C’était une habitude silencieuse, une quiétude inutile. Comme une poupée sans la moindre once de vie, totalement vidée dans son intégralité. Mais pourtant, un être bien existant capable de nombreuses prouesses, bien qu’elle n’en voyait ni le sens et encore moins le but. Ses idées étaient pourtant bien présentes, bien existantes. Seulement enfoncées dans son être à tel point qu’elles s’y rendaient inaccessibles. Alors, elle ne faisait finalement que vaguer dans les couloirs, totalement dénuée d’intérêt pour tout ce qui l’entourait. Seul peut-être, parfois, ce parfum amer qui picotait ses papilles à chaque croisement d’être vivant, mais leur banalité était telle que Linyao n’avait même plus cette curiosité. Ce mouvement, ce coup d’œil d’auparavant, pour assimiler l’odeur au visuel. Elle était lassée. Las de ce qui lui était proposé, car même si sa faim n’était jamais éteinte, même si parfois, il lui arrivait de s’en mordre les doigts, rien n’avait été comparable à cette explosion connue d’autrefois.

Parce qu’au fond, plus rien ne la retenait ici. Si ce n’est un vulgaire bout de papier qui semblait lui être primordial dans sa quête de liberté familiale. Pourtant, ce n’était pas le vide et la solitude qui l’entourait, bien au contraire. Même si cela lui semblait contre nature, au fond, il y avait toujours cette petite part d’elle qui appréciait ce qu’elle avait découvert, les quelques échanges qu’elle décidait de créer. Lui donnant finalement, une impression un peu étrange et, bien qu’elle ne se l'avouera jamais elle-même, humaine. En parallèle, il y avait bien toujours quelque chose de novateur qui se présentait à elle. Peut-être pas intéressant et encore moins passionnant, mais finalement, bien assez pour elle.

D’ailleurs, il était bien possible que s’était pour cela que l’inconscience même de Linyao, au lieu de la laisser là, assise dans un lieu calme, avait plutôt cette habitude de la faire marcher. Parcourir les longs couloirs, monter et descendre les différents étages du château comme un fantôme sur patte. Au fond d’elle, il était bien possible qu’elle recherchait quelque chose, bien qu’elle en serait incapable d’y mettre mot, car Lin n’en avait même pas conscience. Mais une chose était décidément certaine, ce qu’elle cherchait n’était pas en haut de ces escaliers.

Instinctivement au bruit de pas, son regard, s'était levé devant elle pour savoir à qui Linyao allait faire face. Un gamin. Un simple gamin. Face à lui, son regard s’était assombri lorsque l’enfant semblait lui avoir adressé la parole, car il n’y avait personne d’autre aux alentours. Et surtout, elle ne connaissait aucune Lee yao malgré ses grandes connaissances. Un grognement à l’idée qu’on l’avait pris pour quelqu’un d’autre, comme s’il pouvait être possible que dans la totalité des habitants du château ; une personne pouvait lui être semblable. Alors Lin avait fait un pas, pour continuer sa marche, monter les marches avec lenteur au moment où elle se rendit compte qu’elle avait déjà vue l’enfant. Plusieurs fois d’ailleurs.

Elle ne savait plus d’où exactement, mais elle reconnaissait cette senteur. Un peu comme un intrus qui, plusieurs fois, c’était faufiler dans sa vie et sur ses chemins, pensant être discret. Il y avait même eu une semi-rencontre si ses souvenirs étaient exacts, mais comme elle n’y portait pas grand intérêt… Et ça avait tiqué, une nouvelle fois. À croire que chacune des paroles de cette enfant avait un pouvoir particulier, capable de la mettre en rogne pour un rien.

Ses pupilles vides, aucune expression. Son regard toujours porté vers la hauteur, fixant droit dans les yeux du jeune garçon. C’était bien la première fois qu’un plus jeune lui adressait ainsi la parole -sans doute aussi la dernière- parce qu’ils avaient habituellement, peur de l’aura que la semi-vampire dégageait. Ses yeux toujours fixés sur le garçon, sa tête, c’était, quant à elle, inclinée légèrement. Le silence était d’or face à cette question qui aurait pu paraître bien étrange. Bien indiscret, cependant, il n’en faisait aucun doute. Et alors, Linyao, qui reprend sa marche, arrive à celle de l’enfant pour finalement, le dominer par sa taille.

« Jusqu’à la mort, oui. »

Bien beau mensonge, parce que même si ses parents lui avaient rapporté de la nourriture. Elle n’avait jamais chassé d’elle-même. D’ailleurs, même si elle se nourrissait, Linyao avait toujours été la première et jamais la dernière à y planter ses crocs.