possession and destruction // earl

L'incompréhension se dessine sur les traits du Poufsouffle, sa main portée à sa bouche dans un geste presque innocent. Sa baguette s'échoue sur le sol, et il te semble inadéquat de maintenir la lame contre sa gorge, alors tu abaisses ta main, attentif et aux aguets, mais plus calme déjà face à sa réaction. Constatation de la morsure à l'oral, comme s'il avait du mal à y croire, et soudain c'est un rire presque hystérique qui s'arrache de sa gorge, larmes commençant à couler sur ses joues.
Surprise. Tes cheveux sont saisis, Earl, ta tête reculée, et dans le mouvement ton arme tombe au sol comme la sienne juste avant. Un hoquet de surprise t'échappe alors que ses dents effleurent ton cou, et lorsqu'il les enfonce dans ta chair, c'est un gémissement qui résonne dans le couloir, gémissement que tu avouerais honteusement n'être dû qu'en moitié à la douleur. Tes yeux se confrontent ensuite aux siens de nouveau, tes lèvres goûtées de sa langue, et l'étonnement ne t'abandonne pas alors qu'il prononce ses derniers mots.
Tu as besoin d'une ou deux secondes pour te remettre de la vivacité des émotions contradictoires qui t'ont envahies, masque de l'indifférence prenant le dessus, main se levant pour effleurer la joue humide.
Pourquoi pleures-tu, Croyance ?
La main dérive dans ton propre cou, tes doigts maculés de sang, perles vermeil se mélangeant aux larmes. Les yeux se plissent légèrement alors que la main saisit le menton de l'autre, laissant des traces vives sur la peau pâle.
As-tu peur que Yaroslav te trouve trop sauvage à son goût ?
Sourire qui aurait pu paraître compatissant mais qui n'est rien de plus que condescendant.

Joues rougissantes, le visage de Croyance se décompose, alors que ses yeux désertent les tiens, alors que sa tête oscille lentement pour se poser sur ton épaule et que ses bras t'enlacent, à des années lumière de la violence dont il a fait preuve. Tes pupilles fixent sa chevelure blanche décontenancées, car tu ne comprends pas, Earl, ce soudain changement, ce basculement bipolaire imprévisible. Ses paroles étouffées contre ton épaule tout comme ses larmes sont preuves d'une douleur bien plus profonde qu'en surface, et tu l'enlaces en retour Earl, car que pourrais-tu faire d'autre, alors qu'il en a besoin à ce point ? Ton cou t'es douloureux, ton dos l'est encore plus, mais ta prise sur son frêle squelette est ferme alors que ta main se glisse dans ses cheveux pour doucement les caresser, parsemant des perles vermeilles dans les mèches immaculées.
Je... Tout va bien, Croyance, tout va bien, tu avais besoin de te défouler et moi aussi, ce sont des choses qui arrivent.
Sentiment d'être ridicule à le rassurer d'une voix paisible alors que l'instant précédant ses dents déchiraient ta chair.

Sanglots dévastateurs de l'âme en perdition que semblait être le jeune homme, tu ne peux que tenter de le bercer contre toi, comme tu l'aurais fait avec un enfant.
Ce n'est rien...
Puis soudain il se recule, ses yeux plongés dans les tiens, Earl, et tu te rends compte que supporter ce regard t'est trop difficile, trop complexe, alors tu détournes tes pupilles des siennes. Mais lorsqu'il ramasse sa baguette et observe tes plaies, prêt à t'aider, tu poses ta main sur la sienne, la mine désolée, car tu ne peux le laisser faire.
Tu n'as pas besoin de faire ça, je préfère éviter... ce genre de méthode.
Tu t'apprêtes à ajouter quelque chose, à t'excuser à ton tour, lorsque sa question te déstabilise, et tu détournes de nouveau les yeux.
Je ne sais pas. Cela m'a paru... La seule chose à faire. Je suis désolé.
La douceur des gestes, des propos, après cette soudaine colère, te rappellent un être trop aimé pour être apte à mieux t'expliquer, et alors que tu balbuties tes excuses, tes joues rougissent, Earl, car la première fois, tu es véritablement gêné.

Main du blaireau délicat sur ton épaule, tu frissonnes Earl, ton corps encore parcouru d'adrénaline et prêt à se défendre même si ce n'est plus nécessaire. Tes yeux évitent les siens et tu soupires.
Je voulais te déstabiliser. Cela m'a semblé un bon moyen...
Ta main se lève à ton cou douloureux où ses dents ont percé ta chair et tu contemples quelques instants le sang perlant sur tes doigts, interloqué par ses propos.
Cela va vite guérir... Et de quel blâme tu parles ?
Tes sourcils se froncent alors que tu ne saisis pas. Veut-il aller en parler à quelqu'un ? Tient-il vraiment à ce que votre incident se sache ?
La gêne couvre ses traits alors qu'il ouvre la bouche de nouveau.
Non !
La honte te rougit les pommettes quelques instants alors que tu te recules légèrement, surpris par ta propre ardeur. Mais les effets de l'amortencia sont difficiles à oublier et tu ne veux pas revoir ce même regard condescendant une fois encore.
Je veux dire, non, ça ira, merci...