farewell 一 solo a.p.a

Les yeux paisiblement fermés, le vent rafraichissant venait délicatement soulever ces mèches immaculées qui cachaient si bien son front, qui décoraient si bien son visage pâle aux traits doux. Ces traits fins et agréablement dessinés semblaient profondément exténués, soulignant d'obscurs cernes sous les yeux de la gobeline et une inquiétante difficulté à respirer malgré les agréables caresses de cette brise. Pourtant, malgré la présence d’un liquide rougeâtre s’échappant de ces derniers, ses lèvres avaient dessiné un tendre sourire. Dans ses cheveux tombaient délicatement quelques pétales de cerisier, arbre auquel elle était adossée, paisiblement environnée de nombreuses fleurs autour d’elle. Cela aurait pu être un beau tableau si ce liquide rougeâtre n’était pas présent sur ce dernier, s’échappant de ses narines, de ses lèvres et de ses côtes, sa main gauche appuyée contre l’une de ses blessures. Alaine ouvrit doucement ses yeux qui ne reflétaient désormais plus rien, entrouvrant ses lèvres pour respirer plus bruyamment. Ahh… Je vais mourir ? Juste comme ça dans mon coin sans que personne ne le sache ? Ça me convient tellement bien. Et elle vint rire une dernière fois de son rire cristallin, sentant une atroce douleur à chaque nouvelle respiration, ne se préoccupant plus de son sang qui tachait le pelage gris de son petit chat, reposant contre son estomac ébréché. « Torin. Tu dois partir. » avait-elle murmuré de sa voix douce avec difficulté, déposant doucement ses doigts contre le pelage de Torin. Mais il ne répondit pas, presque aussi têtu que sa maîtresse. « Torin, ce monde est magnifique. Je ne regrette pas d’être venue au monde ici. C’est pourquoi tu dois rester au côté de mon père, aux côtés des gobelins. Fais-le pour moi. Je serais toujours à tes côtés, Torin. Alors vis, de toutes tes forces. Torin, je t’aime. » Le petit chat vint se blottir ardemment contre elle, avant qu’il ne remarque l’absence de caresse de la part de sa maîtresse, comprenant alors qu’elle venait de fermer ses paupières pour un sommeil éternel.

La mort, la fin de son agonie ; Alaine ne pouvait plus supporter cette atroce douleur qu’elle tentait désespérément de cacher quotidiennement. Elle qui arborait toujours ce sourire triste, cachant un fardeau bien trop exigeant pour la gobeline compatissante qu’elle était. La mort, la destruction de cette réalité qu’elle s’était construite. L’anéantissement des mensonges qu’elle avait elle-même créé pour fuir la vérité.  La mort, la simple et malheureuse disparition d’Alaine Padraigin Aslingt.


« T’as pris ton temps pour crever, sale monstre. » Une voix désagréable, d’une froideur insoutenable mais pourtant inoubliable. Alaine adressa un sourire compatissant, répondant avec amusement : « Monstre ? Tu es plutôt mal placé pour parler, Dave Lowell Shumman. J’ai été tellement déçue d’apprendre ta mort, un peu trop rapide pour tes péchés. » Contrarié par sa réponse, le jeune homme tiqua, l’observant avec une âme meurtrière. « Ta gueule, tu te crois mieux placée pour parler Aslingt ? » Elle fit non de la tête avant de répondre, toujours aussi bienveillante à son égard. « Non. Je comprends tes sentiments, Lowell. Tout comme moi, tu pensais à ton père quotidiennement. Et nos géniteurs possédaient des attentes bien trop grandes qui ont fini par nous détruire, nous rendre fous. Et malgré les choses horribles que tu as fait subir à mes amis, je te pardonne. De plus, tu as voulu protéger Andy n’est-ce pas ? Tu avais un coeur. Je suis heureuse, je préfère largement disparaître à tes côtés Lowell. » Alaine Padraigin Aslingt, la compréhension incarnée. Dave Lowell Shumman, l’antagoniste incarnée. La rencontre tellement attendue. Tin tin tin. Il vint rire bruyamment à la réponse de la gobeline, l’observant avec dégoût. « Tu es vraiment la personne que je déteste le plus au monde, Aslingt. Je suis déçu de ne pas avoir été ton meurtrier car tu méritais une mort bien plus lente et douloureuse, espèce d’escroquerie. » Puis il vint attraper sa main, l’emmenant avec lui. « Allons-y, j’aimerais renaître pour la revoir à nouveau. » Renaître ? Alaine baissa les yeux vers ses pieds. « S’il me sera permis de renaître à nouveau j’aimerais… » Subite douleur. Peur soudaine. Réalisation. Les larmes montèrent à ses yeux d’une vitesse fulgurante, dévalant ses joues instantanément. Ses pensées vinrent révéler le visage de chaque personnage qu’elle avait côtoyé, de chaque personnage qu’elle avait aimé profondément et sans interruption.

Andy. Fenry. Ruben. Annaelle. Selene. Snezana. Blue. Castiel. Kinga. Luke. Geoffrey. Sybil. Isaac. Aelys. Arya. Béring. Soleil. Orphan. Mephisto. Marguerite. Alyce. Melusine. Edwyn. Hallelujah. Age. Alcyone. Arizona. Gabi. Lukas. Raffaello. Isaiah. Amelina. Neptune. Lucie. Avera. Faust. Caleb. Adam.

Spoiler:

Elle se souvenait lorsque Ruben la prenait sur ses épaules et dévalait le couloir pour finir par se faire rouspéter par un préfet. Elle se souvenait du sourire de Fenry et de la bonne humeur de Blue, qu'elle voyait comme des grandes sœurs. De Selene, à qui elle faisait des pancakes et passait des soirées à discuter. De Snezana, qu'elle appréciait tout particulièrement. D'Annaelle, sa meilleure amie avec qui elle avait grandi. D'Orphan, elle espérait qu'il prendrait soin de la dague qu'elle lui avait faite. De Raffaello, et ce moment magique dans le lac de Poudlard. De Hallelujah, la personne qu'elle aimait amoureusement. De Faust, avec qui elle s'engueulait constamment. De Béring, le meilleur capitaine qui puisse exister. D'Edwyn et sa créativité impressionnante. Et des entraînements de Quidditch avec Soleil.  

Elle ne voulait pas mourir, elle voulait devenir briseuse de sort pour Gringotts. Elle voulait être la fierté des gobelins, de son père. Elle voulait de nouveau parcourir les couloirs de Poudlard, frôler la pierre froide du bout de ses doigts fins. Et au détour d'un couloir, croiser toutes ses personnes qu'elle aimait si profondément, voire même les personnes qu’elle avait simplement observées au cours de sa scolarité à Poudlard. Voir leurs sourires, les prendre dans ses bras une dernière fois et leur murmurer à quel point elle les aimait et qu'elle était profondément désolée, les embrasser tendrement sur le front et leur promettre d'être toujours à leurs côtés, peu importe la situation, peu importe l'heure, le te- ... La main de Dave tremblante lui fit réaliser qu’elle n’était pas seule à vivre ses derniers moments et à travers ses larmes, Alaine avait cru apercevoir ce dernier pleurer également, oui. Lui aussi avait ses propres remords, ses propres sentiments, alors elle avait resserré plus fort son emprise et avait fermé les yeux, disparaissant dans cette lumière au côté de Dave.

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