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witness of silence // Aubrey

Arya Strauss
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Arya Strauss
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witness of silence // Aubrey Sam 14 Juil - 14:47




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«witness of silence»

L'aiguille des secondes battait le temps dans ses oreilles. Arya avait fini par se concentrer sur son bruit pour ne plus entendre les voix qui se disputaient dans sa tête. Le soleil baignait de sa lumière la pièce trop blanche dans laquelle les minutes lui paraissaient si longues. Au plus elle restait là à rien faire, au plus la scène avait l'air irréelle. Alors tendant une oreille vers la voix de Miss Lindley de l'autre côté de la porte, Arya se concentra sur son exercice.

« Je suis Arya. Je suis à l'infirmerie. »

En examinant les bandages sur ses bras, Arya soupira et croisa les jambes au bord du lit sur lequel elle était assise. Alyce devait penser que son état ne s'était pas encore suffisamment stabilisé, qu'elle n'était pas prête à se faire interroger. Elle pouvait l'entendre à sa voix inquiète qui préconisait une prudence extrême à l'autre qui était avec elle.

Miss Lindley n'était pas sotte. Arya était trop sensible, et tout portait à croire que le vent seul aurait suffit à la briser. Mais elle en avait assez d'attendre ; d'entendre comme elle était maternée. A voir les cernes sous ses yeux, son teint blafard et les plaies cicatrisées de ses bras et son visage, elle avait sûrement l'air d'une chose fragile, et ça la rendait malade.

Puis l'autre rentra dans la pièce, et pour la demi-seconde pendant laquelle leurs regards s'étaient croisés, Arya se sentit déjà perdre pied. Elle n'avait pourtant pas baissé ses yeux qui continuaient de poursuivre la silhouette de l'homme qui était entré ; le regard las et hypnotisé.

Aucun mot ne glissa au bord de ses lèvres et seuls ses yeux parlaient de sa douleur, de la peur et de la fièvre qui s'emparaient d'elle. Son silence en disait beaucoup plus qu'elle.

Elle perdit son souffle en attendant que ses premières paroles ne l'achèvent.
Aubrey Mackenzie
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Re: witness of silence // Aubrey Dim 15 Juil - 22:37

witness of
silence
L'entretien avait été repoussé à de nombreuses reprises au fil des semaines suivant les évènements. Pour des raisons évidentes, elle n'était malheureusement pas en état de se prêter à l'exercice et tu avais respecté la décision de la psychologue de l'école, attendant plutôt son aval lorsqu'elle serait plus solide. Et visiblement, cela se passe aujourd'hui.

C'est donc sur le pas de la porte de l'infirmerie qui tu te fais sermonner par le petit bout de femme — qui avouons-le, t'intimide un peu. Tu ne sais pas sur quel pied danser et n'oses pas l'interrompre, préférant plutôt demeurer silencieux jusqu'à la fin de sa tirade. «Je vous promets de ne pas aborder le sujet. Je souhaite seulement savoir comment elle se sent, physiquement parlant et si ses blessures se sont correctement cicatrisées.» Ta voix s'est faite toute petite, alors que tu évites à tout prix son regard. Je ne veux pas lui faire plus de mal que ce qu'elle a déjà vécu. Ta réponse semble la satisfaire un peu, tu sens presque un poids se soulever des tes épaules, et tu te permet un léger hochement de tête en sa direction lorsque tu ouvres délicatement la porte, un stylo et un carnet entre les doigts.

Ton entrée, même si elle s'était voulu discrète, n'était pas passée inaperçue dans le silence pesant de l'infirmerie. À l'exception de la demoiselle assise sur l'un des lits, la pièce était vide de ses occupants habituels. Et celle-ci t'observe, de ses prunelles bien trop expressives, vivide contraste avec son visage inexpressif. Ça ne dure qu'un instant, car tu n'arrives pas à prolonger le contact et ton regard se dirige naturellement vers le sol, mais tu sens déjà ta gorge se nouer. Tu n'es pas doué avec les émotions, c'est pour cela que tu as préféré t'entourer de parchemins, t'enterrer dans tes recherches et tes fioles. Parce que tu ne sais pas comment gérer ce type de situation. Et quand tu avais discuté avec les autres étudiants, vous n'étiez pas seuls. Pas comme maintenant. Il n'y a qu'elle, avec ses propres démons, et toi, terrifié à l'idée de faire une connerie.

Tellement consumé par la nervosité qui te ronge et ton esprit qui cherche désespérément à trouver quelque chose à dire pour alléger l'atmosphère, tu laisses le silence s'étirer douloureusement. Inspire, expire. Plus vite c'est terminé, moins tes chances de te fourvoyer sont importantes. T'avançant vers elle, tu attrapes une chaise de ta main libre, la déposant près du lit une fois arrivé à sa hauteur. «Bonjour mademoiselle Strauss,» commences-tu, prenant place, alors que tes traits adoptent un air (faussement) calme, au même titre que ta voix qui se veut égale, «je m'appelle Aubrey Mackenzie. Je travaille pour le Congrès magique des États-Unis, en lien avec le ministère, sur les évènements de janvier derniers. Je suis aussi enseignant depuis peu, vous avez peut-être eu l'occasion de me croiser dans les couloirs.» Tu marques une brève pause, cherchant tes mots avant de poursuivre. «Si cela peut vous rassurer, je ne suis pas ici pour savoir ce qui s'est passé. Je souhaite seulement savoir comment vous vous sentez et si vous avez noté quelque chose d'anormal concernant les blessures reçues ?» En attendant sa réponse, tu ouvres ton calepin et pose le bout de ta plume sur le papier. Je ne veux pas te retenir plus longtemps. Je ne veux pas te remémorer de mauvais souvenirs. Faite que cela s'achève rapidement.

Arya Strauss
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Re: witness of silence // Aubrey Ven 20 Juil - 13:12




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Ses yeux n’avaient toujours pas quitté sa silhouette ; ses traits fragiles qui se tendaient – maintenaient. Elle avait plissé les paupières, dans un mouvement de curiosité à peine camouflé, et ni sourire ni tendresses n’étaient nés sur le visage fatigué de Arya. Puis elle détourna son attention, et son regard partit s’échouer aux lueurs extérieures qui traversaient les rideaux.

Le silence avait duré plus de trois minutes entières avant qu’elle se mette à rire. D’un rire bref et sec, d’un rire triste qui lui déchirait la gorge ; Arya s’éteignit, et le silence reprit. Une sorte de spasme avait pris sa poitrine et elle avait serré les dents. Anormal ?

Sa vie était anormale.

« J’espère que vous plaisantez. »

Son regard était devenu amer, et l’accusation directement portée au professeur au chevet du lit sur lequel elle était assise, elle referma les poings sur les draps qui le recouvraient. Ses yeux s’étaient accrochés au visage du professeur, et avaient décidé de ne plus le quitter ; comme un parasite.

« Utilement, la question aurait du être « y a-t-il quelque chose de normal concernant les blessures reçues » vous ne croyez pas ? »

Arya haussa les épaules, et libéra son vis-à-vis de son joug, tournant la tête pour mieux le laisser respirer ; et son regard se perdit à nouveau dehors, où le monde semblait aussi laid qu’il l’état entre ces murs. Puis baissé à ses bras, et détaillant les blessures sur ses paumes, Arya ferma les paupières, pleine de colère.

« Je ne sais pas ce que vous attendez de moi. Je ne sais même pas si vous êtes réel. »

Elle ouvrit les yeux, les releva vers lui, et quelque part au fond de ses pupilles se creusèrent les lueurs tristes de souvenirs trop douloureux. Une de ses mains s’éleva au visage du professeur, et le bout de ses doigts parcoururent sa joue, comme s’ils avaient été chez eux. Avant Ephraim, elle ne se serait jamais permis un tel contact. Maintenant, ça n’était plus important.

« Vous lui ressemblez un peu. Vous êtes sûrement encore un de ces fantômes. Vous pouvez partir. J’ai compris la leçon. »

Et sa main tomba sur le matelas, délaissant l'autre du regard, en espérant qu'il aurait disparu la prochaine fois qu'elle tournerait le visage.
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Re: witness of silence // Aubrey Sam 21 Juil - 3:49

witness of
silence
À peine libérés de tes lèvres, tes mots sont accueillis par le silence. Tu regrettes déjà. Tout ça n'était qu'une erreur. Les secondes deviennent minutes et ta nervosité ne fait que grandir, atteignant son paroxysme quand elle se met à rire. Douloureux, sec. Tu restes interdit, fixant la jeune femme avec incrédulité, même quand elle s'arrête.  Puis, lorsqu'elle te répond, tu accuses ses paroles sans esquisser le moindre mouvement, sans qu'un seul son ne s'extirpe de ta gorge pour protester, sans chercher à te défendre. Quand son regard s'ancre dans le tiens, tu ne détournes pas les yeux. Ni quand elle te corrige.

C'est elle qui brise le contact, ses iris s'orientant vers la fenêtre, où il se perdent. Et toi, tu te permets d'observer du coin de l'oeil la porte fermée de l'infirmerie. Tu te demandes  s'il n'est pas trop tard pour te lever, t'excuser platement de ton manque de délicatesse et de demander à Miss Lindley s'il était plus acceptable de la laisser mener elle-même l'entretien. Ta main libre se perd dans tes cheveux, lissant nerveusement une mèche qui était déjà à sa place. Tu ne sais pas quoi faire, ne sais pas quoi lui dire et encore moins comment réagir.

Tu es brusquement ramené à la réalité par sa voix qui s'élève, questionnant tes motifs, cherchant à savoir si tu es réel. Tu ouvres la bouche, puis la refermes quand ses doigts se posent sur ta joue, tracent celle-ci avec délicatesse. La tristesse qui brille au fond de ses prunelles te cloue sur place et même si tu voulais désespérément quitter cette pièce qui t'étouffe, tu en serais incapable. Et quand sa main retombe sans bruit sur le matelas, que son visage se détourne, tu hésites.

Une brève inspiration et ton carnet est doucement déposé sur le lit, une expiration tremblante et ce sont tes doigts qui effleurent les siens. J'existe, je suis bel et bien tangible. «Je n'attends rien de vous mademoiselle Strauss.» souffles-tu dans un murmure à peine audible. Tu étais venu ici dans le but de compléter la documentation des séquelles, dans le cadre de ton rang au sein du ministère. Mais ici, à Poudlard, tu étais surtout un enseignant, veillant sur les élèves. Et avant d'être tout cela, humain. «Je ne possède pas l'expertise de Miss Lindley, mais si vous voulez parler de quelque chose, n'importe quoi, je serai là.» Tu appuies tes mots d'une légère pression contre sa main, avant de ramener la tienne contre toi. «Et si je vous rappelle quelqu'un, que vos souvenirs sont désagréables et que vous préférez que tout cela se termine ici, n'hésitez pas à me le dire.» Tu te veux encourageant et pourtant, tu ne peux t'empêcher de te dire que peut-être, ce n'étaient pas les bons mots. Que ça allait juste devenir pire et... tu espères seulement que ça ne sera pas le cas.

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Re: witness of silence // Aubrey Mer 25 Juil - 20:22




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A son contact, Arya sembla s’effondrer. Qu’il soit réel la rendait encore plus triste que le contraire ; qu’il soit réel témoignait encore que ses doutes étaient infondés, qu’elle perdait la notion des choses. Elle n’avait pas rompu le contact, cependant, et son regard tomba à leurs mains laissées là, définissant les frontières de la réalité aux sons et aux émotions qui y étaient liées.

Elle releva les yeux. Sur son visage elle avait l’impression de décrypter des sentiments maladroits, peut-être douloureux ; et elle se surprit à oublier ses maux pour se plonger dans les siens, qui se débattaient avec pudeur dans les traits parfois tendus, parfois tendres, de ses joues, lasses de faire semblant. Elle lui accorda le répit qu’il méritait, consciente que son regard le mettait mal à l’aise, et partit détailler l’immaculé des rideaux.

« Non. »

Elle n’était pas sûre qu’il l’avait entendue, mais l’était suffisamment pour ne pas avoir envie de répéter. Elle haussa les épaules, lui faisant part, sans prononcer un mot de plus, de son désintérêt quant à sa proposition. Elle avait insisté auprès de Lindley pour qu’elle arrête de la couver. Elle n’allait pas lui faire regretter aussi bêtement.

Arya soupira, et se décida à se montrer coopérative, ou au moins du mieux qu’elle le pouvait. Sa voix se brisait au fond de sa gorge et elle donnait l’impression de réciter une de ces poésies apprises par cœur aux cours élémentaires, quelques nervosités ravalées et ses fragilités visibles.

« Il m’arrive de me transformer partiellement, encore aujourd’hui. Mes griffes poussent et m’entaillent les bras, le visage, les hanches, les jambes… »

Son corps prenait le dessus sur tout le reste, et témoignait de sa colère ; de sa détresse ; de cette haine perpétuelle qu’elle s’infligeait à elle-même. Elle se détestait, et se le faisait comprendre, dans son sommeil et dans ses moments d’absence ; là où elle baissait sa garde, perdait le contrôle et tout le reste.

« Je cicatrise vite, mais je cicatrise mal, et aucune potion n’est encore parvenue à effacer toutes les traces.. »

Elle souffla.

« Au sens propre comme au sens figuré. Mais ça, ça ne vous intéresse pas pour votre rapport, si ? »

Sa voix s’était faite amère, constatant avec dépit, et bien trop tard, qu’elle ne serait encore qu’un nom sur un papelard, qu’elle ne serait qu’une parmi d’autres ; qu’elle n’avait aucune chance d’être spéciale, aujourd’hui encore.
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Re: witness of silence // Aubrey Mer 1 Aoû - 18:41

witness of
silence
Tu attends patiemment, tes doigts triturant l'ourlet de ta chemise sans que tu y prêtes vraiment attention. Sa réponse ne tarde pas, contrairement à votre échange précédant. Un simple non — murmure tout bas résonnant pourtant dans le silence de l'infirmerie, qui ne te surprend pas spécialement. Tu n'es qu'un énième visage dans cette investigation, malgré tes intentions louables. Tu constates le tic qui agite tes mains, joignant celles-ci pour éviter de recommencer. Calme toi.

Quand elle soupire et se met à décrire ce qui lui arrive, tu attrapes maladroitement ton carnet pour y inscrire qu'elle est en train de dire. Tu te souviens du document concernant les étudiants qui t'étais parvenu, elle était animagus et à la mention de la cicatrisation difficile, tu jettes un coup d'oeil attentif à ses mains et ses bras, remarquant les marques plus claires zébrant son épiderme.

Ce n'est qu'après avoir terminé d'écrire que tu lèves les yeux vers son visage. Que répondre à ça ? Tu tapes nerveusement ta plume sur le papier, en fixant tes notes. «Ce n'est effectivement pas ce qui intéresse mes supérieurs.» Ils s'en fichent éperdument, la seule chose qui importe vraiment, ce sont des résultats. «Mais je ne suis pas mes supérieurs. Si ce n'est pas important pour mon rapport, c'est important pour...» Pour moi ? Tu fronces les sourcils. La situation t'es familière, ça te dérange, te rend mal à l'aise. «Votre état, autant physique que mental, m'importe. Et si je peux m'avancer, il en va de même pour Miss Lindley et vos amis.» Ah. C'est comme ce médicomage, à Sainte-Mangouste, qui cherchait maladroitement à te remonter le moral lors de la première visite au chevet de Marjory. Une jeune femme, alitée et affligée par un mal dont elle ne sait rien et qui, aux dernières nouvelles, semble incurable. Tu te lèves, un peu plus brusquement que prévu, allant t'appuyer contre le mur près de la fenêtre pour balayer du regard le parc du château. Respire.

Tu profites du silence pour te concentrer sur les nouvelles informations. Se concentrer sur quelque chose de concret, de scientifique. Elle avait été opérée, tout aurait normalement dû rentrer dans l'ordre. Et pourtant, ce n'était pas le cas. Sa forme animale se manifestait sans son contrôle. Tu n'étais pas spécialement familier avec ce genre de cas, ton domaine tournant plutôt autour d'échantillons à examiner, pas des patients à ausculter. En creusant un peu plus, explorant rapidement quelques pistes, tu te retournes vers elle. Arya, qui sort d'un évènement traumatisant. Arya, qui selon tous les signes que tu peux observer, ne dort pas. Le problème n'est pas physique et tu te sens terriblement bête de ne pas l'avoir remarqué plus tôt. «Mademoiselle Strauss.» Doute. Incertitude. Est-ce vraiment un chemin à emprunter ? Tu fermes les yeux un instant, mordillant nerveusement l'intérieur de ta joue, avant de continuer ta phrase. «Avez-vous déjà songé que ce qui vous afflige n'est peut-être pas physique ? Ça expliquerait pourquoi aucune potion n'en est venue à bout.» Et pourquoi personne n'a réussi à vous aider.

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Re: witness of silence // Aubrey Mer 1 Aoû - 22:14




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Mademoiselle Strauss.

Immédiatement, Arya se figea. Comme un instinct ; comme l'animal qui sentait la tempête approcher ; et immédiatement, Arya se concentra sur son exercice – encore, encore. Je suis Arya Strauss, je suis à l'infirmerie. Les secondes lui paraissent trop intenses et le silence la pesa. Je suis Arya Strauss.

Et il finit par l'achever, d'une phrase plus tranchante qu'il ne l'aurait aimé, de quelques mots trop précis qui touchèrent leur cible ; en plein dans le mille, où elle avait mal depuis trop longtemps. Ce n'était pas tant le fait de savoir que c'était psychologique – émotionnel -, mais plutôt le fait qu'il l'avait vue, elle, dans sa détresse ; qu'il était venu la chercher là où elle se sentait seule et abandonnée.

Je suis Arya Strauss, et je suis dépressive.
Je suis Arya Strauss, et je me déteste.
Je suis Arya Strauss, et je me veux du mal.


Mais très vite, elle se reprend, reprend le contrôle ; d'elle-même, de ses pensées, de ses émotions, de tout. Elle était en danger, et tout son système nerveux s'était mis en route très rapidement pour la sauver de la honte ; la vulnérabilité. Et tout de suite, ses sens en alertes s'étaient mis à l'attaque. Son regard avait défini les mimiques gênées de son vis-à-vis, avait analysé le moindre indice qui pouvait la faire fuir ses propres émotions.

Et à fuir son malheur, Arya avait commencé à s'intéresser à celui des autres.

« Il y a ces lueurs-là dans vos yeux, à vous aussi. »

Elle lui prend la main pour l'emmener sur un sujet qui l'effraie. Elle lui montre le chemin et éteint les lampadaires de celui qu'il avait emprunté d'abord.

« Est-ce que vous êtes heureux, Monsieur Mackenzie? »

Elle releva les yeux vers lui. Le malheur de Arya, c'est qu'elle était trop lucide. Elle devinait tout, parce qu'elle décodait les gens et leurs attitudes ; elle savait qui ils étaient, elle voyait à travers eux. C'était facile pour elle, c'était inné, elle entrait en empathie et ressentait les autres comme si ils étaient en elle. D'habitude, ça lui faisait mal ; elle fuyait le monde pour ça. Là, elle s'en servait comme une arme.

« Il y avait quelqu'un, avant, pas vrai ? Il y avait quelqu'un que vous n'avez pas réussi à sauver. »

Et ses paroles, comme celle de Monsieur Mackenzie quelques secondes plus tôt, avaient été très précises.
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Re: witness of silence // Aubrey Jeu 2 Aoû - 6:01

witness of
silence
L'espace d'un instant, tout semble être sous contrôle. Celui d'après, l'illusion se brise et tu sombres bien malgré toi. Tu avais bien cru avoir cerner le problème — justement, peut-être l'as-tu fait, mais elle reprend bien vite maîtrise d'elle-même, ne te laissant que d'une poignée de secondes pour voir que tu as fait mouche. Tu ne dis rien, laisses le silence s'étirer pour lui offrir de l'espace, tu ne t'attendais pas à une réponse immédiate.

Ni à ses paroles. Tu carres la mâchoire bien malgré toi, mouvement presque imperceptible, trahi par tes prunelles qui quittent son visage pour fixer le sol. Êtes-vous heureux ? La question te désarçonne, te fait serrer les poings. Heureux ? Parfois. Pas tout le temps. Pas très souvent. Comment l'être quand ta soeur se meurt à petit feu sans que tu puisses y changer quoi que ce soit ? Quand tu doutes de tes capacités à prendre soin de Theodore, terrifié comme tu es à l'idée d'échouer, alors que tu as promis à sa mère de veiller sur lui quoi qu'il arrive ? Quand ton boulot ne se préoccupe pas des victimes, mais des résultats, au détriment de leur état mental alors que dieu sait à quel point ils en ont besoin ? Quand ton anxiété atteint des sommets qu'elle n'avait pas effleurée depuis des années après un simple échange avec la jeune fille en face de toi ? Tu la sens enfler, grandir. Tu te sens perdre contrôle, incapable de calmer la tempête qui gronde. «Non.» Faible écho de ce qu'elle t'avais répondu quelques minutes plus tôt.
Arrête.
S'il te plaît.

Mais Arya n'a pas terminé d'enfoncer l'ébauche de l'indifférence que tu t'efforces de préserver. Ses derniers mots brisent ta façade, ta détresse est soudainement mise à nue. Exposée, à la vue du monde, alors que tu t'étais évertuée à la masquer. À faire comme si tout allait bien. À espérer que tout cela n'était qu'un horrible rêve, un cauchemar dans lequel tu évoluais quelques mois et quand tu allais te réveiller, tes problèmes allaient disparaître. Tu as beau nager vers le haut, tu n'arrives pas à mettre la tête hors de l'eau. Tes émotions déferlent, se fracassent contre ta rationalité, ta logique, et tu ne sais même pas tu as imaginé le son étouffé qui t'échappe. Tu sais seulement que tes bras se sont serrés contre toi, croisés, alors que tes doigts s'agrippent au tissu de ton veston.
Inspire.
Expire.
Ça va aller.

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Re: witness of silence // Aubrey Dim 12 Aoû - 19:17




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Arya venait d'assassiner les dernières lumières des yeux de Aubrey, et la culpabilité avait oublié d'effleurer ses mots. Elle l'avait regardé s'effondrer, et son regard n'avait pas vacillé. Plusieurs secondes s'étaient écoulées dans le silence, sans qu'aucune pensée ne vienne perturber sa contemplation muette et indifférente. Arya n'était pas cruelle ; les émotions qu'il traversait, elle les traversait avec lui, et tous les sentiments chaotiques qui déchiraient sa poitrine, elle entrait en empathie avec, les embrassait avec chaleur et les accueillait en elle comme s'ils avaient été les siens.

Alors Arya se pencha, tendit une main vers le visage enfermé de Aubrey, et sa paume se glissa toute entière contre sa joue, emportant avec elle les douleurs du passé. Les yeux noyés d'une tendresse morte, elle releva le visage du professeur, et du bout de ses doigts sur sa peau claire, dessina les esquisses d'un pardon.

« Ce n'est pas votre faute. »

Sa main le quitta, d'un adieu déchirant, et se reposa sur ses genoux à elle, lâchement installés au bord du lit. Elle n'avait pas bougé, mais de l'enfant effrayée à laquelle il avait fait face au début de leur entretien, elle était devenue imposante ; comme si son aura venait de combler tous les vides de la pièce. Et dans ses yeux, enfin, il pouvait apercevoir Arya, celle qui dormait pendant que ses façades souffraient ; pendant que son ego avait pris le pouvoir ; la véritable Arya qu'elle enfouissait au fond d'elle-même de peur de ne pas être approuvée.

« Personne ne peut être sauvé. Vous n'avez pas à porter cette charge. »

Elle s'était retenue de le tutoyer, car ça lui était venu trop naturellement, et un soupire doux s'échappa de ses lèvres fatiguées.

« Autorisez-vous à respirer. Vous ne me voulez pas de mal, et je ne vous en veux pas non plus. »

Et elle lui tendit une main, sans en comprendre le but.
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Re: witness of silence // Aubrey Mar 21 Aoû - 16:17

witness of
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Quatre secondes. Inspire.
Six secondes. Expire.
Tu te concentres sur ta respiration, les bruits qui percent le silence de l'infirmerie et le sol sous tes pieds. Juste pour te ramener dans le moment présent, t'ancrer dans la réalité. Ce n'est pas la première fois, que l'angoisse te prenne ainsi, s'agrippe à toi pour tout submerger sous ton passage. Qu'elle te rappelle que tu ne peux pas la sauver, que tu ne peux absolument rien faire sauf attendre l'inéluctable. Ton impuissance te ronge de l'intérieur, tapis dans les recoins de ton esprit, railleuse et moqueuse.

Tu n'avais pas réalisé que tes paupières s'étaient closes et quand tu les ouvres, c'est lorsqu'elle pose sa main sur ta joue. Et, dans ta quête de réconfort, tu t'y appuies un peu, laissant ses doigts relever ton menton sans opposer quelque résistance. Ses mots, comme les précédent — ou simplement parce que pour la première fois depuis longtemps, tu n'as plus tes murs pour te protéger, t'affectes. Empoigne tes tripes, te fait échapper un souffle étouffé. Je sais. Tu regrettes la chaleur de sa paume quand elle disparaît, la légère brise qui filtre au travers de la fenêtre n'est qu'une maigre consolation.

Une simple échange et les rôles sont inversés, ce n'est plus toi qui cherches à l'aider, à trouver solution au problème, mais Arya qui se charge de te rassurer, de te rappeler que tu ne peux pas porter le monde sur tes épaules. C'est ce qu'elle se tue à te répéter, chaque fois que ton air morose remplace ton sourire. Tu hoches doucement la tête, fermant les yeux pour chasser les derniers vestiges de ton désarroi, pour recomposer un tant soit peu ta façade, l'illusion que ça allait. Ce n'est pas le cas, tu n'es pas bien, mais tu te sens mieux.

«Merci,» Mademoiselle Strauss. «Arya.» Tu observes sa main tendue vers toi et tu étires un bras, tes doigts se refermant délicatement sur les siens. «Elle ne souhaiterait pas me voir dans cet état.» Tu t'es promis d'être fort pour elle, pour lui. Nouée, ta gorge fait dérailler ta voix, craque sur certaines syllabes, mais tu arrives à poursuivre sans trop écorcher tes mots. «Et même si je redoute l'inévitable, je sais que je ne peux l'en empêcher. Alors autant continuer de vivre et espérer que demain sera meilleur.» Un faible sourire fleurit sur tes lèvres, mais il ne s'accorde pas avec la tristesse résolue qui brille dans tes prunelles. «Je suis désolé.» De t'avoir brusquée. D'afficher ma faiblesse.

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Re: witness of silence // Aubrey Lun 17 Sep - 14:00




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aubrey & arya
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Pour n'importe qui d'autre, la situation aurait été incompréhensible. Mais eux, dans cet espace subtil et hypersensible, s'étaient trouvés et apprivoisés. Arya était ainsi faite qu'il fallait l'approcher en douceur, la détruire avec amour, et la reconstruire avec tendresse. Elle avait besoin d'être mise à terre pour pouvoir se relever. Et Aubrey avait simplement été le déclencheur béni de ses fébrilités.

« Merci. »

Monsieur Mackenzie.
Un sourire étira ses lèvres.

« Aubrey. »

Finalement, Arya ne connaissait rien de cette autre dont elle avait parlé. Elle avait ressenti les émotions qu'il ressentait, et avait fait des conclusions un peu trop abruptes, mais terriblement justes. La sonnerie de la fin de l'heure retentit et sonna la fin de leur échange. Finalement, il n'avait pas appris grand chose sur elle. Ou justement, il en avait appris beaucoup plus qu'il ne le pensait.

« N'oubliez pas : on vous aimera. »

Sans doute ses mots n'avaient-ils pas beaucoup de sens, mais ils avaient glissé de ses lèvres et aucune barrière n'avait été là pour les empêcher. Elle lui adressa un sourire, et un baiser se perdit sur sa joue, avant qu'elle ne quitte l'infirmerie, le corps faible mais le coeur fort.

On vous aimera.
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Re: witness of silence // Aubrey

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