Jour 1, début de matinée :
Il y avait une chose à savoir quand on fréquentait Hazel Avery ; ne jamais, jamais, la bousculer. S'il existait bien une chose dont elle avait l'horreur, c'est d'être pressée. Elle aimait faire les choses à son rythme, comme elle l'entendait. Si celui-ci devait être extrêmement nonchalant, nonchalant il était, et si au contraire, elle se montrait particulièrement vive, il fallait en faire de même. C'était l'une des raisons pour lesquelles, elle détestait être réveillée ou tout simplement brusquée. C'est pourquoi, en ce début de matinée, lorsqu'Adelys lui avait demandé de venir de toute urgence au vestiaire de Quidditch, elle y était allée en pestant. En plus de ne pas être du matin, il avait fallu qu'elle traverse toute l'école pour apporter une stupide cape porte bonheur, à celle qui avait osé lui faire croire à quelque chose de grave.
Alors qu'elle était sur le chemin du retour, impatiente de retrouver le confort et la tranquillité de sa chambre, il s'était mis à pleuvoir tant et si bien, que c'est littéralement trempée, qu'elle avait du arpenter le parc de Poudlard. L'averse était si soudaine et si intense qu'elle créa comme un rideau d'eau devant elle. Ce fût donc tête baissée qu'elle s'empressa de rejoindre les galeries de pierres de la grande cour. Manque de chance, elle heurta violemment le dos puissant d'une silhouette masculine. Qui pouvait bien être l'impudent qui à six heures du matin et sous une pluie torrentielle bloquait ainsi le passage pour se retrouver sur son chemin ? Alors qu'elle s'apprêtait à lancer ce fameux regard noir dont elle avait le secret, elle glissa sur les pavés luisants et chuta douloureusement contre les pierres froides et humides. Ce dimanche était décidément placé sous le signe de la mauvaise fortune.
Une main apparût dans son champ de vision, lui proposant une aide bienvenue. C'est à cet instant qu'elle releva la tête et plongea ses yeux dans ceux couleur d’obsidienne de l'inconnu. Le qualificatif ténébreux semblait avoir été inventé pour l'homme qui lui faisait face. Pour autant, rien ne traduisit sa surprise ni son intérêt. Les nouveaux venus étaient chose rare au château ces derniers temps. Acceptant la main tendue, la serpentarde parvint à se redresser. Elle abaissa sa capuche, dévoilant son visage.
«
Je vous prie de m'excuser » énonça t-elle d'un ton monocorde. «
La pluie » ajouta t-elle tout simplement, justifiant ainsi la situation. «
Merci pour votre aide » termina t-elle d'un ton poli, où pointait une certaine impatience.
La bienséance voulait qu'il se présente en premier alors elle resta silencieuse. Derrière eux, l'orage gronda pour la première fois.
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Jour 2, fin de matinée :
Elle était loin de bénir l'invention du téléphone ce jour-là. Si d'habitude, elle se débrouillait pas trop mal avec la technologie moldue, ce nouveau portable dernier cri acheté sous les conseils de Cassiopée, commençait à lui taper sur les nerfs.
Alors qu'elle pensait l'avoir éteint, il se mit à sonner en plein cours. Pas n'importe quel cours, mais pendant la conférence d'un nouvel intervenant en droits et politiques sorcières. Ce nouveau professeur semblait peu enclin à la clémence et ne tarda pas à la sermonner devant la classe entière. La majorité des élèves étaient soufflés par son discours et elle devait bien admettre qu'il se dégageait de lui, une certaine autorité naturelle.
Néanmoins, ce fût sur un ton d'excuse insolent qu'elle répondit : «
Monsieur Anderson est toujours ravie de me voir. Il apprécie tout particulièrement que je cultive mon impertinence. » Plusieurs serpentards rirent sous cape. Plus sérieusement cette fois-ci, elle reprit : «
Désolé. »
Ne parvenant pas à éteindre cet objet de malheur, elle s'arma de sa baguette et le réduisit en pièces détachés devant les regards abasourdis de ses camarades. «
Quoi ? » dit-elle en relevant la tête «
Ce truc est insupportable. » Après ce petit moment de théâtralité, elle se concentra de nouveau sur le cours, comme si de rien ne s'était passé, exagérant sa mine attentive.