« Kangaroo paradise with a koala. » ft. Az [Summer Vacation // Australia]

Tu fais claquer ta langue impatient.
Un coup d’œil jeté à ta montre t’indique que c’est bientôt l’heure et… QUE TON FRÈRE EST ENCORE AU TÉLÉPHONE !! T’es limites étonné qu’il ne se soit pas encore endormi debout, t’applaudirais presque la prouesse, mais bon, il dormira peut-être tout le long du trajet en avion. Plus de vingt-deux heures de vols avec une escale.
Tu soupires à cette pensée et tu te demande encore pourquoi Azard a laissé faire les parents, ça aurait été cent fois plus rapide en portoloin. « Oui mais ça fait plaisir à papa et maman. » Ferme ta gueule Azard Hope Pevensie !
Après ouais, si les vieux voulaient vous payer le voyage jusqu’en Australie, c’était bien leur problèmes à eux… qu’ils viennent pas se plaindre après d’avoir bouffé que des pâtes avec du pâté de hareng pendant les six prochains mois.
Tes yeux bleus se posent une nouvelle fois sur ta montre Orest.
La voix robotique d’une femme dis que dans deux minutes il faut que tout le monde ait embarqué, alors pourquoi ton frère ne raccroche-t-il pas son putain de téléphone ?! Peut-être que ça y est, il arrive à dormir debout ET les yeux ouverts.
Tu roules des yeux et t’approches de lui à grandes enjambés.
D’un geste expert, comme si tu avais l’habitude de le faire, tu lui subtilise son portable et le colle à ton oreille.

▬ Salut ! Alors hum, ouais, non, je… ah ! Bye !

Et tu raccroche sans plus de cérémonie.
T’as pas la moindre idée de qui ça pouvait bien être en plus et tu te fiches complètement de si c’était important. Tu pivotes en direction de ton frère.

▬ Me fait pas ce regard Azard, si c’était ta copine c’est rien, tu t’en feras d’autre en vacances. Maintenant tournes-toi et va me déposer ton cul sur le siège qui porte le même numéro que ton billet, avant que ce putain d’avion parte sans nous !

Tu lui donne un coup de poing fraternel dans l’épaule avant de lui rendre son téléphone et de le traîner par le bras jusqu’à son siège dans l’avion. De là tu t’installe à ta place qui est près d’un hublot dont tu lèves le store avant de te tourner vers Azard, un sourire carnassier sur les lèvres, tu lui chuchote :

▬ Je t’interdis de faire des choses à la grand-mère juste à côté pendant qu’elle sera comateuse. Tu reprends bien plus fort. Tu veux un chewing-gum ? Paraît que c’est bon d’en mâcher un comme une vache pendant le décollage.

Tu te penches pour fouiller dans ton sac Orest et en sort une boite verte que tu secoues frénétiquement sous son nez.

Ah… mémé Jackie.
Tu fais de grand yeux en écoutant ton frère s’insurger qu’il n’aura pas de dessert la prochaine fois que vous irez voir vos grand-parents.

▬ Non effectivement, c’est pas moi qui n’aura pas de dessert.

Un sourire mauvais accompagne tes mots.
On va pas se mentir Orest, mais même si t’as plus tes parents dans ton cœur, t’as jamais vraiment réussi à en vouloir aux vieux. Bon après ils restent des moldus qui comprennent pas tout, mais ça c’est sûrement parce qu’ils commencent à être séniles.
Tu laisses échappé un rire quand il te fait la description sarcastique de la "copine" idéale pour lui. Étrangement cela ne t’as jamais posé le moindre problèmes qu’Azard soit gay, dû moment qu’on t’oblige pas à en être un, tout vas bien. Puis il a apprit à être d’accord avec toi quand tu lui parle de filles et toi quand il te parle de garçons, ce qui est absolument bizarres soit dit en passant.

▬ Bah non, on est en avance en fait !

Tu lèves les yeux au ciel juste après avoir tapoté le cadrant de ta montre sous le nez de ton frère qui semblait déjà être à deux doigts de s’écrouler de sommeil. Tu l’attrapes par le poignet Orest et le traîne jusqu’à sa place dans l’avion, refusant catégoriquement de lui laisser la place du hublot. Il va s’endormir sous peu comme une merde, mais avant tu en profites pour lui faire une remarque un peu sale sur la vieille dame à côté de lui avant de lui proposer un chewing-gum. Azard te réplique que c’est carrément son truc les mamies, mais sans faire preuves de discrétions ou d’un peu de tact. Tu facepalm tellement il te désespère des fois, mais tu ne peux t’empêcher de sourire.
D’un œil soucieux tu observes ton frère qui semble en grande communication avec Morphée et… c’était peu dire. Cet espèce d’abruti s’écroule sur la vieille juste à sa gauche ! Tu le rattrape in extremis par le col et il te remercie d’un aimable ronflement.

▬ Excusez-le madame, il est narcoleptique et… moi je suis insomniaque, comme ça on fait la paire !

La vieille dame te juge de son regard vitreux pendant un quart de seconde avant de replonger son nez dans le journal qu’elle lit. T’es a deux doigts de lui faire un fuck, mais tu te retiens, les mains encombrées par ton dadais de petit frère. Tu le dépose bien droit dans son siège et récupère ton paquet de chewing-gum, t’en prends un et attends le décollage, les yeux rivés sur l’extérieur.

Pendant les onze premières heures de vols jusqu’à Guangzhou en Chine, qui se trouvait être l’escale, une heure d’attente là bas avant de pouvoir remonter dans l’avion et arriver en Australie. Tu maintiens Orest, que ça aurait été trois cent fois plus rapide en portoloin. Tu as grignoté un sandwich, discuté un peu avec ton frère quand il daignait se réveiller et t’as pris des photos avec ton appareil photo à travers le hublot avant que la nuit ne tombe. C’était beau vue d’aussi haut. Quand tout le monde pionçait bien profondément t’en as profité pour faire un petit tour, te promener une bonne heure histoire de te dégourdir les jambes, puis t’as réussi à dormir quelques heures.
C’est la voix de la femme qui annonce que vous allez arrivé qui t’as réveillé en sursaut. T’as lâché un joyeux « ta gueule » que la mamie à côté de ton frère à entendu et fût visiblement choquée de ton langage. Tu l’emmerdais celle là.
T’as eu beau donné tout les coudes du monde dans les côtes d’Azard, il ne se réveilla pas pour autant. C’est avec un soupire las que tu lui as enfilé tant bien que mal son sac à dos sur le dos avant de le prendre lui sur le tien, ton sac à la main.
Fallait voir la gueule des gens quand t’es sorti avec lui comme un bébé koala accroché à sa mère, mais ce fut encore plus drôle quand t’en as eu marre, non parce qu’il pèse quand même et que tu l’as assis par terre avant de le traîner par la anse de son sac, vérifiant de tant à autre qu’il ne perdait pas son froc.
Tu l’as assis sur un siège dans l’aéroport alors que tu finissais tranquillement ton bouquin. Soudainement il t’as semblé qu’il bougeais, alors t’as relevé ton nez du livre et posé tes yeux sur lui, un sourire taquin sur les lèvres.

▬ Alors on se réveille Miss Au Bois Dormant ?

Un de tes sourcils ce dresse.
Mais qu’est-ce qu’il à cet idiot encore ?
C’était une question muette, mais qu’il avait très bien compris, si bien qu’il s’excusa de ne pas pouvoir t’en parler, sinon il allait te vomir dessus. Tu roules des yeux Orest, avant de laisser tes paupières tomber devant.
La curiosité te ronge, mais tu la refoule, parce que tu sais que s’il te vomi dessus tu vas le tuer. Enfin… lui en coller une tellement grande qu’il va se rendormir. Après c’était peut-être qu’une façon de parler, mais avec ton frère et vue la tête qu’il tire, tu te dis que tu vas éviter et t’es presque certain qu’au fond il te remercie de cet effort.
Soudainement il te pose une question.
Où vous êtes ?
Instinctivement tu lèves les yeux vers l’horloge de l’aéroport.
Sept heure trente-deux du mat’.
Soupire.

▬ Non, on est en Chine là et le prochain départ est à huit heure dix, faut pas le louper mais… Tu regarde autour de toi. Si tu veux on peut aller faire un tour.

Et tu te lèves Orest, parce que t’ai comme ça, tu poses une question, tu proposes pour donner l’impression, mais en fait c’est plutôt : Aller, maintenant que t’es wake up et que je dois pas te surveiller entrain de ronfler, on va s’activer un peu et bouger.
Les autres pourraient ne pas comprendre, mais Azard il sait, ça fait dix-sept ans qu’il te supporte, qu’il te suit, en même temps il te le doit bien de temps en temps, toi aussi tu le suis, tu veilles à ta façon.
Malheureusement pour toi Orest, à une telle heure il n’y a rien d’ouvert, l’aéroport est quasiment désert. Pourtant tu fini par jeter ton dévolu sur une petite boutique qui vend des journaux et des souvenirs de vacances. En réalité ce qui t’interpelle c’est les lunettes de soleil avec la Muraille de Chine sur le dessus des verres. Innocemment, comme un gamin tu les enfiles et te tourne vers ton frère.
Belle tête de vainqueur.

▬ On devrait les ramener à mamie non ?

Un sourire taquin éclaire ton visage alors que tu les retires en les jugeant un instant du regard avant de les reposer à leur place.
Délicatement t’étire les bras et tu joins tes mains à l’arrière de ton crâne, te baladant ainsi dans le petit magasin avec cette démarche nonchalante qui est la tienne. Tes yeux lisent les gros titres et tu soupires. Des problèmes moldus… T’aurais donner cher pour avoir ne serait-ce que la Gazette, mais impossible, alors tu sifflote et retrouve ton frère, passant le regard par dessus son épaule pour voir ce qu’il tient dans ses mains.

▬ Il me tarde d’arriver, un truc de fou. C’est vraiment la loose les aéroports.

Tes bras retombent le long de ton corps.

Il te regarde avec ses yeux de carlins et tu es entrain de te demander si tu entends qu’il commence à baver sur le sol ou non. Mais bon, c’est quand même ton frère, un peu de dignité bordel ! Et voilà. Il te demande d’aller chercher à manger, tu regarde l’heure et t’as envie de le claque, oui de lui en mettre une petite sous le menton là, en espérant qu’il se mordra la langue cet abruti.
Bien sur, il est comme toi, t’as toujours été l’exemple à ne pas suivre, alors ce n’est pas une question, le voilà déjà qui s’éloigne. Tu soupire, avant de le suivre d’un pas nonchalant.

▬ Tu t’endors Azard, je te promet que je t’abandonne ici !

C’était une blague, mais tu faisais tout pour que s’en ait pas l’air d’une. Il a cette petite boulangerie, qui vend tout un tas de trucs, tu regarde par dessus son épaule et toi aussi t’as l’impression que ton ventre en veux, alors tu cèdes pour un beignet au sucre.

▬ Tu sais, ils vont nous filer à bouffer dans l’avion, alors bouge tes fesses !

Ton frère hésitait, comme toujours, mais plus le temps passait et moins s’était bon, il était capable de s’écrouler soudainement comme une merde et t’allait devoir encore le traîner comme un sac poubelle. Alors tu te presse du mieux que tu peux, le ton commence à monter, un poil excédé par sa lenteur légendaire et une fois qu’il s’est enfin décidé tu décides de payer à sa place, sinon jamais vous ne vous en sortirez. Tu lui prends sa bouffe et part en courant en direction de là où se trouve votre prochain avion, tu lances par dessus ton épaule :

▬ Aller Az, sinon je vais tout manger et je ne laisserais même pas les miettes !

Il faut quand même reconnaître une chose, c’est qu’il est rapide le bougre, il te rattrape juste au dernier moment et t’arrache le sac, te piquant même ton beignet.

▬ HÉ !!

Vous arrivez en trombe dans l’avion, sous le regard médusé des autres passagers. Tu ne t’excuses même pas, tu t’en fiche, ce sont de pitoyables moldus. Il était exactement huit heure vingt-et-une, dans quatre minutes l’avion allait décollé. Une hôtesse de l’air vous invites à prendre place et a bouclé vos ceintures, elle est plutôt mignonne soit dit en passant, mais tu fais ce qu’elle te dis, t’installant une nouvelle fois côté hublot et laissant ton frère à côté d’un nouvel inconnu. Cette fois ci bien plus jeune que la mémé édenté et de sexe masculin. Tu fais un sourire malicieux à ton frère avant de lui proposer une fois de plus des chewing-gum avant le décollage.
Aller, plus que neuf heures de trajet et vous seriez en Australie, à Sydney.