she'll take the town by storm with her all-American face and form ♕ taylor

Golden child,
Lion girl;
Tell me what it’s like to conquer.

Taylor fait partie de ces gens qui n'existent, en théorie, que dans la dimension merveilleuse de la télévision moldue. Ces personnages bien-pensants à l'optimisme débordant, qui ont toujours une citation populaire à partager et une foi absolue en leur patrie. Taylor croit dur comme fer au rêve américain, elle croit que la chance sourit aux audacieux et qu'il faut toujours viser la lune comme ça, même si on la rate, on atterrira parmi les étoiles. Taylor est capable de vous déblatérer ce genre de niaiseries en vous regardant droit dans les yeux et au début vous allez sourire, persuadé qu'elle se moque, jusqu'à ce que vous réalisiez à quel point elle est sérieuse.

Alors vous allez penser que Taylor est stupide, bien sûr. Parce que Taylor a une peau dorée, une plastique généreuse, une chevelure toujours parfaitement coiffée et un sourire à faire jaunir celui d'une mannequin pour dentifrice. Elle vous renvoie toutes vos imperfections physiques avec un seul battement de ses longs cils, un seul coup d’œil à son maquillage toujours sans défaut, un seul aperçu de sa robe de sorcier qu'elle porte comme s'il s'agissait de haute couture et non d'un uniforme obligatoire. Alors oui, Taylor est forcément stupide, comment pourrait-il en être autrement ? C'est une bimbo qui parle avec les mains, qui ne se cache pas de ses titres de reine de beauté et encore moins de son ambition d'un jour obtenir la couronne ultime. C'est un cliché qui aime le rose et se peindre les ongles quand elle est stressée. Mais les préjugés ne pourraient pas être plus éloignés de la réalité.

Taylor est de ceux qui sont nés sans talent particulier mais qui ont décidé que cela ne les arrêterait pas. Elle est de ceux qui travaillent d'arrache-pied pour réviser leurs cours et réussir leurs examens, de ceux qui suscitent l'admiration et l'agacement de tous en posant des questions en cours et en continuant d'insister jusqu'à être sûre d'avoir parfaitement compris la réponse. Taylor a des opinions et des avis tranchés sur de nombreux sujets, mais est toujours prête à débattre avec quelqu'un du bord adverse. Taylor est capable de dire « Tu as raison, j'avais tort » sans paraître le moins du monde amère et cette phrase qui devrait vous conforter dans votre position ne fait que vous énerver de ne pas avoir été le plus mature des deux.

Parfois, souvent, les gens n'apprécient pas Taylor. Ils la méprisent, la jalousent, la rabaissent, mais les piques et les ragots glissent sur sa peau impeccablement bronzée comme de l'eau sur une plume de canard. Taylor entend mais Taylor a mieux à faire. Taylor a une voix, sa voix, qu'elle souhaite faire entendre et ceux qui refusent de l'écouter ne méritent pas ses efforts. Elle sait que ce qu'elle a à dire est important et ne comprend pas pourquoi tout le monde semble s'acharner à viser petit alors qu'il est toujours mieux de viser grand. Oui elle rêve de la présidence, et alors ? Oui elle voudrait être Miss Sorcière Univers, et alors ? N'a-t-on droit qu'à un rêve ? En quoi ses deux objectifs seraient-ils si inatteignables, si opposés ?

Si vous lui posez la question, Taylor vous racontera ce que les concours de beauté lui ont apporté. Elle vous parlera de cette confiance absolue en elle-même qu'elle a gagné à force de parcourir les podiums d'un pas assuré, de cette élocution sans faille à force de débattre de sujets polémiques en un temps record, de la fierté tirée de ses racines campagnardes et des valeurs qu'elles lui ont transmises. Taylor quand elle vous parle c'est les yeux dans les yeux, son regard continuellement braqué sur vous avec une lueur d'attention, d'affection ou d'encouragement. Elle écoute chacun de vos mots comme s'ils recelaient un savoir caché puis vous donne une accolade bon-enfant. Taylor a la parole franche, délestée de circonvolutions et de fioritures, les mots parfois durs et parfois déstabilisants de douceur. Bien que droite dans ses bottes elle a conscience que la politique à laquelle elle aspire est un milieu de requins et qu'une fille trop naïve ne gagnerait qu'à y perdre un bras (haha) et si Taylor est capable de mentir et de manipuler avec le sourire elle s'y refuse la plupart du temps. Ce sont des techniques qu'elle mettra sans doute en pratique plus tard mais dont elle ne voit pas l'utilité actuellement.

Au final, malgré son ambition que certains qualifieraient d'étonnante Taylor est une fille simple. C'est une fille qui chérie par dessus tout le contact humain, la famille, le vivant. Tactile, elle prend vos mains dans les siennes avec naturel, passe son bras sur vos épaule, récupère un cil tombé sur votre joue sans y penser. Le matin il lui arrive de coiffer les premières années pendant qu'elles prennent leur petit déjeuner, de leurs donner des conseils de mascara dans les toilettes, de leurs prêter une oreille attentive durant les chagrins d'amour. Taylor ne veut pas sortir du moule, Taylor ne veut pas réaliser la laideur du monde qui l'entoure, Taylor ne veut pas tout casser. Taylor veut être ouverte, Taylor veut voir de la beauté en toute chose, Taylor veut tout arranger.

Taylor croit que la vie est simple et lumineuse, ou en tous cas qu'elle devrait l'être.
Taylor croit en elle.
Taylor croit en vous.


FUN FACTS ; ses idoles sont ELLE WOODS, AMERICA CHAVEZ et MICHELLE OBAMA ; elle oublie souvent de mettre sa PROTHESE DE BRAS ce qui gêne les autres mais pas elle ; personne ne l'a jamais vue sans maquillage, certains soupçonnent un sort de MAQUILLAGE PERPÉTUEL ; habituée à vivre avec les animaux, la CRASSE ne lui fait pas peur ; a une confiance absolue en elle-même ce qui est assez AGACANT ; n'hésite pas à faire des BLAGUES sur son bras et à en rire toute seule ; raconte une histoire DIFFÉRENTE chaque fois qu'on lui demande comment elle l'a perdu ; est une CAVALIERE ÉMÉRITE et tout le monde devrait se l'arracher pour l'hippoball ; rêve de MARIAGE avec une longue robe blanche ; danse le MADISON comme personne ; NE BOIT PAS D'ALCOOL par choix ; est très SPORTIVE et aime s'entretenir ; est HORRIPILANTE tellement c'est un cliché américain

Fearless child,
Broken girl;
Tell me what it’s like to burn.

- C'est quoi ça ?
- C'est pour traire les vaches.
- Et ça c'est quoi ?
- C'est le tamis, pour le lait. Tu as vraiment pas tout ça chez toi ?
- Non. On utilise une autre méthode. Oh ! Et ça, là ?
- C'est la machine pour couper le foin. On a pas le droit d'y toucher, on pourrait se blesser.
- Haha, qu'est-ce que c'est bizarre !
Jessica n'était pas d'accord, ce n'était certainement pas ses outils qui étaient bizarres. Elle était toujours contente quand sa voisine venait jouer avec elle – ses parents et ses frères râlaient toujours qu'elle leurs traînait dans les pattes et les journées devenaient vite solitaire à la ferme – mais il y avait quelque chose d'étrange chez cette petite fille aux cheveux dorés. Ses parents tenaient la ferme d'à côté, à plusieurs hectares d'ici, mais elle débarquait toujours sans prévenir et sans même une voiture pour la déposer. Elle disait qu'elle coupait à travers les champs, mais Jessica savait qu'il y avait plusieurs heures de marche entre leurs deux maisons. Une fois elle avait cru la voir s'envoler mais ses frères s'étaient moqués d'elle quand elle leurs en avait parlé.
- Woah ! Votre blé est si haut ! Comment vous faites sans m-, euh, comment vous le faîtes pousser ?
- Ben, on laboure le champ, puis on plante les graines, et on utilise de l'engrais et du désherbant et-
- C'est quoi un désherbant ?
Et plus elle la connaissait, moins elle arrivait à croire qu'elle était fille de fermiers comme elle.
- C'est un produit pour empêcher les mauvaises herbes de pousser.
- C'est magique ?
- Non, c'est scientifique.
- Mais comment vous le récoltez après ?
- Avec la moissonneuse.
- C'est une autre potion ?
- Non, c'est une machine. C'est ce que mon père conduit, là-bas.
- Oh, je veux voir de plus près !
Du haut de ses sept ans, Jessica n'avait pas pu imaginer qu'elle s'approcherait autant.

Le temps que leurs voisins arrivent à joindre les parents de Taylor, le mal était déjà fait. Pendant de longs mois elle avait entendu ses parents en parler, tard le soir quand ils pensaient qu'elle était couchée. De ce qu'ils auraient pu faire s'ils avaient été présents, de ce qu'y aurait été possible si elle avait été emmenée dans un hôpital de sorcier et non un hôpital de non-maj, qu'ils n'auraient jamais du la laisser sans surveillance, qu'ils n'auraient jamais du la laisser s'approcher des non-maj et leur technologie dangereuse.

Contrairement à ses parents, Taylor n'en voulut jamais aux non-maj. Elle était trop occupée à continuer de grandir, combattant un à un ses doutes et ses peurs alors qu'ils se présentaient devant elle. Son bras lui manqua terriblement les premiers mois et elle pleura beaucoup, refusant de toucher l'endroit où jusqu'ici il se trouvait, refusant de se regarder dans la glace. Puis un matin elle se leva et sa mère lui mit un râteau entre les mains car l'étable des pégases avait besoin d'un grand nettoyage et Taylor se remis à avancer.

Une prothèse magique était en dehors de leurs moyens et les années passèrent où Taylor ne put compter que sur son unique bras restant. Elle réapprit à vivre dans ce monde si semblable et pourtant si différent, elle réapprit à s'occuper d'elle-même, à s'occuper des animaux, de la ferme et de la maison. Les romans et les divertissements l'aidèrent à s'échapper et les idéaux de ces héros parfaits commencèrent lentement à faire leur nid dans son esprit. Petit à petit elle se relevait et elle aurait pu continuer ainsi éternellement s'il n'y avait pas eu les autres.

Les autres étaient devenus son enfer personnel. Leurs regards dès qu'elle se rendait en ville, les chuchotements étouffés sur son passage, les enfants dont les parents cachaient précipitamment le doigt tendu. Taylor se mis alors à refuser de sortir, tournant l'étendu interminable de leurs champs en sanctuaire, là où personne ne pouvait distinguer l'or de ses cheveux de celui du blé. Personne, sauf sa sœur.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Laisse moi.
- Tay, on doit être chez les Smith dans pas longtemps. Viens te changer.
- Je viens pas.
- Pourquoi ?
- Ils vont encore être inconfortables au moment de passer à table. Ils vont me donner ma viande déjà découpée, comme si j'étais un bébé.
- Ils essayent d'être gentils.
- Maman veut que je mette une robe.
- Tu es jolie en robe.
- Je suis pas jolie, je suis amputée.
Sa sœur s'était assise par terre avec elle et avait laissé le silence s'écouler entre elles pendant un moment.
- J'ai quelque chose à te proposer, j'y pense depuis un moment. J'ai vu une publicité pour ce concours dans le journal l'autre fois...

Une part d'elle avait accepté de participer à son premier concours de beauté par dépit. Pour prouver à sa famille qu'ils avaient tort, qu'elle n'était plus qu'un moignon aux yeux du monde. Une part plus petite, qu'elle osait à peine reconnaître, voulait juste porter une robe scintillante et qu'on lui dise qu'elle était belle. Elle n'avait pas gagné, mais les larmes sur ses joues étaient sincères quand elle avait enfilé son écharpe de deuxième dauphine.

Les concours s'enchaînèrent, chacun d'entre eux rendant à Taylor un peu de l'amour-propre qu'elle avait perdu en même temps que son bras. Elle compris rapidement que les juges pouvaient être facilement conquis par un peu de bon sentiment et quelques anecdotes sur le courage qu'il lui avait fallu pour se remettre de son accident, mais décida de concourir malgré tout. Elle retrouva le goût de se coiffer et de se maquiller, elle retourna faire les boutiques avec sa sœur et le reflet qu'elle se renvoyait dans la glace ne lui sembla plus si affreux. Et à force d'être entourée de toutes les beautés d'Amérique, elle finit par en tomber amoureuse. En reprenant possession de son image Taylor repris possession de son existence. Elle recommença à pratiquer des activités pour le plaisir, à danser et à s'amuser, elle recommença à penser au futur et à rêver. Elle s'ouvrit au monde extérieur, à ses enjeux et à ses conflits. Elle compris sa place et celle de milliards d'autres dans la toile de l'existence et se jura d'être plus qu'un grain de sable dans les rouages du destin. Si elle avait pu surmonter ses démons et reprendre les rênes de ce corps qui semblait l'abandonner ce n'était certainement pas des politiques éloignés ou une société arriérée qui allaient l'arrêter.

A ses quinze ans ses parents lui offrirent une prothèse de bras dorée, mais elle n'en avait plus besoin désormais.
Il n'existerait pas d'objet immuable pour s'opposer à sa force irrésistible.
Taylor continuerait.