(end)(flashback) back to school •• orphan

Il y a quinze ans peut-être, Orphan avait toujours été Orphan, mais moins sombre, son rire avait plus de couleurs. Déjà son esprit détraqué prenait les mauvaises décisions, mais mêlés à l’innocence de son coeur, il en était moins dangereux. L’adolescence, c’était surement la seule période de sa vie ou il avait été heureux. Le roi de l’école, fils du directeur, préfet des serpentard, ingénieux, intelligent et populaire. Isaac Andersen, son meilleur ami depuis la première année, était toujours à ses côtés pour leurs énièmes mauvais coups.

Cours de potions avec Oldsmill, c’était sûrement sa matière favorite avec celles des sortilèges. Mais c’était parce que le professeur était si gâteux qu’il ne remarquait pas - et ne pouvait donc sanctionner - les bêtises d’Orphan et d’Isaac.

Son passe-temps préféré se limitait parfois à contempler la jolie Rachel, mais en bon gamin immature et doué en tout sauf en amour, il ne pouvait que se contenter d’attirer son attention en la ridiculisant. Parce que la jolie Rachel, elle savait qu’il existait certes, mais ne s’intéressait pas à lui.

Une explosion de fumée et un fou-rire à peine contenu au fond de la classe entre les deux idiots. Oldsmill lève la tête et tait son laïus d’explications au cri de la belle élève. L’air décontenancé, il lève ses petits yeux bovins vers le dit « Scamander » qui affichait désormais un calme serein, et une bouille innocente, aussi interrogative que l’expression du professeur.

Celui ci reprit donc son cours.
Orphan se glisse à côté de Rachel, étalant son bras à côté de son chaudron en la fixant d’un sourire carnassier.

Il sort une fiole de livèche de sa poche.

— « Tu permets ? Je vais réparer ça. »

La plante visqueuse plonge dans la potion de Rachel, celle ci changeant de couleur pour obtenir la teinte argentée qu’elle devait avoir.
Il tourne la tête pour apercevoir Isaac lui faire un clin d’oeil.

— « ça te dit de revenir ici ce soir ? Pour te montrer un truc dément. Enfin, sauf si tu as peur évidemment. Mais je doute que tu sois ce genre de fille. »

Il l’observe sagement, massacrer les ingrédients dans le mortier, imaginant dans un frisson que c’était ses testicules à la place de la plante.
Comme prévu, elle refuse et il fait la moue, le bras accoudé au pupitre, tenant son visage bougon.
Orphan n’aimait pas qu’on lui refuse les choses.
Il avait beaucoup de mal avec le mot « Non. »

— « Tergeo. »

Il avait sorti sa baguette, la levant vers le visage de Rachel afin de nettoyer les traces gluantes qui envahissaient et desordonnaient sa chevelure. Ainsi celle ci retombe, impeccable sur ses épaules.

— « Promis, rien de tel. Et pas d’Andersen non plus, si c’est ce que tu crois. »

Le regard sérieux et intense, il la fixe comme pour la convaincre d’une sincérité pourtant évidente.
Les bras croisés sous son menton, il penche la tête sur le côté, grimaçant quand elle parle d’explosion à la figure. Si peu d’imagination, elle le pensait con au point de gaspiller son énergie de l’attirer dans un piège aussi élaboré pour une simple plaisanterie de bas étage.

Alors qu’il observe la fiole briller sur la paillasse, il recule d’un mouvement brusque.

— « Viens, tu seras pas déçue. »

Il savait qu’elle finirait par être piquée de curiosité.
Alors il tourne les talons pour rejoindre Isaac, torse bombé et sourire forcé.

Il ne savait pas vraiment au fond de lui pourquoi à cette époque, mais il savait qu’elle viendrait. Il ne pouvait pas concevoir l’idée même qu’elle en regarde en réalité secrètement un autre. Orphan déjà à cette époque, usait de son influence et de son statut légitime de fils du directeur pour s’attirer les faveurs de qui il voulait. Mais Rachel O’Sullivan, ça marchait pas vraiment comme ça avec elle. Et Orphan ne le supportait pas.

Sa fierté et son ego étaient trop corrompus par sa folie pour qu’il puisse prendre du recul sur ce genre de choses. Ambitieux Serpentard, tous les moyens étaient bons pour arriver à ses fins, même si ceux-là se trouvaient être la plupart du temps peu orthodoxes.

Orphan - ni Isaac d’ailleurs - ne s’étaient présenté au repas ce soir là.
Vers 22h du soir, après le couvre-feu établi, Orhan attendait avec une fausse patience dans la salle des potions, assis sur une chaise et les jambes étalées la paillasse du professeur. Une étrange mixture sur le bureau laissait échapper des effluves aux couleurs et odeurs mystiques, étranges et envoutantes. Il fixait la porte avec le calme et la nervosité d’un prédateur, prêt à bondir sur sa proie dès qu’elle entrera dans son champ de vision.

Comme il l’avait espéré, elle était finalement venu. Un sourire carnassier étira ses lèvres dans un sourire dément et il se balança sur sa chaise pour prendre de l’élan et se redresser d’un coup.

— « Je savais que tu viendrais Rachel. Comme tu peux le voir.. »

Il finit semblant de regarder autour de lui avec attention, appuyant ses dires avec sa gestuelle toujours aussi éloquente.

— « Isaac n’est pas là. Pas de mauvaises blagues. »

Un chasseur se devait de toujours mettre en confiance son gibier, de pour mieux l’attirer et l’achever au dernier moment.
Evidemment, il n’avait pas pour but de tuer Rachel.
Mais l’idée était là.

— « J’ai inventé une nouvelle potion. J’y travaille depuis des mois et j’aimerai qu’on la teste ensemble pour voir si elle marche. »

Cette fois, il prend un air très sérieux, fronçant les sourcils et arrêtant de sourire comme un fou. Il était question de son travail et il ne fallait pas qu’elle pense dès le début à une entourloupe.

— « Cette odeur.. elle est enivrante n’est-ce pas.. j’ai créé un filtre plus puissant que l’amortencia. »

Il l’observe, tapie dans l’obscurité et le regard brillant. On ne pouvait discerner l’excitation de la curiosité, l’hésitation de la créativité. Il la regarde s’approcher, comme un petit animal naif qui s’apprête à tomber dans le piège du chasseur, dans la gueule du prédateur. Orphan est sûr de lui, comme toujours, guidé par un sentiment mélangé d’impulsivité et de manipulation. Trop d’ego pour un seul homme, pour oser se remettre en question, douter de ses propres capacités.

— « Rien de dangereux, sinon j’en serais affecté moi aussi. Je ne suis pas stupide, Rachel. »

Oh non, Orphan n’est pas stupide.
Génie ignorant et impétueux.
Alors quand Rachel s’entiche de son col, il s’en fiche et se colle. Toujours un peu plus, pour profiter d’un regard de convoitise les effets de son invention. Plus puissant qu’un filtre d’amour c’était à revoir, les gestes de la belle n’était poussé aucunement par la romance mais uniquement par le désir. Et alors que le coeur et le corps de l’adolescent aurait pu s’en satisfaire, à cet âge. Ce n’était pas ce qu’il recherchait. Ce qui le crevait, c’était ce besoin d’obsession maladive à son égard. Et les caresses et les murmures de la jeune fille n’était que manipulés, comme par un marionnettiste qui à travers ses fils la ferait onduler.

— « Rachel ..? »

Elle lui tombe dans les bras, inconsciente conscience qui rumine et qui trime. Il ne comprend pas, les effluves ne l’affecte pas. Et la voilà évanouie contre toi. Il fronce les sourcils, attrape le couvercle du chaudron pour le recouvrir, les fumées de la fragrance s’évanouissant dans la pièce. Elle est pâle, elle est faible et son corps ne répond plus aux secousses qu’il lui inflige.

— « Rachel ! »

La panique le gagne, il attrape son menton pour plaquer ses lèvres aux siennes, les écartant pour faire entrer l’air dans sa gorge, appuyant sur sa poitrine. Ses gestes ne sont pas pervertis, mais entrainés à la survie. Il prend sa baguette et ne réfléchit pas, jetant les formules de base pour la réanimation.

Mais ça ne marche pas.
Car le futur directeur de Poudlard n’est encore qu’un adolescent roublard.
Ayant blessé la seule fille dont il désirait l’attention.
Aileen est restée à la maison.

Alors il la porte, tout contre lui. Isaac arrive à ce moment là, essoufflé et sourcils froncés. La porte de la classe s’ouvre à la volé et le blondinet fixe son ami sans rien dire, le laisse passer en lui soufflant des remontrances à peine crédibles. Un maigre sourire s’étire alors qu’Orphan lui ordonne de nettoyer derrière lui.

Orphan se dirige vers l’infirmerie, le pas pressé mais le visage fermé. Il avait merdé mais l’infirmière ne doit pas savoir ce qu’il faisait. Il invente un malaise pendant des révisions d’un examen de potions. Et celle ci l’aide à poser Rachel sur un des lits libres.
Orphan attend, Orphan soupire. Mais Orphan n’est pas encore prêt à regretter.

Orphan écarta un sourire carnassier alors que l'insulte de sa belle parvenait à ses oreilles. Toute la culpabilité qu'il eut pu ressentir jusqu'à son réveil, aussi infime fut-elle, venait de s'évaporer pour rejoindre les méandre de son âme.

Sa silhouette greffée à son lit, Orphan observait Rachel, prisonnière alors un corps qui ne lui répondait pas correctement. Pendant un instant, le fils du directeur fut parcouru de plusieurs frissons, s'imaginant à sa place.
C'était une idée plus que désagréable pour lui, lui qui avait un besoin d'hyper contrôle sur tous les aspects de sa vie. Alors en hochant la tête, il répondit seulement un petit :

— « Oui. »

Pas de désolé, il aurait été inutile d'être hypocrite. Mais il s'en voulait, fouetté en plein égo d'avoir eu un résultat si médiocre face à elle. C'était d'avoir échoué plus que de l'avoir mis en danger qui l'empêchait de complètement retrouver la raison.

— « Ou peut-être y étais-tu trop sensible. »

Il se cache, se dédouane et attrape la baguette de Rachel qui tronait sur sa table de nuit.

— « Bois de chêne rouge. Je crois. C'est une belle baguette. »

Il l'observe pendant quelques secondes, levant ensuite ses iris pour les planter dans les siennes.

— « Tu t'es approché, tu m'as embrassé, enlassé. Tu m'as assurément répété à quel point tu m'aimais et me désirais. Très gênant. Puis tu as perdu connaissance. »

La fourberie d'Orphan Scamander laissa échapper un léger rictus au bout des lèvres. Saurait-elle déceler le vrai du faux, au point de se laisser prendre dans son filet ? Il s'adossa à sa chaise.

— « Je n'aurai jamais cru que tu puisses le dire un jour. »

Orphan n’avait pourtant pas la tête de quelqu’un de coupable de base. Cependant il semblait éprouvé - au vu de son expression - une sincère culpabilité.
Un sourire doucereux, il approche sa main de la joue de Rachel pour l’effleurer délicatement.
Peut-être qu’il s’en voulait, peut-être pas. Il était très difficile de distinguer ses réelles intentions.
La voix de Rachel tremble, elle flanche finalement sous le poids de l’oubli. Vulnérable face au préfet de serpentard qui détenait seul la vérité des évènements de la veille.

— « Allons, je te trouve dure avec moi Rachel… Je t’ai quand même porté jusqu’ici, sans te brusquer. Les erreurs peuvent venir aussi des meilleurs. »

Il s’assoit au bord du lit, la bloquant sous la couverture comme un petit gnocchi. Toujours en gardant son sourire mesquin, il caresse son épaule pour remonter à son visage, saisissant son menton entre ses doigts.

— « Je t’aurai bien préparé une potion de rétablissement mais je crois que l’infirmière est déjà sur le coup. Surtout que tu n’es pas vraiment malade, c’était un philtre d’amour retravaillé. Les effets sont dissipés. »

Soudain il fronce les sourcils, l’air pensif et soucieux.

— « Je ne comprends cependant pas pourquoi ton corps a réagi de cette manière. Isaac l’avait testé sur Mildred Purcent, de Serdaigle et elle a accepté de rédiger son devoir d’astronomie sagement. Avant de vomir pendant deux jours consécutifs. »

Il retrouve alors un sourire en lui tapotant la tête.

— « Ne t’inquiète pas, ça ne te serait jamais arrivé. A vrai dire, je voulais seulement que tu puisses être juge de mes nombreux talents. »

Et que tu arrêtes de tourner autour de ce sale type.
Mais nul ne pouvait deviner les véritables intentions d’Orphan Scamander, calculateur et impudent menteur.

Orphan avait toujours voulu impressionner la belle Rachel, depuis qu’il l’eut connu. Elle avait exercé ce charme qui le déstabilisait grandement, à la seconde ou leurs regards s’étaient croisés. Et Orphan tressaillait à chaque fois qu’il la sentait s’échapper. Cacophonie dysphorique de son âme qui le rendait dingue à chaque fois qu’il y pensait.

Ces doigts tremblent légèrement sur ses genoux alors qu’il l’observe sans rien répondre. Rictus comme seul masque pour repousser la folie naissante. Le préfet juge se retrouvé jugé par un regard mauvais envoyé par l’infirmière alors qu’elle tend un remède à Rachel. Orphan encaisse, sûr de lui et surtout sans regrets.

— « Je crois que tu sais aussi bien que moi que rien n’arrive par hasard. »

Un semblant de réplique bien trouvé sur le moment mais qui s’avérera trouver tout son sens dans les années futures. Rachel s’adoucit, et il fronce les sourcils, quand elle admet enfin ce qu’il cherchait finalement à entendre. Le doute de la belle dissipé, Orphan se tenait désormais plus tranquille.

— « Tu pourrais en être juge tous les jours si tu ne regardais pas du mauvais côté, O’Sullivan. »

Mais alors qu’elle se cache sous la couette, d’une gêne qui ne lui est ni familière ni naturelle, il penche la tête pour écouter sa question. Et sans même s’en rendre compte, ses joues se teintent d’une légère rosée. D’un ton qui se valait comme d’habitude pompeux et méprisant, il répondit avec un large sourire comme si c’était d’une évidence née.

— « Parce que moi, je n’en ai pas besoin Rachel. »

Pas besoin pour être déjà fou de toi. Mais ça tu n’as pas à le savoir.