Be cool, be fabulous - Cæsar

La pluie avait surpris tout le monde.
Malgré la fraîcheur, la matinée avait pourtant été ensoleillée et des plus agréables. Rien n'aurait laissé penser qu'une averse aussi soudaine et drue allait déferler de façon abrupte sur l'académie de magie.
Eden, en grande optimiste qu'elle était, s'était tout simplement dit que ce beau temps allait durer toute la journée. Ainsi, elle s'était rendu aux écuries de sa maison jaune et noire. Jeune promue en temps qu'avant dans l'équipe d'Hippoball qu'elle était, il fallait donc qu'elle se mette sérieusement à travailler avec l'étalon qu'on lui avait désigné comme équipier; Tírnanóg. On l'avait décrit comme sauvage mais qui, une fois habitué à son cavalier, comprenait bien ce qu'on lui demandait. Et là était toute la délicatesse de la chose. Si ça faisait un certain temps que la jeune fille venait nourrir ces cheveux volants, elle n'en avait en revanche encore montée aucun. Si elle ne remettait nullement en doute ses capacités de cavalière, c'était en revanche plus le caractère de l'étalon qui la faisait réfléchir. Lui forcer la main n'aurait servit à rien et, même si elle arrivait maintenant à le nourrir sans qu'il ne râle ni l'ignore, elle doutait qu'il la laisserait le monter.
Ainsi, s'armant de patience, la petite brune entreprit de simplement entrer dans son box et de s'y asseoir, juste pour que le cheval s'habitue à elle. En la voyant entrer, le pégase avant clairement montré son dédain en frappant férocement sur le sol. Eden s'était contenté de rire et s'était accoudé au mur en bois. Les minutes avaient passé sans que rien ne bouge. Tírnanóg fixait la sorcière, attentif au moindre de ses mouvements alors que celle-ci lui rendait la pareille sans se dépêtre de son sourire.

Finalement, le cheval céda.
Timidement, il avança vers la jeune fille. Restant stoïque, elle attendit que l'étalon eut finit de la renifler avant de bouger. Avec une lenteur infinie, elle sortit de la poche de sa robe une petite friandise qu'elle tendit, paume ouverte, au cheval à plumes. Méfiant, l'animal observa et sentit le morceau de nourriture avant de l'avaler goulûment. Trouvant visiblement la chose à son gout, il se rapprocha de l'humaine, reniflant avec plus d’insistance ses poches. Laissant échapper un petit rire, la semi-cervitaure en sortit une seconde friandise. Cette fois-ci, l'étalon ne se fit pas prier et engloutit la douceur en un hennissement de joie. Continuant à le nourrir ainsi, la cornue se saisit avec délicatesse du harnais et, tout en lui caressant le museau et lui parlant avec douceur, elle réussit à lui passer les sangles autour des oreilles et de la tête. Elle se serait attendu à plus de résistance que ça, mais apparemment, les friandises avaient fait leur petit effet.
Comprenant assez bien ce que le harnais signifiait, le cheval se laissa sortir de son box, trottinant tranquillement.

Arrivant sur le terrain d'Hippoball, la poufsouffle avait encore passé de longues minutes auprès de Tírnanóg, marchant simplement, le traînant sans trop de difficulté près d'elle. Puis, voyant qu'il s'ébrouait et commençait à étendre ses ailes de façon impatiente, elle s'était lancée. Prenant de l'élan, saisissant sa crinière défaite, elle avait sauté sur son dos avec une aisance qui trahissait une habitude certaine. Elle qui craignait une ruade, fut simplement accueillie par un regard taquin de l'étalon.
durant près de deux heures, le duo avait virevolté en tous sens, quittant aisément l’enceinte du stade pour profiter de la vue en hauteur sur le campus magique. Le but n'était pas tant de s’entraîner pour les matchs à venir, mais plus de construire une relation entre la créature et elle. L'hybride fut d'ailleurs grandement étonnée par l'endurance du petit étalon qui semblait, en plus d'être rapide, inépuisable. Il fallait dire qu'ils ne forçaient pas trop non plus, ce qui expliquait sans doute la chose.
Et c'était là que la pluie les avait surpris.
Alors qu'ils survolaient le lac noir, les nuages gris avaient obscurcis le ciel et de grosses gouttes s'étaient mises à tomber. Quelques instants avant, la sorcière avait sentit cette impression aussi particulière que familière ; un puissant frisson l'avait traversé et elle avait ressentit une sensation de picotement léger à la base de ses bois. C'était le signe que le temps allait changer. Mais, s'amusant trop, elle avait décidé de l'ignorer ; comme quoi, elle n'aurait pas du. Pressant son cheval pour la première fois, Eden avait fait en sorte de revenir le plus vite possible à l'hippodrome. Mais un coup de tonnerre avait fait sursauter Tírnanóg qui tressaillit violemment, suffisamment fort pour éjecter sa cavalière qui, ayant relâchée son attention et étant dénuée d'étriers pour bien se maintenir, chuta.
Heureusement, bien qu'elle roula copieusement dans la boue, la chute fut courte et, hormis quelques bleus, elle n'avait rien de grave. Le sol terreux avait été rendu meuble et sa chute avait largement souillé sa robe de sorcière ainsi que ses cheveux et les rubans qu'elle avait noués à ses cornes. Trempée par la pluie, l'étudiante rentra au plus vite l'étalon au chaud, prenant soin de le sécher avant de partir. Elle lui rajouta également du fourrage pour être sur qu'il ne manque de rien avant d'entreprendre son retour au château.

Son passage dans le box avait affublé sa robe, à certains endroits, de touffes de paille collées par la boue. Sur le haut de son visage, elle pouvait sentir de la terre qui commençait à sécher. En soit, être aussi crotté ne dérageait pas plus la jeune fille que ça. Après tout, rien de plus naturel que la terre alors pourquoi piquer un crise quand on en avait un peu sur soit ?
Ce qui la gênait vraiment, c'était plutôt le froid qu'occasionnait ses vêtements trempés. Pressant le pas à travers les couloirs, elle se mit à rêver d'une bonne douche chaude, semant sur son passage traces de boue et épis de foin.