la fille aux fleurs (lune)

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la fille aux fleurs (lune) Lun 13 Mai - 3:21

Avant même qu'il n'ait posé un pied dehors, le délicat parfum des fleurs s'était déjà faufilé jusqu'à ses narines, ralentissant son pas tandis qu'il humait ce cadeau de nature avec un plaisir assumé. Ses pas portaient la marque de la patience, son visage, celle d'une tranquillité atteinte sans nulle doute - comme si la simple perspective des instants à venir suffisait à apaiser ses plus farouches humeurs.
Il fallut à Leif un instant de répit ; il laissa son bras se reposer sur le mur extérieur du château, prenant le temps d'une longue respiration, comme une inutile préparation pour les moments à venir.
Rien, jamais rien ne pouvait le préparer à ça. La fille aux fleurs, comme ses rencontres réguliers avec elle, poussées par une curiosité et l'accord silencieux d'une relation si délicate que distante, amenaient en lui des sentiments dont il ne pouvait contrôler l'effervescence.

Tout, dans ces moments hors du temps où sa volonté ployait devant un plaisir imminent, semblait amener en lui la certitude d'une réalité endormie. Tout, d'un parfum féminin mêlé aux fleurs ambiantes, d'un silence reposant aux formes de son corps ; tout ne semblait être que la vile expression d'un rêve trop beau, récurrent, du genre dont on ne peut que se réveiller.
Sans parvenir à comprendre, Leif revenait la voir. Inlassablement. Il domptait les barrières d'un esprit clos, méfiant des moindres circonstances, et trouvait le contact de son indescriptible regard.
De temps en temps, il s’humait les lèvres comme pour s’offrir le courage de nouvelles paroles, et dans ce même instant qui s’emplissait d’une honte oubliée, il prenait conscience de son oubli.

Dès la seconde fois, Leif avait amené de quoi écrire - il ignorait si elle pouvait lire sur ses lèvres, et quand bien même, n’éludait jamais la moindre occasion de se délecter de la sensation d’une plume grattant la surface d’un parchemin. Une baguette magique aurait suffi, en soi, mais Leif s’en moquait.
Et quelque part, il rallongeait les instants passés dans l’utopie d’un bonheur redouté.

Bonsoir. Tu sembles moins radieuse, en ce moment.
J’imagine que personne n’échappe à l’angoisse des malheurs récents.


Tenant ses distances, il tendait vers elle son carnet réservé à cet usage, lui offrant la vue de son écriture précise, dédiée à sa lecture. De toutes ses notes de cours, Leif avait développé la rare capacité de comprendre ses propres hiéroglyphes, à force de négliger l'esthétisme de son écriture.
Ces fois-là, pour autant, il n'y avait autant pris gare.

De ses qualités, l’observation figurait en tête de liste - du moins, de quelques regards soutenus de déductions hasardeuses. Parfois, Leif touchait juste ; d’autres fois, il se ridiculisait de ses affirmations aléatoires ; mais jamais il n’en regrettait l’énonciation.
Pour beaucoup, Leif était une personne intelligente - apprendre de ce qui l’entourait semblait être la base de ses avancées. À défaut de la science infuse, il avait sans cesse appris de son ignorance - et cette dextérité intellectuelle, au regard des années, l’avait doucement rapproché de son ambition.
Plus que jamais, Leif connaissait le monde ; et moins que jamais, il se connaissait. Il aurait pu décortiquer les émotions de quiconque, malgré tout, il aurait été bien incapable d’anticiper ses caprices futurs. Lui-même n’aurait jamais pensé que, quotidiennement, il serait venu ici. Et pourtant, une impatience grisante le poussait à attendre, chaque fin d’après-midi, l’heure exacte de sa venue précédente. Chaque semaine, inlassablement, conformément aux règles d’un silence régent.

Je ne tiens pas à paraître opportun, mais je refuse de te laisser libre à l’angoisse si je peux l’éviter.

Il balaya son regard sur les alentours, par pure curiosité. Chaque fois que Leif venait ici, il lui semblait que le jardin était différent. Plus fourni, plus coloré, plus resplendissant. Ses sentiments évoluaient, eux aussi, comme en accord avec la beauté que ces lieux semblaient refléter - et la simple curiosité d’une journée l’avait mené à ressentir le besoin de connaissance.
Il voulait la connaître. Il voulait l’avoir, quelque part - lui qui avait toujours tout eu, de la confiance boiteuse des plus renfermés à ses objectifs désirés. Il voulait la comprendre, elle qui représentait le mystère hebdomadaire de son cœur d’ordinaire congelé - elle qui réveillait l’envie d’une relation forte, réelle, surplombant sans cesse la satisfaction de l’instant précédent.

Alors, que penses-tu de ces "groupes" arrivistes ?
Lune Choi
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Re: la fille aux fleurs (lune) Dim 9 Juin - 21:06


à poudlard j’étais venue développer ma magie, prendre du pouvoir et, pour rire, j’ai voulu côtoyer les semblables. mais moi lune, satellite de six milliards d’humains… que dire de plus ?

penchée à mes fleurs, j’ai caressé un pétale qui semblait utopique. la terre humide recueillait racines et vie, je la surplombais. quel délice. les fleurs ne font pas de bruit. sourdes et muettes, l’idée simplette d’être une rose défiait la notion d’astre lunaire. rose. j’aurai aimé ce prénom comme j’aime le mien. rose.
tulipe.
marguerite.
dont les couleurs se dénombrent,
tandis que de lune, véritablement,
il n’y a qu’une.

mon regard divague et il retient un carnet loin d’être anodin.
la rencontre arrangée pourtant presque hasardeuse, et mon sourire se forme par le vent frais que tout cela apporte. il est là, le temps parfait : celui qui s’écoule sans se défiler.

« personne n’échappe à l’angoisse des malheurs récents. »
pourvu que l’on partage les mêmes.

l’école tombera en ruine. rien ne tient debout. le danger rode et s’infiltre. rien ne va. tout est bancale. et nous nous voyons l’air badin à côté de fleurs. régente des marées comme la lune à l’instar des humeurs, je m’assois en lisant les dernières lignes de notre ouvrage.


fondamentalement, l’idée devrait être fondée. le parti prit. les paroles déjà prêtes à être dictées. me saisissant des pages liées et de ton stylo, j’aurai dû être assidue aux attentes, formuler mes réticences.

mais comment faire ?
une rose sans épine semble si factice.
la paix est bancale.

« c’est compliqué, tu sais, leif. qui a le droit d’imposer son avis ? » l’encre sèche doucement, tandis que j’hésite à reprendre. « moi, tant qu’on ne mord pas dans la liberté des autres… je ne sais pas trop quoi penser. j’ai un peu peur pour moi, c’est normal. mais beaucoup pour… les moldus. il y a toujours des sacrifices, dans une guerre, et j’ai bien peur que nous devions mener bataille. »

mes mains salies par le pistil des fleurs cajolées te dévoilent un carnet signé de mes mots.

les non-magiques. dont je soutiens si ardemment les droits. s’ils ne sont pas fondamentalement des sorciers, ne sommes-nous pas, en revanche, naturellement des moldus ? les idées du grand corbeau semblent n’être qu’un mauvais comte à redécorer, mais qui peut prétendre détenir les bons ornements ? comment enterrer ce conflit qui semble pourtant se creuser de lui-même… j’ai quelques peurs qui trottent mais tant d’effrois qui les dominent.

et si la bataille était perdue, qu’ai-je à craindre ? rejoindre un rang en bazar… ce n’est pas grand-chose d’insurmontable. mais qu’en est-il pour ces autres à qui on ne donne pas de baguette ? c’est pour ceux-là que ma peau devient pâle, que mes idées s’embrouillent, que mon cœur pense à trop.

la lune n’est en orbite qu’autour de sa terre.

sur qui tourner quand on n’aura plus personne ?

mais leif tu n’as pas l’ambition des humains sans artifice. leif tu veux et va briller, le monde en est certain. et pour parvenir à tes fins j’ai peur de tout,
et par-delà, de toi.

homme maudit dont le sang voudrait trahir un être « basique », les mots que tu choisis prennent parti. ce sont des « groupes » entre guillemets, car tu ne veux pas les considérer si lié, ou si nombreux. tu les dénombres et les détruis, simplement par ces petits traits. arrivistes. pourtant l’idée d’une suprématie, ne date pas d’hier ? arriviste, cependant. ils ne conviennent pas à tes projets. tu n’es pas de leur avis. tu n’as rien d’un corbeau, (dieu merci), et quelque part, tu ne sembles pas renard non plus…

« qui es-tu ?
et pou-quoi ?
»

la question s’autorise l’audace d’une voix haute, hésitante cependant appuyée.
me sauver d’une angoisse est une belle chose,
faudrait-il seulement en trouver la véritable source

pourvu que tu n’en sois pas le complice.
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Re: la fille aux fleurs (lune) Mer 19 Juin - 2:26

Nous devons mener la bataille, Lune. Nous devons mener la guerre, porter les armes, couler le sang. Nous devons lever les bras sans détourner le regard, agir sans laisser couler nos larmes.
Le monde semble hurler au conflit, les humains semblent hurler au supplice ; la magie un peu trop imbue d’elle-même, portée par cette haine incessante - le monde semble perdre son sens.

Pour toi qui n’entend pas les mensonges, la peur n’en est que plus visible. Pour toi qui n’entend pas le réconfort incertain, la terreur ne semble que plus présente.
C’est quand le conflit se rapproche tant que s’accentue le besoin de ce silence qui te ravit tant ; mais Lune ne se contente pas d’un peu de silence, et semble apaiser, de part sa présence, les anxiétés que sa confiance étouffe.

C’est peut-être parce qu’elle le rend vulnérable qu’il semble pouvoir vraiment compter sur son aide - tout en la rendant nécessaire. C’est peut-être parce qu’elle ne porte pas le moindre ton que ses questions semblent exemptes de jugement. En y songeant, il s’en veut un peu - comme s’il ne l’appréciait que pour son mutisme.
Elle est la fille aux fleurs, mais pas vraiment pour ce qu’elle est. Elle est sa rencontre récurrente, parce que sa nature la rend si aisée à supporter.
Le silence est mère de cette délicate amitié - et malgré la culpabilité ambiante, il s’efforce d’en oublier les termes. Tôt ou tard, ce genre de pensées parasites finissent toujours par rattraper sa tranquillité d’âme.

A-t’il jamais apprécié autrui ? S’il cherchait ses raisons, il finirait certainement par en trouver pour chacun de ses proches. S’il y cherchait son intérêt, il brûlerait d’un dégoût toxique pour un esprit avide d’ambition. La vérité, pourtant, Leif l’a toujours su. Les notes de sa franchise, pourtant, Leif n’a jamais su les jouer.
La tranquillité est, comme la bienveillance qu’il dégage, un mensonge pour embaumer le parfum. Colère, égoïsme, cruauté. Qui es-tu ?
La question le paralyse, de ses membres à ses lèvres séchées par un immobilisme regrettable. Il s’hume les lèvres, oubliant les faits, articule une syllabe « Je— » et sitôt, résorbe cette erreur en déglutissant.

Leif a oublié, et il le vit comme un échec un peu trop pesant, perturbé d’une telle question, de l’intimité dont elle fait preuve. Il n’a jamais voulu que son bien.
Et elle le trouble, tant et si bien qu’il en griffonne un peu trop agressivement sur les feuilles du carnet. La vérité doit sortir - une vérité qu’il ne peut transcrire dans le mensonge d’une belle calligraphie.

Je suis Leif, un monstre qui se donne des airs d’ange pour mieux atteindre son but.

Et il rit, Leif. D’abord un gloussement, parce qu’il réalise avoir osé, et un petit rire lui sautille hors de la gorge avant d’enfin éclater. La scène, éprise de soulagement et de sincérité, ressemblait à la symphonie solitaire d’un artiste libérant ses démons. Comme décimé par le poids de ses propres ambitions, comme engendré par une folie un peu trop longtemps oubliée, son esprit craquelait.
C’est parce qu’elle ne pouvait rien entendre qu’il se sentait libéré, et malgré ça, c’est parce qu’elle le voyait qu’il y parvenait.
Qui es-tu ? Et pourquoi ? Il n’y avait jamais réfléchi, maintenant qu’il y songeait - tout s’était imposé comme une évidence, un appel du destin, comme si sa vie n’avait pour convergence que ce but qu’il s’était fixé. Rien d’autre n’avait d’importance. Rien n’avait jamais eu besoin d’en avoir, jusqu’à aujourd’hui, la semaine dernière, ou celle d’avant - jusqu’à ce tableau floral au milieu duquel elle se dressait.

Je veux régner. Ne me demande pas pourquoi, ça a toujours été mon rêve. Et je suis prêt à tout. Je ne suis pas l’éminence du bien auquel on m’associe, je suis juste très doué pour le cacher. Je ne suis ni un corbeau ni un renard, je suis trop égoïste pour songer à partager le pouvoir. Voilà qui je suis.

Il a perdu l’éclat de confiance qui orne d’habitude son regard comme si, voilé par les fleurs et la rébarbence de ces habitudes, il se permettait d’exister. Leif n’avait jamais semblé plus réel, plus humain qu’en cet instant - alors qu’elle se reflétait au creux de son regard.

Navré. Avouer ceci me semblait moins cruel que de souiller ces instants de mes mensonges.
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