Lever de rideau. Quand les planches frissonnent sous les pas lourds des élèves trop pressés… Et recluse, dans le calme. Bien gardée dans un coin de tour comme dans un recoin du monde, je suis toute emmitouflée dans mes idées, dorlotée par les infatigables songes qui choient mes fantasmes…
A moi seule loin de la foule, à moi seule loin d’un hypothétique vacarme.
« de… min… le… si…èl… se… a… ah. kh… kh ? » les syllabes qui s’épuisent et ma patience qui fatigue. « r », presque imprononçable, véritable défi de toute une vie... Une moitié de « n » à l’écrit, un vrai bordel à l’oral. Un soupire qui m’échappe et je lâche la vitre de mon regard vide pour m’adosser sur les briques du mur.
C’est si lassant.
Mais la magie, fidèle amie, cette cocasse solution qui pourrait venir à bout du moindre « r » émerge en moi comme une boule au ventre… Et je ne peux m’y résoudre. Bien trop simple, j’épèle ça « t-r-i-c-h-e-r-i-e » et malgré toutes les versions du monde, rien ne s’en approche dans mon vaste dictionnaire.
« a… akh… » ah, mais qui voilà ? Arrachée à ma propre corvée par un brin de soleil, je reconnais l’émeraude de ces pupilles comme des joyaux si précieux qu’on les veut tout entier et rien que pour soi. Gourmande par amour câline par passion, et seulement car le temps nous donne des minutes à vivre autant tout exploiter, jusqu’à tout perdre, même les mots.
« Inocenty. » Le sourire qui égaye mes pommettes, c’était comme une brise nouvelle, un genre de vent doux, qui vient polir les idées… Ton prénom et si facile à prononcer, quelle rareté. A l’image de ton être, d’une si grande finesse… Je saisi mon téléphone pour y tapoter des mots avant de te les montrer.
« On se croise souvent, tu ne trouves pas ? Sans prendre le temps de parler… Mais, là, tu as quelques minutes à me donner, pas vrai ? Quelques minutes, pour toi et moi. » Un pas, deux pas… Un troisième, pour te faire face. De quoi sentir ton souffle se heurter au mien, de quoi me plonger jusqu’à me noyer, dans le vert éternel de tes yeux merveilleux.
Et je tombe amoureuse, dans la superficialité d’un réconfort éphémère, juste de quoi me soigner d’un cœur qui s’asphyxie, pourtant bien portante dans mon utopie.
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Re: noocratie /feat inocenty Dim 17 Fév - 18:22
noocratie
Mais si tu viens n'importe quand je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le coeur...
feat Lune
Tu déambules silencieusement dans les couloirs, las de ta présente situation. Tu as appris une très mauvaise nouvelle récemment, une nouvelle qui aurait pu t’envoyer sauter d’un pont tant le désespoir qui a attrapé ton cœur était lourd à porter.
Tu as des épaules larges, mais tu n’es pas un Géant. Tu ne peux pas tout supporter à toi tout seul.
Demander du soutien t’est même trop difficile. Au fond, à qui pourrais-tu le demander ? À qui pourrais-tu faire part de tes problèmes ? Ceux qui te ruinent l’existence ?
La réponse est simple : à personne. Même si tu joues parfaitement la comédie, même si tu feins d’avoir plein d’amis et d’être aimé de tous, ce n’est pas vrai. Tu n’as personne avec qui rester, pour te consoler.
Ta seule amie est la source de tous tes embarras.
C’est bien, tu danses. Tu sais danser. Tu es l’un des meilleurs, mais cette pseudo-célébrité de n’apporte en rien l’aide dont tu as besoin. Combien de tes prétendus fan te connaissent réellement ? Combien savent ta couleur préférée, le plat que tu aimes manger ? Ils se comptent peut-être sur les doigts de la main.
Pathétique situation qu’est la tienne. Tout faire pour satisfaire des parents qui n’en ont que faire de tes états d’âme. Esclave de leurs désirs, de leurs rêves.
Qui es-tu réellement, outre un être humain robotisé ?
Plongé dans tes pensées tristes, le visage éteint alors que tu as pour habitude d’afficher un magnifique sourire, tu ne la vois pas, cette fille.
Mais tu l’entends, tu l’entends qui t’appelle. Le son de sa voix te fait comme un électrochoc dans tout le corps. Depuis quand ne t’a-t-on plus appelé comme ça, simplement ?
Tu te retournes et tu lui fais face. Tu la reconnais immédiatement. Elle fait partie de ta maison et est sourde. Tu sais même qu’elle s’appelle Lune, prénom que tu trouves tout simplement joli.
Tu ne lui as jamais parlé. Trop inaccessible. Comme beaucoup.
Tu as beau être finement musclé, avec un visage lisse et parfait, possédant de magnifiques yeux verts, ton manque de virilité – voulu ou non – te joue trop souvent des tours. Tu n’arrives pas à plaire durablement. Tu n’es qu’un mouchoir qu’on jette après usage.
Elle s’approche de toi et te fait face. Tu ne comprends pas. Ton esprit est trop dans le brouillard. Est-ce une apparition ? Au fond, ça ne t’étonnerait pas. Tu as terriblement besoin de rencontrer quelqu’un, immédiatement, et elle arrive ainsi, te fait face. Un peu étrange, non ?
Elle te montre quelques mots jetés sur son écran de téléphone et tu fronces tes fins sourcils aussi bien dessinés que ceux des filles. Il est vrai que souvent vous vous croisez sans jamais vous regarder. Tu as cette sale réputation de pervers, tu ne voudrais pas la brusquer, aussi nobles soient tes intentions. Mais là, c’est elle qui fait le premier pas. Incompréhension. Doutes.
Tu la fixes. Elle est proche, trop proche. Tu ne comprends toujours pas. Tu es tenté de te frotter les yeux, mais tu sais que si tu le fais, elle ne sera bientôt plus là.
Tu ne sais soutenir son regard et détourne les yeux.
« Un problème ? » lances-tu simplement.
Tu ne sais pas quoi dire d’autre. Tu ne captes pas la raison de son approche, de sa proximité peut-être un peu exagérée.
Je voudrais sourire. Une fois de plus, et peindre le monde d’infinies étoiles. Mais comme les utopies trop parfaites, à l’image même d’une fatalité trop susceptible, je n’osais plus.
Respirer soudainement semblait interdit, et dans cet air grave et fuyard que tu me livrais, je ne trouvais ni réconfort, ni sauvetage. A toi ma bouée qui m’a laissée vaguement coulée, j’aurai voulu te demander de sombrer dans mes frêles bras.
Pourquoi me fuis-tu du regard, Inocenty ? Pourquoi sans même entendre ta voix, j’écoute ton animosité ? Ton comportement est-il trop brouillon face à tes idées ? Voulais tu simplement être poli, me laisser tergiverser à mes batifolages si désagréable à l’oreille ? Ou bien, par la timidité qui te ronge (peut être), esquivais-tu la cascade d’honnêteté qui me fait plus haute que ma braverie ?
J’ai beaucoup fuis. Mon enfance ne s’illustre que par des portes ouvertes que par des chaussures abîmées, je ne connais que trop bien les pieds abîmés les larmes envahissantes le souffle coupé,
et toi, Inocenty, était-ce le cas, aussi ? Je connais ton nom et tes rumeurs. Je ne connais pas ton histoire, me suis simplement satisfaite de quelques croquis. Qui es-tu ?
Pourquoi ne pas être toi, en cette si jolie journée ? Je range mes mains derrière mon dos, tenant mes pouces.
Tu as raison, allons droit au but. Il n’y a pas de problème, et je ne sais pas vraiment parlé. Tu ne me comprendras peut être pas, et puis, au pire : tant pis.
Si tu veux être plat, je ramperai, moi aussi. A voir lequel de nous deux tiendra sa fierté.
« Si tu m’demandes, c’est que t-ops de gens t’en accuse. » car bien futée je suis rusée, et j’interprète, peut être trop, à dépend des vérités qui se défilent. Et nous voilà, Inocenty. Toi, moi, nos corps et nos remords. « Dis m’en plus ?»
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Re: noocratie /feat inocenty Dim 17 Mar - 0:24
noocratie
Mais si tu viens n'importe quand je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le coeur...
feat Lune
Les battements incessants de ton cœur sont comme le tonnerre qui aurait pu résonner dehors. Elle est jolie. Elle est magnifique. Tu nages en plein rêve. En plein délire. Beauté surréelle qui s’est ainsi approchée de toi sans que tu ne t’en rendes compte.
Tu es contre le mur. Pas d’échappatoire pour toi. Du moins, aucun qui te semble assez discret. Rejeter les gens n’est pas dans tes habitudes. Il est hors de question que tu commences avec elle. Vexer ? Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse.
Son attitude te laisse perplexe. Tu te perds dans son regard de poupée parfaite. Toi, tu n’es qu’un pantin désarticulé qui bouge encore sans trop savoir pourquoi. Elle est lumineuse et tu l’aimes. Sans même le savoir, sans même le vouloir.
Car elle vient égayer ta journée. Quoiqu’il se passe entre vous dans les prochains instants, aujourd’hui ne sera jamais comme hier.
Tu es un tyran avec toi-même.
Elle reprend la parole et tu t’interroges. Qu’a-t-elle voulu dire ? Pense-t-elle que tu n’es qu’un idiot sans rêves ? Pris et bloqué dans un tourbillon de mal être ? Tu es perdu. Ta bouche s’assèche et tu es obligé de lécher tes lèvres avec appréhension. Ton regard se fait interrogateur.
Tu restes plusieurs secondes en silence à ne pas savoir quoi dire.
« Rien qui puisse t’intéresser, je t’assure. »
Tu es le héros de ta propre histoire. À toi de la faire prospérer ou de la faire couler. Tu as appris il y a bien longtemps que tu ne pouvais guère compter sur les autres pour t’élever de ta situation minable.
Tu vas devoir te débrouiller seul.
Et elle, là, qui te gâche ta vie… alors que ça aurait dû être les plus belles années de ton existence.
Non. Lune est en face de toi. Tu ne peux pas lui faire ça.
Tes yeux, un instant perdu dans l’infini morne, se reposent enfin sur elle. Son visage est toujours aussi clair, aussi doux. Pendant un moment, tu as envie de l’embrasser. Tu te retiens, mais tes prunelles émeraude ont un peu trop fixé ses lèvres. Peut-être.
Tu es conservateur de tes valeurs. Celles-ci impliquent de ne pas imposer tes choix aux autres. À moins d’être sûr que ces désirs soient réciproques.
Tu baisses le regard encore. Incrédule.
« Je vais répéter ma question. Que me veux-tu ? Pourquoi es-tu aussi proche, Lune ? Pas que cela me dérange mais la situation est quelque peu… déroutante et inhabituelle. »
Car au fond des couloirs quand mes yeux tombaient sur toi, j’étais simplement rassasiée. Car de ton nom que je lisais sur trop de lèvres, je ne captais que l’intrigue. Car quand je n’étais pas trop occupée à penser à moi –ou à Archie, je pensais à toi.
Qui est-il, le garçon si joli.
Mais je suis terrible et je le sais, car si bien gâtée la vie m’a tant forcée à m’occuper de moi, laide d’oublie. Je te regarde. Encore. Et tes yeux me dévorent, je le vois. J’admire tes lèvres, mais je n’omets pas de découvrir les traits de ton visage, et tu es beau, Inocenty, si beau que mes envies prospères.
Car la vie n’est pas si mauvaise avec nous et au-delà des problèmes elle nous à tout de même laisser bon nombre de plaisir, sans vraiment trop mettre en avant celui de la chair, et pourtant… A croire qu’il n’y a que cela qui m’anime ?
Je souris à mes pensées, pouffe contre moi-même. Quelle idiote. Pourvue que tu ne me déteste pas d’agir ainsi.
Rien qui puisse m’intéresser… Ce doux sourire décidément ne me quitte pas. Rien, vraiment ? Oh, Inocenty, si tu savais comme la moindre cendre de nos maux peut épier ma curiosité… Je n’entend rien mais quel régal de tout écouter de vos lèvres.
Ton regard m’abandonne et mon rictus bon enfant s’enfuie lui aussi.
J’ai l’impression, en ta présence, d’engendrer amusement et désarroi. Que lorsque nos regards se croisent, la vie se teinte de joie, tandis que dès lors que la pluie nous cogne, c’est que nos yeux ont pris congés de nous deux.
C’est quelque peu frustrant. Et je ne veux rien. Être proche est un luxe qui m’appartient. T’habiller de doute, aussi.
Et je n’aime pas parler, mais bizarrement l’effort semble valoir le coup, je reprend.
« J’ai l’imp-ession que je n’dois pas m’éloigner. Je t’embête ? »
Non, sinon, tu serais déjà parti… Mes épaules dansent doucement, de droite, à gauche, à droite, à gauche… Et je me balance, lentement, et je me balance, sans t’oublier.
« Y’a mes lèv-es ou mes yeux... Mais toi, tu -ega-des le sol… Tu m’int-igues… Pa-lons un peu ? »
Je recule d’un pas, puis deux.
« A moins que tu veuilles que je pa-te ? Loin… Alo-s que je suis juste là ? Inocenty, Je m’inquiète. »
Et rien ne traduira mon départ car rien ne m’encouragera à partir. Par delà les mots quelques piques et par delà cette douce agression j’attend ta ferveur, peut être même ta colère, et qui sait, un peu de fougue, un peu d’ardeur, ton toi, pas tes peurs.
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Re: noocratie /feat inocenty Dim 17 Mar - 21:55
noocratie
Mais si tu viens n'importe quand je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le coeur...
feat Lune
Depuis quand n’as-tu plus été dans cet état pour une simple fille ? Depuis quand ton cœur n’a-t-il plus battu comme cela ? Comme s’il voulait s’échapper hors de ta frêle poitrine, trop souvent blessée par les attaques et le manque d’attention ?
Si elle ne peut pas l’entendre, peut-elle le sentir malgré la distance vous séparant ? Tu pries Dieu pour que ça ne soit pas le cas.
Telle une Nymphe, elle t’intimide. Tu n’as pas l’impression d’être face à une simple mortelle. À cet instant. Ton regard ne peut plus soutenir le sien. Tu fixes tes pieds. Tu aurais tant aimé simplement l’approcher, plaquer vos bouches l’une contre l’autre car tu as l’impression que c’est ce qu’elle souhaite, elle aussi.
Mais tu crains de te tromper, alors tu restes immobile, tes fins doigts jouant l’un avec l’autre, pinçant ta peau pour te rappeler que tout ceci est bien réel.
Elle compense son manque d’audition par un regard incroyable. Tu voudrais pouvoir en dire autant.
Tu l’écoutes, dans un silence quasiment religieux. Tu as l’impression d’être un petit enfant pris en faute. Face à elle, tu perds toute notion du temps. Tu aurais presque préféré ne jamais croiser son chemin.
Si elle t’embête ? Loin de là. Tu ne sais pas poser le doigt sur le sentiment qu’elle te fait ressentir.
Le regard baissé, tu suis, comme hypnotisé, le mouvement de ses hanches lorsqu’elle se balance. Tu n’arrives pas à trouver cela étrange.
Les minutes passent, lentement. Tes mains sont toujours jointes, ta gorge asséchée comme si tu avais avalé du sable mêlé de sel. Lentement, ton visage se redresse. Tes orbes vertes osent enfin fixer les siennes.
Elle ne t’a toujours pas répondu clairement.
« Lune, je... »
Tu ne sais que dire. Les mots meurent dans ta gorge avant même d’être prononcés. Inspiration.
« Je ne veux pas que tu partes. »
Intelligible. Toutefois, elle ne peut t’entendre. Tu espères que la force que tu as mis dans ces mots – claquant l’air – la percutera de plein fouet.
« Tu n’as pas à t’inquiéter pour moi, je vais bien. »
Mensonge. Mais ton chagrin ne doit pas être palpable. Elle ne peut voir la cicatrice des larmes sur tes joues. Tu les as masquées de toutes tes forces.
Mais pitié, qu’elle t’avoue pourquoi elle est là. Vraiment.
Et personne n’a jamais demandé mon départ. Car ma présence qu’elle dérange ou qu’elle séduise, est un trésor qui se savoure. Et j’ai connu des choses, des élans de colère, de fougue, le tout infiniment surprenant. Mais pas l’incompréhension qui se lit dans tes gestes.
Alors je ne partirai pas, Inocenty, je ne partirai pas mais je doute de ma présence : elle semble si superflue, si désagréable, pourtant si désirée. Ca me dépasse un peu, et les doutes qui m’accaparent pourtant, se balayent d’un revers de main… J’ai tant dégusté par le passé, que si peu, présentement, ne saurai me dépasser.
Je suis fière et bien droite sur mes pieds. Je veux te surplomber pour me prouver à moi et à moi seule, que mon égo dépasse mes peurs. Je veux être grande, prouver que ne rien entendre, ce n’est pas n’être capable de rien. C’est bête, ce doute incessant qui me ronge la peau… Et pourtant, le voilà, le problème tant dégusté par le passé , qui, pourtant, demeurent actuel.
Si seulement tu savais tout ce qui cogite ! Oh, Inocenty, si seulement mes problèmes s’énonçaient d’eux-mêmes, me confierais-tu les tiens ? Pourrais tu par toute la vie qui te martèle, occuper la moindre de mes pensées ?
Quelle enfant égoïste. Et sans honte.
« Pou-quoi tu me -ega-des à peine ? mal à l’aise, pa-ce que je suis sou-de ? »
Oh je suis terrible, véritable gangrène qui dévore ma sympathie. La copine si sympa qui soudainement souffle milles culpabilités. Oui je suis sourde et non ça n’a jamais fait baissé les yeux de quiconque, mais tu es silencieux, Inocenty, trop silencieux. Tu as des problèmes : qui n’en a pas ? Et tu t’en camoufle, étrangement.
Je comprends. Je ne suis personne, si ce n’est l’astre qui donne à chacun son équilibre –j’en suis convaincue. Il faut s’aimer pour aimer autrui, et je m’aime autant que j’aime, aujourd’hui. Et donc, la conversation ne vient pas à nous, simplement car je suis une étrangère ?
Pourtant tes yeux me convoitent. Alors que faut-il de plus, jeune ami, pour nous laisser parler ?
« Aller, Ino. C’est ent-e toi, et moi… »
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Re: noocratie /feat inocenty Lun 18 Mar - 0:25
noocratie
Mais si tu viens n'importe quand je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le coeur...
feat Lune
L’air autour de toi vient à manquer. Tu étouffes de sa présence. Elle sent bon. Tu as envie de t’approcher et de glisser ton visage dans son cou, de humer son odeur si féminine, peut-être d’y déposer un baiser.
Toutefois tu restes face à elle, droit comme un piquet, le visage en apparence impassible – la danse t’a beaucoup aidé dans ce qui est de cacher tes émotions, pour ne pas afficher un sourire immense à chaque montée sur scène car tous les regards ébahis sont sur toi, sur ton corps que tu manies à la perfection. Elle aussi se tient bien. Digne. Élégante.
Tu te sens tout petit alors que tu fais bien dix centimètres de plus qu’elle. Elle te ratatine. Si bien que même si ta tête est délicatement baissée dans sa direction, tu as l’impression que ton cou fait le mouvement inverse.
Tu ne sais plus penser.
Un nœud se forme dans ton estomac. Insignifiant. Ses yeux trop superbes pour toi qui ne te lâchent pas. Comment leur échapper sans passer pour un couard ?
Elle ne se tait pas. Pourquoi tient-elle tant que ça à ouvrir la bouche pour s’exprimer ? Si tous deux aviez sorti vos téléphones, tout aurait été plus simple, moins gênant. Les yeux ailleurs, les pensées aussi sans doute.
Tu déglutis. Tu aurais tant aimé être le sculpteur de ce visage parfait.
Elle t’interroge sur les raisons de ta timidité. Il y a de quoi. Tu n’es pas connu pour faire ta vierge effarouchée. Au contraire. Tu es toujours le premier à aller vers les autres, affichant un beau sourire, un air avenant. Tu es sociable, aimes la compagnie des gens.
Ses questions sont tout à fait légitimes. Ses craintes également.
Mais elles te scandalisent.
« Non ! » réponds-tu plus vite que tu ne l’aurais voulu.
Tu inities enfin le contact. Tes mains, douces mais fermes viennent entourer les siennes. Tes orbes ne la quittent plus. L’honnêteté se lit sur tes traits.
« C’est faux, tu m’as pris pour qui ? »
Elle te pense gêné par rapport à son problème d’audition. Il n’en est rien. Elle n’en est pas moins ravissante. Ce n’est pas pour cela que tu n’aurais pas envie d’apprendre à la connaître, à la découvrir et à l’apprécier.
Tu es presque en colère qu’elle pense une chose pareille de toi. Tu n’es pas le meilleur. Un rustre, peut-être, au mieux un vulgaire dragueur coureur de jupons. Mais tu n’es pas un connard. Ça, jamais.
Tu as assez souffert dans ta courte existence pour t’encombrer de problèmes de ce type.
Tu lui lances un regard d’avertissement. Elle n’a pas intérêt à répéter de pareilles inepties à l’avenir. Tu es d’un naturel doux et il en faut beaucoup pour te mettre en colère, mais elle pourrait très bien dépasser les limites.
« As-tu si peu de considération pour moi ? Je sais que beaucoup me prennent pour une simple catin, toutefois… toutefois non… pas toi, je t’en prie. Je ne suis pas un connard. Ça, jamais. »
Tes sourcils sont froncés, ton visage plus froid encore. Entre toi et moi, hein ? Elle la veut, cette vérité que tu caches au fond de ta poitrine depuis le tout début ?
Faible estime de toi-même. Elle va pouvoir s’en rendre compte. Encore une fois.
Tu la lâches enfin. Tes mains remontent jusqu’à son visage que tu effleures plus que tu ne touches. Tu te mordilles la lèvre et tu lâches, avec moins d’assurance que prévu :
« Comment puis-je regarder une perfection telle que toi ? Je n’en ai pas le droit. »
c’est beau, les gens perdus. c’est beau quand ça s’esclaffent quand ça s’apitoient, quand ça dit oui et même quand ça dit non. ils sont impulsifs et n’écoutent que leurs passions, comme toi, inocenty.
mains dans la mains sans la moindre invitation, tu perces ma bulle pour t’y loger, intru sans une once de regret. je penche mon visage (tu es si grand), hausse mes épaules. je ne sais pas pour qui te prendre, je ne sais même pas qui tu es. j’ai gardé mes mots salés, tu n’as sans doute pas besoin d’entendre qu’à cette heure-ci, tu n’es « rien »… pas parce que je ne te considère pas, mais car je n’ai pas de matière à juger.
ta véritable question, je l’imagine, devait plutôt être « qui suis-je ? », nous aurions peut-être pu y répondre à deux.
j’ai lâché l’une de tes mains. lire de si vilains mots d’une bouche si sublime, c’était péché.
« coucher à tout va ne fait pas de toi une catin. » (enfin une phrase sans r)
ils glissèrent sur le chemin de ta joue, doucement, mes cinq doigts à la recherche de ferveur. pourquoi la glace figeait-elle ton visage ? pourquoi la colère t’anime-t-elle, soudainement ? tu pensais presque pouvoir m’ignorer et désormais, une simple phrase peut-elle te rendre fou ?
tu t’exprimes avec ardeur inocenty mais tu ne me parles pas à moi, ce sont des mots intimes qui ne s’adressent qu’à ta conscience, et moi jeune incongrue à la langue (trop) pendue, j’écoute tes pleurs.
« ne laisse pe-sonne di-e que tu es un conna-d. » tes lèvres enfin abandonnent leur terreurs mais restent soumise à la décence ; tu me rends folle d’impatience.
une perfection. l’achèvement tout entier d’année de caillasses de railleries à tout va, d’une enfance désuète mais d’une famille inouïe, tu as bel et bien raison, j’ai plaisir à croire en ce mot si puissant, comme tes lèvres le miment à demi-closes.
« alo-s ne me -ega-de pas. » puis la danse s’enchaine, menée par l’audace d’une blonde détachée, je grimpe sur la pointe de mes pieds pour prétendre t’égaler, m’octroyant tes lippes comme mon unique trophée.
« qui es-tu, innocenty. » la curiosité retombe à plat sur ses deux pieds, car je te regarde avec l’appétit de ses lumières qui espèrent à tort d’avoir raison. captivée mais pas captive, plus le silence est long plus mon visage prend ses distances, plus tu y réfléchis et plus la réponse devient frivole, plus je t’attends et plus je m’échappe.
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