Where is my mind (Noah)

Noah se sentait mal à l’aise. Cela faisait un petit moment à présent qu’il révisait dans son coin. Il avait, comme d’habitude, réussit à faire preuve d’assiduité durant quelques heures. Il avait réussi à s’avancer sur ses devoirs de la semaine suivant. Il avait rédigé également des réponses aux questions que M. Dante avait posé durant le dernier cour de Transmutation. S’il n’avait pas eut le courage d’y répondre à voix haute, il avait décidé de tout de même y répondre pour la prochaine fois qu’il le verrait.

Cependant, le jeune empathe avait été sortit de ses pensées studieuses au bout d’un certain temps. D’autres élèves l’avaient rejoint à la table où il était assis. Cela faisait quelques temps à présent qu’il se retrouvait parfois entouré de personnes quand il révisait. Si cela montrait qu’il sociabilisait, il ne se sentait pas vraiment à l’aise, surtout qu’il avait l’impression, en regardant leurs auras, qu’ils se moquaient plus de lui que le reste. Ils devaient être des connaissances de vrais amis à lui, comme Inocenty ou Lillie. Cela le déconcentrait toujours au bout d’un moment, parce qu’il bavardait, mais aussi parce que leurs auras étaient nombreuses et difficiles à supporter pour le jeune Serdaigle.

Comme il n’était pas très bavard, et surement un peu gênant pour des gens dans la norme, ils partirent. Noah souffla, un peu soulagé. Il commençait déjà à avoir mal à la tête, fatigué par son don. Alors il décida qu’il arrêtait d’étudier pour ce jour là. Il rangea ses affaires dans son vieux sac abimé et se dirigea vers Serdaigle. Il fallait qu’il prenne une potion avant d’être sujet à de grosses migraines. Il n’aimait pas devoir fuir ainsi les autres, mais c’était le seul moyen qu’il avait de se préserver de son don, puisqu’il n’avait jamais eut de preuve professionnelle de celui-ci. Il ne pouvait pas se plaindre, il devait subir en silence.

Cependant, alors qu’il passait son chemin en silence, une personne qu’il ne connaissait pas l’interpella.

“Hey, Noah ! Bonjour, je suis un ami d'une connaissance à toi ! Et celle-ci voudrais t'offrir un merveilleux cadeau ! Pour savoir ce que contient ce cadeau, tu n'as qu'à me suivre !”, dit la personne avec un sourire. “Tu ne voudrais pas décevoir un ami, pas vrai ?”

Noah posa ses yeux sur la personne qui lui parlait, avec ce même air neutre qu’il avait par habitude. De quel ami pouvait-il bien parler ? Noah n’en avait pas beaucoup. De plus, pourquoi celui-ci lui ferait un cadeau ? Pire encore, le jeune empathe ne comprenait pas ce qu’était que décevoir quelqu’un. Il réfléchissait. Était-ce comme l’aura que son père avait quand il l’observait ? Ne pas faire ce que la personne attendait de nous ? Était-ce cela, décevoir ?

Il n’en savait ri-...

Le regard sur cet homme, Noah sentit son coeur s'accélérer, tout comme son souffle. Son aura était la plus odieuse au monde, après celle de la Bête. Couleur sang et nuit. Son sourire sonnait faux et ses paroles étaient maintenant empreintes de saleté et de fourberie aux yeux du jeune homme. Il posa frénétiquement une main sur son coeur et respira plus fort, il avait les yeux grand ouverts, fixant cette aura étouffante… blessante… écrasante. Il avait l’impression de se noyer dans la fumée des couleurs de ce soi disant ‘ami’. Il commençait déjà à paniquer, cherchant ses mots. Il ne voulait pas le suivre, il était effrayant. Et puis, s’il disait la vérité, son soit disant amis viendrait lui offrir son cadeau de lui même. Il voulait fuir. Loins, le plus loin possible d’une telle horreur visuelle. Son mal de tête s’intensifiait alors qu’il se mettait à trembler. Il se remit en route, d’un pas rapide. Il parlait d’une voix forte, empreinte d’angoisse.

“J-je ne veux pas s-suivre…  quelque chose d’aussi moche !”, tant pis s’il décevait un ami. Il n’était pas désolé de partir loin d’ici.

“Tu veux me provoquer, hein ? Tu veux jouer les durs ? Très bien, on verra si tu vas résister longtemps.”

Sa voix devenait grave, comme celle de la Bête. Était-ce son incarnation humaine ? Noah accélérait le pas, il fuyait...il voulait fuir...mais c’était trop tard. Le Serpentard lui attrapa l’avant bras, appuyant sur sa prise pour le faire souffrir. A cet instant même, le temps s’arrêta. Au moment même où Declan toucha le jeune Noah, le monde de la réalité sembla exploser autour de lui, ou se noyer sous des vagues de douleur gigantesques. Un contact, avec une personne si odieuse qui plus était, était synonyme de désagrément voire même de douleur instantanée pour le jeune garçon. Ce frisson que l’on a quand on a peur, quand on se brûle ou quand on croque dans un glaçon. Ces fourmis que l’on a dans un membre quand on n’a pas bougé depuis longtemps. Ce souffle coupé que l’on a quand on nous donne un coup dans l'estomac. Tout ça. Tout en même temps, en un instant, comme le coup de foudre, comme le tonnerre, comme une balle dans le coeur, comme une crise cardiaque.

Il tremblait, se sentant pourtant bouillir à l'intérieur, il se débattait de toutes ses forces. Mais plus il tirait sur son bras, plus l’homme serrait sa prise. C’était une horreur, un cauchemar. Noah sentait sa gorge se serrer, il sentait ses yeux douloureusement devenir humides. Qu’il le lâche ! Qu’il s’en aille ! Cet homme était odieux, il était pire qu’un monstre, presque égal à la Bête. Noah paniquait, il respirait fort, il hyperventilait presque. Il n’avait aucune lampe près de lui pour éloigner le monstre à l’aura rouge et noire. Il n’avait pas de protecteur pour repousser le contact. Il n’avait rien ni personne.

Il était seul.

Tremblant de tous ses membres, il ne remarquait même pas où Declan l’emmenait. Ses yeux étaient figés sur sa main qui tenait le bras de Noah. Que faire ? Que faire ?! Il tentait d’écarter les doigts de l’homme, avec son autre main. Mais ça faisait mal. C’était l’horreur du monde réel.

A l’aide.

“N...Non...Non….Non…”, chuchotait-il tout bas, à bout de souffle.

A cet instant, l’homme à l’aura de monstre l’attrapa par le col, il avait un sourire. Noah ne comprenait pas, comment faisait-il pour sourire à cet instant. Ce n’était pas drôle ! Ce n’était pas agréable ! Il fallait qu’il le lâche ! Qu’il arrête de le fixer !

Noah baissa les yeux, il se mordait très fort la lèvres, il soufflait fort avec son nez. Qu’avait-il fait de mal ? Pourquoi était-il si méchant ? L’empathe ne disait ou ne faisait jamais rien à personne. Il vivait sa vie, seul, à faire en sorte de faire plaisir à ses parents et à rêver le reste du temps. Il rêvait. Oui. Il était étrange. Mais était-ce si grave ? Ne pouvait-il donc pas espéré qu’on le laisse en paix ? Qu’on l’apprécie ? Qu’on arrête de lui brûler la peau et les yeux ? Qu’il dégage, bordel.

“Voyons à quel point tu es courageux !”

Il n’était pas courageux ! Ce fut sa première pensait alors que Declan le poussait, voire le jetait, dans une pièce sombre qu’il ne connaissait pas. Il atterrit lourdement, de dos, se cognant au sol froid, contact qu’il n’apprécia pas mais qui fut tout de même une libération face à la main du Serpentard. Il ferma les yeux quelques instants, poussant un cri de surprise, mélangé à la douleur, à l'atterrissage.

“Joli atterrissage !”, dit le monstre rouge et noir en rigolant.

La porte se referma derrière lui, puis le silence s’installa. Noah, allongé, se redressa difficilement en se frottant le dos, puis le bras...puis la poitrine. Il se sentait mal, douloureux, brûlé et sale. Que lui voulait-il ? Pourquoi l’abandonnait-il dans cette salle ? L’empathe regarda autour de lui, des larmes coulant le long de ses joues pâles. Il ne voyait pas grand chose, mais cela ressemblait à une loge de nettoyage ou quelque chose dans le genre. Il soupira, puis essaya de calmer son souffle. L’homme l’avait enfermé, mais au moins il n’avait plus à subir son contact. I…Il n’aurait qu’à attendre là jusqu’à ce qu’il se décide à le libérer, où jusqu’à ce qu’il parte, pour que Noah puisse déverrouiller la porte par la magie.

Si seulement c’était si simple.

Alors que Noah se redressait difficilement, reniflant difficilement, les jambes tremblantes au point qu’il devait s’appuyer contre un vieux balais pour se tenir debout, elle arriva. Il se tourna, pour regarder autour de lui, cherchant un moyen de s’enfuir, puis, dans le silence de la sinistre pièce, entendit un claquement de fouet.

Le claquement de fouet des épouvantards, quand ils changent de forme.

Elle était là. Face à lui. La bête à l’aura la plus horrible, la plus terrifiante au monde. Tout autour d’elle semblait s’assombrir, alors que ses yeux, perçants, paralysait Noah, qui ne bougeait plus. Elle était grande, et se penchait vers lui, le fixant.



Elle se mit à chanter, comme dans ses pires cauchemars. L’attirant à elle, souhaitant qu’il la rejoigne, souhaitant assombrir son aura. Souhaitant le transformer en monstre de la réalité lui aussi.

La Chanson de la bête

Un cri terrorisé résonna dans la pièce. Le cri d’une âme craintive, terrorisée. L’empathe hurlait à s’en déchirer la gorge. Ses jambes lâchèrent sous la peur, et il tomba sur les fesses, se reculant à l’aide de ses jambes et de ses mains pour fuir, tout en fixant les yeux lumineux de la Bête. Mais son dos rencontra le mur de la pièce, et le monstre de ses nuits s’approchait toujours plus près.

A l’aide...A l’aide … A L’AIDE !!!!!

Elle était horrible ! Elle était là ! C’était elle ! Il allait devenir comme elle ! Pourquoi était-elle là ?! Est-ce que quelqu’un avait éteint sa lampe à huile ! Il détestait déjà cette personne ! Que quelqu’un l’aide ! IL NE POUVAIT RIEN FAIRE CONTRE LA BÊTE.

L’horreur sur terre.

Voilà ce que devint cette scène.

Alors que la Bête continuait de s’approcher, Noah, tremblant se protégeait de son regard en mettant ses bras devant ses yeux.

“NON !! hmph…  NOOON !”

Il hurlait à s’en déchirer la gorge, il respirait toujours plus vite, toujours plus fort. Quant à son coeur ? Cela devenait presque grave tant son rythme accélérait. Noah était en larmes, il criait à s’en déchirer la voix, il toussait sous le manque d’air, il lançait ses bras et ses jambes dans tous les sens. Mais la Bête ne s’arrêtait pas, elle chantait toujours plus fort. Noah se recroquevilla, bouchant ses oreilles et criant toujours plus fort pour ne plus l’entendre. Mais le son était de plus en plus fort, elle était à quelques centimètres de lui.

Tout déconna dans l’esprit du petit être sensible qu’était Noah.

Il se jeta au sol et se mit à ramper pour fuir la Bête. Il n’arrivait plus à se tenir sur ses jambes. Mais il ne pouvait pas fuir, il était loin de la lumière et du protecteur. Il ne pouvait rien faire. Il était piégé, c’était la fin. Il tenta de sortir sa baguette, mais ses mains tremblaient tellement qu’il la fit tomber au sol. Il cria de surprise, ou d’effroi, à cet instant. Il tenta de la ramasser, mais en s'approchant d’elle, le visage de la bête n’était plus qu’à quelques centimètres de lui.


“AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARRRRRRRRRRRRRRRHED”, hurla-t-il.

Il se précipita vers la porte, à quatre pattes. Une fois qu’il l’atteint, il se mit et tirer sur la poignet, à la bouger dans tous les sens pour essayer de l’ouvrir et s’enfuir au plus loin. Il criait des mots incompréhensibles, les pleurs, les reniflements et la respiration forte ne l’aidant pas. Il faillit même vomir, s’étouffant dans la morve et les larmes. Comme la clenche n’ouvrait rien, il dérailla totalement. Poings fermés, il se mit à frapper de toutes ses forces sur la portes, sans jamais s’arrêter. La logique avait disparu, il voulait faire un trou dans cette porte. Il frappait si fort que ses os lui faisaient mal, il saignait, se griffait, s’arrachait les ongles en griffant la porte. Il grognait, criait toujours plus fort. Il sentait que la Bête était tout juste derrière lui, il la sentait, elle lui chantait dans les oreilles. C’était l’horreur. Un cauchemar réel.

La lampe ne servait à rien.
Personne ne le protégeait.
Il était seul.
Il allait se changer en Bête.


Frappant toujours plus fort, il hurlait de douleur, en plus de peur. Il ne réfléchissait plus, il voulait juste courir loin d’ici, il n’arrivait pas à trouver d’autre solution. Il était incapable de lancer un quelconque sort. Pourtant il y avait pensé, mais il ne pouvait pas se retourner. Parce que s’il se retournait, il aurait le regard plongé de celui du monstre, et elle aspirerait son être, son aura et son corps.

C’était la fin.

…

…

…

Plus ne serait jamais comme avant.

Noah, a force de donner des coups de poings, de foncer dans cette porte, de la griffer ou même de lui donner des coups de tête, s’écroula au sol. Inconscient. Surement qu’en réalité, l’épouvantard l’avait bien fatigué, tout proche de lui. Mais ça, il n’en savait rien, tout ce qu’il avait vu c’était sa plus grande peur dans le monde de la réalité.

Noah était au sol, tremblant, sanglant, pleurant. Il n’allait réellement pas bien, il était terrifié, à bout de souffle, en pleine crise. Comment pouvait-on être si sombre ? Comment pouvait-on faire cela par simple nature ? Qui de la bête ou du montreur de bête était le monstre des cauchemars à venir de Noah ? Le monstre de noir et de rouge vint l’attraper, lui arrachant un autre cri alors qu’il sortait enfin de cette pièce cauchemardesque.

“Allons bon, mon pauvre petit.”, souffla une voix.

L’araignée tenait dans sa toile -ses bras- la petite mouche aux ailes brisées. On le berçait, une berceuse douloureuse et brûlante alors qu’il ne réagissait plus que par des tremblements et des spasmes. On toucha ses joues, pleines de larmes et de morve. Non… il ne voulait pas qu’on le dévore maintenant.

“Ce fut une épouvantable expérience, n'est-ce pas ?”, entend-il alors qu’on le secoue.” Tu ne veux pas recommencer, j'en suis sûr.”

Ah…

Ahah…

Pourquoi un tel monstre disait la vérité ? Il poussa un long soupire de douleur. Il n’arrivait même plus à parler. Tétanisé. Il avait trop mal. Trop peur. Il se contenta d’hocher la tête de haut en bas de façon rapide, précipitée, traduisant sa panique réelle malgré l’absence étrange de cris depuis qu’on l’avait sortit de là.


“Tu vas devoir m'obéir maintenant, sinon.... La chose que tu as vue viendra te poursuivre. Et je t'offrirai en sacrifice.”, dit la voix avant de rire pour une raison que Noah ne comprenait pas.

Il n’y avait rien d’amusant. Pas de blague, pas de situation amusante. Non, c’était juste de la cruauté. La cruauté d’un monstre, un vrai. Un monstre encore plus dangereux que la Bête. Un monstre qui … si il ne lui obéissait pas … se changerait en elle et le détruirait pour de bon. Noah ne voulait pas, il ne voulait pas que l’on détruise son aura, il ne voulait pas voir les ténèbres et plonger dans l’abysse de la noirceur de l’aura du monstre.

Alors il se soumis.

Tous ses muscles se contractèrent alors qu’il hurlait intérieurement.

Il était prit au piège par la Bête.

Il était seul, sans lumière ou protecteur.

C’était la fin.


“D’a….ccord”


A ... L'aide.