[EVENT#7] Groupe 5 — Syka, Loki, Esteban, Kain, Lohann #WakandaForever

De sourire, il n’y en avait franchement pas la moindre esquisse sur le museau. Si la magie des sorciers de Poudlard était empreinte d’un soupçon de mystère, Esteban y restait habitué ayant grandit dans une famille qui en était généreusement dotée, mais cela n’avait rien à voir avec les matières enseignées à Uagadou. En bon écossais drapé dans son physique de natif d’iles ensoleillées, le brun glissa un regard circonspect sur le terrain de tir à l’arc qui désormais semblait être leur nouveau terrain de jeu.

Une chasse au trésor à la base pouvait être amusant et il avait répondu à l'appel sans vraiment trop se poser de questions. Il n’avait pas mis de cache-œil et bien qu’il puisse jurer comme un marin un lendemain de cuite au rhum, il n’avait pas non plus adopté la jambe de bois pour l'occasion, néanmoins la sensation grisante d’aventures à venir lui picotait agréablement l’épiderme, en tout cas suffisamment pour qu’il ne prête pas trop attention au fait que son groupe était des plus disparate. Différents devenait souvent un très bon plus quand les circonstances s'y prêtaient pensa-t-il diplomatiquement.
La présence d’un professeur, contrairement à Kain, rassura un peu Esteban. Il n’avait pas la chance de suivre ses cours malgré son appréciation des arts mais l’écossais savait par avance qu’on était parfois moins pris au sérieux quand on sortait que la Joconde était quand même plutôt bonne dans son genre et n’avait donc pas choisit l’option Arts moldus et magiques comme il en avait eu l’intention au tout début - histoire de conserver une intégrité durement acquise. « Sans vouloir sonner comme un cookie chinois, vis tes rêves même si c’est ta dernière année. » Après tout, un serpentard de moins dans l’école c’était toujours sympa.

Esteban fronça légèrement les sourcils en voyant Kain toucher le matériel. Les paroles de ce dernier avaient au moins le mérite d’être pleines de bon sens. « Pour ma première fois à Uagadou, j'aurais préféré un séjour touristique mais… » Il s’avança à son tour vers les cibles. « ...il faut peut-être qu’on frappe en plein mille en même temps s’il est question de cohésion. » La main glissa sur la nuque, dubitatif sur ses propres compétences. Il était fin escrimeur, bon sur un terrain de tennis mais il n’avait jamais tiré à l’arc. « Est-ce que quelqu’un a fait Robin des Bois dans une autre vie ? » Le téléphone bien à l'abri dans sa poche de pantalon en toile, Esteban se débarrassa de son sweater en se tournant vers le reste de ses camarades. L'autre choc avec la découverte de cette école enchantée était purement thermique. L'autre côté du monde incluait un changement de saison des plus radicaux et pour un garçon habitué au temps nébuleux et glacé du nord de l'Ecosse, l'endroit ressemblait sincèrement au chaudron du professeur de potions et ce malgré sa peau naturellement halée.

Il fallait bien admettre que le Poufsouffle avait raison : tirer à l’arc nécessitait un savoir-faire qu’aucun d’entre eux ne possédait réellement, mis à part peut-être le professeur d’Arts.

Mis à part aussi Kain.

Esteban cilla en voyant son camarade vert et argent faire fi des hésitations environnantes, la bravade brillante sur les muscles tendus. Il faillit lui proposer de tirer toute les flèches les unes après les autres mais Sika avait ramené sur le tapis qu’il s’agissait bien de cohésion avant tout. « Attends, tu... et merde il a réussi... » Il arqua un sourcil avant de s’emparer à son tour de l’instrument et de se placer face à sa cible, la plus à gauche, un millions de pensées dans son esprit se greffant à l’indice offert. Lui était moldu mais il fut surpris de ne voir aucun de ses coéquipiers penser à utiliser la magie dans ce cas précis. Peut-être que l’attrait du sport était plus grand après tout.
Le jeune homme banda son arc maladroitement, la raideur tremblante tandis qu’il ne sut quelle partie du matériel lâcher d'abord. Impossible: la corde? la flêche? l'arc en lui-même ? La flèche irait droit vers le sol s’il s’y prenait ainsi, ce qu’elle ne manqua d’ailleurs pas de faire. Il la ramassa rapidement avant de reprendre, sourcils froncés et regards inquisiteurs sur la posture de Kain. « Tu devrais nous montrer. » Offrit-il diplomatiquement au Serpentard. C’était le seul à savoir visiblement comment ne pas se foutre une flèche dans l’œil, autant que cela serve. Esteban avait la chance qui plus est d’apprendre vite, les facultés moldus toujours en alerte dans un monde composé quasi intégralement de magie et de merveilles. A la sixième tentative, la flèche se nicha sur la cible, loin du centre certes, mais tenant sur le rondin en un équilibre parfait. Les doigts endoloris par la corde, l’écossais se demanda stoïquement si tout ceci suffirait. Au mieux, oui, au pire maintenant qu’ils s’étaient « entraînés » ils pourraient tenter de lancer simultanément. « Le principe du rasoir d’Ockham. La solution la plus simple est souvent la meilleure. »  Les doigts trouvèrent un réconfort fragile dans ses cheveux qu'il ramena en arrière. « Je sais que ça parait simple mais c'est souvent comme ça.»

Ils allaient devoir recommencer, le professeur d’Arts magiques avait totalement raison. Le souci c’est qu’il n’était pas certain de réussir à tirer de nouveau dans la cible. Lui-même avait deviné que le principe de cohésion exigeait de leurs groupes de tirer en chœur mais vraiment, comment pouvait-on leur demander ça quand ils n’étaient pas accoutumés à ce sport ? Il avait beau faire de l’escrime et du tennis, ça n’avait tout de même pas grand-chose à voir.

Esteban cilla à peine en voyant l’astuce de Loki. Il y avait une certaine logique au geste même s’il se doutait que la facilité de l’exercice n’irait pas jusque-là. « On a de la chance qu’il n’y ait même pas trop de vent en définitive. » Le soleil tapait fort encore, certes, mais au moins le vent n’était pas de la partie, rendant le tir à l’arc un peu moins compliqué que ça ne l’était déjà pour eux.

L’admiration vrilla quelques instants le regard sur les cibles : les élèves de Uagadou étaient incroyables à parvenir à mettre des flèches de façon aussi précise et à des distances imparables. Il en était à cette réflexion quand il vit – ou plutôt entendit – Kain exploser de fureur. Ah, les français. C'est vrai qu'ils n'étaient pas tout seul sur le coup. Esteban réprima un froncement de sourcils puis un sourire légèrement arrogant en laissant faire son camarade. Certes, il visait la diplomatie, n’empêche que l’autre groupe méritait bien de se ramasser un peu de vocabulaire fleurie made in GB. Le brun se contenta donc d’un regard peu amène à l’égard du groupe en bleu et argent, mettant tacitement au défi de s’approcher ou de riposter à la mauvaise humeur du serpentard.

« On leur payera une visite plus tard à la limite, avec la plume ce sera smart. Bon… à trois on tire ensemble. Faudra prier toute les saintes et tout les vendeurs de bonbecs pour que ça fonctionne cette histoire. » Étrangement, Kain beuglant sur l’autre groupe lui donna une curieuse sensation d’unité, comme si, face à l’adversaire, des liens invisibles s’étaient silencieusement resserrés entre eux. Il se remit en position attendant le feu vert pour tirer enfin.