, l'instrument est un outil personnel, par moment, il est communautaire, source de rassemblement. Chacun avait le même but, celui de dispenser un son, mais d'un outil à un autre, la façon de procéder n'était pas la même. Le piano était un objet massif donc, qu'on ne pouvait transporter avec soit, qui faisait partie intégrante d'un décor et qui, de ce fait, était accessible à toute personne se trouvant dans le dit décor. Mais pour un saxophone, l'enjeu n'était pas le même. Le saxophone se transporte, on parle de « son » saxophone, pas celui du voisin. La nuance est là, mais elle est surtout primordiale. Tu hoches la tête, ouais, tu comprends assez bien ce qu'il essaye de te dire. D'autant plus que dans le cadre du saxophone, on imposait pas seulement ses doigts, mais aussi ses lèvres. À tes yeux, c'était une partie beaucoup plus intime qui impliquait, du coup, une appropriation de l'objet. On ne partageait pas sa brosse à dents, ses couverts ou son rouge-à-lèvre. Socialement parlant, ce n'est pas très très propre de partager la salive des gens. C'est peut-être aussi un critère que rebute.

- « C’est pas idiot, d’autant plus que tu poses ta bouche dessus. »

Tu avais déjà du mal à prêter tes écouteurs, parce que l'idée d'insérer dans ton oreille un truc préalablement mise dans l'oreille d'un autre ne te branchait pas des masses, alors prêter quelque chose de personnel sur lequel tu posais tes lèvres. Non, oui, ça se comprend plutôt bien cette réticence. Cela se comprend d'autant mieux qu'on parle d'un instrument, pas d'un gadget facilement remplaçable. À force de jouer avec un même outil, on finit par s'y attacher, par y transposer un peu d'humanité. On faisait de l'objet une personne à part entière. Ce n'était pas rien que beaucoup de musicien baptisait leur instrument et que nombreuses étaient les chansons à faire parler le piano plutôt que le pianiste. C'était, d'ailleurs, toujours très intéressant d'écouter ce genre de chanson. De voir comment un musicien peut faire parler sans le vouloir son partenaire de musique, comment, des fois, la vision d'un violon ou d'une guitare pouvait être plus bouleversante que la vision d'un être humain. Tu te demandes si c'est un fonctionnement saint, de donner un objet, une vie, un nom, un attachement particulier. Tu te demandes si tout le monde en est capable, si ce n'est pas non plus un signe de folie de se lier d'amitié avec ce qui n'est pas animé.

Lorsqu'il te parle de l'auditorium, tu ne peux t'empêcher d'avoir un petit rire attendri. Ouaip. Il y a des fous qui n'ont que faire du regard des autres et foncent. Dans le fond, t'admires ces gens, t'aimerais savoir comment faire pour te foutre du reste, pour te concentrer sur ce qu'il te fait vibrer sans t'embrouiller la tête de milliards de questions et d'appréhensions. T'admires cette capacité à foncer, à aller contre le courant et surtout d'y aller dignement. De ne jamais pouvoir être réellement ridicule parce que personne n'est assez con pour ne pas reconnaître le courage qu'il faut pour franchir le pas. Mais ouais, il y a des gens comme ça à Poudlard, et ils sont nombreux, beaucoup plus qu'on ne peut le croire.

- « Je pense que beaucoup y vont parce qu'ils ne savent pas faire autrement. Débuter la musique, c'est jamais simple et beaucoup n'ont pas la rigueur pour y aller en full autodidacte, spécialement si tu choisis un instrument comme le piano qu'on ne peut pas transporter partout. » Commences-tu doucement. « L'auditorium, beaucoup considère ça comme un lieu de référence, en fait. Ceci dit, les débutants sont les plus agréables à écouter et les plus intéressants à regarder. On apprend beaucoup de quelqu'un qui débute. À force de pratiquer, t'en arrives parfois à manquer de recul, tu te perds, en écoutant de nouveaux musiciens t'arrives à prendre de la distance avec ton art. C'est ce à quoi, je faisais référence en parlant de gros VIP. Certains musiciens sont tellement imbus de leur technique qu'ils regardent de haut les plus fragiles. Mais ces mêmes musiciens, paradoxalement, sont ceux qui sont le moins capable de créer de véhiculer quelque chose d'unique, contrairement aux débutants qui testent et touche-à-tout. »

T’en as souvent croisé, c’est qui t’avais un peu dégoûter de tout le délire autour de l’auditorium de jouer en public, tout ça. Tu ne supportais pas cette vision étriquée de la musique, comme-ci il n’existait qu’une seule bonne façon de jouer, qu’une seule bonne façon d’être musicien. Ce genre de personne qui ne jure que par le classique et préfère la complexité à la profondeur d’une mélodie simple, mais jouer avec ses tripes.

Sa promesse ne t'échappe pas, tu choisis de ne pas le relever cependant. Il y a quelque chose de précieux, une petite pointe de satisfaction que tu veux garder pour toi. Promis, ce n'est pas n'importe quel mot n'est-ce pas ? C'est peut-être que tu fais bien ton boulot, pour une fois. Peut-être que tu ne gâches pas tout, que tu ne détruis pas tout par maladresse et insécurité. C'est une idée qui te plaît, l'idée de faire les choses bien, de mener une conversation sans cris, sans tensions. Juste être bien, juste être chill. Tu n'as pas l'habitude, faut bien l'avouer. C'est nouveau, mais pas désagréable. « Promis » qu'il a dit. Tu gardes ce petit mot précieux au fond de ton cœur.

- « Sûrement, c'est encore tout nouveaux, pour nous, tu sais. Fin, on a toujours grandi avec des objets plus ou moins moldu dans nos vies, mais ça a totalement changé notre rapport à la culture et au monde ce genre d'avancer. » Tu souris. « Mais entre nous, la cuisine, c'est quand même le must. T'en connais beaucoup, des écoles, où tu peux aller grignoter H24, 7/7 ? »

Tu n’as jamais été aussi amoureuse de Poudlard que lorsque tu voyais encore de la lumière dans les cuisines pendant tes nuits d’insomnies.

Sa réflexion sur les familles de sorcier te fait lâcher une grimace. Arf, ça se voit tant que ça ? M'enfin, il était vrai que tu étais loin d'être à jour sur tout ce qu'il se faisait en dehors du cercle magique. Poudlard avait beau s'être ouverte, beaucoup de choses, de coutume, d'objet dépassaient le stade même de ta compréhension. Le clavier en faisait visiblement parti.

- « Ouais, famille de sorcier pour le meilleur et pour le pire. »

Surtout pour le pire, dans ton cas. Ahem.

T’écoutes ses explications et tu es à deux doigts de prendre des notes. Ce que tu voyais comme un jouet, au départ, s’avère être un instrument beaucoup plus complexe et riche. L’idée de pouvoir sortir toute sorte de son juste par l’intermédiaire de quelques boutons te fascine autant que cela t’effraie. Imaginer poser tes doigts sur les touches et jouer des sonorités d’autres instruments à quelque chose d’étrangement jouissif. C’était comme la machine d’un savant fou, le joujou ultime de tout musicien. T’as les yeux qui brillent d’envie en fixant l’écran du téléphone, hochant rigoureusement la tête pour montrer que tu suis bien ce cours improvisé sur la musique moldue. Tu ne te poses même pas de question et tu t’assois, captivée parce que tu vois et découvres, tu ne fais plus grand cas de votre proximité, dans l’immédiat. Tu es juste… Fascinée. T’ignorais tout ça, c’est tout un monde qui s’ouvre à toi. T’observes la vidéo, tantôt impressionnée, tantôt dans l’analyse poussée de ce qu’il s’y passe.

- « Je vois… Les pédales donnent une espèce de forme au son. Mais c’est magique ce machin, pourquoi on n’a pas ça, nous ? »

Y a une contrariété enfantine dans ta voix, Dorothy. Tu es réellement envieuse de ce que tu vois, tu baves d’envie devant ces joujoux, comme un scientifique devant sa nouvelle création.

- « C’est formidable ! Le potentiel est énorme ! T’imagines une seule seconde tout ce qu’on pourrait créer avec ce genre de technologie ? T’en as d’autres ? Dis-moi que tu en as d’autres. Est-ce que c’est pareil avec d’autres instruments ? Comment ça fonctionne ? C’est dur à appren- Pardon, je parle trop, n’est-ce pas ? »
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Re: [CLOS]The flavor of life - Sandro

[CLOS]The flavor of life - Sandro
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