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Du sel, des épices, et des tas de bonnes choses | Dorothy

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Dorothy Martin
Queen of Salt
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Dorothy Martin
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Re: Du sel, des épices, et des tas de bonnes choses | Dorothy Sam 27 Avr - 15:44


Le sel c'est mauvais pour la tension

Prenez du sucre les enfants

Feat Argus & Do

Une organisation caritative. Louable. Très louable même, mais pas rentable. Si t'en juges par la concentration d'ados à problème dans cette école, il y avait vraiment de quoi se construire un business fleurissant. Si chaque âme en peine pouvait donner dix galions pour avoir un peu de chaleur humaine, vous auriez de quoi vous payez un manoir en marbre avec option satin avant la fin de l'année. Enfin, tu supposes que ce n'est pas très catholique de se faire de l'argent sur le malheur et la fragilité des gens, éthiquement, tu ne peux pas dire être d'accord avec cette idée… Éthiquement seulement. Eh oui, l'argent ça ne pousse pas dans les arbres et si ta championne de mère t'avait appris quelque chose, c'était qu'il fallait savoir mêler l'utile à l'agréable. Une philosophie de vie qui te plaisait. Il fallait juste que tu trouves comment l'appliquer sans reproduire le chemin catastrophique de ta génitrice. Gros combat.

Argus, quant à lui, ne fuit pas aussi. Tu te redresses, attentives, légèrement curieuses. Qu'est-ce qui avait le pouvoir de transformer un canard en Donald Duck vénère ? Quel genre d'histoire avait la possibilité de faire travailler un homme qui, depuis le temps que tu le connais, avait l'air d'être du genre à faire de son mieux pour ne pas trop s'engager dans ce genre de voie ? Quoi… Et surtout qui, avait pu durcir à ce point son visage ?

C'est à ton tour de te mettre en position d'écoute. Une position que tu maîtrisais bien en dépit de toutes les maladresses sociales dont tu fais preuve au quotidien. Il était toujours plus simple, pour toi, d'être l'oreille attentive que la bouche qui se confit. C'était un exercice plus naturel, plus en adéquation avec le genre d'amie que tu es. Une amie de l'ombre qui rêve de lumière sans jamais se sentir la légitimité de le devenir. Tu t'enfonces dans ton fauteuil, craques une chips entre tes dents alors que ton camarade avoue ne pas savoir par où commencer. Tu laisses un léger sourire se peindre sur ton visage avant de croquer une nouvelle fois dans ta chips.

- « Commences par le début ? »

Merci Captain Obvious.

Néanmoins, l'histoire qu'il t'apprête à te livrer semble elle aussi longue et lourde. Tu n'imagines pas encore à quel point. Tu ne te fais pas prier pour prendre une petite réserve de chips avec toi, non sans lâcher un « Chic ! Ma série préférée ! » avant de te redresser un peu pour te mettre dans une position de vide sac plus respectueuse et crédible.

L'histoire de ton compagnon d'infortune s'ouvre sur une soirée du Nouvel An visiblement fortement alcoolisée qui s'est fini avec un Ethan distant parce qu'il avait embrassé quelqu'un qui était visiblement en couple et… Attends. Quoi ? Wait. What. Ethan. Bertram. Couple. Distant. Embrassé quelqu'un. Oh. Nan. Nan ce serait trop gros. Ahahahaha. Non, non, non. Tu sautes peut-être un peu trop rapidement sur la conclusion « aaaah que le monde est petit ». Quelle était la probabilité pour que… Nan. Mais non. Tu t'inquiètes pour rien. Tu es vraiment heureuse qu'Argus se concentre sur ce qu'il dit, d'un coup, et pas sur ton expression parce que tu as failli te trahir. Tu croques une nouvelle chips en essayant de garder un visage totalement neutre. Non. Ça ne se peut pas. Ok, Bertram était en couple, il avait lui aussi embrassé quelqu'un mais Bertram était un garçon très séduisant ça aurait pu être n'importe qui, et Ethan… Non. Nan. C'est juste une coïncidence, n'est-ce pas ? … Ou alors vous étiez vraiment dans une sitcom Amour, Gloire et Sorcier. L'univers alternatif horrible.

Tu te surprends à voir Argus beaucoup parlé. Pour être tout à fait franche, ce n'est pas pour te déplaire, même si ça te déroute quelque peu. Tu comprends qu'au-delà d'une bête histoire de baiser, cette affaire soulève beaucoup de choses personnelles qu'Argus semble avoir du mal à gérer et accepter. Il n'a pas l'air d'être le centre de son problème, mais un dommage collatéral qui ne s'assume pas. Ses sentiments rentrent visiblement en conflit avec sa raison, un problème que tu ne connais que trop bien. Tu prends un air plus concentré, tu as délaissé tes chips, ton sourire, jonglant entre les différents évènements. Le Nouvel An, le speed-dating, Cassos numéro 2, Cassos numéro 3, ta propre entrevue avec Bertram. Et tu comprends. Tu comprends avant même qu'il ne prononce son nom. Le timing était trop parfait, l'histoire trop similaire, ton mauvais pressentiment beaucoup trop fort… Et merde. Ça compliquait les choses. Ça compliquait réellement les choses sur ce coup. Et tu commences doucement à comprendre la position d'Argus dans toute cette histoire. Quel pire rôle que celui d'être le personnage pris entre ses amis ?

Et des amis, si tu n'en comptais que deux dans cette affaire, il y en avait en fait trois. Ethan, Bertram et Beckett. Et merde. Tu fronces légèrement les sourcils en essayant de trier toutes les informations qu'il te balance. Il est furieux contre Ethan, il se sent trahit. Si tu étais quelqu'un d'autre que Dorothy Martin tu pourrais lui dire que c'est puéril et pourtant… Pourtant, tu comprends. C'est toujours frustrant et blessant de ne pas recevoir en retour la confiance qu'on porte aux gens. Tu supposes qu'Ethan n'a pas pensé à mal. Son attention première à sûrement été d'épargner au plus grand nombre ses problèmes et de laisser le temps endormir ses sentiments. Sauf que le temps ne règle pas tout. Il ne fait qu'endormir la douleur, mais il ne la fait pas disparaître. Il en veut à Ethan. Il rage pour Beckett. Beckett qui a vraiment le pire rôle dans cette histoire. C'était un sale merdier. Argus devait étouffer d'être pris là-dedans. Parce qu'évidemment, en amour, on ne pense qu'après-coup aux dommages qu'on laisse derrière soi. Tu hoches enfin la tête avant de tendre de nouveau le paquet de chips au Poufsouffle.


- « Je vois. Je ne pense pas que doives te sentir con d'être autant énervé contre Ethan, cependant. Je veux dire, c'est légitime. Quand on aime quelqu'un, on attend indirectement certaines choses de l'autre, quand on ne les obtient pas ça nous frustre et ça nous blesse. T'auras beau ne pas assumer cette partie-là, c'est le lot des relations humaines. Personne ayant un tant soit peu d'humanité en lui peut se vanter d'être raisonnable. Que ce soit envers toi-même ou envers les autres, il y a toujours un moment où on sur-réagit. C'est normal. C’est ce qui fait de toi un être humain. »

Être en colère, c'est ok. Entre triste, c'est ok. Vouloir tout casser, tout détruire, c'est ok. Renier ces sentiments, c'est renier une partie de soi-même. Il n'est pas honteux de ressentir ce genre de chose. Tout le monde ressent ce genre de sentiments violents et frustrants. Ce qui différencie les Hommes, c'est comment on les aborde.

- « Pour ce qui est du reste… Je crois que tu devrais savoir une autre version de cette histoire. Tu as eu la version de Beckett, je vais te donner celle de Bertram. » Tu es calme, Dorothy. Le tout était d'être juste et à sa hauteur. « Le soir du speed-dating, quand je suis rentrée au dortoir, je suis allée trouver Bertram pour vider mon sac à propos de… De tout ça et on a pu parler de ce qu'il s'était également passé pour lui. Il venait de rompre avec Beckett. Ce que je vais te dire n'excuse en rien son geste et si après ça, tu ressens encore le besoin d'aller leur casser le nez, fait le. Seulement, j'aimerais que tu prennes en compte les paramètres suivants. »

Bon. Bertram. J’espère que tu crois en elle, parce que ton nez en dépend.

- « Bertram est conscient d'avoir déconné. Quand il a embrassé Ethan, il a compris qu'il ressentait des choses qu'il ne devrait pas ressentir. Il s'en est beaucoup voulu, il a essayé de fuir, de faire disparaître tout ça avec le temps, mais ça n'a rien changé. Il m'a dit qu'il était tombé amoureux, j'ai peut-être tors, mais j'ai suffisamment confiance en Bertram pour le prendre au sérieux quand il me parle de sentiments amoureux. Et… ça n'excuse pas son geste, ni la trahison qui en a découlé, mais il a choisi d'aller tout balancer à Beckett et de rompre avec lui proprement. Il aurait pu continuer à lui mentir, à lui faire croire qu'il n'aimait que lui alors que non. Il aurait pu tout aussi bien laisser Beckett découvrir le pot aux roses par le biais de quelqu'un d'autre. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais de moi point de vue, il a tout de même bien limité les dégâts. Je ne dis pas qu'il n'a pas été sacrément con sur ce coup-là, il a clairement merdé. Ceci dit, je ne pense pas qu'on peut lui reprocher d'être tombé amoureux de quelqu'un d'autre, on ne choisit pas de qui on s'entiche, Argus. D’autant plus, que quand on en a parlé, il n’était même plus sûr de pouvoir bâtir une relation de confiance avec Ethan. »

Même si c’est injuste. Même si c’est cruel pour la personne qui reste derrière. Les sentiments, ça ne se contrôlent pas. C’est ce qui en fait quelque chose d’effrayant.

- « Je ne savais pas qu'Ethan était… Le fameux amoureux mystère. Ça complique vraiment ta position dans toute cette histoire. Cependant, tu ne penses que l'un, comme l'autre, ont retenu la leçon ? Très sincèrement, je pourrais en vouloir à Bertram s'il avait trompé son mec sans comprendre et exprimer des regrets sincères, mais ce n'est pas le cas. De même, qu'Ethan doit sûrement se punir très bien tout seul de ce qu'il s'est passé et ce qu'il se passe en ce moment. Tous les deux ont vraiment souffert de toute cette situation et je pense que… Qu'à partir du moment où tu commets une connerie, mais que tu as la force de l'assumer et de sincèrement la regretter, il faut aussi apprendre à pardonner. Fin, toute proportion gardée, bien sûr. »

Tu ne sais pas si ça va l’énerver ou non que tu n’ailles pas dans son sens. Mais tu es persuadée que ce ne serait pas l’aider de faire l’hypocrite et d’alimenter son sel. Sa colère vis-à-vis d’Ethan et Bertram est compréhensible. Plus que compréhensible. Mais elle ne vaut pas le coup qu’il détruise, pour elle, des relations auxquels il tient. Tu as une posture beaucoup plus douce à présent. Au fur et à mesure, le calme à laisser place à une certaine empathie.

- « Ce sera très dur pour Beckett dans un premier temps. Je pense aussi que tu devrais peut-être en parler et vider ton sac auprès d’Ethan et Bertram mais… Ce sont à eux de faire leurs propres choix, tu sais, à eux, pas à nous. On n’a pas notre mot à dire là-dessus. Tu as le droit de trouver ça injuste ou horrible, tu as le droit d’être en colère mais, en définitive, la finalité de cette histoire il n’y a qu’eux trois qui peuvent l’écrire. C’est à Bertram de prendre ses responsabilités vis-à-vis de Beckett et Ethan et ça à Ethan de faire ses choix. Je ne sais pas ce que tu comptes faire vis-à-vis d’eux deux, mais est-ce que cette histoire vaut le coup que tu tapes sur tout le monde ? Beckett à la chance de t’avoir pour pote, il est bien entouré, et Ethan et Bertram… Spécialement Ethan… Pourquoi n’irais-tu pas lui parler quand tu te sentiras un peu plus apaisé vis-à-vis de tout ça ? »

Tien, ça te fais penser à un truc.

- « J’ai une idée. Il y a cette espèce de chasse au trésor inter-école bientôt. J’embarque Bertram et Ethan avec moi, ça te laissera un samedi au calme, dans ta chambre, sans eux dans les parages, et ça pourrais te permettre de… Je ne sais pas, te détendre un peu, prendre du temps pour toi ? Peut-être que tu pourras enfin y réfléchir au calme. Qu’est-ce que tu en dis ? »
écrite dans un état de santé relativement douteux /CREVE/
Argus I. Catwright
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Re: Du sel, des épices, et des tas de bonnes choses | Dorothy Sam 27 Avr - 20:04

Tu récupères le paquet de chips comme si c'était ta vie et le serre contre toi alors que tu commences à te servir, plus franchement qu'avant. Tu finiras le paquet si personne ne t'arrête, mais tu t'en fiches. Tu écoutes les paroles de Dorothy, très pragmatique, en silence. Même si tu voulais parler, tu as la bouche pleine. De sel. C'est malin. La Serdaigle sait que tu es proche d'Ethan et en déduit aisément que son comportement t'as blessé. Sans chercher à tout prix la validation de tes sentiments, tu lui es reconnaissant qu'elle te dise que c'est normal et que tu n'as pas à te sentir stupide de ressentir ce que tu ressens. Tu as le droit de ne pas être raisonnable. Wow, c'est bien la première fois qu'on te dit ça. Enfin. À ne pas sortir de son contexte.

Tu ne t'attends pas à ce qu'elle te livre également le point de vue de Bertram. Bien qu'avec du recul, ça semble logique qu'elle soit au courant: elle ne semblait pas si surprise que ça par la bombe que tu avais lâchée. Dorothy Martin cachait bien son jeu, elle aussi. Tu l'écoutes attentivement, seul le bruit des chips que tu manges brise le silence et tu fronces les sourcils. L'expression n'est pas avenante et pourtant tu es immobile, prêt à écouter ce qu'elle veut te dire à propos de son camarade Serdaigle.

Conscient d'avoir déconné, oh ça tu l'espères bien, ou tu serais forcé de reconsidérer l'intelligence de votre ami commun. Bertram est plus malin que toi, tu peux le reconnaître, il n'a pas le droit de se cacher derrière des 'je ne savais pas' ou 'je n'avais rien remarqué'. Pas lui. Tu ne t'attendais pas à ce que Dorothy mentionne ses sentiments, par contre, là tu es surpris. Bien sûr, c'était une possibilité... à laquelle tu n'avais simplement pas pris le temps de réfléchir. Mais si les sentiments d'Ethan étaient sincères à son sujet, alors l'inverse pouvait être réciproque. Ah, quels crétins, ces deux-là... Tu soupires, et manges une énième chips, que tu mastiques un peu méchamment.

C'est vrai, Bertram aurait pu continuer de se moquer de tout le monde. Donnez une médaille à cet homme qui a agi décemment, il le mérite. Continues de manger des chips, Argus, elles finiront bien par absorber tout ton sel.

Dorothy l'avoue, Bertram a clairement merdé. Ouais, on peut le dire. Mais elle n'a pas tort, les sentiments ne se contrôlent pas. Tout comme ta colère, tout comme l'amour. Tu lâches une expression désabusée en repoussant le paquet de chips, dépité. Tu ne sais plus quoi faire de tes dix doigts alors tu te mets à jouer avec le trou dans ta chaussette. On ne choisit pas de qui on s'entiche. Ouais, t'es au courant. Tu replies tes genoux et pose ton menton dessus. Dorothy continue de parler. Tu l'écoutes sans la regarder, le regard fixé sur tes pieds. Elle dit beaucoup de choses et c'est beaucoup de choses que tu savais, d'autres que tu n'avais pas vu sous cet angle, en tout cas de quoi te faire réfléchir en silence. Elle marque une pause et tu lèves les yeux vers elle, n'osant pas l'interrompre. Finalement elle te conseille d'en parler à Ethan ou Bertram. Et sa façon de te demander ton avis, de remettre en perspective ce que tu as dit plus tôt, t'agace un peu, tout en sachant que tu seras forcé de répondre à cette question un jour ou l'autre. Mieux valait le plus tôt possible, pas vrai? Parler à Ethan... Tu secoues la tête. Ta réponse commence un peu abruptement, puis tu te radoucis:

J'ai rien à leur pardonner... ils ne m'ont rien fait.

Ce n'est pas de leur faute si tu le vis aussi mal, c'est de la tienne. Ce n'est pas seulement contre eux que tu éprouves de la colère, c'est contre toi. Surtout, contre toi? C'est tout cela qui rend ta situation difficile. Tu lâches enfin tes chaussettes pour reporter ton attention sur ton interlocutrice.

Et je vais pas les frapper, Martin, tu me prends pour qui?

C'est vrai qu'elle te connaît encore assez mal, ça peut prêter à confusion. Tu essayes de te calmer, prends une grande inspiration. Explique-toi. Tu croises tes bras sur tes genoux.

Quand je dis que j'ai envie de leur mettre des claques, c'est plus...

More like, knock some sense into them. Mais pas te venger de ta pseudo-trahison ou défendre Beckett. En quoi ça te concerne? Rien. C'était pourtant très clair.

... une image. C'est pas à moi de leur faire la leçon. C'est pour ça que je les évite. Je cherche pas à les punir. Je suis juste... pfff! Je me connais, je sais que je vais être incapable de me contrôler et que je vais pas pouvoir me retenir de faire une remarque ou juste, juste de faire la gueule! Mais ils ont pas à subir ma mauvaise humeur, parce que comme tu le dis si bien, c'est entre eux. Ethan, Bertram et Beckett.

Et c'est vrai, tu devrais aller leur parler. Au moins à Ethan, tu le sais. Ta voix s'adoucit légèrement:

Je sais pas si je pourrais en discuter calmement sans les juger, parce que c'est vraiment pas quelque chose que je comprends et... j'ai pas envie de les juger.

Tu serais presque fâché contre toi-même d'avoir ce genre de principes. Tu pourrais pas avoir moins de scrupules? Enfin. Chacun ses sujets sensibles... Peut-être que Dorothy a raison. Peut-être que tu as simplement besoin d'un peu de temps pour mettre tes sentiments au clair et réfléchir posément à la situation. Prendre de la distance. C'est difficile, quand chaque jour tu fais l'effort d'éviter ton colocataire. Tu soupires et tends les bras au-dessus de ta tête pour t'étirer en arrière. Tu avais complètement oublié cette journée spéciale, c'était vraiment le cadet de tes soucis. Une chasse au trésor? Meh. T'as pas spécialement envie de sortir pour gambader  des heures avec une carte, un compas et les deux personnes que tu essayes d'éviter le plus en ce moment, encore moins pour aller aussi loin que Beauxbâtons ou Uagadou.

J'avais pas l'intention de participer à la chasse au trésor, de toute façon. Les activités d'extérieur, très peu pour moi. Mais je sais pas quelle excuse donner si jamais Ethan me demande pourquoi je veux pas venir. 'J'ai trop de devoirs'? Bitch please, il m'a entendu rentrer avant l'aube mardi matin. Il me croira jamais. Et j'veux pas... je veux pas l'inquiéter.

Parce qu'il avait, effectivement, ses propres ennuis à gérer, sans devoir se soucier des états d'âmes de son crétin de meilleur ami, incapable de contrôler sa rancune mal placée. Tu soupires encore une fois en observant le plafond. T'es vraiment un pro pour t'attirer des emmerdes tout seul, comme un grand.
RECETTE D'UNE SOIRÉE RÉUSSIE;
16/02/2029
Salon commun
avec du sel (&Dorothy)
Dorothy Martin
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Re: Du sel, des épices, et des tas de bonnes choses | Dorothy Lun 29 Avr - 1:06


Le sel c'est mauvais pour la tension

Prenez du sucre les enfants

Feat Argus & Do


Tu as laissé à Argus le paquet de sel, un peu à regret cependant. Tu n'es pas bien sûr de ce que tu fais, si c'est stratégiquement viable de ne pas aller totalement dans son sens, de prendre la défense du type qui a fait cocu un de ses meilleurs amis. Ouais, probablement que, stratégiquement parlant, ce n'était pas une bonne idée. Probablement que t'aurais dû rester neutre au possible, ne pas avoir d'avis. Mais tu n'as pas envie d'être stratégique et tu ne sais pas, tu as toujours vu les choses sous cet angle. Un ami, c'est quelqu'un qui est capable de te bousculer, de te dire la vérité même si elle dérange parce que cette vérité, c'est également une preuve de respect. Un ami, un vrai ami, c'est quelqu'un qui est capable de t'enfoncer, qui ne te brosses pas dans le sens du poil. Tu pourrais jouer l'écoute facile, tu pourrais la jouer fine, faire l'hypocrite, tu sais très bien faire l'hypocrite. Mais tu n'as pas envie. Pas aujourd'hui. Pas maintenant. Tant pis si cette honnêteté entraîne des choses que tu n'avais pas prévus, tant pis si ça fait prendre aux évènements une tournure que tu ne souhaitais pas. T'étais pas là pour lui dire ce qu'il avait envie d'entendre. Pour ça, il avait qu'à aller voir ses potes, ses amis de façade. Il devait bien en avoir un ou deux du genre à le conforter dans ses idées en dépit de leur opinion propre. Mais ce n'était pas le rôle que tu voulais jouer ici. Ce n'est pas le rôle que tu joueras.

Argus commence de façon un peu abrupte avant de s'adoucir un peu. Il a raison, objectivement, ni Bertram, ni Ethan, ne lui avait fait quoi que ce soit. Cependant, eh bien, ne pas agir contre quelqu'un ne veut pas dire qu'on ne peut pas le blesser. Que ce soit volontaire ou non, que ce soit légitime ou non, ce n'est pas toujours celui qu'on attaque auquel on fait mal. La colère de ton camarade était présente, et même si Ethan et Bertram n'avaient sûrement pas anticipé ça, c'était là, bien présent. Sans parler de pardonner, tu pensais qu'il était néanmoins important que tout le monde prenne conscience des sentiments des uns et des autres. Dans l'état actuel des choses, tout le monde restait dans son coin, à ruminer ce qui déplaisait, ce qui blessait, sans jamais mettre des mots, sans jamais laisser ce sentiment inconfortable sortir et s'exprimer. La tension grimpait, jusqu'à ce qu'on étouffe, jusqu'à ce qu'on craque et qu'on ne puisse plus rien retenir. C'est un peu la vision que tu avais lorsque tu regardais Argus, celle d'une cocotte-minute qui prend sur elle, encore et encore, mais qui ne parvient pas à éliminer ce qu'elle contient.

- « Certes, mais ça ne fait pas disparaître pour autant ta frustration, non ? »

Simple observation. Navrée, Catwright.

Un sourire légèrement jaune vient orner le coin de tes lèvres lorsque ton camarade te demande pour qui tu le prends. Sans aucun contrôle sur l'amertume qui te ronges, tu laisses tes pensées dériver franchir le bord de ta conscience pour laisser une phrase muette résonner dans le fond de ta tête « J'sais pas, pour l'ex de Payne peut-être ? » Ouch. Ce n'est pas bien de juger comme ça, Dorothy. Argus n'y est pour rien. Dans un sens ça te fait rire, tu lui dispenses de grands discours que tu es incapable de toi-même tenir. Une pensée pleine de cynisme envers ta personne transverse ton esprit. Tu es vraiment mal placée pour lui reprocher ça. Quand bien même ça te frustre, quand bien même tu as peur de la suite. Tu as la sagesse de respirer, de fermer brièvement les yeux pour laisser ce détail incommodant disparaître. Ce n'est pas le moment. Tu enfouis ça quelque part au fond de toi et tu veilles à garder cette gêne, cet inconfort sous clé. Tu te concentres de nouveau sur le canard du soir, il y a quelque chose qui te fait tiquer dans son discours. T'essayes de tourner ça le plus doucement possible, même si tu ne peux retenir une maladresse dans la forme.

- « Pourtant, sans le vouloir, c'est ce que tu fais. Ethan et Bertram sont loin d'être cons et jouer aux fantômes quand on est proche de quelqu'un, c'est un signe assez clair qu'il y a quelque chose qui ne va pas. » On n'évite pas ses potes sans raisons, on ne fuit pas le dialogue sans avoir peur de ce dernier. Tu penses Ethan et Bertram largement intelligents pour être sensibles à ce genre de communication non-verbale. « On n'a pas toujours besoin d'ouvrir sa bouche pour exprimer les choses. Sans vouloir te vexer, tu transpires le sel et la mauvaise humeur et pour ça, il suffit juste de te regarder. » Cette délicatesse de tous les instants Dorothy. Tu laisses un soupire passer. « Qu'est-ce que ça change que tu balances des réflexions salées ou que tu tires la tronche un moment ? Très franchement, les non-dits sont une punition largement plus douloureuse à vivre. Parce que quand on ne dit rien, Argus, l'esprit à tout le loisir de s'imaginer et d'empirer les choses et crois moi quand je te dis que ça peut aller très loin, très vite. Je pense que tu fais beaucoup plus souffrir Ethan en ne lui disant rien pour prendre sur toi qu'en allant lui dire ce que tu as à dire. Que ce soit maladroit ou non, je ne pense pas me tromper en disant qu'Ethan saura écouter. » Mais tu ne peux t'empêcher d'ajouter. « Bon après, c'est une tête de mule doublée d'un gros entêté borné et bouché, mais, bon, t'es pas n'importe qui pour lui. J'ai pas besoin d'être une lumière pour voir qu'il tient réellement à toi et que t'éloigner de lui par principe, c'est une belle connerie. L'amitié que vous avez ensemble est précieuse. J'ai observé assez longtemps les gens pour savoir que c'est rare d'avoir ce genre de lien dans une vie. Fait lui confiance. Moi, je sais qu'il te fait confiance en tout cas. »

Tu laisses un sourire doux franchir tes lèvres. Tu as peut-être été un peu trop rude et directe. Tu vas peut-être passer pour une insupportable miss, je sais tout qui se mêle de tout, sauf de ses affaires. Tu as presque une posture maternelle, là, tout de suite. La dernière fois que tu avais adopté cette posture-là, c'était pour Bertram. Tu devrais peut-être dire merci à ce fameux Beckett si tu le croises un jour. C'est à cause de lui que tu es forcée de travailler tes skills sociaux depuis une semaine.

- « Personne ne te demande de comprendre ou même d'approuver ce qu'il se passe, tu sais. On juge tous. Rappelle-toi, il n'y a pas si longtemps tu me jugeais et me traitais de gamine, pourtant c'est bibi qui a réussi à décrocher un 06 à là du speed dating. » Bon, ok, elle n'était peut-être pas très bien celle-là. « Ce que je veux dire, c'est que si rester dans ton coin part d'un bon sentiment ça ne va pas arranger les choses pour autant. Si tu as besoin de prendre du temps pour toi pour prendre du recul pour faire le point, fait le. Mais ne fuit pas, en fuyant t'auras que des regrets. Il y a des gens qui ont confiance en toi et ce n'est pas pour rien. Te prendre le mur et tomber de haut ça te fait peut-être peur, mais crois-en l'expérience d'une nana qui a passé 4 ans à faire du sur place et être dans le déni, en ne faisant rien, on n'est pas plus heureux. »

Tu as un regard vraiment concilient, pour le coup. En restant planter là, on n’est pas plus heureux. Vide peut-être, mais pas heureux.

- « T’auras pas besoin de lui donner d’excuse, je gère toute l’organisation de cette opération chill solo, t’as rien à faire Catwright, juste à mettre les pieds sous la table et savourer le calme. On va dire que c’est pour te remercier de m’avoir remonté au dortoir, la dernière fois. »
Note
Argus I. Catwright
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Re: Du sel, des épices, et des tas de bonnes choses | Dorothy Lun 29 Avr - 16:32

C'est vrai, se convaincre qu'ils n'avaient rien à te pardonner, que cette histoire ne te concernait pas, ne faisait pas disparaître la frustration. Merci Captain Obvious, heureusement que tu as sollicité un esprit aussi brillant pour te livrer une telle conclusion.

Sans blague.

Il faudra se passer de chips pour contenir ton sel, cette fois. Tu sais que Dorothy n'a pas tort, dans ses conclusions, même si elles énoncent beaucoup de vérités qui te semblent déjà logiques. Ce n'est pas parce que tu ne veux pas blesser Ethan (ou Bertram) que tu ne le fais pas inconsciemment. S'il suffisait de ne pas vouloir quelque chose pour que cette chose n'existe pas... well, on n'appellerait pas le déni le déni.

J'ai pas la force de faire semblant.

Tu commentes ça entre deux conseils de la Serdaigle, même s'il est clair que ce n'est pas ce qu'elle te demande. Tu ressens juste le besoin de justifier pourquoi, à ton avis, tu fuis. Justifier la fuite, ouais... c'est tout un concept. Tu as peur de faire souffrir tes amis, mais à la vérité, c'est sûrement toi que tu as peur de faire souffrir. Tu n'as pas envie d'affronter tes sentiments en face; les reconnaître te demande déjà un effort incommensurable. Pourquoi on ressent des trucs, déjà? Tu devrais peut-être te refaire un stock de potion spéciale post-rupture, parce que y'a moyen de vivre sans rien ressentir avec ça; ce serait comme être constamment bourré sans même s'en rendre compte. Magique.
Dorothy appuie là où ça fait mal, mais sa dernière remarque concernant ton attitude, finit par percer la surface de ton armure de sel et de mauvaise humeur. Tu fais claquer ta langue sur ton palais, agacé:

Wow, j'avais pas remarqué, merci! Pourquoi tu crois que je joue les fantômes?

Tu préférais laisser Ethan dans son hésitation quant à tes sentiments, plutôt que de le confronter à ta colère illégitime. C'est comme ça que tu règles les conflits: en ne les réglant pas. En les évitant. Et on sait tous à quel point ça t'a été utile, puisque...? puisque? puisque c'est toujours comme ça que tu fais foirer chacune de tes relations. Ta mère, Payne... bientôt Ethan si ça continue? T'as pas envie de le laisser tomber. C'est la seule personne qui te supporte complètement depuis le début de votre amitié. C'est la seule personne qui te connaisse autant et qui ne t'ait pas encore abandonné. Mais tu refuses de le blesser directement, tu ne peux pas le confronter en mode passif-agressif avec tes remarques mi-salées et des sous-entendus dégueulasses, ça se fait pas, tu te dégoûterais toi-même. Parce que ta colère, eh bien, elle est toujours aussi illégitime à tes yeux. Tu  l'as déjà dit, mais tu n'arrives pas à l'expliquer clairement à Dorothy. Peut-être n'a-t-elle pas assez d'informations en mains pour appréhender complètement la situation. Peut-être devrais-tu parler davantage de toi de ta relation avec Ethan, de Beckett même. C'est plus facile d'avoir un point de vue raisonné quand on ne se retrouve que d'un seul côté de la frontière. Toi, t'as le cul entre deux chaises, parce que Beckett comme Ethan font partie des personnes que tu apprécies le plus à Poudlard; t'as du mal à te l'avouer mais c'est vrai, pourquoi? Parce qu'ils arrivent toujours à rendre ton séjour ici moins morne et chiant. Ethan était un soutien sans faille, une oreille attentive et la voix de ta conscience qui te ramenait dans le droit chemin. Il avait un sixième sens pour anticiper tes conneries, sans parler de l'ouïe et l'odorat sur-développés. Impossible de lui cacher grand-chose, à moins de l'éviter comme tu le faisais ces jours. Et Beckett, il avait... quel que soit ce que Beckett avait. The Beckett Thing. Tu ne pouvais pas retirer Bertram de l'équation non plus; tu appréciais Bertram, tu l'admirais même en un sens, sans parler de ses magnifiques pulls soyeux. Tu savais que tu avais plus en commun avec lui que tu ne pouvais l'admettre, et tu savais aussi que tu t'en voudrais de tirer un trait sur lui parce qu'il avait; parce qu'Ethan avait; merdé. Et maintenant, Dorothy était entrée dans l'équation aussi, par surprise, c'était l'inconnue X, le truc pas prévu, mais tu mentirais si tu disais que lui parler comme cela ne te faisait pas du bien. Ça te faisait mal, mais ça te faisait du bien. C'est compliqué, la vie dans le déni.

Qu'est-ce qui te fait dire ça?

Tu lui poses la question après qu'elle t'ait affirmé qu'Ethan te faisait confiance. Tu ne sais pas depuis combien de temps ils se connaissent; pas longtemps. Toi non plus, tu ne connais pas Dorothy depuis longtemps. Et tu ignorais également ses rapports avec Bertram. Mais il semble que chacun d'entre vous la connaisse séparément, et toi, tu veux savoir ce qu'elle saurait de toi que tu ne lui aurais pas dit. Ce que seul Ethan aurait pu lui dire.

What.

Elle vient de parler du speed-dating et d'un 06, mais elle t'avait pas dit qu'elle avait choppé un numéro! Championne! Tu retiens un petit rire, passablement nerveux, ça ne fait pas du bien de passer d'une émotion à l'autre comme ça. Et pourtant t'as envie de laisser aller toute ta colère. T'as pas envie de t'énerver contre la Serdaigle et t'as pas envie de t'énerver contre Ethan. Mais tu peux pas fuir.

Tu le sais maintenant, tu ne peux pas fuir.

Et peut-être qu'au fond de toi, tu l'as toujours su. Parce que tu as toujours entendu les arguments de ceux que tu éloignais, parce que tu sais ce que ta mère pense de toi, et parce que tu sais pourquoi Payne est parti, même si tu ne l'admets pas. La seule raison pour laquelle ta mère ne t'as pas lâché à son tour, c'est parce que c'est ta mère. Mais on ne peut pas dire qu'elle te retienne non plus. Est-ce que tu veux continuer à gâcher toutes tes relations comme tu le fais?

Est-ce que tu veux continuer de faire fuir les autres pour ne pas être celui qui les abandonne?

Non, Ethan ne peut pas subir ça à son tour. Tu croises les bras sur tes genoux et tu baisses la tête. Merlindammit. C'est plus douloureux que prévu de reconnaître ses défauts, quant à les affronter? Qu'on t'amène plutôt un Cornelongue roumain. Mais tu sais que la Serdaigle a raison. Un jour ou l'autre, tu devras prendre cette épée et trancher toutes les têtes du dragon, même si elles repoussent toujours comme l'hydre. Si les couper ne suffit pas, il faudra bien lui porter le coup fatal. Un jour. Pas tout de suite.

On va commencer par le premier dragon.

'kay.

Tu te redresses et tu tends les bras pour t'étirer en avant. On dirait que tu t'échauffes, alors que ton plan est le suivant: t'affaler plus profondément dans le canapé.

Je vais... profiter de cette journée pour réfléchir. Ou lire un livre. Arrêter d'y penser, en tout cas. Ça ira mieux après.

Maintenant que l'opération 'fusionnons avec le canapé' est terminée, tu croises les bras et tu te retournes vers Dorothy.

Merci.

T'as pas grand-chose à ajouter. C'est déjà difficile de reconnaître qu'elle a dit autant de choses justes et pertinentes alors qu'elle te connaît à peine. C'est difficile mais... bizarrement pas inquiétant, au contraire. Tu ne sais pas trop quoi faire de ce sentiment. On va le ranger à la suite de la liste à dragons, hein.

Et désolé pour le sel. C'est pas les meilleures chips du monde.

Tu t'autorises un petit sourire en coin en tendant le bras pour récupérer ton paquet, aux trois quart entamé.
RECETTE D'UNE SOIRÉE RÉUSSIE;
16/02/2029
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Re: Du sel, des épices, et des tas de bonnes choses | Dorothy Jeu 2 Mai - 20:01


Le sel c'est mauvais pour la tension

Prenez du sucre les enfants

Feat Argus & Do


T'encaisses le claquement sec de son palet et le sel qui en découle sans broncher. Il faut faire sortir le pue de la blessure, même si ce n'est pas agréable. Pour être honnête, tu ne sais pas ce que tu fais, tu improvises comme tu n'as jamais improvisé avant. Impossible de savoir si oui ou non ta méthode est la bonne, mais ce n'est plus le moment de se poser ce genre de question, n'est-ce pas ? De toute évidence, tu t'es déjà trop enfoncée dans la merde pour ne pas y sauter à pied joint. Ça a tout de même l'air de le faire réfléchir, Catwright, ça tout de même l'air d'avoir un certain impact sur lui. Il ne donne pas l'impression d'être énervé juste… Très frustré, en fait. Tu as cependant l'impression de le voir prendre de recul, d'imaginer la suite ou d'y penser, du moins. T'aimerais être dans sa tête, t'aimerais voir ce qui s'y passe. Souvent, tu te dis que tout serait plus simple si tu avais accès à cette intimité que sont les pensées. L'être humain est une énigme, un mystère dont tu n'as pas la clé, pas la solution. Tu mentirais si tu disais que tu comprenais les gens, tu ne les comprends pas. Tu ne sais jamais quoi dire, comment, pourquoi. Alors d'habitude, tu ne disais tout simplement rien. C'était la solution facile, ne rien dire, ne prendre aucun risque. Mais ne prendre aucun risque ne te donnait pas l'opportunité d'obtenir ce que tu désirais. Ne prendre aucun risque te garantissait juste de maintenir les choses dans un semblant d'ordre. Hors, on ne va pas se mentir, tu es plus chaotique qu'ordonnée, Dorothy.

Tu lui lances un regard en coin. Qu'est-ce qu'il te fait dire ça ? Bonne question. Ça te semblait juste… Tellement évident. On parlait d'Ethan, là, pas d'un plouc. Mais tu doutes que ton camarade ira se satisfaire de ce genre de réponse. Sans doute, lui faut-il des preuves, des actes auxquels se raccrocher pour prendre au sérieux ce que tu dis. T'essayes de ressembler tes souvenirs, te repasser les films mémoriels les uns après les autres pour en extirper ce qui t'intéresse et remonter le tout. En faire un nouveau long métrage, un machin mielleux appelé « Pourquoi Ethan aime Gus, chapitre 1 ». Mais il te manque tellement de scène, tellement d'éléments pour remplir les vides et les trous. Tu pourrais lui balancer tes discutions avec Ethan pendant le retour des cachots, par exemple, mais tu ne sais pas s'il serait très délicat de remettre les évènements avec Payne sur le tapis. En vérité, tu n'as plus du tout envie d'en parler. Puis, de toi à toi, tu te dis que cette scène représente bien peu de choses face à l'évidence même. Tu laisses un sourire orner le coin de tes lèvres.

- « J'sais pas, peut-être le fait qu'il supporte ton horrible caractère et ta sale tronche depuis aussi longtemps ? Qu'il continue de t'estimer malgré tes fréquentations douteuses ? Qu'il n'a jamais douté de la bonne personne qu'il pense que tu es ? Qu'il soit encore là alors que tu es censé foutre en l'air tout ce qui compte ? Tu veux que je continue la liste où on s'arrête là ? »

Argus fait du sale boulot, à ce niveau. C'est vrai quoi, même pas foutu de faire fuir en courant son meilleur ami. Diantre. Tu es déçue, tu en attendais beaucoup de sa fameuse capacité destructrice. Et, en même temps, comment lui en tenir rigueur ? Personne ne pouvait triompher de l'entêtement d'Ethan. Personne, même pas lui apparemment. Ethan semblait mu de la conviction qu'il fallait croire en vous. Par quel miracle t'en sais rien. Le fait est qu'il ne t'a jamais fui, qu'il a dit être ton ami, qu'il t'a promis que tu ne serais plus seule. C'est pour cette raison que tu fais autant d'effort. Parce que tu veux être digne d'une telle amitié, d'un tel ami. Tu veux être à sa hauteur, t'élever à son niveau pour pouvoir lui rendre la pareille, lui rendre sa confiance, lui donner ce qu'il te donne au quotidien sans même s'en rendre compte. Quelque chose te disait qu'il ne fuirait pas Argus aussi. C'était son ami, un être d'une valeur toute particulière à ses yeux. Argus était marqué du virus Ethannus et manque de bol, on ne s'en débarrassait pas aussi facilement.

- « Quoi what ? C’est si étonnant que ça que je décroche le numéro de quelqu’un ? » Fis-tu avec un air faussement outré. « Et, non, tu vas être déçu mais ce n’est pas celui d’un vieux monsieur louche. »

Tu le vois se recroqueviller sur lui, comme un enfant. C'est douloureux, hein, Argus ? C'est douloureux de se retrouver en face de ses contradictions, de ses problèmes et de réaliser qu'on ne peut plus prétendre ne pas les voir. C'est douloureux, ça blesse l'ego, ça fait culpabiliser aussi. On se rend compte de tout ce qu'on a perdu et tout ce qu'on risque de perdre en continuant. Tu as connu ça et, le pire, c'est que c'est un combat long qui se déroule sur plusieurs années. Chaque bataille est un challenge et chaque défaite nous fait replonger un peu plus profondément dans ces mauvaises habitudes qu'on pensait oublier. Mais tu ne peux pas t'empêcher de te dire que tu ne devrais pas t'inquiéter. Argus n'est pas seul, Argus est intelligent et il a probablement beaucoup plus à offrir qu'il ne le pense. Faut juste qu'il apprenne à se faire confiance. Qu'il apprenne à voir les couleurs qui sommeillent en lui. C'est long. C'est dur. Sur ce coup, tu ne peux que dire « I feel you. ».

Tu notes qu'il accepte ta main tendue. Tu prends soin de ne pas le souligner, cependant. Tu ne penses pas que ce soit nécessaire. Parfois, les mots sont inutiles. Le contrat est passé. Tu ne sais pas encore pourquoi tu as signé, Dorothy. Mais étrangement t'angoisse pas des masses. On verra bien. On verra bien où tout cela te portera. T'espères juste que ce sera dans un endroit moelleux et chaud avec des couvertures en pilou, du satin, une cheminée et des livres accompagnés d'un bon thé.

- « T'en fais pas, parait-il que le sel ça renforce le système immunitaire. C'est pour ça que les vieux aigris vivent longtemps. On finira centenaire, les gens vont rien comprendre. »

T'as un rire gras à cette idée. Tu t'imagines, petite mamie insupportable qui trash talk tout ce qui passe en usant de son âge pour être la plus odieuse possible sans qu'on ne puisse te dire quoi que ce soit. Quoi ? Comment ça, c'est prendre exemple sur ta grand-mère ? Pas du tout, tu ne vois pas de quoi on parle. Penelope est une femme charmante et délicieuse. Un petit rayon de miel à l'arsenic. T'en profites pour piquer quelques chips, après tout il n'y a pas de raison pour que ce ne soit qu'Argus qu'en profite. Cependant, tu dois l'avouer, les vivres viennent à manquer. Tu reprends en main ton ouvrage d'astronomie pour l'ouvrir à un chapitre choisi au hasard.

- « Dis-moi, tu penses qu’il y a moyen de faire une opération commando aux cuisines pour piquer à manger ? J’ai faim et on manque de chips. »

Note
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Re: Du sel, des épices, et des tas de bonnes choses | Dorothy Jeu 9 Mai - 14:38

J'sais pas, peut-être le fait qu'il supporte ton horrible caractère et ta sale tronche depuis aussi longtemps ? Touché, Martin. Qu'il continue de t'estimer malgré tes fréquentations douteuses ? Qu'il n'a jamais douté de la bonne personne qu'il pense que tu es ? Qu'il soit encore là alors que tu es censé foutre en l'air tout ce qui compte ? Touché, touché, touché. Encore touché. Ça fait pas si mal que ça, si on considère que ce sont des choses que tu n'ignores pas. Tu as simplement plus de mal à les reconnaître quand tu refuses de lui parler, mais elles sont toujours là. L'impression de ne pas mériter un ami pareil se fait plus forte et tu lèves les yeux au ciel.

Je sais pas pourquoi, venant de toi, je m'attendais à un discours profond sur le pouvoir de l'amitié.

Tu préfères plaisanter, c'est moins douloureux que de regarder la vérité en face. Est-ce que tu es à la hauteur d'un ami qui ne t'a jamais tourné le dos malgré tes bêtises, malgré ton sale caractère, tes lubies à deux heures du matin?

Ta surprise lui semble aberrante, t'as le droit de t'étonner qu'elle ne t'en ait pas parlé quand tu lui a demandé comment s'était passé le speed-dating? Non? Mais son commentaire te fait rire et tu hoches la tête. Okay. C'est pas le sujet de discussion.

Et vous finirez centenaires, probablement, si vous continuez d'absorber et recracher autant de sel. Tu imagines très bien Dorothy en vieille commère aigrie qui donne des coups de canne dans les genoux des petits jeunes qui ont le malheur de lui lancer le mauvais regard en croisant son chemin. Toi? Ah, c'est loin, 100 ans. On va déjà essayer de sortir de l'adolescence et de devenir un adulte à peu près responsable avant ça. Les bras croisés, tu lorgnes sur l'ouvrage de médicomagie alors que Martin reprend celui d'astronomie. Est-ce que tu as dépassé ton quota de procrastination pour la journée? La Serdaigle propose mine de rien une escapade illégale aux cuisines et tu te tournes vers elle avec le plus grand sérieux.

D'abord l'alcool, maintenant ça. Je crois que j'ai une très mauvaise influence sur toi.

C'est qui la fréquentation douteuse, maintenant? Mais tu souris, ravi. Fier de toi ou de ta connerie, tu sais pas. Peut-être simplement content d'échapper encore un petit peu à tes responsabilités. Elles finiront bien par revenir... Tu te lèves et prends ton livre de cours sous le bras.

Si on me demande, je dirais que je me suis perdu sur le chemin de la bibliothèque.

Et ce ne sera absolument pas louche.
RECETTE D'UNE SOIRÉE RÉUSSIE;
16/02/2029
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Du sel, des épices, et des tas de bonnes choses | Dorothy
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