Sa cape noire tombait à ses chevilles dans un mouvement lâche. Ouverte sur le devant, elle laissait une vue timide sur la tenue de Fenry : une chemise blanche dont deux boutons du haut étaient laissés à l'abandon rentrée dans un pantalon serré à taille haute qui dessinait ses larges hanches et ses longues jambes jusqu'à enserrer ses chevilles, prolongées de chaussures de sport noires visiblement usées dont les lacets d'un bleu électrique jurait avec l'insigne des serpents fièrement affiché sur sa cape. Elle avait attendu, l'air nerveuse : ça se voyait car elle triturait ses doigts entre eux avec cet air fier qui avait l'habitude de hanter son visage lorsqu'elle était vexée.
Elle n'avait pas l'habitude d'être à l'heure, même lorsque le rendez-vous était provoqué par sa propre initiative. Pourtant, cela faisait deux fois qu'elle avait rendez-vous avec Edwyn (les réunions avec les renards ne comptaient pas, elle était en retard pour ceux-là) et deux fois qu'elle était à l'heure. Plus étonnant encore, elle était arrivée cinq minutes en avance.
Lorsqu'elle le vit arriver, elle ne lui adressa pas un mot. Elle l'avait regardé - et n'avait pas un seul moment détourné les yeux, avait marqué un temps d'attente lorsqu'il eut atteint sa hauteur, et traversa le portail sans aucune formalité échangée, comptant sur le fait qu'il la suive.
Elle avait traversé les couloirs de Mahoutokoro d'un pas assuré. C'était la deuxième fois qu'elle y mettait les pieds, la première fois elle avait demandé une autorisation pour repérer le lieu. Ainsi, elle savait très bien où elle voulait l'emmener.
Arrivés dehors, elle dut plisser les yeux face à la lumière du soleil malgré la fin d'après-midi s'annonçant et malgré qu'elle soit filtrée par les branchages des différents arbres qui longeaient le sentier de pierres. Ils suivirent encore le chemin durant quelques mètres et entrèrent finalement dans un parc charmant qui, si on y prêtait un œil attentif, regorgeait d'une vie animale timide mais curieuse.
Fenry avait rapidement fait l'état des lieux, vérifiant qu'ils étaient suffisamment isolés - elle n'avait jamais été si prévoyante - et enfin se retourna sur Edwyn, reculant d'un pas pour se rapprocher de l'arbre le plus proche. Elle avait attendu plusieurs secondes à le fixer avant de prendre la parole.
« Je ne savais pas à qui en parler, et je ne voulais pas que mes paroles soient mal interprétées si je venais à l'évoquer dans une réunion des renards. »
Elle ne prit pas la peine de justifier la raison qui les avait amenés à se retrouver si loin de Poudlard, car elle pensait que ce serait fastidieux et inutile. Il devait au moins déjà se douter de deux raisons sur les trois, de toutes façons.
« Je n'ai plus vu Mae Greengrass depuis des mois. Elle était mon amie, et désormais elle m'échappe. Je n'avancerai aucune théorie, je n'ai pas envie de l'accuser alors que j'ai toujours eu confiance en elle. Mais... »
Chaque mot lui coûtait énormément à prononcer : Fenry était pleine de fierté, et d'être tellement prise en échec lui était difficile. Bien que son orgueil ne la freine jamais, elle détestait le sentiment de honte qui l'habitait.
« J'ai manqué de vigilance. Il y a d'autres noms, d'autres visages, je deviens paranoïaque, je ne sais plus où donner de la tête. Je ne sais plus si je suis folle ou trop lucide. Et j'ai besoin d'aide pour y voir clair. »
Et dans sa demande, silencieusement s'était glissé un aveu de confiance.
Edwyn Ollivander
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Re: doux thé — EdwynっFenry Ven 10 Mai - 0:29
doux thé
ft Fenry
Traverser les portails menant aux autres écoles avait quelque chose d'irréel. À chaque fois, cela faisait naître des pensées pleines de curiosité au rouquin. Comment ? Pourquoi ? Etait-ce la volonté d'une entité primale ? Une réaction des lignes de ley qui parcouraient le monde ? Pouvait-on reproduire cela ? Il y avait tant à apprendre en étudiant les portails. Il n'avait malheureusement pas le temps pour ça. Cette fois-ci, c'était Fenry qui l'avait invité et non l'inverse. Il s'était demandé s'il devait apporter les fleurs. Le silence dont elle était drapée lui avait indiqué que cela n'aurait probablement pas été approprié. Cela semblait sérieux.
Il l'avait suivie sans un mot, respectant son mutisme. Elle semblait craindre qu'on les observe. Saine précaution, même s'il avait prouvé qu'il pouvait régler ce souci facilement. Ce qu'elle avait à dire devait être important. Ce n'est que dans les lieux enchanteurs (et étrangement appropriés) du bosquet aux renards qu'elle prit finalement la parole. Sa curiosité éveillée par ses regards prolongés.
Il acquiesça simplement à ses premiers mots, toujours silencieux. Il comprenait. Le nom de Mae Greengrass tomba et il se maudit intérieurement d'avoir été aussi aveugle. Sang-pure issue d'une famille plutôt traditionaliste, le discours du Corbeau avait tout pour lui plaire. Dans cette affaire, les Rosiers et leur Avery étaient l'exception. La plupart de ces familles soutenaient probablement le terroriste. Et celui-ci devait être particulièrement intéressé par les ressources qu'elles pouvaient lui apporter. Il faudrait qu'il transmette une liste de suspect basée là-dessus à ceux qui se chargeaient d'identifier ses partisans.
L'aveu de Fenry aurait pu être choquant s'il n'était pas lui-même troublé par la situation actuelle. Et il lui arrivait de se demander s'il n'en attendait pas trop d'elle. Elle était leur seule legilimens, parmi les Foxes. Et la nature de son don lui donnait des allures de malédiction. Tous ces esprits troublés, ouverts en permanence, ce devait être l'enfer.
Tu n'es pas la seule. J'aurais dû la suspecter, elle et d'autres.
Il s'abimait dans des aspects techniques, logistiques, les informations récoltées, l'avancement des ateliers, il devait savoir tout cela et avancer lui-même pour ouvrir de nouvelles possibilités à ses alliés. Il y perdait peut-être.
Je t'aiderai.
Il lui devait bien ça. C'était lui qui était venu lui demander son aide dans ce projet à l'aspect insensé. Il ne la sacrifierait pas sur l'autel de la victoire. Ce prix là était trop élevé.
Il alla s'adosser à un arbre lui aussi. Quelle solution pouvait-il apporter ? Sans en savoir plus, c'était difficile à déterminer. Autant le demander.
Dis-moi juste comment.
Et si elle ne savait pas, ils chercheraient ensemble. À chaque problème sa solution. Quand on partait du principe qu'elle existait, il ne restait plus qu'à la trouver.
Le problème, c'est que Fenry ne savait pas comment. Elle était confuse, perdue dans un capharnaüm infernal qui constituait sa masse de pensées - et celle des autres. Beaucoup de ces masses avaient été disloquées, modifiées, empoisonnées. Les souvenirs étaient mêlés à trop d'émotions inquiétantes, angoissées, Fenry n'y voyait plus clair : elle était terrifiée. Plus elle s'aventurait dans les spires du mental, plus elle sentait que le sien allait faillir.
C'était comme si le corbeau avait posé des mines.
« Tu as un esprit rationnel, pas vrai ? »
Elle sembla hésiter un instant, sur ses mots, ce qu'elle avait voulu dire, comment l'avait-il compris, est-ce qu'il avait- ah, ce n'était pas le sujet.
« Pour d'autres tu as peut-être l'air irrationnel, c'est vrai, mais tu te bases sur des faits tangibles, avérés. Les théories ne sont que des théories, rien n'est écarté tant que rien n'est confirmé, oui ou non ? »
Elle respectait énormément les personnes qui étaient capables de suffisamment de lucidité et de patience pour arriver à un tel raisonnement. Elle était plutôt le genre dévastatrice impulsive ; son tempérament excessif lui avait souvent valu de se tromper, malgré son extra-lucidité.
« Mes sentiments... et mes ressentiments entravent mon jugement. Pour m'aider, il va falloir que tu me laisses entrer. »
Son regard s'était baissé, quelques secondes, avant de se relever sur Edwyn. Elle était consciente du danger que cela pouvait représenter pour lui, et du service qu'elle lui demandait.
« Je n'irai rien chercher. Je ne convoite aucun de tes souvenirs. Ce sont les miens que je veux te montrer. »
Edwyn Ollivander
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Re: doux thé — EdwynっFenry Ven 10 Mai - 11:54
doux thé
ft Fenry
La question avait quelque chose de surprenant. Dans une certaine mesure, il supposait que c'était le cas, mais où voulait-elle en venir ? Sous-entendait-elle que ce n'était pas son cas ?
Hm ?
Elle développa son idée et il hocha la tête. Oui, c'était un peu ça. Même s'il poussait souvent le vice jusqu'à refuser de croire des théories qu'il n'avait pas lui-même prouvées. On était jamais certain que les autres aient fait le boulot correctement, après tout.
Oui.
Il était plutôt bon pour compartimenter, mettre de côté ses sentiments lorsque c'était une nécessité. Et la discipline mentale nécessaire au développement de ses capacités d'occlumens avait également un rôle à jouer. Même sous le coup de poussées d'inspiration subites, son premier réflexe était de les tester. De valider par son expérience.
Il resta sans voix un moment. Elle ne l'aurait pas demandé comme ça si elle avait voulu que cela se passe comme la dernière fois. Ce qu'elle voulait, c'était qu'il laisse complètement tomber ses barrières, c'était... Il déglutit. Ça lui faisait un peu peur. Il hésitait, mais il ne l'abandonnerait pas. Elle s'était montrée fiable jusqu'ici, lui avait fait confiance quand il avait dit pouvoir lutter contre the Crow et aussi en lui avouant tout ça. C'était à son tour de lui rendre la pareille.
D'accord.
Quand elle lui affirma que c'était parce qu'elle voulait lui montrer ses souvenirs, il failli dire que ça ne marchait pas comme ça, mais se retint. Qu'en savait-il ? Etait-il expert en magies de l'esprit ? C'était elle la legilimens, après tout. Et, lorsqu'on voyait ce que leur adversaire pouvait faire... Ce n'était pas si surprenant.
Un peu comme une pensine en plus... direct ?
L'idée ne l'enchantait pas vraiment, mais si c'était ce dont elle avait besoin, il était prêt à tenter le coup. Puis, ce serait une nouvelle expérience. Pas la plus rassurante qu'il ait vécue, mais il savait qu'on n'apprenait rien d'intéressant sans prendre de risques.
Fenry avait eu un mouvement de recul lorsqu'il accepta sa demande. En fait, elle s'attendait plutôt à un refus, et qu'elle n'ait pas eu à le convaincre la perturba suffisamment pour qu'elle reste silencieuse encore quelques secondes de plus. Elle vérifia une dernière fois autour d'eux si personne ne s'était invité dans leur échange et avança de deux pas. Ici - si loin de tout - elle se disait que même s'il baissait sa garde il ne craindrait pas d'être atteint par le corbeau. Elle mettait un point d'honneur à défendre l'esprit de leur chef, même s'il s'avérait souvent qu'il n'avait pas besoin d'aide pour ça.
« Au moindre doute, tu m'écartes, et je m'en vais. »
Elle lui fit un signe de la tête comme pour signifier qu'elle attendait son approbation, et son regard figé dans le sien, elle se lança dans les spires de son esprit. Elle ne s'était engagée dans un tel exercice que sous la tutelle de Monsieur Scamander, et n'était jamais parvenue à donner de souvenirs totalement solides ou cohérents.
Les images étaient pleines de taches noires, les dialogues rendus incompréhensibles à cause de l'effervescence de ceux-ci ; ils se superposaient dans un brouhaha infernal de rires et de pleurs, de colères graves et de morosité noire ; puis le silence. Le visage de Mae Greengrass. Un sentiment de plénitude avait envahi son corps, et puis un doute, un seul, les lèvres de Fenry entre-ouvertes au bord desquelles les mots restaient accrochés. Mais tu lui fais confiance, elle te fait confiance, tu ne peux pas entrer dans sa tête, tu ne peux pas, Fenry. Et dans les souvenirs de Mae elle s'était introduite, une seconde à peine, juste le temps de lui arracher un frisson tant la haine avait imprégné tous les murs.
Le brouhaha encore, les taches noires et l'effervescence. Un mélange de haine et de colères, un cadavre dans son fauteuil, des pleurs, des fleurs sur une tombe. La violence, les murs tremblent. Fenry n'arrive pas à faire le tri dans ses pensées. Elle se concentre. Le silence. Samuel pris en otage par Fenry et sa legilimancie dans les couloirs froids et sombres des sous-sols.
« — Et contrairement à toi, contrairement à vous tous, je n'ai rien de si terrible à me reprocher. — Je ne suis pas là pour écouter ta philosophie bien-pensante, elle ne m'atteint pas et m’intéresse encore moins. Et puisque tu ne comptes pas me dire à moi, sombre hypocrite que je suis, ce que tu as vu, j'apprécierais néanmoins de savoir ce que tu comptes en faire. — La question c'est qu'est-ce que tu ferais pour que je me taise ? C'est pour ça, que tu es venu me voir, pas vrai ? Ce serait fâcheux que tout le monde sache que tu es un tocard... — Éclaire moi donc, Williams. Après tout, tu sais mieux que quiconque ce qui te ferait plaisir. — Je veux des informations. Edwyn Ollivander est devenu occlumens. Je veux savoir ce qu'il cache. Ainsi tu gardes tes secrets, mais tu dévoiles ceux d'un autre. Marché conclu ? — Marché conclu. Tu auras ce que tu veux. »
Un sentiment de honte, derrière trop de fierté, avait timidement fait son chemin. Puis le brouhaha de nouveau, le souvenir s'estompe, la panique. Les enlèvements au discours de Aileen et Orphan au ministère. Croyance disparaît, Fenry le cherche, partout, sans relâche. Des cris, des pleurs. Le visage de Dawn apparaît en bribes fugaces, comme un mirage, un ange. Tout va très vite ; le discours de The Crow entre dans la farandole. La colère, la frustration, des visages -tous coupables !- se suivent dans sa tête, mais de manière trop rapide et les reconnaître relève du miracle, et trop de murmures, beaucoup trop de cris et d'accusations, de reproches, tous calmés par la voix tendre de sa mère. Fenry jolie, Fenry jolie. Du sang sur les mains de Fenry, du sang sur son visage dans le miroir.
Elle se retire. Rapidement. Elle fuit l'esprit de Edwyn, car elle était allée trop loin, elle ne voulait pas montrer ces images-là.
« Pardon. Je ne maîtrise pas encore ça. »
Edwyn Ollivander
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Re: doux thé — EdwynっFenry Ven 10 Mai - 21:38
doux thé
ft Fenry
C'est un véritable capharnaüm là-dedans. Les souvenirs se mélangent, il y a Mae, des fragments sans suite ou liés par des émotions ? Des sauts de logique ? La force des sentiments comme les vagues d'une tempête. C'est un véritable maelstrom. Samuel et un échange. Le silence contre des informations sur... lui ? Des scènes dont il se souvient aussi, au ministère, la panique, la perte, the Crow... une femme - qui est-ce ? - du sang et puis tout s'arrête. Retour à la réalité. Il se sent un peu déphasé, comme au sortir d'un rêve particulièrement intense.
Déjà, son esprit s'accroche, détache les souvenirs comme les raisins sur une grappe, les répartit. Tente de trouver un sens à ceux-ci. Certains sont clairs, d'autres flous.
Pourquoi ?
Il se rend compte que la question n'est probablement claire que pour lui. Il y a eu tant de choses dans ce chaos. Il précise :
Pourquoi voulais-tu connaître mes secrets ?
"On ne devient pas occlumens si l'on a rien à protéger." Bien sûr, mais qu'aurait-elle pu faire de ses plans, des schémas de créations à venir ou déjà bien présentes qu'il craignait de voir tomber entre de mauvaises mains. De ses traumatismes cachés, qu'il dissimulait. Ceux qu'il n'avait pas carrément choisi d'oublier.
Ils ne sont pas aussi intéressants que tu l'imagines, tu sais ? Ce sont surtout des expériences... certaines magiques, d'autres que j'aurais aimé ne pas vivre.
Il hausse les épaules. Lui en vouloir aurait été naturel, mais pourquoi faire ? Il était un coffre fermé dont la clé était perdue. L'une des rares serrures qu'elle ne pouvait crocheter. Bien sûr qu'elle était curieuse, c'était normal. La curiosité n'était pas un défaut. Il fallait être hypocrite pour porter les couleurs de Rowena et l'affirmer.
Il se rapproche, attrape une de ses mains et la regarde dans les yeux, sérieux, mais pas en colère. Loin de là.
Est-ce que, toi, tu vas bien ? J'ai aperçu des choses qui semblaient... personnelles.
Voulait-elle en parler ? Devait-il lui faire un câlin ? Il n'était pas sûr d'être assez proche d'elle pour ça. En tout cas, il allait attendre une minute ou deux avant de lui proposer de recommencer. C'était moins pire que ce qu'il avait imaginé, mais le voyage secouait.
La curiosité ? C'était facile, comme excuse. Non, Fenry avait peur que quelque chose lui échappe, en permanence. Elle se méfiait de tout, tout le monde, elle considérait tout ce monde comme une masse hostile et dangereuse. Ils étaient tous ses ennemis, et si ses ennemis développaient des armes contre elle, alors elle était impuissante.
Elle secoua la tête, baissa les yeux. Au bord de ses yeux s'étaient invitées des émotions qui n'avaient pas l'habitude de s'exprimer si distinctement sur son visage. Fenry n'aimait pas montrer qu'elle était si sensible.
« Peu importe ce que tu cachais, en vérité. C'était de me sentir en échec qui était inacceptable. J'ai passé une vie à me battre. »
Elle releva les yeux vers lui, serra sa main dans la sienne, avant de lui retrouver un souvenir, et de lui servir.
C'était plus calme, cette fois. C'était plus flou, aussi, indistinct. Fenry courait, à s'en essouffler, et Blue assise sur un banc riait tendrement.
« Williams tu vas finir par t'évanouir ! »
Fenry s'était arrêtée, la vue trouble, la tête qui lui tournait. Elle s'effondra dos contre le sol, le regard figé sur les étoiles.
« J'avais vu ce qui allait se passer, Starling. Je n'y ai pas cru, j'ai fermé les yeux. J'aurais pu prévoir, arrêter. J'aurais pu, mais je suis restée là, impuissante. Il est toujours trop tard quand je me rends compte. Peut-être si j'avais été plus rapide, plus forte, plus endurante. Peut-être si j'avais été plus lucide. J'aurais pu éviter tous ces drames. J'aurais pu... »
Mae Greengrass encore, sans lien avec ce souvenir-ci. Son visage la hante, elle apparaît comme un fantôme. Sur son téléphone portable les messages s'accumulent ; sans réponse. Et le visage de Fenry dans le miroir, le sang sur ses mains. Retour à Fenry les yeux dans les étoiles.
« C'est comme si... »
Elle se releva, s'était remise à courir, essoufflée. Des heures qu'elle courait, ainsi, sans s'arrêter. C'est comme si je les avais tués moi-même.
Elle lâcha la main de Edwyn, dans un mouvement lent, fatigué.
« Je ne laisserai plus personne mourir. Je veux retrouver Mae. »
Edwyn Ollivander
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Re: doux thé — EdwynっFenry Ven 10 Mai - 22:32
doux thé
ft Fenry
Être en échec ? Se battre ?
Contre qui, Fenry ? Je ne suis pas ton ennemi, je ne l'ai jamais été...
Et puis, il comprend. Il comprend tout à fait, en fait. Ce sentiment d'impuissance, de vulnérabilité. L'un comme l'autre s'étaient réfugiés dans ce qu'ils savaient faire de mieux pour trouver la force de s'élever. Se garantir contre ce sentiment qui les rongeait. Il avait conçu l'A.R.G.O.S., elle avait troqué son silence contre les infos qui lui manquaient. Si elle savait tout, elle était en sécurité.
Le souvenir. Ce souvenir lui parlait. Il avait ressenti ce genre de chose après l'enlèvement d'Andy. Et aussi après la chasse aux plumes.
Je vois.
Il a un rire sans joie. Parce qu'il a enfin compris et que tout prend son sens. Parce que tout cela est un peu ridicule et que, dans un monde parfait, ils n'auraient jamais eu à devenir ainsi.
Il baisse les yeux vers le sol du bosquet. C'était trop dur de la regarder, de lui dire ça en face, haut et fort et de voir sa réaction. Cela lui rappelait sa discussion avec Andy. Est-ce que lui aussi, il serait confronté à des amis ?
Et si elle ne veut pas revenir ?
Un murmure. On préfère éviter d'y penser, mais mieux vaut y songer avant. Il est rationnel pour ça aussi. Envisager le pire, ça permet de ne pas rester figé comme un lapin face à un lumos lorsque le pire survient. Et s'il ne survient pas ? Soulagement.
Il apprend doucement la dure réalité. Qu'avoir à affronter un mage noir, même si cela pousse à progresser, c'est aussi une source d'inquiétudes, de souffrances et de pertes que l'on se reprochera longtemps. Mais il n'a encore perdu personne. Et il fait tout pour que personne ne meure.
Et si elle ne veut pas revenir, Fenry l'attache et la met à terre, elle lui fait bouffer la boue jusqu'à ce qu'elle pleure et demande pardon. Si elle ne veut pas revenir, Fenry continuera de courir sur le terrain à en perdre la raison. Si elle ne veut pas revenir, Fenry continuera de s'épuiser à en crever, elle portera ce monde sur ses épaules et le fera avancer.
Ah, si elle était assez solide, mais Fenry était déjà fissurée.
« Alors ça mérite quand-même d'essayer. »
Une détermination brûlante avait repris le dessus dans ses yeux pleins de hargne. Elle avait relevé le menton un peu, et carré les épaules. Fenry ne se laissait jamais freiner par rien ; aucune peur n'était parvenue à la figer. Au moins si elle échouait, elle avait eu la satisfaction de s'être donnée et d'avoir fait du mieux qu'elle pouvait.
Et la frustration - la honte - immense que cela représentait : que tout ce qu'elle était n'avait pas suffit à triompher.
« C'est toi qui me l'as rappelé. »
Fenry avait abandonné la lutte contre le corbeau avant même d'avoir essayé. Ce n'était qu'après qu'Edwyn l'ait invitée qu'elle avait vraiment envisagé une hypothétique victoire.
« Tu n'as pas le droit de douter... »
Elle esquissa un sourire.
« Car si tu crois en nous, on soulèvera des montagnes. »
Edwyn Ollivander
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Re: doux thé — EdwynっFenry Sam 11 Mai - 0:50
doux thé
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Oui, ça valait le coup. On ne pouvait jamais savoir si l'on n'essayait pas. Et la détermination, cette flamme intense qu'il lut en elle, dans sa posture, dans son regard avait la force de tambours résonnant dans le silence. Un cri de ralliement pour les espoirs en berne. Comment ne pas croire en elle, en la voyant comme ça ?
Je n'ai pas fait grand-chose. Je ne suis qu'un garçon trop têtu et orgueilleux pour baisser les bras.
Cela fit naître un sourire sur son visage qui tourna bien vite au léger rire. Il aimait faire preuve d'un peu d'auto-dérision de temps à autre, cela lui rappelait qu'il n'était qu'un être humain. Que le sort du monde ne dépendait pas que de lui. Que même si le mot "impossible" résonnait comme un défi, il existait des choses qui l'étaient.
J'ai fait appel à vous parce que ces montagnes, je ne pouvais pas les soulever seul. Si... non, quand nous réussirons, ce sera grâce à chacun de nous.
Cela semblait être le bon moment pour ce à quoi il songeait depuis ce jour, dans le salon de thé où il lui avait demandé son aide. Et, s'il en avait eu besoin, elle avait largement prouvé qu'elle méritait qu'il le lui confie.
Il fouilla dans sa poche et en retira une sphère de la taille d'une balle de ping-pong. Le métal doré qui la composait semblait refléter la lumière du soleil, même sous l'ombre des arbres. De minuscules runes en ceignaient le pourtour, se croisant sur deux axes. C'était presque un travail d'orfèvre. Il la lui tendit.
C'est un plan de secours. J'aimerais que tu la gardes en sûreté. Évite de l'embarquer avec toi si tu sens que la situation sera risquée. Elle te dira quoi faire si les conditions sont remplies.
Il espérait que ça n'arriverait pas, surtout dans le cas de la seconde. Mais il luttait contre the Crow et n'avait pas pour habitude de sous-estimer ses ennemis, même s'il lui arrivait d'en donner l'impression.
Fenry leva l'objet dans ses mains, et l'observa attentivement, intriguée. Elle avait l'impression d'assister à un moment clé qui lui échappait encore ; une cérémonie silencieuse et secrète qui n'aurait été que pour eux ; dont elle considérerait l'importance une fois qu'il serait trop tard pour s'en réjouir. Elle leva les yeux vers Edwyn.
« Tu ne vas pas me dire de quoi il s'agit ? »
Elle reposa son regard sur la sphère, et la fit tourner entre ses doigts. Elle songea aux cachettes qu'elle pourrait lui trouver, et alors qu'elle faisait l'inventaire de tout son désordre, elle esquissa un rire, mais le son ne franchit jamais ses lèvres.
« Et si une des conditions à remplir c'était justement que la situation soit risquée, je serais plutôt embêtée de ne pas l'avoir, non ? »
En fait, elle considéra surtout que la cachette la plus sécurisée qu'elle avait, c'était encore sur elle.
« Et tu sais ce qu'on dit. Le coupable ne se cache jamais plus facilement que dans la foule. » En évidence, aux yeux de tous.
Edwyn Ollivander
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Re: doux thé — EdwynっFenry Sam 11 Mai - 1:25
doux thé
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Lui dire de quoi il s'agissait ? Oh, après tout, il l'avait appris en même temps qu'il en avait dévoilé l'existence à ses camarades de chambrée. Ce qui signifiait qu'il avait oblitéré ce souvenir de son esprit et ne pourrait plus en concevoir d'autre. Pas sans reprendre les choses au début. Il avait pas mal de trous de ce genre sur les quarante-huit heures de travail effrénées qui avaient suivi son retour de la chasse aux plumes. S'il ne se connaissait pas aussi bien, il aurait mis cela sur le compte de la fatigue.
Oui, en gros c'est sous le sceau du secret. Merde, j'avais oublié ce détail.
Il éclate de rire. C'était plutôt drôle, d'une manière assez ironique. Bon, il devait bien pouvoir trouver quelque chose, même très vague qui date d'avant ou après cette exposition...
Ne te fais pas capturer en l'ayant sur toi. C'est une de mes créations, donc il y a certainement des sécurités, mais ce serait coton de la retrouver le moment venu. Et puis...
Il hésite sur la fin de sa phrase. Ces mots d'inquiétude, elle lui avait demandé de ne pas douter. Et il ne doutait pas. Il voulait juste mettre toutes les chances de son côté.
... Ne te fais pas capturer, d'accord ?
Ce serait difficile à supporter si ça arrivait et il savait pertinemment comment cela finirait. Et il aurait l'air d'un hypocrite en ignorant l'une des règles des Foxes. Parce que s'il devait aller la chercher, il ne ferait pas dans la dentelle.
Edwyn était quelqu'un d'extrêmement prévoyant ; elle n'en avait jamais douté, mais tout de même, le sceau du secret ? Elle haussa un sourcil, et se contenta de ça, acceptant de ne pas savoir si il considérait que c'était nécessaire.
« Eh ? »
Sa réflexion la prit de court. Elle resta muette pendant plusieurs secondes avant qu'un sourire n'égaie son visage, dans un rire mélangé de nervosité et de douceur, qui s'effaça presque aussitôt.
Évidemment qu'elle n'allait pas se faire capturer ! Et même si elle l'était, captive, elle aurait trouvé une solution bien assez vite. Si Edwyn était doué pour la planification, Fenry était une tigresse concernant l'improvisation.
« Me sous-estimerais-tu ? »
Elle lui adressa un regard complice, fugace, avant de baisser les yeux dans un sourire. Elle savait bien que le risque était réel, et que les adversaires étaient de taille. Mais maintenant qu'elle savait comme cette sphère était importante, elle ferait de sa conservation et sa sécurité une priorité.
« Je la garderai, et la défendrai. »
Elle leva les yeux vers les feuillages qui bruissaient au souffle de la légère brise qui s'était levée sur eux.
Elle ferma les paupières et inspira un grand coup. Fenry voulait croire en leur victoire, et peut-être même qu'elle s'en persuadait un peu, mais l'inquiétude était réelle. Elle avait peur que le prix à payer soit trop dur à encaisser.
« Toi non plus... »
Elle rouvrit les yeux sur lui et un rictus abîma ses lèvres.
« Ne te fais pas capturer, chef. »
Edwyn Ollivander
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Re: doux thé — EdwynっFenry Sam 11 Mai - 2:12
doux thé
ft Fenry
Il faisait peut-être preuve de trop de sentimentalisme ? Hm. Elle avait un joli sourire, en tout cas. Distraction. Papillon. On se recadre.
Jamais.
Comment la sous-estimer ? Elle. La duelliste accomplie, sportive, dotée d'un don rare et il ne la connaissait même pas assez pour citer chacune de ses qualités. Même si son aperçu se concrétisait au fil de leurs rencontres.
Il rit à son tour. Ce mot... Si étrange.
"Chef" ? Ce mot me va aussi bien qu'une paire de talons aiguilles à un troll.
Il l'était un peu, mais avait voulu la hiérarchie des Foxes plutôt lâche. S'était contenté de poser les bases, quelques règles qui visaient surtout à les protéger et empêcher les débordements. Par nature, il n'était pas du genre à apprécier d'être sous les ordres de quelqu'un. C'était la nécessité, le fait qu'il ait une vision précise des actions à entreprendre, qui l'avait placé là.
Je ferai attention si tu promets de ne plus m'appeler comme ça.
Elle lui avait parlé de ses troubles, il avait accepté sa demande, lui avait remis ce qui était pratiquement son testament. Et maintenant ? Il voulait rester là. L'endroit était agréable, la compagnie aussi.
Tu veux marcher un peu ? A moins que tu n'aies d'autres souvenirs à partager ?
Une petite pause, loin des tourments du quotidien.
Elle avait ri de bon cœur cette fois. Elle se promettait, dans un coin de sa tête, de l'appeler chef une autre fois, guettant le moment opportun pour le mettre dans l'embarras. Pour l'instant, ça attendra.
Elle acquiesça ensuite d'un mouvement de tête, engageant le pas pour une balade. Elle n'avait pas l'habitude de partager ce qu'elle était ; tout simplement car elle ne ressentait pas le besoin d'être prise en pitié - peut-être même que ça lui faisait peur, de prendre cette place infecte de victime, comme sa mère l'avait si souvent fait. Ah, voilà qu'elle se remettait à froncer des sourcils.
Elle soupira, dans l'espoir que ça la détendrait un peu. Son esprit était tourmenté, depuis quelques temps.
« Je pourrais te partager le souvenir d'un après-midi ensoleillé où les renards, d'une détermination sans faille, ... »
Elle en faisait trop. Théâtrale !
« Portés par le feu ardent qui les habite, se sont rassemblés pour conquérir la piste d'athlétisme. »
Elle s'arrêta de marcher, et dans son regard se glissa une lueur de malice.
« Serais-tu allergique aux entraînements, ou aurais-tu décidé que tu étais déjà suffisamment entraîné pour échapper à mes exercices ? »
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Sa cape noire tombait à ses chevilles dans un mouvement lâche. Ouverte sur le devant, elle laissait une vue timide sur la tenue de Fenry : une chemise blanche dont deux boutons du haut étaient laissés à l'abandon rentrée dans un pantalon serré à taille haute qui dessinait ses larges hanches et ses longues jambes jusqu'à enserrer ses chevilles, prolongées de chaussures de sport noires visiblement usées dont les lacets d'un bleu électrique jurait avec l'insigne des serpents fièrement affiché sur sa cape. Elle avait attendu, l'air nerveuse : ça se voyait car elle triturait ses doigts entre eux avec cet air fier qui avait l'habitude de hanter son visage lorsqu'elle était vexée. 
