I want you ♪ [Salle commune Pouffy, pv Ethan]

Contrairement à mes habitudes, j'avais choisi ce jour là de profiter de la quiétude de la salle commune pour y étudier un peu. J'étais donc installé sur un canapé avec mon manuel de Runes, plongé dans mes révisions. Je n'en levai même pas la tête lorsque l'on m'interpella d'abord, reconnaissant néanmoins la voix de la nouvelle arrivante.

« Bonjour Sam. »

Ce n'est que lorsqu'elle s'invita à mes côtés que je fermai le volume, me retenant de pousser un soupir. Ça n'aurait pas été très sympa, puis j'aurais dû m'y attendre. Si je voulais vraiment avoir la paix j'aurais dû étudier dans ma chambre, quoi que vu mes précédentes interactions avec un certain colocataire... Bref. Au moins j'aimais bien Sam, elle était une fille bien, comme le prouvait sa gentillesse désintéressée.

« Non merci. Je n'ai pas faim. »

Telle fut mon excuse pour éviter de lui dire que ma diète ne comportait malheureusement pas les mêmes ingrédients que la sienne. C'était toutefois loin d'entacher sa bonne humeur habituelle puisque, presque immédiatement, elle se lança sur un autre sujet. L'hippoball. Je passai une main nerveuse dans ma courte chevelure, incertain de la façon dont je devais répondre.

« Enfin je me débrouille, mais il ne faut pas exagérer... »

Modeste ? Disons surtout manque de confiance en moi dans ce cas précis.

« Je ne sais pas trop. Les trucs d'équipe tout ça... Je sais pas. Généralement... Généralement les gens veulent rarement m'inclure dans ce genre de "projets". »

Semi-vampire, toussa toussa. Enfin, ça pourrait être plaisant je l'avouais, mais je n'osais pas trop de peur d'être déçu. Être recalé je pourrais vivre avec, mais que se passerait-il si j'étais accepté et qu'après coup on me rejette à cause de ma nature ? Je pense que je ne le vivrais pas très bien.

Et si moi je veux ?

Ça c'était soudain et inattendu. Surtout que je n'avais pas l'habitude.

« Eh ? Mais euhm... »

Pas moyen d'en caser une, Sam était partie sur sa lancée. Elle me parla des autres membres de l'équipe, allant jusqu'à se porter garante d'eux. N'était-ce pas supposé être l'inverse habituellement ? On se portait garant de la personne que l'on invitait ? Enfin, pas le temps de poser des questions. J'eu à peine le temps de glisser une petite réaction.

« Ouais mais toi t'es un rayon de soleil et de bonne humeur, n'importe qui te voudrait dans son équipe. »

Voilà qu'elle me parlait du fait que ça ne m'engageait à rien, que c'était simplement les sélections et que si je voulais je n'étais pas obligé de rester. Ouais bon, ce serait un peu con d'enclencher le processus et de me rétracter au dernier moment quand même. Un premier pas pour s'intégrer hein ? Peut-être qu'au fond ce serait pas une mauvaise chose. Malgré ma nature solitaire, il me manquait parfois de pouvoir être entouré de gens que j'aimais bien et qui me le rendaient. Puis, le coup de grâce, la mignonne petite Sam, les joues pleines de pain, qui me dit que je suis un chic type et qu'elle aimerait passer plus de temps avec moi. Je poussai un léger soupir.

« Comment dire non à ça. »

Je me passai une main dans les cheveux, offrant à la brune un sourire résigné.

« T'as gagné. Quand sont les sélections ? »

Si l'enthousiasme des gens fait généralement plaisir, il y avait bien une ligne que je n'aimais pas les voir dépasser et Sam venait de sauter par-dessus à pieds joints. La brune était si contente qu'elle venait de se jeter sur moi sans prévenir, causant une gêne immédiate de mon côté. À croire que c'était en train de devenir une habitude de me faire sauter dessus par des filles plus jeunes, c'était pas top quand on y pensait comme ça. Puis il y avait tout le côté vampire, buveur de sang, tout ce qui venait avec. Ce n'était pas trop prudent, quand on y pensait vraiment.

« Ouais ça va être super. Est-ce que tu pourrais... Merci. »

Au moins je n'avais pas eu besoin de la pousser en bas du canapé pour me libérer puisqu'elle avait finalement reprit ses distances. Je respirais enfin de nouveau, replaçant sommairement ma cravate qui, de toute façon, n'était même pas nouée. Je fis toutefois l'effort de lui offrir un sourire, quoi qu'à moitié convaincu seulement.

« Je vais surtout faire de mon mieux pour que tu ne regrettes pas de m'avoir invité aux sélections. »

Et, quelque part, je le pensais vraiment. L'enthousiasme de la demoiselle me donnait envie de réussir. Peut-être pourrais-je vraiment me sentir à ma place dans cette équipe ? Qui sait.

Si elle était enthousiaste, énergique et un peu trop tactile, Sam eu le mérite de comprendre rapidement mon inconfort et de vite rattraper le coup. Elle s'en excusa d'ailleurs, ce à quoi je ne répondis que d'un acquiescement de la tête, lui laissant ainsi savoir que je ne lui en voulais pas. Puis, j'avais évoqué ma volonté de faire de mon mieux aux sélections, exprimant mes appréhensions réelles sous le couvert d'une peur plus courante de ne pas répondre aux attentes que l'on aurait envers moi. La vérité, c'est que l'aspect social de l'équipe d'hippoball était ce qui me stressait vraiment. Mais Sam avait l'air si contente... Tout ça parce que j'étais incapable de dire non. Enfin, voilà qui était de mauvaise foi. Peut-être qu'au fond, sans me l'avouer, j'avais vraiment envie de faire partie d'une équipe. De trouver un endroit où je me sentirais chez moi, entouré de camarades. Toujours aussi optimiste et avenante, la brune me rassurait, convaincue que j'allais m'en tirer. J'esquissai un sourire en la regardant quitter le canapé, profitant de ce bref moment de silence entre ses interventions pour glisser moi-même quelques mots.

« Merci de croire autant en moi, j'apprécie. »

Et si l'on devait effectivement être amenés à travailler en équipe sur un terrain d'hippoball, valait mieux prendre l'habitude d'être honnête et de la remercier pour ses efforts et son optimisme. Bien sûr, Sam se préparait déjà à repartir, aussi vite qu'elle était venue. C'est qu'elle ne manquait pas d'énergie celle-là. J'allais lui proposer de lui donner un coup de main pour porter toute cette nourriture, mais elle se débrouillait plutôt bien et ne m'en laissa pas l'occasion. Évoquant un échange futur de sms, la jaune se dirigeait vers la sortie, ne faisant demi-tour que pour me prévenir de réserver mon samedi soir. Cette petite précision m'arracha un sourire franc, car il était au fond impossible de ne pas être de bonne humeur lorsque Sam était de passage.

« C'est noté ! On se revoit samedi. »