Laertes — terminée

Ce que pensent les élèves de lui ? Il est chiant, et ses cours sont chiants aussi.

Si l'on gratte un peu sous la surface, on découvrira un homme chiant, certes, mais aussi passionné, avec une éthique de travail remarquable. Grand amoureux des races et créatures magiques, c'est un linguiste brillant, mais il excelle aussi en transmutation (sans avoir jamais réussi à devenir Animagus, et c'est sans aucun doute son plus grand échec et sa plus grande honte) et en Histoire de la Magie.
Il aime la connaissance par-dessus tout, et espère rester curieux toute sa vie, tout en étant paradoxalement très buté sur certaines questions. Particulièrement les questions de société magique de son temps. Selon lui, c'est une très mauvaise idée de faire rentrer des Moldus à Poudlard. Des Cracmols, passe encore, bien qu'il pense secrètement que ça ne soit qu'une manière de les faire souffrir davantage en les forçant à côtoyer leurs camarades magiques. Il n'a absolument rien contre les créatures magiques et hybrides, parce qu'ils font partie de son monde. Mais les Moldus... Leurs deux mondes sont faits pour être séparés et il n'en démordra pas.

Il est allergique à la technologie, ne possédant de portable que depuis un an (et contre son gré, bien entendu) et après moult insistance de la part de ses collègues. Certains se demandent si un vieillard de 70 ans n'a pas élu domicile sous cette tête jeune et ces cheveux auburn. Il serait facile de le catégoriser dans la catégorie des types coincés, surtout qu'il ne sourit jamais. On aurait évidemment tort. Si beaucoup de ses intérêts sont, hum, un peu barbants, c'est un jeune homme respectueux, voire même agréable quand on apprend à le connaître. Il a un sens de l'humour un peu... particulier, et quand il essaie de faire une blague les gens le regardent bizarrement. Donc il n'en fait plus.
Contre toute attente, il ne discrimine personne dans ses cours, Sorciers comme Moldus comme Cracmols comme créatures magiques ou je ne sais quoi. Il déteste tous les élèves à égalité, et met un point d'honneur à ne pas faire de favoritisme.

Laertes est légendaire pour ne pas savoir tenir ses animaux, qui (selon leur race) sèment des poils partout à l'étage ou tapissent le sol de la bibliothèque de fientes d'oiseau.

Ah, Laertes, mon bon maître. Je t'ai vu grandir à travers mes yeux de chat.
Depuis ta plus tendre enfance, tu étais brillant pour transformer les objets, animaux et plantes autour de toi, les changer jusqu'à ce qu'on ne se souvienne plus de leur nature première. Tu as toujours voulu te transformer toi, être un autre que toi-même. Devenir Animagus, c'était ton rêve. Mais cela peut-être dangereux, et à mon avis c'est une bonne chose que tu n'aies jamais réussi. Moi aussi, j'étais doué ! Si doué... J'ai passé tellement de temps dans ma forme de chat qu'un jour, je n'ai plus su revenir en arrière. J'ai oublié l'humain que j'étais, mon métier, ma famille. Ce sont des souvenirs lointains pour moi. Je ne suis qu'un simple chat maintenant. Un vieux matou mité qui te suit partout depuis tes sept ans. Mais passons. C'est ton histoire que je raconte, pas la mienne.

Tu as grandi dans l'ombre de ton frère depuis tout petit, Laertes. Mais personnellement, j'ai toujours préféré venir dormir à côté de toi. Tu es doux, au fond, tu ne veux pas faire de mal, ni aux êtres vivants, ni à personne. J'aime moins Vasile, que ton père a toujours préféré. C'est avec amertume que tu les regardais s'enfermer tous les deux dans le cabinet de ton père, ton père expliquant probablement une équation complexe à ton frère, tous les deux concentrées sur ces séries de nombres et de symboles que tu n'as jamais vraiment su déchiffrer. Toi, tu préférais les lettres et autres runes, et tu avais déjà l'étoffe d'un linguiste de talent. L'atmosphère étouffante et conservatrice de la maison ne te manque pas, même s'il t'en reste quelques séquelles et préjugés.
Ton père a toujours fait preuve d'une patience incroyable à l'égard de ton frère. C'est son premier-né, son aîné... et sans vouloir te vexer, ce sera probablement celui qui reprendra les affaires de la famille. Il occupe déjà un poste prestigieux aux Finances du Ministère, après tout, tandis que toi, tu es devenu un prof de seconde zone qui -

Aïe ! Bon, d'accord, je l'ai méritée, celle-là. Mais je plaisante. Tu as travaillé dur pour en arriver là. Sans passion, mais tu as travaillé dur tout de même, c'est ce qui t'a probablement valu ta place à Serdaigle. Le Choixpeau a hésité un moment avec Serpentard, mais c'est dans la maison des binoclards que tu as fini. Tu as une étique de travail remarquable, Laertes, il faut bien le dire. Mais côté social, eh bien, tu as du progrès à faire. Ce n'est pas facile pour nous autres félins, êtres renfermés et introvertis, sauvages même. Tu as tissé peu de liens à Poudlard, mais des liens précieux. Et c'est tout ce qu'il te faut.

C'est au bout de quelques années d'errance et de flou, tapissées de manuscrits inachevés, qu'on te proposa un poste à Poudlard pour remplacer le précédent professeur de Langues Magiques. Tu étais un peu hésitant au début. Tu n'as jamais eu un contact très fluide avec les adolescents, et une patience légèrement vacillante. Mais tu as des choses à apporter, et tu le sais.
Cette obsession d'Animagus, cela dit... Elle t'aura causé plus de mal que de bien. Finir à Sainte-Mangouste après une tentative de transformation ratée, il fallait le faire. C'était risqué, en plus, tu aurais pu y passer ! Tu te souviens de l'engueulade monumentale que ton père t'avait passée ce jour-là. Il avait refusé de se déplacer, d'ailleurs. C'était le dernier clou dans le cercueil de tes illusions, le dernier échec avant le vide. Depuis ce jour-là, tu as abandonné. Il ne réalise pas que toi, le fade et sérieux Laertes, tu as encore des rêves, des ambitions. Et plus le temps avance, plus tu les vois s'éloigner. Ne baisse pas l'échine, il est encore trop tôt.