❝ Please don't let me be gone. | Pv. Rachel

Il était tard. Orphan venait toujours de sortir de son bureau, les traits tirés et fatigués. Depuis combien de jours, de semaines, travaillait-il jusqu’à aussi tard dans la nuit ?
Misa sur son épaule qui fixait les couloirs sombres de ses petits yeux perçants, le Directeur avançait, impassible, à la lueur de sa baguette en bois de sureau.
Le temps est pluvieux dehors. Seuls ses pas sont discernables dans l’obscurité du château. Tous les élèves étaient censé dormir, blottis dans leurs draps pour se cacher de l’orage qui grondait à la lueur du ciel de la grande salle.

Il traverse Poudlard, certains tableaux lui souhaitent une bonne nuit sur son passage. Mais en vérité, il ne les entend à peine, enfermé dans un mutisme et un trouble de l’attention.
Il n’y avait que lui, sans sa soeur, sans les élèves, sans ses sales moldus impurs, sans le personnel, sans le château. Il se tenait sous la pluie au milieu d’un terrain vague et boueux.

Reprenant ses esprits en reconnaissant l’aile du personnel, il se dirigeait vers sa suite qui se trouvaient à son bout. L’aile était belle et ouverte sur l’extérieur un immense balcon soutenu par des colonnes de marbre. Mais l’orage et la pluie rendaient ce décor plutôt irritable. D’un coup de baguette, il crééa une barrière invisible et insonorisée qui vint se plaquer à la bordure du balcon. Cette fois le silence était de nouveau revenu. Alors qu’il allait rentrer dans sa chambre, il s’arrêta devant la porte et ne retourna que son visage, partiellement.

— “Rachel. Tu rentres tard. Et tu n’es toujours pas devenu un modèle de discrétion.”
Les sens avisés, il se retourne finalement complètement, la fixant d’un regard froid et malveillant. Il paraissait toujours aussi imperturbable.

— “Je t’en prie, et si nous continuions de discuter à l’intérieur. Je t’invite à goûter au whisky pur feu de ma réserve personnelle. Cela en vaut le détour, je te l’assure.”

Sans même attendre sa réponse, tu pénètres tes appartements d’un pas presque pressé, la laissant face à une porte ouverte, donnant sur l’obscurité.

Orphan n’avait jamais été aussi proche de Rachel qu’à Poudlard. Lui offrir un travail des années après aurait pu être un geste de bonté soudaine, une volonté de se racheter auprès d’elle. Mais venant du directeur, ce genre de sentiment comme la culpabilité était dur à provoquer.

Il rentre dans sa chambre, toujours à la faible lueur de sa baguette. Les lumières s’allument d’elle même une fois qu’elle entre à son tour. Orphan se tourne et pointe sa baguette vers la porte, pour lui intimer de se fermer. Elle se claque derrière Rachel et le directeur appuye son dos sur une des tables de ses appartements, ne pouvant s’empêcher de la détailler comme s’il cherchait à trouver des défauts dans sa silhouette, des failles dans sa tête.

— “Non, Isaac n’est pas là. Pas à cette heure-ci.”
Il esquisse un rictus amusé à ses lèvres, la jaugeant comme avec défi.
Au bout de quelques secondes, il se redresse et se dirige vers une sorte de vestibule, séparé de l’entrée par une ouverture en forme d’arche. Il saisit deux verres et les posent sur la table en bois sequoia. Sa baguette à la main, il ordonne d’un geste vif à la bouteille de Whisky pur feu de remplir les récipients de cristal.

— “J’ai passé l’âge des plaisanteries douteuses.”
Orphan parlait souvent en double sens, sans vraiment parfois en avoir conscience. Il avait passé l’âge des farces, des blagues et des actes irréfléchi pour s’amuser.
Ces actes désormais, se devaient d’être assumés. Ces actes n’avaient plus rien d’un jeu, ou du moins même s’il prenait du plaisir à discriminer une partie de ses élèves, ce n’était plus sans conséquences pour eux.

Il lui tend un verre.
— "Bois. ça va te réchauffer.”
Sa voix caverneuse gronde comme un ordre déguisé.

Orphan fronce les sourcils, irrité par ses insinuations. Mais il ne laisse rien paraître, toujours calme et maître de soi. Il penche la tête sur le côté, et porte lui même le verre à ses lèvres pour en siroter le contenu. Ses yeux se perdent dans le vide un moment. Il se remémore les souvenirs brumeux de son adolescence. Rachel c’était une image de loin, une fille qu’il aimait bien regarder avec Isaac, qui lui faisait oublier qu’Aileen était sa soeur. Mais il l’avait fait fuir, comme les autres, de par son attirance morbide pour la magie noire.

Mais peut-être que maintenant qu’il avait acquis un poste de pouvoir, il pourrait en quelque sorte la reconquérir. Une pensée d’homme au final.. toujours plus égocentrique et fier.

— “Quels actes ?”
Il feint l’innocence avec un jeu d’acteur presque exemplaire, se cachant derrière le manque de preuves à son égard.

— “J’espère que tu ne croies pas à toutes ces rumeurs, uniquement créé pour me discréditer. Les partisans d’Aileen ne font que faire tout ce qu’ils osent me reprocher ensuite. De la désinformation voilà tout.”

Il soupire et pose son verre sur la table de son salon.
— “Je me demandais si tu voulais m’accompagner au gala de fin d’année.” Il marque une courte pause, intense.
— “Je suis fatigué de mes autres relations. Et je sais que toi et moi, ce fut spécial à une époque.”

Elle semblait le croire, lui, le méchant directeur de Poudlard. Les gens n’avaient jamais assez de miettes à picorer. Ils aimaient se divertir sur le malheur des autres, et ça Orphan le savait bien. Il en jouait, même. Il laissait les rumeurs divaguer, ne les démentant jamais, ne les confirmant pas pour autant. Il se délectait de leur curiosité avide, malsaine à vouloir dénicher des preuves.

Mais Rachel n’avait pas eu besoin d’attendre celles-ci pour le fuir. Le directeur le savait bien, que son attrait pour la magie noire et son inconscience d’adolescent les avaient éloigné l’un de l’autre. Il revoyait en la Rachel adulte ce minois innocent mais suspicieux dans ses traits déguisés.

— “J’espère, que tu as confiance en moi.”

Son regard laisse passer une lueur d’innocence. Il se rapproche d’elle, presque tendre, effleurant son épaule d’une douceur nauséeuse.

— “Je serais triste que ce soit le cas, tu sais.”

Un sourire discret vint éclairer le visage du directeur, qui prit un peu de recul. Elle avait accepté, et le prédateur en lui s’était éveillé. Il était satisfait.

— “Parfait. Tu me retrouveras à 20h dans la grande salle.”