to the moon / lucius

hide & seek.
ce drôle de jeu - autrefois hantise.

ces parties improvisées à ruminer dans les couloirs, à te cacher derrière la moindre porte, les moindres toilettes, pour éviter des regards et des sourires impétueux. tout petit puis invisible, tu disparaissais pour quelques instants, la poitrine gonflée, le souffle coupé, les yeux grands ouverts, alertes. tu recommençais à vivre une fois tes bourreaux hors de tes horizons.
jusqu'à la prochaine fois. au prochain tournant, au prochain couloir, à la prochaine salle.

aujourd'hui, tu es chasseur. hantise des élèves curieux une fois la nuit tombée, détesté par ceux qui se font attraper - ce jeu ne t'a jamais autant plu qu'à ce jour.
tu as toujours pris un malin plaisir à te faufiler derrière une armure ou une colonne, attendant pour surgir sur le petit malin nocturne - pour lui faire peur, et surtout, regretter.

cette nuit n'a pas été bien différente.

il est tard, presque une heure du matin. tandis que tu observes la pleine lune passer ses longs bras au travers des vitres du château tel un poète maudit, des pas se sont entendre dans les sous-sols - lourds et affirmés. d'un geste exagéré, tu remets en place ton truc en plumes autour de ton cou, y emmitouflant ton menton et le bout de ton nez. tu dévales les escaliers et patiente derrière un mur - les bruits s'approchent, doucement, dangereusement : tu ne rateras pas ce fichu élève non plus.

une fois assez proche, tu passes ta grande jambe vers l'avant et vient stopper l'individu dans sa traversée. tes yeux rivés vers le bas, habitué à regarder tout le monde du haut de ton mètre quatre-vingt dix, tu es surpris de ne voir qu'un torse. tu lèves le bout de ton nez, face à face avec l'un des professeurs, à ta grande surprise. mince, tu aurais dû mettre tes talons pour être plus imposant. d'un ton presque enjoliveur, tu lui dis :

« oh, monsieur redmond... je vais me voir contraint de vous punir et avertir vos professeurs, vous savez bien que les balades la nuit sont interdites. »

tu hausses les sourcils et accompagnes tes dires d'un maigre sourire. tu déposes une main sur ta hanche, amusé par la situation - la plupart de tes collègues ne sont pas bien nocturnes.
redmond est une proie de choix : robuste et sérieux, derrière son regard sombre et mystérieux, ses cheveux soigneusement coiffé à l'instar de sa barbe de trois jours. tu as toujours eu ce je-ne-sais-quoi de taquin à son égard, quand bien même vous demeuriez presque de parfaits inconnus.

« à moins que vous ne mourriez d'envie de me voir. qui ne le veut pas, après tout ? »

tu pouffes de rire. dans le fond, tu es quelque peu déçu de ne pas avoir d'élève à chasser cette nuit, mais lucius reste un excellent choix pour se divertir - quel dommage qu'il n'y ait pas de public pour l'enfoncer un peu plus dans l'embarras...

To the moon

Cette nuit, il était sorti de sa chambre pour profiter des couloirs vides et se dégourdir les jambes. Le professeur ne voulait pas dormir si vite, et profiter du silence si rare dans cet établissement. Le soir, le seul moment où il était certain de ne pas être dérangé, ni par une élève collante, ni par d'autres professeurs, ou des remarques désobligeantes, inutiles... Du bruit.
N'entendre que ses bruits de pas dans le couloir le détendait. Ils résonnaient, n'ayant rien pour les amortir. Le professeur avançait à son aise, retenant toute envie de siffler, histoire de n'inviter personne à sa rencontre.

C'était sans compter Quinn. Son apparition fut soudaine, préparée, de ses longues jambes, il s'était invité sur sa route. Visiblement, il s'attendait à un élève... Lui ne lui adressa que son habituel air blasé.

- Interdites ? Que faites vous là, alors, Bates ?

Qu'il retourne dans son placard à balais de concierge et qu'il le laisse tranquille !
Lucius s'apprêtait à le contourner quand il reprit la parole. Allons bon, c'était de nouveau pour divaguer.

- La liste est pourtant longue.

Lucius, expert en la matière bien évidemment, avait du mal à imaginer Quinn Bates apprécié : extravagant, bruyant, malmène les élèves et attend le premier malheureux passant dans un couloir pour apparaitre devant lui. Pire encore, il avait des mains baladeuses, et le professeur ne désirait pas lui laisser une seule occasion de le palper.
Quelque chose dans cette école ne tournait pas rond. Elèves et professeurs se permettaient de dépasser les limites et envahir son espace vital.
Difficile de le regarder de haut quand il faisait la même taille environ. Lucius le détailla rapidement du regard, gardant cette habituelle expression las et irrité quand il croisait quelqu'un. Des plumes ? Vraiment ?
Après, c'était la seule chose sur laquelle il avait quelque chose à redire. Quinn savait s'habiller, et quoiqu'il en pense, savait manier le maquillage. Un aguamenti serait sûrement le point faible de Bates; imaginez un peu son grimace fichu, coulant sur ses joues !
Bref. Il laissa s'échapper un long soupir.

- Restez hors de mon chemin.

Le professeur entreprit de le contourner, le gardant dans son champ de vision : hors de question de lui laisser la moindre occasion  de poser la main sur lui !

lucius, ce personnage irritant et irrité.
bien des choses sont dites sur lui, de la bouche des élèves et des professeurs. une chose est bien certaine : tu aurais détesté avoir à suivre ses cours et remercie très franchement tes parents de t'avoir conçu une génération avant. pourtant, des sales caractères au devant d'un tableau poussiéreux, il y en a eu des tonnes dans tes jeunes années - combien de fois as-tu crevé de peur face aux regards assassins du professeur de défense contre les forces du mal ou de potions ?

voilà peut-être bien les raisons de ta taquinerie : une revanche sur ces années d'angoisse.

lucius parle toujours peu ; simplement le strict nécessaire. sec et direct, il ne prend qu'à peine le temps de te regarder avant de continuer sa route. tu hausses les épaules machinalement et lèves les yeux au ciel, lâchant d'un timbre las et désinvolte, presque dans un soupir exaspéré :

« c'est mon travail, je vous le rappelle, que de me promener la nuit. »

un sourire se dresse sur tes lèvres, creuses tes joues et fait danser tes yeux de malice. au moment même où il passe un pas devant toi, tu ne peux pas t'empêcher de lui pincer le bas du dos - ce bougre est bien trop prudent pour le moment pour que tu oses agripper ses formes charnues (tant pis, tu attendras de le recroiser dans un couloir bondé d'élève, quand il aura baissé sa garde, demain, probablement).

« voyons voyons, professeur... » lance-t-il d'un rire à mi-voix, « vous savez pourtant très bien que j'ai tendance à faire l'inverse de ce qu'on m'ordonne. »

cette fois-ci, ce sont tes bras que tu hausses, comme si tu pointais une évidence.

sans crier garde, tu glisses ton menton au-dessus de son épaule, tes longs cils presque reposés contre ces pommettes sur lesquelles tu pourrais t'écorcher.

« en déduis-je que vous ne voulez pas que je parte ? » ce à quoi tu ajoutes : « ça tombe vraiment bien, je me demandais ce que ça faisait, que de se taper un homme presque sénile. »

tu pouffes de rire, sans retenue.

« je fermerai les yeux, ça sera moins moche à voir. »

To the moon

Parler concis, et limiter la durée de l'échange, car ils sont tous désagréables; Lucius avait fini par s'en convaincre. Il ne laissait plus de chance à qui que ce soit, l'idée de s'entourer d'imbéciles le répugnait. Et pourtant, ils étaient tous attiré par lui ! Il n'y avait qu'à voir Quinn, décidé à gâcher sa soirée, utilisant son métier comme prétexte pour filer les jeunes dans les couloirs à pas d'heure. Pervers !
Et Quinn joua finalement avec ses nerfs : il l'avait pincé, ce fut bien trop indiscret et bien trop proche du booty. Le professeur se retenait de faire volte-face, lui lançant un regard furieux mais maitrisé par dessus son épaule. Ce petit jeu l'agaçait déjà !

C'était simple et idiot : il allait bel et bien faire le contraire de toutes ses menaces, et quand il jouera au jeu, l'invitant à faire ce qu'il ne voulait pas, Quinn allait obéir parce que cela l'arrange. Ce n'était pas le premier à mettre sa patience à rude épreuve avec cette logique puérile.
Il était bien loin d'être au bout de ses surprises, Bates s'approche et infiltre son espace vital, frolant ses joues du bout des cils. L'abus, surmonté de commentaires désobligeants. Quelle ambiance, entre membres du personnel !

[color:c910=##44001c]- Mon pauvre, vous m'avez confondu avec Standford... Avec l'âge, la vue ne s'améliore pas, et vous vous faites vieux, visiblement.

Lui, sénile ? Pas encore, pitié !
L'idée de vieillir ici ne lui plaisait pas. L'idée de vieillir non plus, mais il n'y pouvait rien. Lucius tourna finalement son regard vers le stalker, le détaillant quelques secondes, comme s'il réfléchissait alors qu'il savait exactement quoi répondre:

- C'est pour cela, le maquillage ? Cacher les misères ? Cela explique les quantités...

Et finalement, il le repoussa du dos de sa main gantée. Il avait passé suffisamment de temps trop près de lui. La proximité ne le dérangeait pas, mais cet espace n'était autorisé à n'importe qui.

- N'avez vous donc rien de mieux à faire que m'ennuyer ?

@Quinn Bates désolée d'avoir été si lente

vous vous faites vieux, visiblement.
tes yeux deviennent tout rond et ton visage une horrible grimace - qui est-il, pour oser de la sorte, prétendre que tu es un ancien ! plus il se fiche de toi, te taquine et te décortique, plus ta mâchoire tombe et plus tu t'apprêtes à monter sur tes grands chevaux. ni une, ni deux, tu prends ta pose de connasse immédiatement, la hanche sur le côté, une main sur celle-ci, l'autre en l'air comme si tu portais un sac à main dans la pliure de ton coude. le geste fut de trop - on ne déconne pas avec un bates. encore moins une queen.

« redmond, chéri... » tu roules des yeux, prends une voix agacée. en vérité, tu peines à cacher ta colère, ton timbre tremblerait presque de rage. « vous ne comprenez pas bien la beauté, dis-moi ? oh. ne distes rien. il suffit de vous regarder pour savoir que... non. »

d'un pas assuré, tu le dépasses pour te replanter devant lui, marchant à reculons le long du couloir.

« il n'y a rien de plus merveilleux que des yeux clairs approfondis par de larges traits noirs, des lèvres pulpeuses par un rouge sanglant. » tu le jauges de la tête au pied à nouveau avant d'ajouter : « je ne peux pas nier que vous avez goût en matière de vêtements, mais travailler vos cheveux et
votre peau ne serait pas du luxe... »

tu pouffes de rire et finis par marcher droit, à ses côtés.

« si vous voulez je peux vous conseiller un excellent esthé- »

puis soudain, un bruit. quelques mètres plus loin, au tournant du prochain couloir. très vite, tu t'arrêtes de jacasser et te penches doucement vers ton collègue.

« est-ce que vous voulez aller à la chasse aux élèves avec moi ce soir, professeur ? »

dis-tu à mi-voix, d'un ton espiègle.

To the moon

Oh, voilà enfin une expression qui lui plaisait, une grimace qui lui redonnait le sourire. Point sensible ou non, Quinn n'appréciait guère. Lucius allait retenir cette information cruciale, qu'il sortira dès qu'il voudra l'éloigner ou le faire taire. Malgré cela, il se tenait de tout commentaire par rapport à cette gestuelle très efféminée. Les remarques faciles ne l'intéressaient pas, et le professeur gardait un minimum de respect dans son mépris.
Maintenant que Bates se contentant, Lucius ne se gênait pas pour planter son regard dans le sien avec provocation, et un faible sourire satisfait au coin des lèvres. Qu'il assume seulement son ignorance quant à la beauté ! Lucius savait pertinemment que ce n'était qu'un discours pour se rassurer. Il le laissa le détailler du regard, détachant le sien de son interlocuteur.


- J'ai autre chose à faire que m'occuper de ma peau et de mes cheveux, Bates. Travailler, par exemple. Vous devriez faire de même.

Touriste.
Puis il interrompt, en entendant un bruit. Lucius s'arrête, puis adresse un regard en coin méfiant au concierge. Lui, passer du temps avec Bates ?
Le professeur grimaça légèrement, tout en levant les yeux au ciel. Quelle excuse minable pour lui voler son précieux temps ! Enfin, l'idée de gâcher la soirée d'un jeune était plutôt intéressante...
Il fronça les sourcils, jugeant le pour et le contre.

- Est-ce que vous me laisserez tranquille, après ? Vous cesserez d'envahir mon espace vital ?

Car Quinn envahissait bien trop son précieux espace, se permettait de faire vagabonder ses mains là où il ne le faudrait pas, et cela le mettait hors de lui. Rien que d'y penser, Lucius se renfrognait déjà. Qu'avait le directeur en tête, en engageant ce type ?