[FLASHBACK 2025] nombreux sont ceux qui dansent // rachel

nombreux sont ceux qui dansent

il savait. il savait tout, et bizarrement, il n'avait pas été aussi surpris qu'il aurait dû l'être quand il avait appris qu'orphan avait proposé à rachel de rejoindre le corps enseignant. il trouvait curieux l'obsession que le directeur de poudlard pouvait entretenir à l'égard de la jeune femme, mais il ne la questionnerait jamais. scamander n'était plus un gamin, et il l'avait prouvé plus d'un fois, et encore plus maintenant. il savait ce qu'il voulait, et isaac ne conteserait pas ce qu'il trouve être une bonne décision. toujours était qu'il ne pouvait que se surprendre à vouloir la croiser. il voulait voir l'expression dans ses iris. il voulait voir ses mouvements, ses doigts se mouvoir sous le poids de ce qu'elle a vécu. il n'allait nullement compatir, ce serait hypocrite. c'était simplement son obsession à lui.

alors quand il l'a vu ce matin-là, comme une ombre près de la machine à café, il a souri. et il n'aurait peut-être pas dû le faire. ce n'est pas comme ça que réagisse les gens après avoir appris le décès d'un proche d'un collègue. on tire la moue tristement, on donne une tape faussement encourageante dans le dos - pour paraître socialement acceptable. isaac n'avait pas le temps pour de telles balivernes. il s'est approché d'elle comme si elle avait été n'importe qui. comme si il n'avait jamais su ce que son meilleur ami avait fait. il avait glissé jusqu'à elle.

« rachel o'sullivan. venue rejoindre l'autre côté de la barrière? »

il avait parlé comme a n'importe quel collègue. rachel était n'importe qui. il ne tenait pas à elle comme orphan. elle l'intéressait uniquement pour ses interrogations internes. il vient se frayer une place devant la machine, et l'active pour se faire couler un café. il déplore le manque de choix, et surtout de ne pas pouvoir ordonner un thé. il préférait ça aux graines amères. il ne s'en plaindra pas.

« orphan n'a pas pensé à m'informer, quel poste vas-tu occuper? »

il lui avait sûrement dit, isaac n'avait juste pas trouvé ça important de le retenir. il avait des choses plus importantes qui remplissaient ses pensées.

« c'est amusant de se retrouver tous les trois ici à nouveau. je ne pensais honnêtement pas te revoir. tu as des nouvelles de gilbert? »

c'était calculé. isaac les avait vu être proches à l'école, il n'était pas censé en savoir plus.

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Cela faisait des mois qu'elle n'avait plus ouvert un journal ou allumé la télévision. Ce n'était pas tant par peur de voir Gilbert et leur ferme y apparaître, mais plutôt leur absence de tout réseau d'informations qui la blessait. Rien n'avait relaté les faits, même lorsqu'elle avait porté plainte, le dossier avait été classé comme un accident et ils avaient prétendu qu'elle avait halluciné et que son esprit, trop perturbé, n'était pas en mesure de donner une version précise et avérée de ce qu'il s'était passé. Alors elle avait choisi de ne plus en parler, d'oublier comme si ça avait vraiment été son esprit qui avait halluciné. Et elle avait rangé Gilbert et leurs rêves dans un coffre au fond de son âme brisée.

Orphan avait été le premier à l'accueillir, et le voir ne lui avait pas tant fait plaisir. Sa deuxième surprise fut Luke, qui lui avait tant manqué, et ce fut seulement après l'avoir retrouvé qu'elle sentit quelque chose en elle se réchauffer. Cela faisait moins de deux jours qu'elle avait fini d'installer ses affaires.

Cette nuit-là, comme beaucoup d'autres nuits, elle avait peu dormi. Certains cauchemars étaient persévérants et les potions de l'infirmier avaient été plutôt inefficaces. Ainsi elle s'était naturellement dirigé vers la machine à café. Rachel qui était d'habitude plutôt matinale (elle se levait très tôt, et de bon pied), avait l'air soucieuse, et ailleurs. Alors quand une voix presque familière s'annonça derrière elle, elle mis une minute entière avant de se figurer qu'il s'adressait à elle.

« Isaac. »

Elle n'éprouvait aucun plaisir à le retrouver ; même Orphan lui était plus sympathique. En d'autres circonstances, elle aurait trouvé les retrouvailles distrayantes, voire amusantes. Dans le passé, elle aurait sûrement aimé participer à ce genre d'échanges cyniques et moqueurs ; Rachel était le genre à jouer sur les mots et les mimiques. Mais cette fois, ça ne l'avait pas fait rire, et elle n'avait même pas changé l'expression de son visage, considérant qu'il n'en valait pas la peine.

« Professeur de soins aux créatures magiques. J'espère qu'il t'a informé que tu déménages de chambre, aussi. J'ai demandé la tienne et il a accepté. »

C'était faux, bien entendu. Mais c'était Orphan, le legilimens, alors elle pouvait bien se le permettre.

« Gilbert est mort. Heureusement, d'ailleurs, tu m'imaginais passer le reste de ma vie dans une ferme pleine de boue ? »

Le cynisme de Rachel avait atteint des proportions légendaires. Les événements récents la rendaient amère.

« Ravie que tu sois sorti de Azkaban. Quoique si tu y étais resté, ça m'aurait épargné de te voir aujourd'hui. »

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il se met à rire. sans trop en faire non plus. son sourire est ironique, et ses iris amusés. il se plonge dans son café avant de répondre.

« je vois que tu m'apprécies toujours autant. »

se faire apprécier de ses collègues était le cadet de ses soucis. se faire apprécier tout court, d'ailleurs. il se permet de s'appuyer nonchalamment contre le mur à sa gauche.

« bien tenté, mais tu devrais savoir avec le temps qu'orphan ne prend aucune décision sans m'en informer. »

il n'y avait pas plus proche qu'eux, après tout. ils faisaient la paire depuis des années. il devait avouer la trouver étonnament calme pour quelqu'un de sa situation, mais il ne doutait pas de sa capacité à tenir le coup. elle avait dû s'écrouler, elle avait dû arrêter de vivre quelques instants, avant de se reprendre et vivre à nouveau. rien ne pourrait effacer son deuil, elle ne pouvait que faire avec.

« azkaban n'est malheureusement pas le meilleur hôtel de la côte. la couleur des murs était devenue lassante. »

il avait bien failli devenir fou, mais ça, elle n'avait pas besoin de le savoir. n'importe qui deviendrait fou, dans une des cellules de cette prison.

« je t'épargnerais de mes condoléances envers gilbert. nous savons tous les deux que ce ne serait pas sincère. »

il n'avait jamais été un grand admirateur de l'homme en question. arrogant, un cliché populaire. isaac n'aurait jamais osé le compter dans ses amis. il termine son gobelet et le jette dans la poubelle à ses pieds.

« a-t-il souffert? »

il ne sentait pas la moindre gêne à poser cette question. son ton ne trahissait aucune curiosité. il aurait pu demander à rachel ce qu'il y avait au repas, que la phrase serait sorti de sa bouche de la même façon.

« sans vouloir t'offenser, je trouvais qu'une ferme odorante t'allait parfaitement, rachel. »

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Gilbert était mort un sourire aux lèvres. Il était mort plein de promesses sur les lèvres et de lumières mortes dans les yeux. Il était mort en emportant une partie de son âme, à Rachel. Il avait accepté de mourir si il savait qu'elle était en vie ; et Richard, aussi. Isaac était ridicule, à vouloir souiller ce qui ne pouvait l'être. Les souvenirs étaient impérissables, et même les moisissures de son être pourri ne pouvait les infecter.

Alors Rachel n'était même pas en colère. Elle le trouvait juste puéril. Comme s'il n'avait pas grandi, qu'il était toujours Isaac l'imbécile. Sauf qu'en plus, il était devenu vraiment mauvais. Avant, ils auraient ri. Désormais, c'était différent.

« Il est mort en souriant. D'ailleurs, même mort, il était moins triste à voir que toi. »

Elle haussa les épaules.

« Puis il est vrai qu'une ferme odorante est préférable à ta compagnie, visiblement. »

Elle allait devoir côtoyer ce connard, et ça pour quoi ? Parce qu'elle avait besoin d'un travail, et qu'il s'était présenté si facilement, au moment où tout paraissait si noir. Orphan Scamander allait la faire courir à sa perte, si il l'obligeait à rester dans le même établissement qu'un aussi sombre personnage.

« C'est tout ? Tu as fini ta comédie d'adolescent en recherche de lui ou tu as encore des choses à me dire ? »

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isaac respectait rachel en tant que que sorcière avec des capacités dont il ne doutait pas une seconde. en tant que personne, c'était une autre histoire. il ne se fatiguait pas à la mépriser, mais chacuns des mots qu'ils s'adressaient étaient froids et dénués de quelconque sentiment.

« oh, je suis loin de faire une comédie. je me permets juste de penser tout haut. »

c'est à son tour d'hausser les épaules, en l'accompagnant d'un léger mouvement de mains.

« j'aurais dû me douter qu'un idiot benêt comme gilbert mourrait en souriant. »

peut-être qu'au fond, il avait été jaloux de l'insouscience de gilbert. il le tairait, le garderait pour lui ; mais le voir se rejouir dans les couloirs, le voir se venter de ses victoires et triomphes... il s'était surpris à l'envier parfois.

« tu préfères vraiment les bouses de tes hippogriffes à mon visage? même venant de toi, c'est bas. »

son rictus se veut un peu déçu, comme s'il avait des attentes de la part de rachel. la vérité, bien entendu, c'est qu'il n'en avait aucune. son regard se perd vers la machine à café avec un éclat faible dans l'iris.

« j'ose croire qu'orphan t'a offert ce poste par pure pitié. »

c'est faux, il sait pertinemment pourquoi orphan l'a engagée. il sait, parce qu'ils l'ont prévu ensemble - parce que le directeur était venu lui parler pour organiser les choses, chercher conseil et assurance. le problème, c'est qu'il préférait sa version des faits à la réalité.

« je ne doute pas une seconde que tu seras la professeure préférée d'un bon nombre d'élève, mais ne te laisse pas aveugler par l'affection qu'ils te portent. ta présence ici ne tient qu'à un fil. »

ou peut-être pas. qui savait vraiment quels projets avait orphan scamander pour elle?

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Elle avait haussé les épaules dans un mouvement de flemme. Elle était déjà fatiguée avant même de commencer à travailler. Secrètement, elle nourrissait l'espoir que ses autres collègues seraient moins chiants (il n'y avait pas jolis mots qui décrivaient Isaac), et songea que même Orphan était plus avenant.

Sa dernière remarque la fit rire, d'un rire sincère. Elle doutait un petit peu de sa capacité à être professeur, et encore plus à se faire apprécier des élèves, alors qu'il la mette sur un tel piédestal ressemblait à un genre de blague.

« Un fil solidement attaché, et tu le sais ! »

Elle secoua la tête en guise de moquerie. Au final, Isaac était peut-être doué pour le sarcasme, la vilenie et bien d'autres méfaits, mais il finissait toujours par se trahir ; là, il venait de trahir - quoi ? de la jalousie ? de l'admiration ? Peut-être qu'elle finirait par le trouver attachant, s'il continue ainsi, à faire l'enfant.

« Ça doit faire plus de quinze ans alors je crois qu'il tiendra le coup encore quelques années, ce fil. »

Elle pencha la tête et lui adressa un sourire plein de malice.

« Mais si tu veux essayer de me faire virer, Andersen, je te mets au défi. »

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on pouvait trouver un tas de qualités à rachel et isaac n'aurait fait que mentir s'il disait le contraire. pourtant, elle avait aussi des défauts ; elle savait les dissimuler, certes, mais il se ferait une joie de percer sa coquille et s’immiscer dans les faiblesses de la jeune femme. de plus, elle avait du cran ; un charisme certain, également.
bref, malheureusement, il ne pouvait faire preuve de supériorité en plus de l'arrogance car malgré tout, rachel pouvait bel et bien rivaliser face à lui.

oh non, pitié rachel. je ne m'épuiserais pas à te faire expulser. notre relation n'est peut-être pas des meilleures, mais je fais confiance aux décisions d'orphan.

il avait beau retourner dite décision dans tous les sens, il ne comprennait toujours pas le choix. pourtant, c'était indéniable qu'il la respectait. il attendait de voir, en se frottant les mains, comment o'sullivan gérerait sa position et son rapport avec les élèves. il était loin d'imaginer qu'elle se ferait apprécier de la masse et souriait d'avance à la voir se décomposer au fil des années.

j'espère sincèrement me tromper sur ton cas. j'ai terriblement envie de te voir essayer de me prouver que mes pensées sont erronées.

il n'attendait que ça, finalement ; la voir se démener à invalider ses dires. il espérait secrètement qu'elle réussisse sa carrière - mais en la construisant en contradiction avec son venin à lui... peut-être y avait-il une once d'égocentrisme dans ses idéologies et fixations. il ne pourrait pas le dénier.

enfin, une question. te satisfais-tu d'être ici?