[EVENT #5] Groupe 2 — Alienor, Bertram, Cecilia, Alexander

La nuit aurait pu être paisible, à vrai dire. Une vraie, bonne nuit de sommeil comme j'en ai peu ces derniers temps. Le soir d'avant, toujours la même dégaine ; whisky et tabac. Des pleurs, rien d'autre – et je me suis couché. J'ai mis la viande dans le torchon, comme disait Taylor. J'ai dormi, profondément, des heures durant. Jusqu'à ce que je sois sorti de mes rêves affreusement noirs à cause d'une première onde de choc, suivi de la légilimencie d'Orphan. Brutal, même si ça aurait pu être pire. J'ai quand même écrasé mes tempes à l'aide de mes mains le temps qu'il arrête le contact ; et puis j'ai soufflé un coup, lâchant alors une insulte par pur réflexe. Les élèves sont en danger. J'ai pas le temps de discutailler deux fois. Quand j'ai le réflexe d'allumer la lumière, rien, pas d'électricité. Je tâte la table de chevet, j'y trouve ma baguette.

« Lumos ! »

La lumière jaillit du bout de ma baguette. Il semblerait que ce soit la seule source possible à l'heure actuelle. Je me dépêche, je saute de mes draps. La chemise de la veille pour ne pas me balader torse nu, la paire de claquettes qui traîne par ici. Je sors en trombe. Je dévale les escaliers, mais je perds l'équilibre à un moment ; je tombe de plusieurs marches. Une nouvelle onde de choc, un bruit fracassant. Je me relève, je continue – et quand j'arrive en bas, c'est au septième étage que je me trouve, puisque mon bureau est dans une tour adjacente à celle de Serdaigle. Je suis déjà essoufflé, mais je n'ai pas le temps de me reposer un tant soit peu. Je continue à courir au petit trot, je vérifie chaque couloir, chaque salle que je trouve. La seule que je n'ai pas encore vérifiée – c'est la salle sur demande. Je ne sais pas vraiment comment je ferais pour y entrer. Mais je le ferais par tous les moyens.

Quand je continue mon chemin, j'entends des bruits. Ils viennent justement de là où je souhaite aller. Je cours – encore. Bientôt à l'angle... bientôt à l'angle... et j'y vois des élèves. Je reconnais trois Serdaigle. Bertram, Heaven, Cecília. Le dernier n'est pas de ma maison, encore moins dans mon cursus. Mais Heaven ne semble pas consciente, encore moins dans le même état que les autres.

« Oh, bon sang, qu'est-ce qu'il vous est arrivé ? Vous avez mauvaise mine–– »

Jusqu'à ce que je finisse de m'approcher. Les cheveux d'Heaven s'avèrent légèrement tâchés de sang, et je réagis presque immédiatement. Si seulement j'avais appris un tant soit peu de médicomagie...

« OK les gamins. Orphan a demandé à certains professeurs d'aller vous chercher. On va aller encore plus vite vu l'état d'Heaven. On doit aller à la grande salle et– laissez-moi la porter. Contentez-vous de suivre le rythme, il n'y a pas de temps à perdre. Tout va bien, maintenant. C'est fini. »

Bertram et l'autre soulevaient Heaven avec certaine difficulté, et après avoir envoyé un signe de tête rassurant aux deux, je la soulève de moi-même en ayant la plus grande attention possible.

« Bert, prends ma baguette. Je dois concentrer toute mon attention sur elle. Allez, on y va ! »

Au final, ça n'allait pas être une mince affaire – parce que j'avais certainement sous-estimé son poids. Mais peu importe, j'allais avoir plus de facilité à la soulever que les deux autres réunis. Alors maintenant, il fallait courir. Courir, pour rejoindre les autres. Ce stress me rappelle celui du jour où j'ai appris la mort de Taylor. Je me mord la lèvre. Mais je ne dois pas laisser mon attention se dissiper.

C'est la seule mission que m'a donné Orphan ; retrouver les autres, faire en sorte à ce qu'ils soient sain et sauf. Je n'allais certainement pas le décevoir.