for kids with fire in their blood ☙ luke

whenever there's desire there's gonna be a flame

  Stanford avait fait son devoir. Pour tous ceux qui restaient à Poudlard, pour les fêtes, pour tous les malheureux qui n'avaient pas de foyer où ils désiraient rentrer. Costume de père noël mit en précipitation dès son retour de la C.H.A.T.T.E., sacoche remplie de cadeaux spécialement remplies de diverses surprise, assez neutres en âge et en genre, doublé d'un petit mot d'affection anonyme. Lui non plus, n'avait plus vraiment de foyer qui l'attendait, depuis que sa femme était partie. Il y avait encore sa petite fille et ses parents si distraits, mais il considérait un peu plus chaque jour Poudlard comme sa seule et dernière maison. Et être à la maison pendant les vacances n'avait rien de reposant.

Mais enfin, deux jours après les festivités, il trouvait le temps de se détendre, le temps pour lui, vieil homme trop occupé à combler les autres pour reposer ses os. Alors il s'offre une petite promenade de santé, dans son affreux pull de noël "FOXY GRANDPA" et sa cape noire de sorcier, profitant de l'air frais de l'hiver et de la neige crissant sous ses pieds. Avec l'école vidée de la plupart de ses troubles fêtes et l'heure matinale, les alentours de Poudlard étaient d'un calme et d'une paix surprenante, inhabituelle. Le paysage lui semblait sublime, malgré l'air gris que prenait le ciel.

  Le vétéran de l'école se rapprocha du lac et manqua de sursauter en voyant un bout de flamme surgir d'un relief a quelques pas. Il fronça les sourcils et pressa le pas, prêt à réprimander des élèves jouant avec des sorts bien trop dangereux pour eux, mais son visage se décrispa lorsqu'il reconnu la silhouette de l'invocateur. Il reprit une allure plus posée, attendant que son jeune collègue le remarque, et lui lança un regard appuyé d'un petit sourire en coin.

▬ Après tout ce temps et ces diplômes et vous ne pouvez toujours pas vous satisfaire de vos compétences Professeur Blane ?

Il saisit son col d'une main et l'écarte un peu pour laisser passer une fine brise d'air froid dans son cou. Il faisait sacrément chaud sur cette rive du lac et la neige avait fondue tout autour.

▬ Je vais devoir me sentir obligé de vous demander d'arrêter. Si vous devenez trop bon sorcier je n'aurais plus qu'à prendre ma retraite.

Il semblerait qu'il allait devoir remettre à plus tard sa promenade de santé, et enfiler une fois de plus son habit d’enseignant.

whenever there's desire there's gonna be a flame

  Peut-être le monde tourne-t-il rond. Peut-être sommes-nous destinés à revenir aux même rôles, ironie d'un carrousel sans fin. Stanford sourit, comme il le faisait souvent, tourna la tête de droit à gauche pour contempler plus amplement la scène, la neige disparue ou gouttant comme des falaises marquées aux flammes, l'herbe demi-brûlée, une odeur de cendre envahissant l'air matinal. Le feu. Le feu allait bien à Luke. Vivant et vivace, toujours d'une énergie fugace, qui embrasait d'une douce chaleur ce qui osaient le toucher. Oui, le fait lui allait bien, à ce jeune homme autrefois survolté, aujourd'hui enseignant chaleureux, mais toujours pris de cette étincelle, cette envie de grandir, et d'incendier le monde d'une douce lumière. Stanford prit quelques secondes pour réfléchir. Quel sort ? Sempremais ? Le charme de la corde de feu ? Luke n'était pas assez fou pour tenter un sortilège de Feudeymon.

▬ ... Tempête de feu ?

  Une offre à enseigner à ceux qui n'avaient plus besoin d'enseignement n'était pas une offre que Stanford pouvait décemment refuser. Il remonta les manches de sa cape et s'avança près du jeune homme. Le professeur d'histoire ne pouvait se vanter d'être le plus grand sorcier de son temps -loin de là, mais il avait enseigné durant des années et connaissait la magie comme une vieille amie. Il avait appris à la connaître dans ces même lieux, entre ces même lieux, sous l'égide -ose-t-on le dire, des meilleurs. Non pas que Stanford se permettrait de douter de l'excellence de ses collègues, mais il fallait avouer que, pour le temps présent, il y avait un fossé infranchissable entre la qualité et la fierté d'avoir été à Poudlard pendant les années Dumbledore et Scamander. Le vieux professeur avait un arsenal magique assez varié et assez puissant, qu'il n'avait bien heureusement jamais eu l'occasion d'utiliser jusqu'ici. Cel fermerait le clapet de bien des élèves qui s'amusaient à le considérer comme une vieille relique marrante.
Mais à choisir, Stanford préférait être une vieille relique marrante qu'un combattant.

▬ De toute évidence la magie n'a aucune difficulté à sortir de la baguette, dit-il en écartant les mains pour désigner leur environnement, alors qu'est-ce qui coince ?

Contrôle, amplitude, forme, beaucoup de choses pouvaient partir de travers lorsque que l'on s'essayait à des sortilèges aussi puissants. Et puisqu'il ne pouvait pas s'en empêcher, il rajouta un sourire en coin :

▬ Outre mes genoux.

Il sortit sa baguette d'une main et lança un signe de la main de l'autre.

▬ Montrez-moi. Ne vous inquiétez pas pour moi.

En cas de faux pas, il saurait se protéger avec un partis temporus.

whenever there's desire there's gonna be a flame

  Stanford recula tout de même d'un pas ou deux, plus pour ne pas gêner son pupille retrouvé que par sureté, et regarda Luka s’exécuter, portant une attention particulière au mouvement de baguette, et regarda de longs filets de feu tourbillonner de hors de la baguette, et s'amassa dans une épaisse brume incandescente qui s'amassa disgracieusement avant de se dissiper maladroitement comme un moteur de voiture dissident. Stanford caressa sa moustache en écoutant les râles de Luke. Pour viser aussi haut que de conjurer un tel sort sans prononcer la formule, il visait un peu haut. A l'impatience de ces jeunes !

▬ Allons, allons, une étape à la fois jeune homme.

Ceci étant dit, il était l'air de maître-yoda-er ce jeune padawan. Pas que Stanford aurait compris cette référence -certes c'était de son âge, mais la culture cinématographique moldue ne l'avait jamais intéressé ou rendu curieux. Stanford était trop gentil ou poli pour répondre sèchement que oui, la forme était catastrophique, et ne voyait pas spécialement l'avantage de confirmer ou rabaisser des élèves durant leur apprentissage -ou des collègues pour le coup. Après tout, la confiance en soi était clé pour l’exercice de la magie. Il se contentera de guider sans critiques, simplement avec des conseils, des phrases au sens flou qui pourraient être sorties de biscuits chinois et beaucoup d'encouragement et d'amour. Aider une personne à grandir c'était comme faire germer une plante. L'eau fraîche en moins -même si élèves lui donnait envie parfois.

▬ Dites-moi avant tout, pourquoi ce sort -pour quel usage ? Le mouvement de poignet est tout à fait correct et ce n'est pas la mage brute qui vous manque, assurément. il pointa du doigt le cœur du jeune homme l'intention, elle peut faire défaut. Après tout, combien de sorcier n'ont été capable de sortir un patronus correct qu'en présence d'un détraqueur ? Donc allez-y, énoncez-moi vos intentions. Affirmez-les clairement. Je doute que vous souhaitiez apprendre le sort simplement pour intimider vos élèves ou pour une simple envie d'auto-satisfaction? Dites-moi donc, et à voix haute je vous prie! Et une fois cela fait je vous proposerais un petit exercice.

  Stanford avait ce petit sourire en coin mystérieux qui montrait qu'il ne révélerait ses intentions qu'au dernier moment, et en profiterait sûrement pour le faire tourner un peu en bourrique, gentiment. Après tout, à son âge, il pouvait bien inverser les rôles de temps en temps ?

whenever there's desire there's gonna be a flame

  Le carressage de menton s'intensifia alors que Stanford considérait les intentions de Luke. Ah, les voyages. Les voyages forment la jeunesse, dit-on. Le passage obligatoire des jeunes sorciers cherchant à ouvrir leurs horizons, étendre leurs capacités et s'élever en tant que sorcier, en tant qu'humain! Un grand moment dans la vie de chacun. Grand moment qu'il n'avait absolument jamais fait. Trop pantouflard, trop à l'aise dans son petit appartement de petite bourgade, dans ses petites manières de grand-breton. Il lui était arrivé de voyager, bien sûr, mais vu ses tongs et chemises hawaïennes, ce n'était évidemment pas l'initiation son objectif principal durant ses voyages. Dumbledore avait plutôt dû le recruter pour son intellect et son squattage intensif des librairies plutôt que pour ouverture d'esprit. Tout un chacun savait de toute manière à Poudlard que l'ouverture d'esprit de Stanford était plutôt une tolérance ignare et bienveillante qu'une réelle acceptation. Malgré toute sa bonté, il restait veux jeu et peu adaptable, et dirait d'un ton humble que leurs façon de pratiquer la magie était la meilleure et que Poudlard surpassait toutes les écoles. Pour ces raisons les projets de Luke le feraient presque se sentir coupable de son manque d’initiative. Presque.

▬ Les livres peuvent en apprendre déjà beaucoup...

Il avait dit cela à demi-mot, probablement plus pour lui-même que pour Luke.  

▬ Cela étant je ne peux qu'admirer de telles ambitions. Bien. Assurons-nous donc que vous maîtrisiez bien vos bases de magie anglaise avant de vous aventurer au-delà de nos frontières.

Il sortit sa baguette, une longue baguette torsadée d'hêtre mordoré, et se prépara à tutorer un peu ce jeune homme. Vous avez remarquer que le mot "tutorer" ressemble à "torturer" ? Il balaya des yeux le sorcier, qui s'était assez relaxé dans sa position pendant leur conversation.

▬ Bien. Gardez tout cela en tête. Et...

Il lança un ou deux sortilèges inoffensifs pour replacer les jambes de Luke en position plus stable, comme pour un duel, légèrement écartées, genoux pliés, et continua en le saluant.

▬...Posture. Baguette levée, et prêt à lancer un sort.

Il passa derrière lui, plaça sa tête droite, le regard devant lui avec sa main droite.

▬ Concentration. Visualisez, non pas le sort, mais l'objectif. L'intention. Et maintenant.

Stanford s'avança sur la rive du lac et plongea jusqu'au genoux dans l'eau glacé en frissonnant. Une bonne chose que les sorciers ne soient pas trop sujet à l'hypothermie.

▬ Sceleris attractoria .

Une petite boule sombre vint se poser sur la berge, sûre d'attirer un bon nombre de strangulots, même si près du bord, et triomphalement, le vieux professeur d'histoire jeta sa baguette au pied du professeur de vol. Il ne prenait pas tant de risques que cela, si besoin était Blane pouvait lancer un autre sort, et lui même savait pratiquer quelques sortilèges sans baguette en dernier recours. Il sourit, attendant le danger imminent.

▬ Maintenant protégez-moi, jeune homme. Bonne chance.

Il n'avait plus qu'à laisser le talent et l'adrénaline faire le reste.
Dans les prochains épisodes des TUTORATS DE L'EXTRÊME, Stanford emmène ses premières années avec un retourneur de temps à la première guerre des géants.

whenever there's desire there's gonna be a flame

    Stanford fermait presque les yeux, confiant et conscient de l'environnement, si serein qu'il aurait pu sans problème sortir une chaise pliante et prendre un thé sur la berge, laissant nonchalamment son bien-être entre les mains d'un autre. Il se contenta de rester là immobile, et soupira en lançant un regard appuyé à Luke. Il ne doutait en aucun cas des capacités de défense de Blane, et n'aurait té guère surpris qu'elles surpassent déjà les siennes. Mais l'exercice était de le forcer à lancer son sort avec une intention clair -éviter que le vieux sorcier se fasse étrangler ou noyer en l’occurrence. Il avait sous-estimé la puissance de son sort d'attraction maligne. Ou la réactivité de Luke. Il préférait imaginer que c'était la première solution. Se sur-estimer ne le dérangeait guère mais sous-estimer autrui lui donnerait toujours une honte inavouée. Il amplifia le sort d'un geste de main.

  Si les professeurs apprenaient de façon aussi pratique les élèves paniqueraient complètement, ou profiterait de l'occasion pour achever leur professeur. Ou alors il faudrait remplacer le professeur par quelqu'un de proche.
...Poudlard se ferait fermer par plaintes à ce rythme. C'était peut-être pour cela qu'il enseignait l'histoire.

Il sentit les strangulots lui agripper les cheville et grimaça.

▬ Il va falloir tenter le gros sort à un moment ou à un autre jeune homme, vous n'impressionnerez personne par-delà les océan avec des stupéfix.

Il se voulait volontairement provoquant, mais toujours dans une douceur respectueuse. Il était après tout mal placé pour parler, lui l'anglais pantouflard qui ne rencontrait des sorciers d'ailleurs que pendant les réunions de la C.H.A.T.T.E des historiens.