Séance de Tatouages|| Moon Vaughn & Connor Sunbeam

 

Il refuse d'entendre, refuse tes compliments, repousse ta gentillesse. Et pourtant sa main vient enlever une mèche de devant ton visage, juste avant que tu ne t'effondres contre lui. Il semble un peu perdu, et tu vois son poing qui se serre. Mais tu ne veux pas savoir qu'encore une fois ta nature prends le dessus alors tu fermes les yeux, tu te terres dans le refus de comprendre, de voir, dans un aveuglement qui te permet de te libérer un peu ne serait-ce que quelques instants.
Mais ses mots te le rappellent, que tu avais été impuissante face à ses assauts, malgré ce qu'il dit, que tu n'avais pu le repousser qu'au dernier moment. Pourtant, c'est le seul qui semble réellement tenir à toi, Venus, alors finalement, à quoi bon le repousser ?
Il te dit que tu as le droit de craquer et tu te demandes s'il le pense réellement. S'il pense véritablement que tu peux céder. Ou si ce ne serait pas plutôt une phrase comme une autre, sortie sans penser aux conséquences.
Il s'excuse soudainement et tu lèves ta tête au moment où il te serre contre toi. Ton nez trempé de larmes effleure sa joue et tu es si surprise que tu ne lui rends pas son étreinte de suite. Mais tes bras finissent par l'enlacer en retour, tes paumes sur ses épaules, et tu renifles en posant ton front dans son cou.

Connor... Tu ne... Tu n'es pas responsable. Ça arrive ce genre de choses. Ce n'est pas parce que je suis vélane que toutes les femmes vont me sauter dessus. Et je ne risque pas d'abandonner. Je n'ai pas le cœur brisé, pas encore tout du moins... Et tu es toujours là à mes côtés. C'est le plus important pour moi. Que tu sois là.

Tu te recules un peu, le regardant dans les yeux avec un léger sourire. La crise est passée. Grâce à lui. Et soudain, par dieu seul sait quel miracle, ton regard dévie sur ses lèvres.
Ce n'est qu'une seconde de flottement, rien de plus, et pourtant tu te rends compte que tu aurais aimé peut-être te laisser aller à ce moment là, dans les bains. Juste pour... Pour quoi au juste ? Plus être la parfaite petite fille qui ne s'est jamais aventurée plus loin dans les jeux physiques que ce qui s'est passé avec Faust, c'est-à-dire rien du tout outre quelques baisers ardents et un t-shirt légèrement défoncé ? Depuis quand es-tu si prude, Venus ? Depuis quand le fait qu'une fille te tourne dans l'esprit t'empêche de profiter de la vie ?
Tu te mords la lèvre et tes yeux dérivent. Tu n'oses pas prononcer ces mots en le regardant dans les yeux.

Si tu veux.. On pourrait... On pourrait continuer ce qui s'est passé... Je peux pas rester bloquer sur quelqu'un d'inaccessible et... Et je te fais confiance Connor...

Tes mains se serrent un peu sur son haut et tu fermes les yeux, essayant de mesurer tout ce que tu ressens. Son odeur est aussi familière que celle de ta maison. Ses bras sont forts, musclés, tu te sens en sécurité là, dans son étreinte. Il ne te déplaît pas, d'ailleurs, bien qu'il manque de courbes et de rondeurs féminines. Chose normale, lui diriez-vous. Pourtant, malgré sa maladresse de cachalot et sa force de poursuiveur, il reste un nounours.
Et tu es plutôt certaine que ce nounours cache bien des choses que t'apprêtes à découvrir.
Es-tu sûre de le vouloir ?   

 

 

Son étreinte se desserre un peu. Tu l'as surprise, Venus. Tes joues s'empourprent et tu te rends compte que tu l'as peut-être perdu avec ton indécision. Alors tu as un faible sourire et tu secoues la tête.

Finalement tu vois bien, c'est moi qui suis faible.

Il te demande si tu le désires, comme s'il avait entendu tes pensées. Tes yeux accrochent son visage au moment où il se mord la lèvre. Et tu souris. Car lui te désire et tu le sais à son regard qui oscille entre hésitation et incrédulité. C'est peut-être ça qui te convainc. Il ne te forcerait à rien malgré le fait que lui-même le veuille.
Tu essuies tes larmes presque séchées avec le bord de ton T-shirt puis tu inspires profondément. Tu attrapes la main de Connor et tu lui souris.

Bon je vais aller droit au but. Je regrette de ne pas m'être laissée aller. Car de tous ceux qui ont croisé ma route, tu es véritablement le seul à qui je fais confiance. J'ai fais une rencontre, certes, mais pour l'instant il n'y a rien de moins certain que cela. Nous sommes jeunes, non ? On se connaît depuis si longtemps qui plus est. Et franchement, Connor, tu donnes envie. Tu es vraiment canon. Et je peux pas me la jouer prude toute ma vie. M'offrir à mon meilleur ami doux et bienveillant dans un monde de connards finis me paraît une bonne chose. Alors oui, moi, je le veux.

Ton sourire devient un peu plus diabolique et une idée folle te prend. Alors tu tires les courtines de ton lit puis tu t'assieds sur les genoux de ton meilleur ami, face à lui, tes mains se posant sur ses épaules, restant un peu en écart de son visage afin de lui laisser une possibilité de pensées claires.

Et toi que désires tu ? Car si tu préfères dire non, tu peux. On en aura parlé et les choses auront été mises au clair. Mais soyons honnêtes, on aura tout les deux raté une occasion formidable.

Tu ne veux pas le pousser à quelque chose qu'il regretterait mais en même temps, tu t'es rendue compte que tu le voulais réellement. Plus de doutes possibles. Les souvenirs revinrent et tu fermes les yeux quelques instants. Au fond, tu pries pour qu'il accepte.
Mais tu sais très bien qu'il ne pourra pas refuser. Pas avec le regard qu'il te porte. Alors il ne te reste plus qu'à attendre sa décision.

 

 

Souffle éperdu, chaleur moite enveloppant vos deux corps fatigués, Connor retombe dans les draps à tes côtés. Tes yeux se posent sur lui et tu secoues la tête, tu passes une main dans tes cheveux humides, comme lui l'a fait des dizaines de fois. Un léger rire s'échappe d'entre tes lèvres, et avec quelques difficultés dûes à ton corps anxylosié, tu lui donnes un tendre coup dans ses côtes dénudées.

Je comprends soudainement pourquoi tant de filles te tournent autour, cachotier va !

Tu rougis légèrement à ces paroles, un peu incrédule, un peu surprise, beaucoup rasassiée. Tu as l'impression d'avoir comblé une faim dont tu ne connaissais pas encore l'existence. Qui pour être saisie par le cerveau, devait être satisfaite.
Car tu es satisfaite Venus. Connor avait été... Délicieux. Tu as encore l'impression de sentir ses mains sur ton corps, ses lèvres sur ton épiderme, le goût de ses baisers sur ta langue. Il avait été doux et fougeux, passionné et passionnant. Tu t'étais laissée aller contre ses assauts, écume accompagnant la vague dont le destin est d'effriter la falaise. Pourtant, tu sens qu'au fond, rien n'a changé. Il reste Connor, le Cachalot Cultivé. CCC. Mais maintenant tu pourras toujours te souvenir des sensations qu'il t'avait fait découvrir. Et pour ça, tu lui es reconnaissante.
Ta main se pose sur son torse, vite suivie par ta tête. Un oreiller confortable. Tu ne prends pas la peine de te recouvrir, tu as beaucoup trop chaud pour ça, et puis il a déjà vu ton corps dans sa totalité, l'ayant caressé dans son ensemble. Un frisson, réminescence de plaisir, te secoue légèrement une dernière fois et tu soupires de plénitude. Tu as envie de le remercier, mais ce serait presque inapproprié. Déplacé. Alors tu te tais et à travers sa chair épaisse te parvient le battement de son coeur, rythme régulier qui te donne envie de t'endormir.
Et rien que ce mot résonne dans ton esprit. Dormir. Tu as envie de dormir. Tu es épuisée après tout et tu es sur le point de succomber à Morphée (pas à Morpheus, hein, s'il vous plaît) quand tu te redresses vivement et le fixe.

Tu... Tu as aimé toi ?

Tu t'étais surtout laissée guider à vrai dire, tu n'avais pas été très actrice dans votre échange. Excepté quelques baisers, quelques caresses maladroites et incertaines, tu n'avais pas vraiment su quoi faire dans cette situation. Après tout, tu n'avais jamais eu de mère pour te l'expliquer.

 

 

Il hésite. Sa voix est indubitablement hésitante. Tes joues s'enflamment, tes mains se reculent et ton corps se recroqueville. Pourtant, il vient t'embrasser le haut du front mais tu ne changes pas de posture, tes yeux rivés sur son visage paisible sur le point de s'endormir. As-tu vraiment été... Incapable ? Peut-être qu'il était déçu ? Ta confiance en toi en prends un coup et tu te mords la joue, gênée.
Soudain, il se penche hors du lit et ressurgit, le téléphone à la main, et une mauvaise nouvelle aux lèvres. Tu hausses les épaules et tu tentes une sorte de sourire peu confident.

J'ai déjà dormi depuis que j'étais montée au dortoir jusqu'au moment où Moon est venue pour son tatouage. C'est pour ça que tu ne m'as pas vue à table ce soir. Mais j'ai rien contre ton programme.

Tes mains attrapent le premier tissus disponible sous la main, la couverture. Tu t'enveloppes dedans et tu le regardes par-dessus ton épaule, avant d'ouvrir les courtines. Sans grande surprise, tu découvres une chambre vide. Tes voisines ont tendance à se lever plus tôt que toi, tout du moins lorsque tu ne vas pas nager.

Tu peux prendre une douche ici ou retourner à ton dortoir. C'est à toi de décider.

Tu fais quelques pas avant de t'arrêter et de te tourner vers lui. Tu es hésitante toi aussi, Venus. Parce que si tu l'as déçu, c'est comme si tu avais foutu en l'air votre amitié pour quelque chose de tout autant raté.
Tes yeux se posent sur ton meilleur ami. Tu te remémores toutes les bêtises, toutes les conneries, mais un voile étrange les recouvre. Les souvenirs plus frais refont surface et tu soupires légèrement. Tu ne regrettes pas. Tu espères juste que lui non plus ne soit pas déçu.
Mais tu n'oses pas poser la question. Ni avancer d'ailleurs. Tu es juste là, debout, dans ta couverture couleur du soleil, tes épaules inondées par la lumière du jour et les yeux perdus dans le vague.
Et tu repenses à Elle. Au sourire restreint, aux yeux interminables, au regard foudroyant. Et tu te demandes si elle aurait fait la même chose que toi.
Tu as peut-être même peur de la réponse.

 

 

Tu as oublié que les vestiaires ne fermaient plus et d'un coup tu te sens un peu bête, comme si tu lui avais proposé quelque chose d'indécent. Plus indécent que ce qui venait de se passer en tout cas. Tu te penches vers le coffre au pied de ton lit et tu commences à enfiler ta tenue, invisible aux yeux de Connor vu qu'il est resté sur le lit et que les courtines vous séparent encore.
Est-ce que tu vas bien ?
Au fond, tu ne sais pas trop. C'est étrange comme sentiment, quelque chose d'imprécis et de difforme. Tu ne regrettes pas, mais tu ne veux plus y penser. Tu ne l'aurais peut-être pas refait si on te l'avait proposé. Mais tu ne sais pas. Tu es perdue.
Mais une fois ta tenue enfilée, tu émerges et tu essaies de sourire, en lançant sa chemise à Connor.

Moi je pète la forme, c'est pour toi que tu devrais t'inquiéter, tu as un air tellement cadavérique que je suis certaine que tu pourras jamais me rattraper sur la piste !

Décidément, prétendre un ton enjoué ça te vient si aisément que tu te demandes si jouer du théâtre ne t'aurait pas mieux servi que faire du quidditch. Pourtant, les souvenirs, les liens crées avec ton équipe, tu donnerais tout pour ne pas les perdre. Alors au final, le bon choix, c'étaient eux.
Ce que tu regrettes c'est décidément ta fichue nature vélane.
Tu te saisis d'un chouchou sur la table de nuit et noue tes cheveux malgré quelques mèches rebelles. Tes cheveux sombres commencent à te manquer à vrai dire, et tu te demandes si ce ne serait pas un choix judicieux de retourner à ta couleur naturelle.

Je pense que pendant les vacances je vais teindre mes cheveux en noir. C'était ma couleur naturelle après tout.

Ton téléphone est posé sur la table et tu jettes un coup d'œil dessus avant de le glisser dans ton sac. Toujours aucune nouvelle de ton père. Cela commence à t'inquiéter pour de vrai, et tu lui envoies un petit message rapide, avant d'éteindre l'appareil et le faire disparaître dans le petit bout de tissus sans fond. Tu y retrouves ta baguette avec laquelle tu fais le lit que vous aviez défaits peu avant, les yeux concentrés et décidés.
C'était une aventure, rien de plus.

Prêt pour que je te mette la raclée ?