aujourd'hui
j'ai l'impression qu'ils se se moquent tous
(de moi)
j'ai oublié quel jour on était.
au dessus de mon lit aucun calendrier ça a jamais été mon genre de barrer les jours d'une croix rouge c'est débile personne fait ça à part les adolescents dans les films
et maman
peut-être.
maman à quoi elle joue
je pensais pourtant que les choses à ses yeux brillaient jamais suffisamment après tout quand elle serrait des mains inconnues au moment des présentations elle désignait toujours cassidy en premier (frère ainé parfait)
je me souviens
elle posait une main sur son épaule à lui et elle prononçait ces mots comme on ferait rouler une friandise sucrée contre son palais
voici mon fils cassidyet puis
une fois bercée par les exclamations agréables qui la félicitaient d'avoir enfanté un aussi beau un aussi grand garçon
elle passait à moi
ajoutait simplement
et voilà cole.et alors que j'avais oublié quel jour on était ce matin je reçois
"
deux mois
je pense très fort à toi
mon fils".
aujourd'hui
peut-être que les gens ne se moquent pas vraiment peut-être que c'est rien que dans ma tête mais je suis vraiment
d'une sale humeur.
la routine à travers un prisme grotesque le moindre sourire se change en rictus méprisant la moindre œillade en regard insistant j'ai qu'une envie c'est
partir
courir jusqu'à manquer de souffle jusqu'à la fin de mes jours
laisser les clés et filer
fuir l'univers maudit des sorciers qui pourrit tout ce qu'il effleure
si je pars pas maintenant les vagues amères vont se changer en houle sombre teinte colère.
c'est le moment de partir lorsque qu'on
dépose sur mon bureau une pile de bouquins dans un bruit sourd et je lève les yeux pour tomber nez à nez avec
elle(sûr que t'as fait exprès de venir à l'instant où je me suis levé pour m'éclipser).
Ene tu te fous de ma gueule
moi debout sur le départ toi de l'autre coté du comptoir les turquoises de tes yeux transpirants l'exigence on se toise comme des inconnus alors qu'on sait très bien qui tu es et qui je suis
qu'est-ce que tu attends
v r a i m e n t.
c'est viscéral excuse-moi à la seconde où je t'ai vu
(tu te souviens, ce jour-là ?) j'ai su qu'on ne s'entendrait pas
car les autres imaginent probablement une reine sous tes airs assurés tu les mènes à la baguette avec tes œillades charbonneuses alors que personnellement je trouve que
tu as plutôt des airs de démon avec tes cheveux tout aussi sombres.
sur mes lèvres une risette factice comme un réflexe instinctif lorsqu’on fait face à des signaux hostiles tout animal répond de la même manière c’est comme ça que l’on ne se saute pas à la gorge à la moindre occasion ;
dans mes yeux
noirceur immuable.
— tu peux pas emprunter autant de livres à la fois
vu le temps que tu passes la tronche dans les bouquins tu devrais le savoir nan ?
alors le registre d'emprunt je le referme sous ton nez et je quitte ton regard pour repousser la montagne de livre de ton coté
ça se trouve t'en as impérativement besoin mais
en quoi ça me concerne ?
— de toute façon il est dix-huit heures ce soir je suis pas de garde alors demande au vrai bibliothécaire si tu le croises vu que t'aimes le travail bien fait
ou bien reviens demain
bref fais comme tu veux j'm'en fous.
fiche-moi la paix Ene
aujourd'hui c'est un anniversaire que j'ai surtout pas envie de passer à tes cotés.