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✝✝✝ Solo ✝✝✝ Locked Away

Lukas S. D. Einarsson
Incarnation de la pulsion de mort
Incarnation de la pulsion de mort
Lukas S. D. Einarsson
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✝✝✝ Solo ✝✝✝ Locked Away Jeu 30 Aoû - 23:48

I'm shivering for the last time








L’absence de réponse avait fini de t’achever.
Alors c’était ainsi.
C’était la fin.
La mort de Lukas Dawson.
A ton enterrement se réuniraient les rares personnes qui t’avaient compris, ou qui t’avaient toléré, on pourrait les compter sur les doigts d’une main avec en tête du cortège funèbre Vega dont l’avenir incertain t’échapperait à jamais, il te manquerait, ou plutôt, tu lui manquera, tu l’espères car sinon tu aurais vécu en vain. A sa droite se tiendrait Arya, vêtue de noir et tremblante, tu espérais qu’elle pleurerait pour toi car elle était la seule qui pourrait encore le faire, ses larmes se mêleraient à la pluie, des torrents tomberaient ce jour là, une pluie diluvienne pour toi qui avait toujours détesté ça. Floyd la prendrait dans ses bras, peut-être que ta disparition les rapprocherait enfin, tu partirais moins amer en pensant que tu aurais fait quelque chose de bien pour une fois, même s’il avait fallu que tu meurs pour y arriver. Une vie arrachée, on n’entendrait bientôt plus parler de Lukas Satan Dawson, on ne le craindrait plus dans les couloirs, il ne ferait plus de mal à personne, et c’était peut-être mieux ainsi. De ton corps inerte s’écoule le fluide vermeil, il est épais, c’est bientôt fini.

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QUELQUES HEURES PLUS TOT
Gare Victoria, Londres.

Assis dans le canapé en velours de ton appartement tu t’inquiétais à nouveau pour ta mère et ta soeur. Foyer délaissé qui ne donnait plus de nouvelles, peut-être avaient-ils finalement tiré un trait sur toi, jeune homme décadent n’apportant que désordre et terreur à une famille qui hurlait sa douleur d’être brisée. Une mère tentant par tous les moyens de retisser les liens, mais pas les tiens, car tu étais le destructeur, depuis toujours, tu étais la pulsion de mort déliant tout sur ton passage, n’ayant pour raison de vivre que l’instigation du néant chez ton entourage.
Les derniers mots de Vega avaient fini de te convaincre de retourner à la maison, il fallait que tu sache, que tu arrêtes de t’inquiéter, et si leur souhait était l’ultime séparation tu n’en serais que soulagé. Du moins, c’est ce que tu ne cesse de te répéter, sur le chemin, dans ce train qui semble ne pas avancer. C’est comme si le temps s’était figé, que la terre s’était arrêtée de tourner, et le chemin partant de Londres pour rejoindre Brighton n’avait jamais été aussi pénible pour quelqu’un comme toi que rien n’atteignait en apparence, peut-être aurais-tu mieux fait de transplanner, ce n’était pas une option. Né moldu d’une famille dont la magie n’était pas percue comme salvatrice mais comme mensongère, dangereuse, monstrueuse, tu refusais encore d’en user auprès d’eux, te comportant comme un moldu à leurs côtés.

C’est le coeur lourd et les poings serrés que tu étais descendu du train, toujours aussi excedé de constater ton dégoût pour l’odeur salée, les étrangers venant se promener sur la plage et envahissant la ville que tu traverses à toute hâte avant d’être interpellé. Voix familière, féminine, qui te somme de t’arrêter. Avec tes grandes jambes tu pouvais distancer quiconque t’importunait mais ton coeur te urgait de l’écouter quand les mots prononcés se mirent à avoir du sens, passés la barrière auditive, décryptés par ce cerveau en plein conflit. « Lukas ! Lukas ! Tu viens voir Lily c’est ça ?? » tu te retourne brusquement, rejoint cette amie de Lily à grandes enjambées, anxieux d’en savoir plus, heureusement elle n’attend pas que tu lui réponde « Merci Dieu j’ai bien cru que tu n’arriverais pas à temps, il paraît qu’ils vont la débrancher, que le coma est irréversible ou je sais pas quoi, tes paren- » mais tu ne la laisses pas terminer, tu la jettes presque sur le bas côté, courant à toute allure vers l’hôpital, ton coeur s’est arrêté de battre, et ce que tu redoutais était arrivé, Lily était blessée.

Arrivé là-bas tu ne reprends pas ton souffle avant d’attraper le bras de la première blouse blanche que tu croises « Emmenez-moi jusqu’à Lily Dawson ! » t’écries-tu, on peut lire toute ton inquiétude dans tes yeux, ton âme nécrosée reprenant vie en cet instant de détresse, le Lukas apathique laissant place au frère qu’il avait toujours été, veillant à distance et regrettant son impuissance, mais aujourd’hui tu pourrais changer, il fallait que tu changes.
Lily est allongée, inerte, comme morte, raccordée à des machines qui l’aident à respirer, à faire battre son coeur, elle est semblable à un cadavre. Sa peau est blanche si on fait obstruction des bleus et contusions qui parsement l’épiderme visible, tu n’oses même pas imaginer le reste de son corps, l’état de son visage te suffit amplement, défigurée, Lily était méconnaissable. « Votre soeur à fait une chute de deux étages dans les escaliers, malheureusement pour elle sa tête a percuté le carrelage en premier, le poids de son corps venant s’écraser sur sa boîte crannienne. Nous ne l’avons pas prise en charge aussitôt car elle était seule au moment des faits, elle a perdu beaucoup de sang et son cerveau a manqué d’irrigation, c’est pourquoi nous l’avons placée dans un coma artificiel le temps de l’opérer, depuis ses constantes sont stables mais- » tu lui lances un regard noir, comment tout cela avait-il pu arriver « votre soeur n’emerge pas du coma et nous sommes inquiets quand aux dégâts neurologiques, nous pensons que votre soeur est en état de mort cérébrale, tout semble indiquer qu’il n’y a pas eu d’activité psychique depuis son accident… » tes crocs se serrent, ta machoîre transparaît, tes poings se ferment et chaque poil recouvrant ton épiderme se hérisse en cet instant de rage profonde, bile noire et sang chaud, si tu étais de la race des loups-garous tu aurais sans doute pû te transformer sans même l’aide d’une pleine lune, exploit impossible que ta colère aurait outrepassé.

Les heures passent et tu ne bouges pas, probablement en état de catatonie, tu restes debout, à son chevet, sans pour autant la toucher, tu l’observes. Tu grave chaque hématome et chaque cicatrice dans ta mémoire, tu comptes les points de suturre, tu te perds même dans le rythme égal de son coeur électronique. Les heures passent et la fatigue t’échappe, tout t’échappe, et pourquoi les parents n’étaient pas là ? Pourquoi Lily était-elle seule dans cette chambre à l’atmosphère mortifère ? Lily s’était défendue. Ce n’était pas un accident, c’était bien le geste acerbe d’un alcoolique sur sa fille en passe de trépasser et le véritable monstre était cette même personne qui manquait à ses côtés, ce père que tu t’empressais désormais de rejoindre, quittant la pièce sans te retourner sur le corps livide de ta jumelle sans savoir que tu venais de la voir pour la dernière fois et que tu ne lui avais pas dit adieu.

Fin d’après-midi et couché de soleil sur l’étendue bleue dont le bruit des vagues ne parvenait pas à amputer de ton esprit le perpétuel rythme cardiaque de Lily sur son lit d’hôpital. Je vais te tuer, lui répètes-tu sans cesse en pensées, l’encéphale tambourinant jusqu’à oblitérer tes canaux auditifs, t’enfermant dans ta bulle de cruauté, d’agressivité, laissant sur ton passage une trainée de sang provenant de tes ongles entaillant tes paumes, de tes dents cisaillant tes lèvres, laissant le goût amer d’un sang que tu n’avais pas fini de goûter en cette pluvieuse soirée d’un été qui se finissait.

C’est trempé que tu étais arrivé devant le pavillon familial, l’eau ruisselant sur tes épaules tandis que tu observes, stoïque, inerte, pendant quelques minutes qui te semblent à nouveau être des heures. La nuit tombée une lueur oscillante illuminait la maison des Dawson, l’odeur du feu ne t’apaisais plus, rien ne pourrait t’arrêter, Je vais te tuer, ne cesses-tu de te répeter. Les muscles s’actionnent enfin, tu coupes pourtant ta respiration en franchissant le parvis, te privant un instant d’oxygène en arrivant dans l’entre du démon.
La porte n’est même pas fermée, tu peux entendre ta mère pleurer, sanglots entrecoupés de cris de douleur, assez.
Claquant la porte derrière toi, volant jusqu’au canapé où elle s’était réfugiée, les bras croisés devant son visage, tentant par tous les moyens d’arrêter ses larmes tandis que ton père s’apprêtait encore à la frapper, comme s’il ne l’avait pas assez fait. Mais tu arrives trop tard, cette fois-ci la giffle est si puissante qu’elle envoie le corps de ta mère voler à travers le salon pour aller s’écraser contre la cheminée allumée, faisant tomber outils et buches autour d’elle, brisant les cadres dont le verre s’éparpille sous vos pieds.

Un instant de silence solennel, puis le chaos reprend ses droits.
« Tu es un véritable monstre, tu mériterais de crever en prison et je vais m’assurer que tu y passes le restant de tes jours, dans la misère et la solitude. » il ne s’est toujours pas retourné, il titube presque et ne tient pas debout « L’alcool n’est pas une excuse à ton comportement, ne crois pas que tu vas pouvoir t’en tirer cette fois-ci, pas après ce que tu as fait à Lily. » ta mère bouge, elle s’en remettra, mais Lily, tu n’en étais pas sûr, tu ne savais même pas qu’il avait commencé à lever la main sur elle, tu pensais être le seul à connaître cette facette démoniaque de ton père, tu pensais que ta mère feignait l’ignorance pour éviter le conflit, tu pensais que toi parti cette famille serait unie. Mais tu t’étais trompé. « On ne parle pas de cette façon à son aîné. Encore moins à son père. Tu n’es qu’un insolent, un monstre, toi et ta -magie- vous n’avez rien à faire ici. Tu penses que j’ai fait du mal à Lily ? C’est toi et ta différence qui l’ont brisée à jamais ! Sais-tu au moins quelle souffrance elle endure chaque jour dans cette école où elle ne pourra jamais être pleinement satisfaite ? Où ce « don » dont tu as hérité est maître ?? C’est une esclave, obligée à courber le dos et à fermer les yeux. Je n’ai rien fait de plus que la soulager de ces douleurs que tu lui infliges par ta simple existence. » mots embrumés par les effluves d’un alcool familier, « Je n’ai jamais demandé à être différent, je n’ai jamais demandé à faire souffrir Lily, c’est vous qui nous avez envoyé là-bas, vous seuls êtes fautifs dans cette histoire, je serais encore un moldu ordinaire si ce n’était pas vous qui m’aviez envoyé étudier cet art que vous appelez maintenant monstruosité. Alors quoi ? Parce que je peux faire des choses dont votre précieuse fille est privée je suis un monstre ? Très bien alors, je serais ce monstre, c’est ce que vous avez toujours voulu non ? C’est ce que je suis devenu pour vous. » « « Ferme-la. Je ne t’ai pas apprit à me répondre sale rat. Tu cherchais déjà à tuer ta soeur dans le ventre de votre mère, je n’ai aucune leçon à recevoir de toi, tu es le mal incarné, pourquoi crois-tu que je t’ai affublé du nom de Satan ? C’est pour rappeler à tous ta véritable nature, tu es le démon. » tu ne réponds pas, ces mots t’affaiblissent car tu les sais vrais, son état d’ébriété aura eu le mérite de répondre à des questions que tu lui avais posé depuis des années et bientôt plus aucun discours ne serait possible.

Les poings toujours serrés tu tenais à t’assurer que ta mère allait bien, composant le numéro d’urgence sur ton téléphone machinalement, marchant vers elle plus rapidement que ton père n’était en état de tituber jusqu’à vous, tu ne t’attendais pas à ce qu’elle se retourne subitement, les yeux ecarquillés, appeurée du monstre qu’était devenu son fils, tisonnier en main pour la garder hors de toute atteinte, dernier rempart contre tout assaillant. Et tout ce qui se passa après s’enchaina à une vitesse incontrôlable. Le moment d’hésitation qui avait arrêté ta course vers elle avait permit à ton père de te rejoindre, lancant son poing dans tes côtes avant de te frapper au visage, deux coups qui t’assoment et t’étourdissent, ton téléphone échappant de ton emprise avant que tu n’esquive de peu l’uppercut qui aurait fini de t’assomer. Peut-être aurais-tu mieux fait de ne pas l’éviter. Ton esquive avait fait perdre tout équilibre, s’il en avait, à ton père, qui, dans sa chute, parvint à attraper la capuche de ton sweat-shirt, t’étranglant avant que tu ne glisses à ton tour sur le carrelage trempé de la tempête que tu avais ramené dans votre foyer. Mais la houle laissait maintenant place à un calme inquiétant. Ce tisonnier brandit par une mère effrayée venait de percer la chair de deux monstres dont la danse du diable venait de prendre fin à jamais. On n’avait pas entendu de cri, pas de hurlement, seulement le fracas de deux corps lourds s’empalant l’un et l’autre dans une tige de fer, le sang affluant des deux corps dos à dos. Deux Dawson dont l’agressivité les aura submergé, deux monstres qui périssaient sous le regard choqué d’une mère et épouse qu’il te semblait voir s’éloigner.
Maman, aide moi dernier soupir, dernier regard, en attente d’une réponse de sa part, mais elle est déjà partie et ta vision s’embrume, tes paupières sont lourdes, tu ne ressens plus la douleur, seule l’étendue ensanglantée te signale la fin d’une vie dont les derniers instants ne refléteraient que colère et rage. Tes bras se mouvent douloureusement vers ta baguette dissimulée sous ton jean, en dessous de ton genou et longeant ton tibias, mais toute force s’échappe de ton corps avant que tu n’y parviennes. Transplanner n’était plus une possibilité. Et tu mourrais comme un vulgaire moldu d’une mort pathétique.

Tu finis par te perdre dans tes pensées, imaginant qui viendrait à tes funérailles, qui te regretterait, qui ne pourrait pas retenir ses larmes et tu te demandes surtout si tu avais vécu ta vie comme il le fallait, si tu n’avais pas tout simplement gâché une existence, ton existence et celles des autres s’ils avaient eu le malheur de croiser ta route. Imbécile, ta vie n’avait été que mensonges et dissension, un contrôle opressant qui avait fait en sorte que tu ne vive jamais vraiment et quel contrôle ? Pour que tu en arrives à de telles extremités ton contrôle se revelait être plutôt limité. Tu dépéris, amer, remplit de regrets.

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QUELQUES JOURS PLUS TARD
Brighton, Royal Sussex County Hospital

Une odeur ferreuse d’abord puis le goût du plastique enfoncé dans ta gorge ensuite, tu reprends conscience comme on reprends vie. La lumière t’aveugle et tu ne peux garder les yeux ouverts, tentant vainement de recouvrir tes pupilles de l’ombre de ton bras tu es encore trop faible pour te rendre compte de tes entraves.
Arnaché à ce lit d’hôpital qu’il t’avait semblé quitter quelques instants plus tôt, laissant Lily y siéger comme l’on dispose un corps dans un linceul après son dernier souffle, tu ne parviens pas encore à distinguer la réalité de la situation.
Tu es vivant.
Les infirmiers s’affairent autour de toi, tu n’arrives pas à la entendre, à les comprendre, tout ce que tu vois et ressent c’est ce tuyau qu’on enlève de ta gorge, brûlant sur son passage les paroies d’une gorge qui n’avait connu que la douleur d’un café encore bouillant, ça n’était rien face à cette sensation qui te laisse muet quelques instants. Tes bras sont lourds, tes jambes semblent ne pas vouloir bouger et tu comprends maintenant, en voyant les liens enserrant tes membres comme on encage un fou sur son lit, tu comprends que tu viens de te réveiller et que ce cauchemar était devenu ta réalité.

Désabusé tu tentes par tous les moyens de t’exprimer, pieds et poings liés, gorge enflammée, seuls tes yeux peuvent encore décrire l’affolement qui se joue dans tes pensées.

Rien ne se passe.
Impuissant tu retournes rapidement dans les bras de morphée, tu n’entends pas le médecin arriver, ni ce qui semble être des agents de police avec qui il a entamé la discussion que tu ne perçois que maintenant, t’éveillant peu à peu dans un supplice sans nom, probablement causé par la blessure que tu ne peux pas encore apercevoir.
« ce n’est plus de mon ressort. Je ne peux décemment pas vous laisser l’emmener dans son état, qu’il soit coupable ou non il vient tout juste de subir une opération et ne pourra supporter ni votre investigation ni un transport vers la prison, même en lit médicalisé. Maintenant je vous prie de bien vouloir attendre dans le hall, je vous ferais signe dès que vous pourrez l’emmener. » poignées de mains échangées, deux silhouettes s’éloignent tandis que tu peine à garder les yeux ouverts. Tes gémissements attisent l’attention du médecin qui s’empresse de venir vers toi, faisant suivre à ton regard une lumière presque aveuglante, tu tousses, incapable de t’essuyer la bouche, incapable de boire, tout ça il le fait à ta place. Entravé dans ce lit, tu aurais préféré mourir. Juste un instant. « Qu- qu’est-ce - que - qui s’est passé ? » mots arrachés par ta volonté, enfin quelque chose que tu retrouvais, la parole, la liberté de t’exprimer. On sent dans le regard du médecin que les bonnes nouvelles seront rares « Vous avez été severement blessé, heureusement l’objet vous a transpercé entre le poumon et l’aorte, aucun organe n’a été perforé - des images reviennent, les unes plus troublantes que les autres - vous avez de la chance d’avoir survécu, nous avons du vous transfuser des litres de sang, vous ne vous sentirez pas vous même avant quelques temps, il faut vous reposer, c’est primordial. » mais avant qu’il ne parte et s’éloigne une dernière chose te vient a l’esprit « Lily » main tendu vers lui comme demandant l’aumône, long soupir en guise de réponse, il se retourne et t’offre un sourire emplit de compassion, nul mot ne saurait décrire la peine que tu ressent en cet instant, pourquoi avais-tu survécu, pourquoi pas elle ?

Ta chair meurtrie t’empêche de réflechir et tu augmentes la morphine dès qu’on t’en donne l’occasion. Mourir. Tu voudrais mourir. Un monstre tel que toi n’avais pas sa place dans ce monde privé de la douceur candide d’une jumelle dont le seule crime aura été d’être née dans la mauvaise famille.

Fixant l’horloge suspendue en face de toi tu comptes les secondes, les minutes, les heures avant de t’endormir à nouveau, répétant l’opération autant de fois que faire se peut, on ne dénoue pas tes liens, les policiers reviennent plusieurs fois, mais ne dépassent jamais le seuil de la chambre, tu peux les entrevoir dans le couloir, les entendre s’y afferer, l’attente est aussi longue pour eux que pour toi mais ils cherchent des réponses auxquelles tu n’as pas accès. Plusieurs fois tu as cru entendre ces mots, répétés dans le but d’y ajouter du sens, du poids, « un homme est mort », se pourrait-il..?
« Monsieur Dawson, pardonnez notre opressante visite - tu peux lire la haine dans son regard, haine à l’égard du médecin qui persiste à vouloir conserver ta convalescence - mais nous nous devons d’intervenir selon la loi. » son discours après cette éloquente remarque re-situe les faits, détaillant heures et lieux comme si ça avait une quelconque importance, insistant sur le fait que ton père n’aurait pas survécu, ce que tu mets du temps à assimiler car tu pensais les cafards immortels. Ils ressassent ce funeste soir attendant une réaction de ta part, mais tu te gardes bien de la leur donner. « Eh bien, vous n’avez rien à dire ?! » s’empresse d’ajouter son collègue, tu secoues les poignets engourdis de douleur « Je ne comprends pas pourquoi je suis encore ici à vrai dire. » réponse donnée sur un ton condescendant que tu regrettais vite, « Vous avez raison, votre place n’est pas ici, elle est en prison. Monsieur Lukas Dawson, nous vous arrêtons pour le meurtre de votre père. »

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DÉBUT SEPTEMBRE
Belmarsh Prison, Londres


Ce n’est que quelques jours plus tard, lors de l’instruction de ton dossier par la justice, qu’on te donnait le droit d’appeler quelqu’un, ce droit t’ayant été refusé jusqu’alors pour la même raison que l’instruction avait été retardée, un délai nécessaire à ta convalescence.
Les murs de la chambre de cette prison deviendraient bientôt les tiens, il n’y avait rien ni personne pour te défendre, tout t’accusait, l’absence de ta mère sur les lieux réfutait ta version des faits, on parlait même désormais de meurtre avec préméditation. N’était-ce pas un meurtre ? Tu l’avais pourtant souhaité. Tu avais rejoins le domicile familiale avec cette seule idée en tête. Lukas, n’avais-tu donc pas tué ton père ?

Une dizaine de jours et tu pouvais à peine tenir sur tes jambes sans que celles-ci, privées de force, ne perdent l’équilibre et que tu manques de t’écrouler de tout ton corps sur les pavés humides d’une prison plus que miteuse et insalubre à première vue, d’autres diront que le patrimoine historique était preservé, quant à toi tu ne rêvais que de ta liberté dont on t’avait privé, sorcier enfermé par de simples murs, si seulement tu avais encore ta baguette.

Le coup de fil ne tarda pas à suivre, tu avais prit le temps de réfléchir mais tu savais qui appeler, il était le seul à pouvoir t’aider.

« Pardonnez-moi M. Scamander, c’est Lukas, Lukas Dawson, j’ignore même si vous êtes au fait de mon existence mais il me semble que dans ma situation actuelle vous soyez le seul à pouvoir m’aider. »

« Dawson ? Je connais chaque élève Monsieur Dawson. Vous êtes à Serpentard, non Serdaigle c'est cela. Et votre soeur est une moldue. Oui, hm. »

« Je ne vous appelerais pas si la situation n’était pas extrême. Je suis coincé. Enfermé. Veuillez-me croire quand je vous dit que je suis desespéré. »

« Parlez moins vite. Quelle situation ? Comment ça vous êtes enfermé ? Dans le monde des moldus vous voulez dire ? Vous êtes sous la responsabilités de vos parents Dawson. »

« Vous ne m’êtes redevable en rien, j’en suis conscient, seulement je ne vois pas d’autre issue, ils refusent que je paie une caution, mes comptes ont été bloqué, autrement dit je suis en prison et j’y resterais au moins jusqu’à la fin de mon procès… »

« Qu'avez-vous fait pour mériter la prison ? On enferme les criminels Dawson. »

« Je suis innocent, une simple potion de veritaserum le prouvera, mais ici, sans magie, j’ai besoin d’aide pour le prouver. »

« Intéressant, transférez moi l'adresse de la prison dans laquelle vous êtes et je vous y rejoindrai dans quelques heures. »

Les semaines passent et tes chances de liberté s’envolent.
Ce que tu pensais n’être que passager, temporaire, devient ton quotidien. Curieusement tu prends tes habitudes, mange au même endroit tous les jours, traîne avec les mêmes personnes sans pour autant prendre le temps de les connaître mais plutôt parce qu’être entouré en ces lieux te protège d’une certaine façon, personne n’aime un solitaire, surtout vu ton allure et tes regards assassins, on pourrait se méprandre.
Tu as perdu du poids, Lukas, tu as perdu du muscle, tes cheveux poussent, tu te laisses aller. Tu as pourtant retrouvé l’entièreté de ta force physique et de tes capacités, du moins c’est ce que dit le docteur car tu ressens toujours l’infernale douleur du fer transperçant ta chair, marquant à jamais ton esprit plus que ton corps, les cicatrices internes qui ne cicatriseront probablement jamais. Et tu penses à Lily, souvent, tu te mets à croire qu’elle est là, près de toi, t’indiquant quoi faire, te rapprochant des autres, elle te semble plus proche dans la mort qu’elle ne l’a jamais été de son vivant, fantôme guidant le Lukas qui bientôt deviendrait un autre, parce que tu allais changer, tu changeais déjà.

Les visites se faisaient rare, tu les avais d’ailleurs refusé les deux premiers mois, concentré sur l’idée de sortir, réfutant l’idée de ne plus être libre et ne voulant pas infliger cette image de toi, affaiblit, aux précieux amis qui pourraient venir, et ils n’étaient que peu, très peu.

Cette voix qui te guidait faisait son effet, en peu de temps un souffle nouveau venait te faire renaître, te ramenait à la vie.
Tu acceptais finalement les visites, tu te nourrissais et reprenait la course à pied, plutôt content de voir qu’en 1 mois tes efforts commencaient à payer, en Novembre tu te décidais à appeler Vega, tu voulais le voir, il te manquait, il t’avait toujours manqué, tu ne pensais pas que ton procès serait si long, tu espérais pouvoir le kidnapper avant que l’heure fatidique de ces noces ne tombe mais il fallait te faire à l’idée que tu n’y assisterai probablement pas, au mariage ou à sa fuite. Le guidant à travers ce long couloir scindé en deux tu lui indiquait une double cabine téléphonique à l’écart des autres détenus.

« Salut Vega ça fait longtemps, comment ça va la vie ? Enfin la vie, tu m'as compris. Allez fais pas cette tête on va quand même pas faire un concours de misère là, ça nous ressemble pas. »

« Salut Lukas. Haha, tu me demandes vraiment comment va ma vie ? Je crois qu'on s'en fiche un peu non ? Mon meilleur ami est en taule et je suis toujours fiancé à Avery. Disons que j'ai connu meilleur. Tu tiens le coup ? »

« Alors t'as pas encore kidnappé Hazel ? T'as réfléchi sinon pour l'opération esthétique ? On pourrait peut-être changer de tête tous les deux et s'enfuir quelque part ? » regard en coin pour vérifier que personne ne vous écoutait « Ca va. Comme un sorcier dans une prison moldue. »

« Va pour le second plan… » Il regarde autour de lui avant de chuchoter. « Tu voudrais pas que je te fasse sortir ? »

« J’ai déjà mis Orphan sur le coup. J'pensais pas qu'il viendrait sérieux, autant le laisser galérer un peu avec la justice moldue, » chuchotte également « si jamais ça loupe j't'attendrais à minuit à l'entrée Sud »

« Il doit en tirer parti ou t'apprécier pour qu'il fasse l'effort de ne serait-ce s'intéresser à l'affaire. » Il fronce les sourcils. « Entendu. »

« J’l’ai presque supplié, il a pas pu résister à mon charme naturel. » un rire nerveux s’échappe de tes lèvres, tu t’éclaircis la gorge « Plus sérieusement... Tu comptes faire quoi ? Le mariage est dans un mois ? »

« Lukas Dawson a supplié... même moi j'aurai voulu voir ça. » Il lève les yeux au ciel. « Oh non, god non. Prévue à la fin de notre dixième année respective. Donc dans deux ans. Mais les fiançailles sont toujours officielles. Arrête de penser à moi et pense à toi par merlin ! »

« J’en ai encore mal aux gencives. » tu lui lance un sourire gêné, demander de l’aide était tellement inhabituel pour toi, alors supplier, « Sérieux t'es mon meilleur ami Vega t'as cru que je te laisserai dans la merde ? Et puis pour être honnête j'en ai marre de penser à moi et à tout ça, je fais que ça depuis que c'est arrivé, laisse moi un peu vivre ta vie, si tu veux même on échange, t'as pas un peu de polynectar sur toi ? »

Il laisse échapper un rire gras. « Scamander va te sortir de là, si c'est pas lui ça sera moi. Je te laisserai pas crever ici alors que t'es innocent. T'es innocent n'est-ce pas ? » ce n'était du jugement ni de la suspicion. Même coupable il l'aurait soutenu corps et âme.

« Ouais j'crois. Enfin. J'suis sûr. J'vais pas t'mentir qu'il soit mort ça me soulage, mais j'aurais préféré qu'il soit à ma place et qu'il en sorte les pieds devant. » tu marques cette phrase d’un arrêt, perdu un instant dans tes pensées « D’une façon ou d'une autre je sortirais, hors de question de pourrir ici, et puis j'ai ma licence et mon DEMA a Poudlard, Scamander me laissera pas tomber » un autre arrêt vient interrompre cette conversation devenue trop sérieuse pour quelqu’un comme toi qui cherchais un instant, juste un instant, à fuir la réalité. « Dis moi, t'as vu Romeo depuis la reprise ? Elle sait que je suis ici ? »

« Une grande majorité de l'école sait que tu es ici. Le fait que Scamander soit sur le coup a fait un peu le buzz. Romeo oui je l'ai croisé mais à vrai dire il se passe des choses bizarres à Poudlard Lulu. »

Tu regardais Vega, encore plus inquiet, tu t’étais enfermé dans ta bulle où seuls tes problèmes prenaient une envergure digne d’être constatée. Seulement voilà, Vega, Poudlard, quand pourrais-tu faire de ces problèmes les tiens à nouveau ?

Il ne fallut pas plus de quelques heures pour que tu recoives un appel de Floyd, t’enguelant de ne pas l’avoir appelé plus tôt et te raccrochant au nez après avoir reservé toutes tes plages horaires de visite de la semaine qui suivait. Tu soupirais, levant les yeux au ciel devant tant de dévotion. Ca te touche, de voir que tu as des amis, je le vois Lukas, tu es ému, heureux, ce sont eux, ta famille. Tu n’auras plus besoin de moi, tu dois me laisser partir.

Les jours passent rapidement jusqu’à l’arrivée tant attendue de Floyd, tu vois bien au regard des personnes présentes, prisonniers ou gardes, qu’ils se demandent tous ce qu’il fait de l’autre côté de la vitre tant il est dissipé et jure à tour de bras.

« Alors, t’as passé l’épreuve de la savonnette ? La vérité mec, la prison c’est un autre level. J’pensais pas que tu serais l’premier à y finir. » Y a un rire qui gratte sa gorge, qui racle contre ses incisives.

« Bonjour Floyd, moi aussi j’suis content de te voir. Pour l’instant je reste impénétrable frère, t’as cru que j’allais laisser les autres toucher à mon corps d’Apollon? Et sérieux c’est un malentendu, honnêtement j’croyais que c’était moi qui t’apporterait des oranges, pas le contraire. » Un sourire narquois vient appuyer tes propos, enfin un peu d’allégresse, Floyd était le salvateur de tes pensées douloureuses.

Ou pas.

« On a fait un joli truc pour Lily. J’ai fait péter des feux d’artifices dans la grande salle, avec les homies. Elle le méritait. » Une pause, un soupir.

« Je suis certain qu’elle aurait adoré. Enfin, pour le peu que je la connaissais. » un soupir accompagne le sien, conversation prenant des tournures dramatiques.

« C’est de la connerie, cette histoire. J’pourrais te sortir, t’sais ? On se barrerait. On irait, genre, n’importe où. J’suis sûr que ma daronne viderait le compte du padre pour moi. Ou alors j’pourrais éclater la tienne, et v’nir te tenir compagnie. »

« Je sais, mais t’inquiète pas j’ai déjà Orphan sur le coup et Vega en back-up. » tu marques une légère pause, un sourire presque vicérale s’étendant sur tes joues « Si je sors d’ici j’la butte. » tu roules des yeux en voyant la réaction d’un gardien qui venait d’entendre tes propos « Oh ça va ON RI-GO-LE » haussant les épaules et souriant faussement « T’aurais pas pu m’aporter un truc au fait ? T’as cru que c’était toi le cadeau ? Arya elle, elle m’envoie des gâteaux toutes les semaines. Bon j’suis pas sûr et certain que c’est elle, ou qu’elle l’admettera un jour, en attendant j’veux pas qu’elle vienne me rendre visite, j’voudrais pas briser ton coup et comme tu peux le voir des mecs comme toi ici y en a a la pelle et Arya est trop mignonne elle passerait à la savonette direct. » un léger rire mesquin sort de tes lèvres, tu espèrais qu’il ne s’enerve un peu, jaloux, tu ne t’attendais pas à un tel niveau de jalousie cependant.

« Parle pas d’elle, j’en ai rien à s’couer, vu ? J’t’adore et tout, mais pas maintenant. Plus tard, p’tête. Ou pas, fous-moi la paix en fait. J’reviendrai un autre jour. Genre, la semaine prochaine. Fais pas le con, manquerait plus qu’ils rallongent ta peine. On t’fera une méga soirée quand tu sortiras, j’te l’promets. »

« Ok je te revois la semaine prochaine, t’as intérêt à me ramener un truc, et pas une poupée gonflable y en a qui se sont fait buter pour moins que ça. Apporte moi un truc utile. »

Les visites s’enchaînent, tu te sens moins seul.
Pourtant la voix de Lily s’accroche, elle te retient encore, te rappelant l’arrivée iminante d’un procès qui n’avait que trop longtemps duré. Tu savais la justice lente, et tu savais qu’en faisant appel pour clâmer ton innocence tu risquais de ne pas être entendu.
Les avocats te visitant à la prison étaient pourtant confiants, même le mèdecin légiste semblait être en faveur de la théorie de la légitime défense, mais tout n’était pas gagné. On réfutait toujours la présence de ta mère ce soir là, cette dernière s’étant construit de toutes pièces un alibi impliquant une amie qui l’aurait hébergée quelques jours, elle continuait d’oeuvrer contre toi, disait craindre pour sa vie, que ton état psychologique perturbé avait toujours inquiété ton père et que ce soir là c’était certainement toi qui avait été violent avec lui. Si elle avait pu te mettre la mort de Lily sur le dos elle l’aurait fait aussi.

Les mois passent et cela fait bientôt six mois que tu es incarcéré dans cette prison où la présomption d’innocence laisse place à l’image du meurtrier.
Les quelques personnes dont tu t’étais entouré se sont éloignées, tu te retrouves à nouveau seul, ou presque, toujours cette voix qui te dit de t’accrocher quand le verdict tombe enfin, procès aux proportions démeusurées, médiatiques, plusieurs groupes de jurés ont du statuer car certains ne parvenaient pas à trouver une entente quant au sort qu’ils te réservaient, non-coupable, c’est ce qui avait été décidé. Non-coupable, deux mots et te voilà libre à nouveau, deux mots qui t’avaient fait pleurer, à toi maintenant de profiter pleinement de ta liberté.

Tu retournais une dernière fois à la prison, pour récuperer tes effets, plus de six mois que tu n’avais pas pratiqué de magie, plus de six longs mois sans ressentir dans tes veines l’âme et la puissance du sorcier qui sommeillait en toi, tu prenais ta baguette avec le plus grand soin, tu l’empoignais fermement et en même temps avait peur de la briser, le gardien te regardais d’un air perplexe tandis que tu lui répondais avec ton regard d’enfant à qui on venait d’offrir quelque chose, reprenant tes esprits seulement quelques instants plus tard, rangeant le précieux avec précaution avant de sortir par les grandes portes, douce sensation que d’être libéré.

Ces six mois t’auront changé. A jamais.
Tu n’es plus le lukas que tu avais été, tu n’es plus Lukas Dawson, tu t’en es assuré, profitant des ressources de la prison pour demander un changement de patronyme qui t’assujetissais encore sous sa domination. Des formulaires envoyés et reçus, des demandes d’abord refusées pour finalement accepter le nom d’un ancêtre dont tu ne connaissais rien et ne souhaitait d’autre que le nom.
Lukas Dawson n’était plus. Lukas Einarsson l’avait tué.



______________________________________________________

HRP.
Merci à Orphan/Vega et à Floyd d'avoir bien voulu participer, ils ont écrit avec moi les dialogues / réactions et c'était trop chouette j'vous aime love
 
✝✝✝ Solo ✝✝✝ Locked Away
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