protégé par les étoiles
(elles te rient au nez)
tes pas guidés par la foule qui s’engouffre,
tu rejoins les rangs devient la silhouette de tout le monde,
noir noir noir. ébène chevelure cachée sous la capuche.
tu étais le nuage en orage sous les fleurs pastels qui s’impatientaient du bal à venir,
bal.
où valsent les amours, (valsent les drames).
toi tu tangues jusqu’à ta forêt.
un peu caché toujours là où personne ne va,
en traînant tes pieds tu foules quelques dépouilles,
poussière d’insectes, de larmes,
de vies.
clandestin amoureux, tu n’aurais jamais pu fuir,
les tragédies du passé, celles à venir.
tu n’aurais jamais pu te résoudre à un dernier matin seulement,
pour lui dire comme tu l’aimes.
(sans pour autant trahir
la
noirceur
de
cette
passion.)
* * *
le soleil du nouveau jour avait troqué ton impatience pour un cœur serré,
comme aux premiers jours.
tu n’avais rien pu faire pour sauver l’apparence,
petit renard sali par le temps.
tu frottes tes joues avec un peu de rosée,
beau garçon en devenir. mais rien de concret.
la tristesse avait creusé ton sourire,
le sommeil, absent, t’avait volé ton teint,
tes cheveux, souillés par le temps, avaient le mérite de tenir après un coup de main.
mais en marchant le pas lent ces idées ne te venaient pas,
un renard qu’il soit heureux ou captif ne s’était jamais vraiment intéressé à la qualité de sa robe,
pourvu que la sienne soit belle
pourvu qu’elle en porte une ?
pourvu qu’elle fasse la fête ?
mais en quel nom,
et à quel bras ?
tes yeux traînent sur le sol, ceux des autres se plissent sous les rires,
ils ne voient que leur bonheur,
ou bien personne ne s’était-il jamais attardé sur
le malheureux ?
les marches te portent, tu rejoins le couloir qu’elle doit emprunter,
judy douce et jolie judy, si tu ne connais pas tous les chemins qu’elle emprunte
alors de renard tu n’en n’es point.
en attendant un peu caché tu crains surtout le blond soleil du sacré jay,
toujours trop là quand toi tu sembles t’être fait trop absent.
et là voilà.
belle et parfaite,
l’amour renaissant, il n’avait jamais fané,
mais ce soir il aura
terni.
tu viens saisir son poignet dès qu’elle s’avance,
seule,
tu l’emportes avec toi à quelques mètres seulement,
toi qui voudrait pourtant la voler toute une vie...
une main sur la bouche, tu la guides dans un recoin auquel personne ne s’intéresse,
tous trop occupés à fondre sous la poudre, à s’étouffer sous la cravate, les nœuds-pap'
sh.
judy.
c’est renard.tu la regardes en vérifiant les moindre signatures de sa beauté.
de ses cheveux coiffés à ses lèvres que tu cesses de cacher.
de ses épaules que tu aimais effleurer à sa taille, bien habillée.
de ses mains, divines lorsqu’elles embrassent tes joues, à ses poignets, dont l’un t’avait trompé.
et là… quelle triste marque lui avait-on laissé.
la mince cicatrice, timide, ne pouvait se cacher d’un œil possessif.
(amour mielleux devient amer.)
et tu vois ?
tu vois, comme
elle a vécue, renard.
avec,
et sans toi.
alors que toi tu ne savais plus vivre que pour elle.
tes paupières crépitent,
garçon sensible et fatigué.
cette soirée ne serait pas votre dernière non parce que
ce n’était pas votre soirée, mais la sienne avec un autre.
tu t’autorises cependant l’honnêteté, toujours assidue
quand bien même froussarde, criante en fond de toi,
et tu la regardes enfin,
mais plus comme un amour,
non,
comme un souvenir.
tu es…délicieuse,
(pour un autre.)
…magnifique, et…attendue,
(par un autre.)