Party Rock Anthem (PV Hazel)

L’heure était à la fête dans la salle commune des Serpentards. La pièce avait été aménagée en conséquence et il y régnait une atmosphère d’allégresse. Le grand salon tenait lieu de piste de danse improvisée. Près de l’entrée, un grand buffet proposait diverses gourmandises. Mais le véritable centre névralgique était le bar où l’alcool coulait à flot.

Sous une somptueuse arche en pierre, le gratin de la bonne société des verts et argents se tenait légèrement à l’écart. Ils contemplaient le spectacle avec des airs de propriétaires et participaient à la soirée à distance, munis d’une coupe de champagne et d’un sourire de circonstance. Même au sein même du nid des serpents, il existait une séparation très nette entre les sangs-purs et les autres. Seules des personnalités comme Uther Windsey ou les préfets comme Trésor pouvaient s’y mêler sans crainte. Il fallait être invité pour se tenir au milieu de tout ce beau monde. Cela permettait de cultiver une certaine impression de grande différence, favorisant la singularité et la rareté des membres des grandes familles.

Au centre de cela, assise dans un fauteuil en cuir comme l’aurait été une reine sur son trône, elle observait les danseurs sans vraiment les voir. Insensible à toute cette agitation, elle semblait figée telle une statue de glace. Seul le mouvement du verre à ses lèvres brisait cette immobilité. Vêtue d’une robe splendide qui marquait sa taille déjà fine et au décolleté presque délicieusement indécent, la royale Hazel Avery s’ennuyait. Elle s’était promis de faire de sa dernière année quelque chose de spectaculaire et au lieu de cela, elle passait son temps lascivement, envahie de lassitude.

Elle les enviait presque ses camarades insouciants, aux yeux rendus plus brillants par l’alcool, aux corps se mouvant librement et aux sourires si éclatants. Ils paraissaient si vivants, si inconscients d’eux-mêmes, du poids de leur existence, profitant des festivités sans se soucier de rien. Comme elle aurait aimé être capable de s’abandonner ainsi ! Même pendant l’amour, elle ne se livrait jamais entièrement. Elle poussa un énième soupir tandis qu’on se chargeait de remplir son verre.

Son regard éteint bien qu’écarlate, fût attiré par une chevelure blonde platine qui détonnait sur la piste de danse. La peau était blanche, laiteuse. La robe proche du rouge sang et les lèvres pourpres. Les mouvements étaient lestes et précis, chargés d’une énergie proche du désespoir. Il s’en dégageait impudeur et impertinence. Un mélange qu’Hazel appréciait énormément. Elle l’observa évoluer pendant un moment et constata que la jeune-femme qui avait attiré son attention se délectait de son pouvoir de séduction. Pour autant, la chose qui sautait aux yeux de la brune, c’était bien cette étrange mélancolie qui s’émanait de cette personne. Enfin quelque chose d’intéressant.

A force de fixer l’inconnue, leurs regards se croisèrent. A cet instant, Hazel leva son verre comme pour la saluer et indiqua d’un geste le fauteuil près d’elle, d’où elle chassa quelqu’un d’un geste autoritaire. C’était une invitation explicite à la rejoindre.

Son caractéristique sourire mutin s’étira lentement pour devenir carnassier. Il n’existait rien de tel que de capturer au vol une étoile mourante.

Elle se dirige vers toi avec un sourire séducteur. Ses hanches se balancent de manière hypnotique tandis qu’elle fend la foule des danseurs. Ses longues jambes se dévoilent à travers la fente de sa robe longue. Ses cheveux blonds font comme un halo lumineux autour d’elle. Ses yeux sont soulignés de noir et sa bouche rouge se fait tentatrice. Elle se laisse tomber dans le fauteuil, attrapant une coupe de champagne au passage. Elle se montre familière et ça t’amuse. Tu ne comptes plus les personnes qui en pensant te tutoyer ou en se faisant passer pour cavalier, espéraient te faire comprendre qu’il était sur un pied d’égalité avec toi. Quel leurre que celui-là. Si tel était le cas, personne ne perdrait son temps à vouloir te prouver qu’il n’existait aucune différence entre toi et les autres. Enfin, l’heure n’était pas aux tergiversations.

Tu l’observas un instant avant de lui répondre. Une suavité sensuelle se dégageait d’elle. Tout son corps était un appel à la luxure. Elle était passée maître dans l’art de faire du charme. Tu en souriais davantage.

« Je n’ai pas l’habitude de m’attarder pendant ce genre de soirée. L’ennui finit toujours par me dévorer. Du coup, il n’est pas rare que je m’éclipse. »

Tu lui adressas une œillade de connivence. Tes propos témoignaient du fait qu’elle avait su retenir ton attention.

Tu passas une main dans tes cheveux, les ramenant en arrière. Ton regard s’accrocha au sien.

« Dis moi, qu’y a-t-il de si tragique dans ta vie pour que tu t’abandonnes ainsi ? »

Le ton de ta voix était neutre, tu n’exprimais aucun jugement. En revanche, tu ne perdis pas de temps et tu fis volontairement preuve d’un manque de tact. Ta franchise et ta curiosité prirent le dessus sur les règles de bienséance. Allait-elle se formaliser ? Honnêtement, tu n’en savais rien. Tu doutais bien qu’elle comprendrait que ce n’est pas sa seule pastique qui avait éveillé ton intérêt. Tu avais vu quelque chose en elle, quelque chose qui te parlait.

Se laisserait-elle apprivoiser ?