Saturday night fever.

MAI 2029.
ft. @A. Kate Auburn.

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Comme souvent pour ce genre de soirée l’information s’est déversée comme une traînée de poudre et personne ne saurait dire qui en a réellement pris l’initiative. Il n’empêche qu’ils sont nombreux, ce samedi-là, à faire vibrer les murs des Trois Balais. Essentiellement des dernières années (ceux qui préparent un DEMA) qui profitent de leur week-end pour se changer les idées. Madame Pommary, la tenancière, a l’habitude. Ce qu’elle refuse, ce sont les bagarres qui dégénèrent, pour le reste, elle ferme les yeux. Elle sait de toute façon que ces soirées font entrer pas mal d’argent dans les caisses et font du bien aux « p’tits jeunes de Poudlard, faut bien qu’ils vivent leur jeunesse ! ». Ah, avec le contexte actuel, il faut bien ça. Plus que jamais la menace Crow règne sur Poudlard et un climat un peu étouffant s’est abattu sur l’établissement. Beaucoup sont devenus méfiants ou renfermés sur eux-mêmes. A tort ou à raison.

Sandro, le premier, reste sur ses gardes. L’idéologie Crow l’inquiète, et il sait que beaucoup de sorciers – élèves à Poudlard et particulièrement ailleurs – la partagent. Mais ce soir… il met ses tracas de côté. Ses potes l’ont ramené ici et il compte bien en profiter. La soirée est déjà bien avancée et l’intérieur du pub fourmille d’élèves, répartis en petites tables, avec des groupes animés et une piste de danse improvisée, au milieu. Partout, des gens qui essaient de communiquer par dessus la musique, en gueulant fort, un verre ou une cigarette à la main. Dans un coin, certains jouent aux fléchettes magiques. Il a fait une partie et n’a pas spécialement brillé… à charge de revanche.

Il fait chaud, l’atmosphère ambiante, les bières et le whisky pur-feu qu’il a à la main l’ont mis dans un état grisant. Il jette des regards en tout sens sans pour autant retrouver ses potes dans la masse mouvante. Il est allé se resservir au bar et le voilà qui se faufile entre les danseurs, pour s’adosser dans un coin à observer un moment la piste de danse. Il a dansé un peu, mais sans partenaire on se lasse vite. Avec ses cheveux noirs qui ondulent sous la chaleur, sa chemise noire légèrement déboutonnée, ses manches retroussés et son jean, il sait qu’il a un certain pouvoir de séduction. Honnêtement, il n’est pas de ceux pleinement à l’aise avec leur sex-appeal. Il lui a fallu du temps pour comprendre qu’il avait du charme, et encore plus pour savoir en jouer. Maintenant… il s’en sort un peu mieux, mais malgré ce que l’on peut dire du charme italien, n’est pas un Don Juan dans l’âme. Cela fait un moment qu’il est célibataire, désormais, et même s’il a tendance à laisser faire le destin, il a des yeux brillants qui observent sans se cacher et un sourire ravageur qui ne laisse personne indifférent. (Enfin, c’est ce qu’on lui a dit).

Aussi, tout en sirotant son whisky, il se délecte – avec plus ou moins de discrétion au fil de la soirée - des courbes féminines qui se déhanchent sur la piste de danse. Faute d’avoir retrouvé ses potes, il peut s’accorder un break le temps de finir son verre, hein !

D’un coup, telle une tornade, voilà une silhouette qui s’approche et une voix qu’il reconnaît bien : Kate. Kate et ce corps bien dessiné dont la mini-jupe ne laisse que peu de surprise. Pour lui, tout du moins. Elle l’enlace et… il ne dit pas non. Il en fait de même, son parfum lui rappelle des souvenirs dont il ne dira rien. Kate, avant d’être son ex, c’est une amie, une nana toujours pleine d’énergie et éternellement superbe.

- Hey, Kate ! Comme tu vois, ça va tranquille !

Que dire d’autre ? Une soirée, de l’alcool, de la musique et autres jeux à la con, tout ce qu’il faut pour bien célébrer le week-end et penser à tout sauf aux trucs chiants habituels. Sandro, quand il s’agit de faire la fête, il est là, toujours. Il tient plutôt bien l’alcool et même si des fois il aime se faire prier, il cède toujours pour les défis à la con.

Comme par exemple… un défi à boire. Elle doit savoir qu’il jouera le jeu. Il joue toujours le jeu, parce qu’il est comme ça. Il la fixe avec un sourire et se penche à son oreille, pour s’assurer qu’elle l’entend bien.

- Tu n’devrais pas faire des paris comme ça, tu sais que j’vais te battre, Kate !

Ses potes attendront. Un défi pareil avec Kate Auburn, ça n’se refuse pas ! D’autant qu’il a toujours apprécié sa compagnie. Même si ça n’a pas marché entre eux, il n’empêche que dans leurs premières années, de par leur naissance moldue, ils étaient très proches tous les deux. Sandro apprécie la voir de bonne humeur et, glissant sa main dans le bas du dos de la jeune femme, il la guide en direction du bar. Arrivé devant, il décide de finir cul sec son whisky. La sensation chaude du liquide lui traverse la gorge et ajoute à la chaleur du pub.

- Tiens, comme ça j’te laisse un peu d’avance.

Ce qui doit être faux, vu leurs états respectifs, déjà bien joueurs, il est certain qu’elle aussi a déjà bu. Et alors ? C’est elle qui a proposé, il ne fait qu’accepter.

Tout en se laissant servir au bar, Sandro observe l’autre Serpentard. Comme bien souvent, elle déborde d’énergie. Cela fait quelques temps qu’il n’a pas eu l’occasion de la voir autrement que rapidement en cours ou dans la salle commune. Là, en dehors du cadre un peu rigide de l’établissement, c’est différent. Et puis, l’alcool, la musique, tout le reste… c’est autre chose. Il voit ses yeux qui pétillent et une euphorie communicative sur son visage. Il n’était pas bien doué à l’époque, mais il l’a aimé ce visage. Le temps a passé depuis, ça n’empêche pas d’apprécier la beauté d’une personne quand on la voit. S’il y a des regards envieux autour d’eux, il n’y accorde aucun intérêt. Non, lui ce qui monopolise son attention, en cet instant, c’est Kate, son sourire et ce clin d’œil coquin qui est le sien.

Il la connaît. Elle veut se lâcher ce soir.

- Tu sais, bien souvent le padawan surpasse son maître à la fin ! Il s’associe à son rire et vide au même rythme qu’elle les boissons qui leur sont proposées. A ce stade, il ne fait même plus attention à l’argent qu’il dilapide en alcool. Bah… son mal de crâne demain l’en remerciera sans doute.

La blonde n’a clairement pas à rougir de sa capacité à enchaîner les verres, c’est sûr. Elle se penche à son oreille et lui fait une remarque semblable. Sandro est convaincu que c’est à cause du trop plein d’alcool et de la température qui a augmenté dans le coin, mais il sent le rouge lui monter aux joues.

- Parce que tu en as douté ? Mais tu t’en sors bien, j’avoue.

Il n’a de toute manière pas le temps d’enchaîner avec un énième verre qu’elle lui saisit la main et le tire sur la piste de danse. Ils sont déjà au milieu des danseurs qu’elle lui demande s’il veut danser. Il secoue la tête avec amusement et acquiesce.

- J’peux pas dire non à une telle proposition !

Parce que… merde. C’est Kate. Et la voir comme ça, pouvoir être aussi proche, ça lui rappelle une autre époque où il avait la chance de pouvoir la toucher, de pouvoir l’embrasser, d’avoir la sensation d’être au centre de son monde. A tort, mais merde, il était chanceux à l’époque. Jusqu’à ce qu’ils comprennent qu’ils étaient sur des longueurs d’ondes différentes… le problème de la blonde, c’est qu’elle ne connaît pas la modération. En rien. Jamais.

Mais là… qu’est-ce qu’il s’en fout de tout ça, bordel ! Elle est là. Elle veut danser avec lui. Il a bien trop bu pour avoir les idées claires et elle aussi. Alors ouais. Ouais. Il va danser avec elle. Parce qu’il en a envie. Parce que ça reste Kate, son amie et son ex, une fille radieuse. Ouais, même bourré il arrive à songer au mot « radieuse ». Si ça c’est pas signe qu’il tient mieux l’alcool qu’elle. D’un geste de cette main qu’il n’a pas lâchée, il la tire vers lui et lui accorde un regard charmeur avant de commencer à se déhancher au rythme de la musique.

C’est p’t’être pas une bonne idée, mais il a le droit de danser avec elle, non ?
Danser et laisser glisser ses mains sur ses hanches.

Sandro, dans l’immédiat, est tout tourné vers l’instant présent. La musique, le lâcher-prise et la fièvre qui le parcourt à l’idée de Kate, contre lui. Tout contre lui. Elle danse avec une sensualité qui ne lui échappe guère, à l’italien, et il sent bien un jeu dangereux se former entre eux. On n’est plus dans de simples retrouvailles amicales. Cette danse éveille en lui des souvenirs et une proximité qui lui a manqué. Il sent d’ailleurs les mains joueuses de la blonde qui glissent sur son torse, et il ne peut contenir les siennes qui raffermissent leur prise sur ses hanches.

C’est une mauvaise idée. C’est forcément une mauvaise idée. C’est de Kate dont il s’agit. L’italien n’est pas ignorant de la réputation qu’elle a et il a toujours été le premier à prendre sa défense, à dire que ce ne sont que des conneries. Pour autant… peut-il réellement croire que ce soit parce qu’elle est contente de le voir qu’elle agit ainsi ? Doit-il seulement le croire ? Au fond de lui, il sait qu’il ne faut pas qu’il tombe dans le panneau… mais c’est Kate. Le sourire de Kate, son air coquin et ses yeux brillants.

Elle danse et il oublie tout. Il profite de ce corps contre le sien, de cette chevelure sauvage et de l’étincelle dans ses yeux. Lui aussi, ça lui arrive de vouloir tout envoyer valser. D’emmerder le reste, tout le reste. C’est peut-être l’alcool qui lui monte un peu à la tête finalement, mais il joue son jeu. Il ne s’interroge pas plus que ça, il profite. Il profite à fond. Il danse, il joue avec ses mouvements à elle et ne peut contenir une moue boudeuse quand il la sent s’éloigner. Il lui faut un instant pour la voir qui quitte la piste de danse pour un coin plus isolé. Elle l’invite à le suivre, il ne se fait pas prier.

Les gestes un peu embués, il arrive à son niveau et s’arrête tout proche, très proche d’elle. Ils sont contre un mur, dans un angle formé avec l’une des cloisons servant à maintenir l’intimité des tables du pub. Il y a le « boum boum » de la musique qui résonne dans sa tête, mais lorsqu’elle s’exclame à sa manière, il n’en perd pas une miette et affiche un large sourire.

- On peut dire ça, ouais ! Ça n’s’oublie pas.

Ok. Pas le genre de truc qu’il dirait sobre. Absolument pas. Sauf qu’il n’est pas sobre et dans un geste presque automatique, le voilà qui lève la main qui caresser doucement le bras de la Serpentard. Sa peau est douce comme dans ses souvenirs. Les yeux brillants du brun glissent sur ses formes.

- J’suis content d’te voir.

Même en dehors de tout ça. Tout ça qui est une très mauvaise idée. C’est complètement vrai. Il est content de la voir. Sauf que cette proximité, là, il faudrait qu’il évite. C’est jamais le bon plan de renouer avec une ex. Jamais.

Merde.

Elle pose ses lèvres sur sa joue et une vague de bien-être le traverse. C’est absurde. On dirait un petit garçon qui retrouve un jouet qu’il avait oublié dans un coin de sa chambre, et qui est heureux comme au premier jour de le retrouver. Sauf que… c’est pas sain. Une petite voix dans sa tête veut lui dire d’arrêter là, mais la sensation de la peau de la blonde sous ses doigts et électrisante. Il lui sourit comme un bienheureux et n’est pas ignorant de la manière qu’elle a de le détailler du regard.

Comme il le fait lui-même. Son chemisier met en valeur ses courbes et s’il laisse son regard se perdre l’espace d’un instant dans son décolleté, il ne s’en cache pas. Il n’y a pas de subtilité dans leurs attitudes. Ils ont dépassé ce stade et l’alcool y est pour beaucoup. Elle prend la pose et Sandro sent qu’elle apprécie voir son regard s’attarder sur elle. Kate, elle aime être le centre de l’attention des autres. Avec lui, en cet instant, ça marche absolument.

Il sent dans sa question comme une porte ouverte à… à plein de choses. Un jeu interdit qu’ils ne devraient même pas évoquer. Mais il a l’esprit embrouillé et il ne peut nier qu’elle l’attire toujours autant. Il se penche vers elle et murmure à son oreille :

- Je n’sais pas. Si, peut-être qu’il sait. Seulement, il ne veut pas être le déclencheur. Comme s’il n’assumait pas. Comme si c’était une étape à franchir que son esprit n’admet pas encore. Mais si t’as des idées, je t’écoute.

Il n’a rien contre le goût du risque, et continue à faire glisser ses doigts sur ce bras tout proche, sans même le réaliser.

Il est faible. Dieu qu’il est faible, et complètement enivré. Enivré d’alcool et enivré d’elle. Elle sait l’effet qu’elle lui fait. Elle a toujours eu cette force d’attraction et maintenant, même si le temps a passé, il réalise qu’il suffit d’un rien pour qu’il tombe dans ses bras, à nouveau. Elle joue de son corps et de sa voix, et il l’écoute avec délectation. Un tête-à-tête, qu’elle dit. Ça ne laisse pas place au doute et la respiration du brun a un sursaut. Il y a le cœur, l’envie et la raison. Dans l’immédiat, c’est l’envie qui gagne. Il n’est pas question de cœur et la raison se bat contre les flots de l’alcool et de l’émotion pure.

Il souffle à mi-voix :

- Diavolessa.

Parce que c’est qu’elle est. Une diablesse qui s’assume et sait jouer de toutes ses armes, de tous ses charmes, pour obtenir ce qu’elle désire. En l’immédiat, il n’est pas homme à résister et lorsqu’elle lève la tête, ses lèvres frôlant celle du Clemenza, il ne se fait pas prier et répond au baiser avec autant de fougue qu’elle. C’est fougueux et passionné, comme l’est Kate toute entière. Pris par l’instant, le bras de l’italien s’abaisse pour glisser dans le creux des reins de la blonde et la rapprocher de lui.

Lorsqu’ils s’éloignent enfin, il acquiesce de la tête.

- Je te suis.

C’est ça le pire. Il la suit. Il sait que c’est une très mauvaise idée. Qu’ils n’y gagneront rien. Mais il la suit. Parce qu’il le veut.

En l’état, Sandro est comme envoûté par la simple proximité de Kate à ses côtés. Après tout, elle a été sa première petite amie. Elle était une amie très chère, même, avant. De par leurs naissances moldues et certains points communs qu’ils se sont trouvés, ils ont affronté les premières années dans l’établissement côte-à-côte. En vérité, elle était aussi sa première véritable amie féminine, lui qui est assez peu doué pour s’entourer de femmes. Une amitié qui a su durer dans le temps, avant de prendre une tournure différente lors de leur sixième année. Kate, c’est pas n’importe qui.

Ils se sont séparés, certes, puis l’eau a coulé sous les ponts et ils ont réussi à reprendre contact, à garder une amitié – différente, pourquoi le nier ? Sans doute plus éparse - mais toujours présente. Kate, même s’il lui montre assez peu au quotidien, c’est une personne importante pour lui. Elle l’a aidé quand il a remis en question son appartenance au monde magique, quand il ne voyait la magie que comme une malédiction… elle était là quand ça n’allait pas. A sa manière elle a participé à faire de lui celui qu’il est aujourd’hui. Et là… l’alcool, l’envie de faire un break avec l’ambiance anxiogène de l’établissement, l’envie de… profiter. Un peu trop, sans doute.

Dans l’immédiat il n’explique rien. Il n’est qu’émotion et elle a une emprise sur lui qu’il pensait éteinte. A croire que c’est faux. Elle veut jouer ? Lui aussi apparemment. Il se laisse guider hors des Trois Balais. Il fait écho au rire et au sourire de la blonde, et quand elle manque de tomber, il essaie de la rattraper sans véritablement y parvenir. Ils font la paire. Ils marchent clairement pas droit. Il s’en fout. Qu’est-ce qu’il s’en fout. Ce qui importe c’est qu’il parvienne à suivre le rythme de Kate et la rejoint jusque devant une porte. Si demain on lui demande comment il est arrivé là et où se situe cette… cabane ? Il sera incapable de le dire.

Elle a toujours un air malicieux lorsqu’elle referme la porte en bois. Là, tout s’enchaîne. Elle défait son chemisier et il l’observe, captivé. Elle est belle, séduisante. Comme dans ses souvenirs. D’un geste, il la rapproche de lui et place une main sur chacune de ses hanches. Tout à la sensation qui l’anime, la flamme qui s’éveille, il répond avec la même passion au baiser. Il n’a pas forcément envie de parler, de crainte que cela brise l’instant. Sa voix est rauque quand il répond, tout de même.

- Oui. C’était bien.

Ça oui, c’était bien. Sauf qu'il y a des choses qu’on ne comprend qu’après les avoir vécues. Kate et lui, ils ont une belle alchimie mais… ils ne sont pas faits pour être en couple. Ils ont fini par se disputer souvent, pour des conneries. Des tempéraments bouillonnants et ça les a épuisé. L’alcool ne changera pas ça.

Il n’ajoute rien de plus. Ce n’est jamais bon de ressasser le passé. Ce qui l’importe, c’est le moment présent, alors il glisse ses bras autour d’elle, niche son visage dans le creux de son cou, et prend une grande inspiration.

- Tu es belle, Kate.

Pourquoi il dit ça ? Ce n'est pas... Le jeu de séduction qui se joue entre eux n'a rien à avoir avec la beauté. Ce n'est qu'envie. Ce n'est que pulsions. Il l'embrasse à nouveau avec avidité.

Son odeur, ses courbes… il suffirait d’un rien pour se croire revenu quelques années en arrière. Pour Sandro, elle a été la première en plein des domaines, Kate. Les choses du cœur, les choses du corps et la rupture, aussi. Quand ils se sont engueulés, la fois de trop, il a eu mal. Bien plus qu’il ne l’a montré parce qu’il avait son ego, et elle aussi.

Les mains de la blonde glissent sur son corps et il aime cette sensation, il se sent se cambrer légèrement, tout à l’écoute de ses sensations. C’est tellement simple de faire fi de tout ce qui a pu se passer entre eux. De se dire simplement : Banco. C’est elle. C’est moi. On veut ça.

Mais… est-ce véritablement vrai ? Qu’est-ce qu’il veut, véritablement ? Kate ou juste le plaisir de la chair ? Kate ou s’enivrer pour tout oublier et plonger dans l’extase d’un moment retrouvé ? Kate ou… la facilité ? Parce que oui, c’est facile. Il y a une compatibilité, entre eux. Ils se connaissent et se sont vus sous bien des aspects. Les bons comme les mauvais jours, vêtus et dévêtus. Ce sentiment de honte et d’incertitude, face à un mauvais plan comme celui-ci, il s’estompe parce que c’est eux. Ils se connaissent et savent comment ils fonctionnent. Un peu trop peut-être, parce que leurs mains retrouvent des automatismes d’un ancien temps.

C’est lui qui se retrouve bloqué contre un mur, désormais. Il joue avec elle, ses mains glissants sur ses courbes et il cherche ensuite l’ouverture de sa jupe. Il retrouve en lui des envies enfouies. Il sait que ce n’est pas bien. C’est Kate et ce n’est pas bien. Si leur histoire s’est terminée, c’est à raison. Tirer son coup après une soirée aux Trois Balais, c’est pas dans ses habitudes, à Sandro. Et quand bien même ça devrait avoir lieu… pas avec Kate. Surtout pas avec Kate. Il l’estime trop.

Alors pourquoi il se découvre une envie, presque bestiale, de vouloir aller plus loin encore ? Franchir les limites de la raison ? Aller dans une direction qui n’a jamais été la sienne, dans ce domaine ? Il est incapable de le dire et affiche un sourire presque carnassier quand elle lui répond. Comment peut-il se faire doux dans ses mots quand son esprit est à ce point agité ? Quand son corps réclame d’assouvir une pulsion, un souvenir d’un autre temps ? Il devrait avoir honte. Il aura honte, quoiqu’il arrive. Il est encore temps, pourtant.

Il l’embrasse alors, farouchement.

Tout en faisant cela, sa main a enfin trouvé la fermeture éclair, il l’agrippe, va pour la descendre et… C’est une image qui lui revient. Juste la répétition d’un geste. La fermeture éclair de son étui de saxophone. Aucun rapport… ou presque. Un autre visage lui revient à l’esprit, sous l’émotion du moment, sous l’agitation de ses pensées : des yeux plus ronds cachés derrière une paire de lunettes, des cheveux plus roses et une candeur… une candeur à des années lumière de la sienne, en cet instant. Une candeur qui se flétrirait rien qu’en faisant un pas en ce lieu. Une candeur qui ne devrait même pas se tourner vers lui.

Comment peut-il penser à elle, en cet instant ? Et pourquoi, surtout ? Un sentiment qu’il ne s’admet pas réellement. Une attraction qui n’a pas véritablement pris forme, jusque-là, si ce ne sont des pensées furtives et embarrassées, plus d’une fois. Rien que penser à elle, en ce moment, est déplacé. Il ne peut pas s’en empêcher, il ne peut pas et l’alcool fait son office. Il a les idées embrouillées et c’est comme une douche froide.

Une douche froide honteuse. Sa main s’est arrêtée. La fermeture éclair est descendue de moitié. Il laisse son bras reposer le long de son corps. Sa deuxième main s’arrête, elle aussi, et vient se poser sur l’épaule de Kate. Sans doute doit-elle ressentir sa crispation.

Il prend une grande inspiration et plonge ses yeux dans les siens. Son corps tressaille toujours. Il n’est pas indifférent au charme de Kate. Il ne le sera jamais.

- Kate… on déconne, là. Il marque un temps d’arrêt et pose doucement son front sur l’autre épaule de la Serpentard. On devrait pas… on devrait pas faire ça. Tu l’sais comme moi.