je pense aux fleurs et c'est bête
mais j'envie leur beauté muette
adossée à la serre cecily s'égarait en contemplation du ciel nuageux : sur le fond de sa rétine s'imprimaient les éclats livides des après-midi pâles, gorgées de la fadeur du spleen de fin d'hiver. elle avait la nostalgie des étés au soleil inépuisable, gargantuas mordorés dont ses cheveux noirs buvaient la chaleur, jusqu'à l'écoeurement. elle se retrouvait alors étourdie de cette fièvre confuse et chatoyante qui teintait les beaux jours de moires étranges, insaisissables ; faisant du quotidien un onirisme poétique qui manquait cruellement à cecily.
sous la tiédeur de la serre elle essayait de retrouver ces rêveries estivales, un petit mirage vert tendre à vous faire tourner la tête quelques secondes, pour oublier que tout était gris en vérité, morose et poussiéreux comme sa peau dévorée par la pierre. elle n'invitera dans sa fantaisie verdoyante que le coeur doux de rhodes, dont les mots chastes et sans venin berçaient leurs instants partagés d'une quiétude myosotis.
lily sourit déjà bien gentiment quand sa silouhette crève le ciel immaculé, de ses pas enjoués elle écrase les trèfles gelés qui parsèment le parc pour le rejoindre : ses lippes se parent d'impatience, à eux deux innocents ils embraseront février de leurs rires étiolés.
rhodes, salut !le prénom résonne dans le froid brumal, sa voix est fébrile pour rompre la cataracte de l'hiver.
tu vas bien j'espère.elle hésite un instant à saisir son bras dans un élan empourpré, mais elle n'ose le troubler de ses émois amarante.
elle garde ses mains dans ses poches pour le guider sagement vers leur éden cloisonné. les genoux de sa salopette sont déjà entachés de terre.