••Il pleut. C'est malheureux•[Pv:Beckett]••

Il pleut,
Depuis ce matin, il pleut.
Aujourd’hui n’est pas une belle journée. Elle commence par un grondement nuageux, un sursaut dans ton coeur anxieux. Le ciel est bas, le ciel est gris. Il pèse sur l’école comme il pèse sur ton coeur, tu aimes bien la pluie tant que l’orage, son fiancé, ne l’invite pas à valser. Ce matin, tu n’as fait que suivre tes habitudes pour rejoindre les salles de cours une à une. Ce ne sont même pas  tes cours préférés mais ce n’est pas grave, il faut y aller. Quelques signes de main, quelques sourires. Des connaissances ou des amis, c’est toujours agréable. Dans tes jolies chaussures vernis, tu traverses les couloirs. Dans ta cape sombre, tu restes blottie, il fait encore plus froid aujourd’hui. La journée continue sa course dans cette douceur humide et monochrome. Tu prends le temps d’observer les gens, serrant tes livres contre ton ventre, laissant ton esprit s’égarer juste un instant dans tes souvenirs. L'instant qui suffit pour mettre à cette fille de s’arrêter devant toi. Une serpentard avec son petit groupe. Une ignorante de plus, de celle qui préfère te voir comme une danger plutôt que d’apprendre à t’aimer. Pathétique, agaçant, fatigant. Tu roules les yeux, elle hausse la voix. Fort, toujours plus fort, à t’en faire bousculer l’épaule sous la colère pour avoir une réponse de ta part. Une réponse autre qu’un soupire.

Il pleut,
C'est malheureux, il pleut.
Elle s’acharne alors tu finis par la regarder dans les yeux pour lui demander la raison. Qu’elle assume ses pensées, qu’elle dévoile ses secrets. Toujours la même histoire, toujours une question d’apparences. Ce n’est qu’une image, une idée reçue. Un nouveau soupire. Elle se met à rire, essayant d’assumer sa jalousie puérile et sa fierté mal placée. Aujourd’hui, tu n’as pas envie. Tu ne veux pas avoir une nouvelle fois à encaisser. Tu ne comprends pas pourquoi elle fait ça, tu ne la connais même pas. Tu la regardes encore une fois, demandant poliment d’avoir la paix. L’étudiante attrape la main pour retirer tes gants. C’est fini, elle est fini. Son venin se déverse, une pluie nouvelle. Cette pluie d’immondices et d’envie qui dévorent ses lèvres avant qu’elle ne te gifle sévèrement en t’accusant de ses propres pensées. Si facile, tellement basique comme réaction. Tout ce cirque pour ne pas assumer… Un dernier soupire, tu tournes les talons.

Il pleut,
Dans ces gouttes de pluie, mes doutes s'enfuient.
T’as les talons qui frappent sur le sol à la hâte, tu ne vois pas le monde qui t’entoure. Ou plutôt, tu n’as pas envie de le voir. Tu évites habilement le contact, les rencontres, tu te contentes d’avance. En cet instant, tu n’as qu’une idée en tête rejoindre les balcons pour souffler. Pour laisser à ton coeur le droit de se libérer. Tu le sens, comme une boule dans ton ventre, un noeud dans ta gorge, un sursaut dans ton coeur,  il faut que ça sorte. Tu arrives enfin, la vue est toujours aussi belle. Tu aimes vraiment cet endroit. Libération, une larme s’égare sur ta joue que l'effort a rougi. Tu retires tes gants rapidement, ils claquent le sol en plein dans une flaque. Tu lèves le pieds prête à les piétiner mais finalement, tu te contentes simplement de pleurer... Des sanglots aussi sincère que ta douleur, il arrive un moment où tu as ce besoin de tout lâcher. D’arrêter de tout observer pour te permettre de pleurer. Ce spectacle pourrait déchirer le coeur des plus rudes. Tes mains qui essuient encore et encore ces gouttes salées, ton souffle qui se coupe et les soubresauts de tes épaules devenues si fragile. Heureusement qu’il n’y a personne pour te voir, c’est si rare que tu sois dans cet état-là…

Il pleut,
Elles s’écrasent sur le sol comme les gouttes de pluie.
La pluie s'intensifie ou alors est-ce tes sanglots qui sont de plus en plus bruyant ? Tu ne sais pas et tu ne veux pas le savoir. Tu te contentes de vider ton sac. Tu te contentes de cracher ta peine, un peu trop secrète pour le monde. Ton monde, ce petit entourage qui veille sur toi comme il peut. Tu détestes quand tu es comme ça, vulnérable et ruisselante de chagrin. Tu n’es pas en colère mais ton coeur s’agite. Tu grondes la fatalité de s’acharner sur toi. A la base, tu n’avais rien demandé. C’est injuste, même si tu as fait la promesse de l’accepter, parfois son poids t'étouffe. Vérité est vraiment lourde à porter…

Moera…
Cette voix. Ton coeur loupe une mesure de larmes. Tes yeux s’ouvrent un grand. Quelqu’un est venu jusqu’à toi. Quelqu’un est là, derrière toi, capable de voir ta faiblesse et tes sanglots. Il va tout voir. Tu connais que trop bien cette voix. Sur tes joues, un rose léger s’ajoute. Il s’avance vers toi, hésitant devant ta fragilité. Tu le sens dans sa voix, tu le sens surtout dans ses mains qui se posent avec délicatesse sur tes épaules. Beckett est une belle personne. Il n’est pas le plus sage certes, mais avec toi, il a toujours été vraiment adorable. Des épaules il passe à ton corps en entier. Cachée dans ton dos, noyé dans tes boucles, incapable de voir réellement ces larmes qui ravagent ton visage si doux. Tu remontes tes mains que le froid commence à saisir pour les déposer sur ses bras chaleureux qui tentent de te réconforter. Comme il cherche à chasser tes vilaines pensées, poursuivre le responsable de ton mal être. Si seulement il savait que la plus coupable, c’est toi ?

- Ou je peux aussi me taire…
Changement de ton, changement de pensée. Il ne veut plus aller massacrer l’univers pour faire tarir tes larmes. Il reste contre toi, tout contre toi. Il est là et toi tu réalises combien ça peut faire du bien. Ce n’est pas qu’une question d’étreinte, c’est la raison qui te pousse à aller toujours vers les gens qui pleurent, même si tu ne les connais pas. Pleurer seul ne soulage pas autant que pouvoir pleurer avec quelqu’un qui nous tient à coeur. A trop vouloir protéger les autres Moera, tu as tendance à l’oublier. Alors tu serres encore plus ses bras contre toi et tu secoues la tête, un petit rire habillé de larmes traverse tes lèvres, tu lui souffles : « Gentil Garçon... » Un surnom qui lui est propre. Un surnom qu’il n’a pas quitté depuis votre rencontre. Un surnom que tu lui murmure en français avant de prendre une grande inspiration. Juste une minutes ou deux encore comme ça, avant de te libérer comme tu peux de ses bras pour pouvoir te retourner.

Il est temps de lui faire face, non ?
Le visage marqué de cette eau salée. Le visage pourtant légèrement souriant et doux. Oui, il t’a redonné le sourire, aussi petit soit-il. Ce n’est pas le sourire qui veut dire que tout va bien pour ne pas inquiéter son prochain, non c’est le sourire sincère d’un remerciement silencieux, une grande reconnaissance. Tu penches un peu la tête, les larmes ne se sont pas encore complètement arrêtées alors tu les essuies ici et là, au coin de tes yeux avec tes petites mains, puis son sourire s’agrandit tu lui souffles dans un petit rire gêné, replaçant comme toujours tes cheveux derrière ton oreille :

     - « Pas la peine d’aller régler son compte à qui que ce soit, ils ont déjà assez sali mon coeur, pas la peine qu’ils te salissent les mains, non ? »

Encore faut-il qu’il puisse y avoir un responsable, non ? Tu hausses les épaules et tu viens frotter tes mains entre elle, tu souffles un peu dessus. Elles sont vraiment froides. Encore une larme, mais c’est certainement la dernière. Tu précises, les yeux bien bas, perdue dans la flaque et les gants qui s’y baignent avec insouciance .

      - « Je te remercie d’être venu me voir… Tu as les câlins vraiment réconfortants, je ne suis pas habituée. Souvent, je préfère pleurer seule... »

Ton visage prenant une expression plus sévère et ta voix devant un peu plus grave enfin… Dans la mesure du possible avec ton timbre si doux d’ordinaire : « Une vraie femme n’est jamais triste en public. » Et encore ce petit rire, ce petit sourire et ces grands yeux qui reviennent dans les siens. Tes lèvres qui lui miment un “Merci” sans mot pour finir par un nouveau sourire.

- Ce n'est pas grave si elles se salissent…
Si ça l’est. Pour toi, ses mains ne devraient pas servir à la vengeance. Le mal est déjà fait pourquoi vouloir en rajouter ? Ses mains sont douces, toujours bienveillantes et aujourd’hui réconfortantes. Il est venu jusqu’à toi pour te prendre contre lui, espérer chasser tes sanglots et ta peine avant de vouloir en punir les coupables. C’est bien ce que tu ne cesses de répéter depuis le premier jour, c’est un “Gentil Garçon” Beckett, un très gentil garçon. Tellement gentil que tu n’as même pas le temps de refuser sa proposition de te laisser seule. Il se ravise de lui-même ce qui ne fait qu’accentuer la douceur de tes yeux. Puis comme toujours devant une personne qui pleure avant de sourire à nouveau, tu as le droit à la tirade qui remet en cause la sincérité de ce sourire. Tu soupires. Celle-ci, tu ne l’aimes pas vraiment… Tu secoues la tête, ton sourire tombant légèrement avant qu’il ne te propose d’aller sous la pluie…

Couvrir tes larmes et devenir liquide…
Dans le fond, tu n’as pas honte de tes larmes, tu n’aimes juste pas les exposer car elles sont inquiétantes pour ceux qui tiennent à toi. Même un petit peu. La preuve avec ce gentil serpentard qui serait près à tout pour te changer les idées autant que pour te laisser le droit de pleurer. Tu baisses la tête, frottant à nouveau tes mains entre elles. Vraiment tu n’as pas l’habitude sans tes gants. Tu te laisses le temps de la réflexion. Pas plus de quelques secondes, une minute tout au plus avant de revenir te perdre dans ses yeux. Ton sourire, lui, est toujours présent, il n’a pas réussi à le chasser même s’il est venu remettre en cause sa franchise. Tu soupires et tu tends ta main vers son visage… Un geste bienveillant, rassurant, un veste de remerciement devant tous ses efforts mais un geste que tu ne finis surtout pas, car tu ne dois pas le toucher. Alors tu ranges ta main contre ton cœur en venant la serrer avec l’autre. Tu pinces lèvres et tu te lances :

- « Pourquoi tu penses que je me force à sourire ? Surtout devant toi… Il ne t’ait pas venu à l’esprit que ça pourrait être grâce à toi s'il est revenu ? »

Bon ça c’est déjà c’est dit C'était peut-être un peu dur, heureusement que tu as toujours cet air si doux sur le visage. Tu secoues un peu la tête, tournant ton corps presque en entier vers la pluie. Loin de ses yeux, loin de son contact, tu poses une de tes mains sur la rambarde, sentant l'averse qui caresse ta peau, l'autre toujours à ton coeur, le regard songeur, l’esprit ailleurs, tu reprends comme une confidence qui ne serait qu’à lui :

-  « Tu sais... Je n’ai pas honte de mes larmes, c’est juste que j’évite de les montrer car ça fait de la peine aux autres. Alors, merci mais... Je n’ai pas besoin d’aller les cacher sous la pluie… »

Tu tournes le regard vers lui, le rose aux joues, l’air gênée mais conquis par ta propre déduction que tu trouves charmante : « Surtout que maintenant, avec un spectateur, elles ont fini de se pavaner et elles ont laissé la place au sourire, je t’assure. Tu sais bien que les mensonges et moi, on est pas copain, hum ? » Il le sait n’est-ce-pas ? Même si vous n’en avez jamais parler… Enfin même sans cela, sincérité a toujours été votre alliée.

Il n’a pas à être désolé.
Ce n'était pas un reproche que tu lui faisais. Pour le coup, tu te sens un peu coupable, ce n’est pas ce que tu voulais. Cependant, tu ne relèves pas. Tu ne dis rien, tu le laisses répondre à tes murmures, tu le laisses analyser à sa manière tes explications à demi-mots. Ton regard passe de la pluie à sa personne quand tu le vois s’approcher. Il s’installe sur la rambarde, visiblement le vide ne lui fait pas peur. Tu ne sais pas si tu aurais le courage de monter comme lui pour t’asseoir. Tu aurais bien trop peur de tomber. Une pensée vite échappée, quand tu vois qu’il joue avec tes gants. Tu les avais presque oubliés. C’est risqué pour toi de ne pas les porter, tu le sais. Mais là, tu n’as pas le coeur à les récupérer. Tu veux juste encore quelques secondes de liberté.

Il t’accorde le droit de pleurer.
Comme tu viens de le préciser, il te confirme que c’est pas facile pour lui de te voir pleurer. Une preuve de plus de sa bonté, Beckett est vraiment un gentil garçon. Tu ne le dis pas pourtant, tu te contentes d’écouter. Tu l’écoutes te partager ses pensées, ses désirs de légèreté. Il t’explique à sa manière qu’il ne veut plus que tu sois triste, que tout cela ne soit qu’un mauvais souvenir. Il te parle de cette salle commune, comme il pourrait te parler de la pluie. Tu souris un peu plus. Tu souris car tu le trouves adorable. Il fait de son mieux, et c’est ce qui te fait du bien. Délicatement tu viens pianoter de tes doigts sur sa cuisse, l’avantage de l’avoir assis sur la rambarde, juste à côté de toi. Tu laisses à tes lèvres quelques secondes de silence avant de lui souffler.

- « La couleur que tu veux, du moment que je ne me retrouve pas une fois encore recouverte d’encre... »

Que de souvenir, tu réalises un peu plus combien le temps s’est installé entre vous, combien il est devenu cet ami important. Pour un coeur naïve comme le tien qui aime sans compter. Tu dessines des petits ronds du bout de ton index dénudé, c’est si rare pour toi de sentir la texture du pantalon quand tu fais ça. Un soupire. Un regard qui remonte vers le sien. Tu n’as que faire de la salle commune. Tu pinces les lèvres et tu murmures comme un secret :

- « Je ne vais pas mal, c’est juste que parfois… J’ai plus de mal à supporter ma fatalité. Mais ça va passer… Je vais déjà mieux, je suis contente que tu sois là. D’ailleurs… »

Depuis le temps, il doit le connaître ce regard. Depuis le temps, il doit la voir cette petite lueur, celle que tu as quand la malice s’invite dans ton esprit. Quand tes pensées deviennent un peu plus joueuse. Tu finis ta phrase avec un sourire presque taquin :

- « Tu crois que tu pourrais me montrer comment on fait pour monter sur la rambarde ? J’ai bien envie d’essayer mais attention Tu me tiens bien hein ! Et… Surtout ne touche pas mes mains par contre... »

Il se fait boudeur et ça te donne le sourire.
Ces souvenirs, tu ne les échangerais pour rien au monde. Cette première rencontre, cette encre qui a laissé tes cheveux mauve presque deux semaines sans que tu ne puisses rien y faire. La première fois que tu es allée voir un Match de Quidditch pour pouvoir l'observer se pavaner avec ses tatouages éphémères. De cette encre, beaucoup de bons moments ont découlé presque naturellement. Tu aimes sa présence autant qu'il semble aimer la tienne. Depuis plus d'une année, il n'a jamais posé la question une seule fois, pour tes gants ou tes yeux. Tu te dis qu'il doit avoir compris que la vérité est à tes côtés mais en même temps... il est tellement franc qu'il peut, ne pas s'en douter et toi ? Tu n'as jamais réellement chercher à creuser.

Comme en cet instant, tu ne veux pas y penser...
Mais tu devais le prévenir, tu voulais le prévenir. Tu voulais l'avertir pour tes mains, histoire de ne pas briser votre équilibre si parfait et pourtant singulier. Peut-être était-ce un moyen inconscient de venir chercher sa curiosité pour qu'il se décide enfin à demander ? Tu ne sais pas, tout ce que tu vois en cet instant c'est son bras tendu vers toi. Son explication un peu de douteuse qui va trop bien. Oui, bien trop loin, il faudra que tu lui demande d'en dire plus à ce sujet ou juste que tu le rassures sur un point évident. Oui, c'est plus intelligent de faire cela. Tu ne voudrais vraiment pas le forcer à parler. Tu souris prête à faire des prouesses et grimper sur ce perchoir dangereux...

Tu t'élances le coeur battant.
Pour lui, ce ne doit pas être grand chose mais pour toi, c'est toute une aventure. Comme quand tu lui avais demandé de t'aider à grimper dans un arbre pour la première fois. Tu avais évité la chute de peu mais les éclats de rire eux, impossible. Qu'est-ce-que vous avez pu vous amuser ce jour-là. A l'aide de son bras, tu grimpes. Si au début tu ne fais qu'y poser ta main, tu te ravises vite pour venir serrer son bras avec les deux tiens, histoire de ne pas tomber en arrière. Oui, ça fait un peu trop peur, tu fermes les yeux et voilà qu'il te demande, il te pose cette question que tu n'attendais plus. Ton coeur se serre, tes doigts aussi. Tu murmures en regardant tes pieds qui se balancent :

- « Oui tu peux demander... Mais c'est pas dit que je te réponde. »

Tu ris légèrement, car tu sais qu'il disait ça pour te demander, alors tu reprends rapiement à la suite de tes mots. « A cause de ma malédiction, déjà avec mes yeux ce n'est pas toujours facile... Mais avec mes mains c'est pire... » Tu tournes le visage vers lui pour le regarder dans les yeux et tu rajoutes avec un petit sourire mélancolique :

- « On en a jamais parler de tout ça mais... Crois-moi, même toi, tu n'as pas envie de savoir ce que ça fait quand je touche les gens... »

Vraiment tu ne seras jamais une bonne acrobate.
Tu as peut-être une bonne équilibre mais tu n'es pas très à l'aise avec l'escalade. Tu as du mal à te hisser sur la rambarde et une fois dessus tu ne fais vraiment pas la fière. Cependant, tu ressens une certaine fierté d'avoir été si courageuse et l'espace d'un instant, tu as pu oublié tes tourments... Même si la conversation en parle grandement. Oui, tu viens de lui balancer la vérité sans artifice et vue la manière dont il te regarde, il se pose bien des questions. Des questions qu'il ne s'était peut-être jamais posé. Tu le laisses faire, tu le laisses t'inspecter comme si tu étais différente. Puis il te dit, il te fait par de ses pensées. Tu n'as rien de différent pour lui et c'est bien justement ce que tu apprécies depuis le début. Avant de te montrer son intérêt, sa curiosité et une référence que tu n'as pas hélas, tu n'as jamais été très cinéma ou comics. Tu ne sais pas de quoi il te parle et il vient de te couper le sifflet.

Il suffit de voir la manière dont tu le regardes.
C'est quoi Infinity War ? Certainement une de ses nombreuse références que tu n'as pas quand tu parles avec lui, ces références qui te font souvent rougir de gêne mais pouffer de rire. Mais voilà, qu'il revient à la charge, voilà qu'il te questionne sur les détails. Allez Moera, tu ne peux plus te défiler. Tu ne peux plus te cacher et il est temps que tu lui dises toutes la vérité. Mais une fois encore, il te surprends. Certains commenceront par te demander les effets lui il te demande quand tout à commencé. Tu soupires doucement, cherchant une échappatoire à cette question, tu en oublies même de lui demander ce qu'est Infinity War. Tu te contentes de venir doucement jouer les plis de sa veste entre tes doigt, tes jambes se balancent et ton coeur aussi quand tu commences à lui dire :

- « Le soir de mes 7 ans, il y avait un orage et j'ai voulu retrouvé mon père, il y avait cette femme avec mon père et enfin je te laisse imaginer la suite hein... Tadaa, on peut plus me dire de mensonge quand je regarde quelqu'un dans les yeux. Attends, je te montre, je vais te poser une question, tu essaie de répondre un énorme mensonge d'accord ? »

Tu te tournes un peu vers lui, légèrement déséquilibrer tu tires sur son bras puis tu te replaces et tu lui fais un petit sourire dans un "fiiiou" de soulagement devant cette dangereuse pirouette sur la rambarde. Bon ok, c'était pas grand chose mais ça t'a fait sauté le coeur et rire avant de reprendre ton sérieux en fronçant même les sourcils pour te plonger dans ses yeux après t'être raclé la gorge :

- « Beckett, Gentil Garçon, Quel âge as-tu ? »

Et voilà, maintenant il comprendra, c'est certain. La question est simple, le mensonge lui... C'est une autre affaire.

Voilà, le jeu est lancé.
C'est pas bien compliqué, tu connais déjà la réponse, tu sais comment ça va finir mais pour une fois, tu auras le droit de voir son expression surprise quand la vérité s'échappera de ses lèvres et ça ne loupe pas. Il essaie une fois, puis une autre. Et oui, il est impossible pour lui de te mentir au sujet de son âge. Ses tentatives finissent quand même te faire rire. Ce petit rire poli, derrière ta main. Toi et tes manières bien élevées. Il te confirme ce que tu pensais, il n'avait réellement remarqué. Preuve que ce Gentil Garçon essaie vraiment de toujours être franc.

En parlant de franchise, voilà qu'il te parle d'elle.
Oui, il a raison. Cette femme était un monstre d'égoïsme et de cruauté. Qui serait assez affreux pour faire cela à une gamine de 7 ans, le jour de son anniversaire, sous le simple prétexte qu'elle n'aime pas ses yeux ? Un monstre. C'est là, la seule réponse possible. Mais tu préfères ne pas t'étendre sur le sujet. Cette femme, elle ne mérite même pas qu'on prenne le temps de parler d'elle. Heureusement, Beckett recommence. Il tente une troisième fois de mentir sur son âge et ça te fait rire encore une fois. Il lâche un mot que tu ne comprends pas à la suite, mais tu te dis que c'est certainement une injure, non ? Puis il vient observer tes mains. Ah oui, c'était évident que le sujet dériverait vers elles. Tu pinces les lèvres, serrant un peu son bras, toujours prisonnier de tes doigts pour plus de sécurité puis tu réponds :

- « Oui c'est pire que ça... C'est plus récent alors je peux pas t'expliquer exactement comment ça fonctionne. Mais je peux te dire, pourquoi ça fonctionne. »

Tu reviens te perdre dans ses yeux, tu as vraiment la mine plus triste, accablée par ta réalité, résigné devant ta fatalité, même si tu lui souris. Tu reprends d'une voix secrète et confidente :

- « Ma tante, elle a passé des années à chercher comment lever cette malédiction. Et elle pensait vraiment avoir trouvé... Mais le rituel n'a pas fonctionné au contraire, ça n'a fait qu'empirer les choses. Après presque 6 mois de sommeil comme la belle au bois dormant, j'me suis retrouvé avec ... Des mains qui te font dire vraiment des tas de choses... Des secrets, des pensées profondes, ce que tu as sur le coeur... Je sais pas trop, je sais juste que c'est souvent vraiment intime. »

Parfois ça parle de toi. Mais ça peut être aussi un mal-être, un secret qu'on cherche à garder. Une vérité qu'on ne veut pas s'avouer. Tu baisses la tête et tu viens doucement montrer ta main vers ses yeux, tu ravales ta salive quand tu lui souffles :

- « Je te demande pour le principe mais... Tu veux essayer ? »
Qui serait assez fou pour accepter ?

Cette main tendue tremble un peu...
Tu ne sais pas si tu as réellement envie qu'il se prête à ce jeu dévastateur. Tu ne sais pas si tu as envie d'entendre le fond de ses pensées actuelles. Et si ces dites-pensées, parlaient de toi ? Comment ferais-tu pour continuer à rire et profiter de sa présence sans y penser ? Tu ne comptes plus le nombre de personne que tu as déjà perdue à cause de tes mains... Le souffle retenu, attendant la décision qui pourrait changer votre relation à jamais, tu sens ses doigts qui se glissent contre le tien. Mieux encore il vient carrément prendre ta main entière entre les siennes. Il n'y en a pas une plus chaude que l'autre. Le seul est bras, le froid est là. Tu souffles doucement ton air coincé. La décision est prise : Il est assez fou, conscient ou inconscient pour oser te toucher.

Il te parle de sa mère...
Tu fermes les yeux un instant, très à l'écoute et inquiète puis il se lance, il s'élance dans une réflexion qui te déchire le coeur. L'absence d'une mère, tu connais ça. La différente c'est que toi, tu n'as pas du tout connu la vie en sa compagnie alors à tes yeux ce n'est pas le même genre de manque. Vraiment pas. Ce qu'il te raconte, te touche sincèrement. Tu ressens sa peine au point de caresser légèrement ses doigts qui touchent les tiens. C'est vraiment une pensée qui doit noircir le coeur. Surtout face à sa conclusion, comment une mère peut faire ça à son enfant ? Voilà c'est fini. Un secret de plus, un petit bout de vie qu'on ne partage qu'avec nos plus proches amis. Tu ne sais pas quoi répondre, comment le réconforter après cette révélation ? Tu songes à un câlin. Comme celui qu'il t'a fait quelques minutes avant. Puis il relance le sujet, il revient sur toi, sur ce que tu peux endurer avant de te poser la question qui te fait relever les yeux, vers les siens. Oui, il a trouvé, c'est pour ça.

C'est là, toute la raison de tes larmes...
Toute l'origine de tes frustrations quotidiennes, tes craintes et tes pires découvertes. C'est à cause de tes mains et de tes yeux que tu as laissé couler tes larmes. Tu hoches la tête, ta voix n'osant pas sortir tout de suite, par simple crainte qu'elle ne sursaute sous l'émotion. Mais oui, il a raison, c'est à cause de tout cela que tu étais un peu triste. Il a compris, les gens réagissent parfois bien trop mal devant une vérité qu'ils ont eux même du mal à s'avouer. Tes doigts viennent entièrement se mélanger aux siens, tu les serres comme une promesse, savourant ce contact que tu avais presque oublié et tu lui souris en haussant les épaules. C'est comme ça, on y peut rien. Ton regard revient ensuite sur vos mains et tu prends enfin la parole pour lui souffler :

- « Je pense que tu as tout compris, les gens réagissent mal à la vérité. Alors ils me tiennent souvent responsable de leurs propres pensées. C'est qu'ils préfèrent m'accuser plutôt que d'avoir à assumer. Souvent j'entends que c'est ma faute, que je l'ai bien cherché... Et tu sais c'est quoi le pire ? C'est qu'importe le secret que je peux entendre... Je ne juge jamais la personne, on a tous nos raisons et notre vie... »

Tu reviens à ses yeux et finalement, tu t'approches pour venir lui embrasser la joue. L'avantage d'être tous deux assis sur une rambarde. Tu rajoutes comme un murmure en te reculant pour reprendre ta place :

- « Merci Beckett mais tu sais... T'es pas obligé d'infliger ça trop longtemps, tu peux me lâcher la main hein... C'est déjà magique ce que tu viens de faire, ça m'avait vraiment manqué... »

Car il ne faudrait pas que ça dérive sur d'autres pensées, n'est-ce-pas ? Par exemple, tu ne voudrais pas qu'il pense à toi ou bien qu'il finisse par te parler d'une chose qui le mettent vraiment mal à l'aise. Tu rajoutes cependant avec un petit sourire sincère

- «Et pour ta mère, elle ne sait pas ce qu'elle loupe... Moi je suis heureuse de te connaître. »