| Brave shine [PV Leif] | |
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Brave shine [PV Leif] Lun 13 Mai - 1:06 | |
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| | Re: Brave shine [PV Leif] Lun 13 Mai - 2:34 | |
| « Helvar. Pas aussi bon que d’habitude, mais toujours excellent. »
Une sensation d’angoisse lui creusa l’estomac, aussi éphémère qu’alarmante. Pas aussi bon. Au regard de ses ambitions, de sa fierté, des efforts permanents, ces quatre syllabes scellaient la déception qui l’uniraient à son humeur de la journée : une déception si marquante qu’elle en amenait à des élans d’agacement hachés par sa retenue presque légendaire. Au final, il sentit ses sens s’embrumer sous l’effet de ces innombrables sentiments, comme le mélange amer d’un goût très vite oublié, et alors qu’il se laissait vaquer à ses pensées, il sursauta en entendant le crissement des chaises alentours. Le cours était terminé.
Bien qu’un effort exceptionnel reflétait parfaitement les circonstances de son obtention, bien souvent, Leif ne s’en satisfaisait pas. Il aimait à croire que ses résultats baignaient dans l’habile fusion de ses révisions et d’un talent inné, comme si ce second facteur, unique et indémodable, servait à le hisser au-delà de l’excellence-même. Spécial, c’est ainsi qu’il le voyait. C’est ainsi qu’il voulait se voir, et surtout, être vu. Même l’apogée de la normalité ne suffisait pas à provoquer l’admiration, et Leif avait besoin des regards brillants s’il voulait parvenir à ses fins. La sympathie était insuffisante. L’amitié était insuffisante. Toute l’immensité de cet univers social ne valait rien face à ce qu’il désirait tant ; et cette réussite en demi-teinte, dans le fond, n’était jamais qu’un échec. Leif avait beaucoup, et quelque part, beaucoup à perdre ; il en faisait envier beaucoup, et quelque part, cette exaspérante jalousie lui servait de moteur.
« Je suis spécial. » se disait-il parfois, dans un murmure, comme pour s’en convaincre lui-même. Beaucoup le pensaient. Beaucoup le savaient. Il avait les qualités les plus belles, un charisme à toute épreuve - et la férocité de sa volonté, à la limite de l’inhumain, portait chacun à croire qu’il ne pouvait échouer. Leif avait beaucoup - c’est ce qu’il se dit en déposant son sac à côté de son bureau, à deux doigts de la tranquillité d’une journée déchargée. Alors, dans le silence d’une pièce inhabitée, aux couleurs tissées par la lueur pâle du soleil que les rideaux enveloppaient à moitié, Leif entendit son téléphone sonner. Il se surprit à une immobilité indifférente, lui qui jouait sans cesse de ponctualité - et lorsqu’il emmena l’appareil près de son oreille, la teinte enjouée de la voix de Sam lui parut terriblement troublée.
« Compte dix minutes, Sam. J’arrive. » Il n’en fallut pas pour le convaincre : Sam avait besoin de lui, et ça tombait bien, Leif avait besoin de quelqu’un. Et dans ces cas-là, c’était très souvent Sam. Il n’avait pas énormément d’entourage, en dehors de la brunette, et c’était tant mieux : elle était l’une des rares à éluder totalement l’envie de percevoir les anomalies de sa nature et à juste profiter de sa présence. Sam faisait parti des meilleures compagnies dont il puisse rêver, et après s’être changé et débarrassé de ses affaires, en dehors de son téléphone et de sa baguette, il prit la direction des cuisines. Sa destination ne le surprit pas plus que l’accueil affectueux de Sam, et il lui rendit le tout avec une force un peu plus raisonnable et un sourire entendu.
« Je t’ai déjà dit que pour la nostalgie, je ne suis pas le meilleur cobaye. Tu les a goûtés toi-même, avant tout ? »
Il était certain de la réponse, mais il s’offrit le loisir de cette provocation en même temps qu’une tartelette. L’ombre d’un sentiment de nostalgie vint griller les rouages froids de son cerveau si étanche aux émotions et, épris de bonne volonté, il se força à se concentrer dessus pour en déterminer la provenance. Il n’y avait jamais qu’une seule chose qui comptait vraiment pour Leif, et il ne l’avait pas encore obtenue : comment pourrait-il ressentir une véritable nostalgie ? Il appréciait Sam, vraiment, sans doute plus que la très grande majorité des gens ici - mais quand elle faisait la sourde oreille, guidée par un enthousiasme débordant, ce n’était pas la peine de chercher un raisonnement logique.
« Tu es toujours une goinfre énergique, mais lorsque tes portions doublent, c’est que quelque chose te tracasse. Tu ne m’as pas appelé que pour les tartelettes, n’est-ce pas ? »
Il s’était toujours demandé comment elle gardait une si bonne ligne avec un régime alimentaire pareil - même un sumo se serait plaint d’obésité devant tant de gourmandise. Sam avait ses côtés surprenants, et sa spontanéité valait bien toutes les réflexions du monde. Cette école avait besoin de plus de gens comme elle - et sa propre nature, comme sa présence, était un poison pour sa génération. Leif le savait. Il était trop différent, trop unique, et son naturel s’effritait devant l’ascension de ses désirs dont nul ne pouvait entrevoir les limites. Malgré tout, la présence de Sam faisait parti des rares choses qui en appelait à sa sincérité - et ramenait à lui un peu de ses véritables sentiments bienveillants.
« Parle-moi, Sam. Je suis venu pour toi. » |
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Re: Brave shine [PV Leif] Lun 13 Mai - 13:27 | |
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| | Re: Brave shine [PV Leif] Jeu 23 Mai - 22:41 | |
| Sur le champ de batailles, les trompettes marquaient le début comme la fin des espoirs ; dans les salles de classe, le silence pesaient comme la domination de l'ignorance ; dans les forêts s'imposaient les chants comme témoins d'existence ; et en d'autres circonstances, le noble d'art d'un talent sans nom. De ses nombreuses réflexions, Leif s'était déjà dit que ne plus pouvoir parler serait une terrible punition - privée de ses atouts comme de la possibilité simple de réconforter Sam. Autrui, entre autres, était sûrement plus approprié - mais peu étaient les gens pour qui il ressentait autant de bonnes intentions.
Sam avait toujours été là. Dans les meilleurs comme dans les pires moments ; même si ces derniers semblaient bien dérisoires, entre son ambition et la clairvoyance de ses actions. Pas de faux pas, pas de regrets. Pas de traitrise, pas d'erreur fataliste qu'il chercherait à faire oublier. Leif était le maître d'une symphonie dont il jouait parfaitement les moindres notes ; et les maigres erreurs disparaissaient dans le tissage parfait d'une œuvre qui brillerait à son terme.
Sa parole était d'or - et si le silence pouvait être d'argent, il n'y voyait que l'angoissant aveu de l'impuissance, et il n'était pas question de laisser Sam trotter avec ce sentiment aussi enivrant que dégoûtant. Il s'avança de quelques pas décidés pour couper court à ce long discours auquel seul le soufflement du vent semblait à même de répondre.
« Seuls les idiots n'ont pas peur. La force, c'est de vivre malgré cette peur. »
Ses bras s'enroulèrent autour d'elle avec une étreinte délicate et retenue. Il lui transmettait les sentiments dansants de tous leurs instants ensemble ; la retranscription ingrate de leur relation si profonde que rien, pas même ces gens affectueux, ne suffisaient à décrire. Sam était un symbole d'humanité, et Leif était terriblement effrayé à l'idée que lui, du haut de toute cette sagesse, définissait tout le contraire. Leif n'avait que rarement peur. Il était peut-être différent des autres, quelque part, mais il vivait dans des certitudes si réelles que ces simples pensées humaines ne parvenaient jamais à ébranler - et c'est ce qui le rendait, étonnement, de si bon conseil.
Leif était spécial. Il l'avait toujours su, quelque part, et les expériences du quotidien continuaient à lui délivrer ce chemin d'une effroyable solitude.
« Écoute son discours : son aisance avec les mots, sa connaissance des autres. Cet individu, Crow, est né pour se battre. Et il va se battre. Il se bat si bien qu'il en oublie ses raisons - qu'il en oublie de vivre. Il n'est pas comme toi. »
Pas comme nous aurait-il dû dire, mais ça sonnait si faux ; les mains de Leif lui glissèrent dans les cheveux, et il prit ses distances pour croiser son regard. L'œillade sévère du juge anxieux, Leif l'observa, se refusant à la laisser voguer vers la certitude de sa faiblesse. Sam était forte. Et Sam méritait de le savoir, quoi qu'elle en pense vraiment.
« Tu n'es pas obligée de te battre, Sam. Mais quoi que tu fasses, tu dois te souvenir de pourquoi tu le fais. C'est là le plus important. » |
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Re: Brave shine [PV Leif] Sam 25 Mai - 11:28 | |
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| | Re: Brave shine [PV Leif] Dim 26 Mai - 15:47 | |
| La peur l’enveloppe. La peur rôde, s’installe, la peur environnante, la peur qui a déjà pris possession de toute l’école. Des élèves sont tombés - bien des élèves. Des élèves ont cédé, pris leurs valises, quitté ce domicile censé être à l’abri du monde, des conflits, de toute la noirceur de l’univers. Les problèmes existent, ici. Serpentard, qu’on disait, mais pour toi, ce n’est pas si mal ; les problèmes ici, ce n’étaient que des broutilles enfantines - c’est ce qu’elles étaient censées être. Et, au début, c’est ce qu’elles étaient. Poudlard est un havre de paix. Il l’a été, du moins, pendant suffisamment longtemps pour que se forge cette réputation ; l’ombre de la paix, du moins, sous l’aile des puissants.
Les directeurs d’autrefois ont toujours inspiré la crainte. Aujourd’hui, les choses sont différentes. Les jumeaux sont différents. Leur entente vacille, leurs principes divergent, toute l’image se ternit à mesure que leur autorité se craquèle. Poudlard est enseveli. La peur l’enveloppe, la peur grandit, et tout semble sombrer au devant d’un âge qui n’a plus rien d’enviable. Les échos des décennies précédentes ont disparu devant l’apparition d’un être malfaisant ; car il suffisait d’un peu de courage, quel qu’il soit, un peu de courage au profit du mal. Quelqu’un avait essayé - et il avait beau détester cette personne pour ce qu’il faisait subir à Sam, Leif ne parvenait pas à en éprouver de rancoeur. Crow faisait bouger les choses. Un peu trop vite, peut-être, mais une révolution était en marche - et c’était typiquement ce à quoi il aspirait, lui aussi, un peu plus tard.
Le monde devait changer. Ce n’était pas au nom d’une cause prétendue bonne, au nom du bien ou d’une utopie extrémiste dont rêvait quelques adhérants idiots. Crow n’avait pas tort. Pour autant, il était loin d’avoir trouvé la solution aux problèmes du monde - et il s’était tant creusé la tête qu’il en était devenu un lui-même. Le monde devait changer. C’était pour son bon vouloir, pour son ambition, pour l’unique et égoïste désir, unique besoin de devenir le pilier d’un monde dont lui seul avait la foi de rêver.
« Je ne suis pas fort, Sam. Mais je ne peux pas trahir mon ambition. Je ne peux pas m’en détourner, ni aujourd’hui, ni demain, ni pour qui que ce soit. Et nul n’y parviendra non plus. »
Il a le regard durci par cette volonté persistante qui le maintient à flots, et plus encore ; Leif se tient au-dessus des autres, porté par ces vices. Il vaincra. Il le sait, au fond de lui, parce qu’il a besoin de cette certitude, de cette victoire aboutissante. Il le sait, sans quoi, la folie devrait l’emporter ; il le sait, sans quoi, plus rien n’aurait de sens. Leif apprécie le combat - pour autant, il se retiendrait bien de le mener si ça ne devait pas lui apporter la victoire. Leif veut gagner. Et ce combat, il l’a commencé un peu tard. Ce combat, quelqu’un le lui a volé. Crow est-il légitime ? Crow est-il dangereux ? Crow peut-il être arrêté ? Au fond, ces questions n’ont pas d’importance. Leif n’a pas peur, car Leif est en colère. Leif se refuse à voir quelqu’un lui substituer cette sensation de pouvoir, et il se sent petit, en un sens, écrasé par l’oppression néfaste de cette ombre inconnue - cette place qui lui revient de droit. Cette force, cette couronne, cet attrait du mal qu’il ne veut pas s’assumer.
« J’aurais peut-être peur si je n’étais pas en colère. Et parce que je le suis, je ne perdrai pas. Je refuse de perdre contre lui. »
Son regard se perd dans le vie, et il semble se sourire à lui-même.
« Nous n’avons pas à nous battre. Je ne compte pas me battre. Mais s’il s’en prend à nous, ce sera différent. Et je le détruirai. » |
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Re: Brave shine [PV Leif] Mar 28 Mai - 10:11 | |
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| | Re: Brave shine [PV Leif] Mer 29 Mai - 13:13 | |
| Sa force réside dans son esprit. Sa force réside dans son ambition. Sa force réside. Sa force réside en lui, inaccessible, hors des néfastes atteintes, hors des sombres désirs. Leif n'est pas humain, mais quelque chose en dehors, au-delà, au-dessus ; Leif est l'expression du rêve, de l'envie de pouvoir, de l'impossible. Leif porte les premières prémices d'un futur qu'il espère pouvoir concrétiser. Est-il fort ? En un sens, pas vraiment. Il se laisse porter, simple conscience exempte de l'omniscience qu'on semble presque lui associer, par sa propre nature, par les qualités dont il n'a jamais vraiment voulu. Leif se laisse vivre, se laisse exister, et sa nature semble le mener inexorablement vers ce qu'il est né pour devenir.
Est-il fort ? Est-il seulement vivant ? L'estime des autres, le regard ambiant, l'évidence des éloges qu'on ne cesse de lui prodiguer. Ce monde semble s'incliner devant sa seule présence, l'univers semble ployer devant sa prestance. Est-il fort ? Connait-il seulement la force, lui qui n'en a jamais été défait ? Pour être fort, il faut avoir connu la faiblesse - et ce n'est pas son cas, lui qui ne s'est jamais séparé de son indestructible volonté. Leif est trop fort, trop fort pour son propre bien, trop fort pour comprendre ce qu'il adviendra de son propre destin.
Comment peut-il ne pas perdre ? Comment peut-il ne pas se battre ? Les secondes sont un combat de vie, les minutes, un combat d'ennui ; chaque parcelle du temps le mène à son terme, dans un processus indémodable que nul n'a jamais su défaire. Leif ne veut pas se battre. Il refuse de s'écarter d'un projet qui représente toute sa vie, de salir la parfaite image qu'il a si longtemps dressé. Leif refuse de tremper dans la débauche d'un combat qui n'est pas le sien ; et pourtant, les sentiments de Sam semblent obstruer la force de sa décision - comme un corps qui tremblerait devant un scepticisme soudain.
« Qu'est-ce que tu ferais, toi, Sam ? Si tu avais le courage d'agir, ici et maintenant. Qu'est-ce que tu ferais ? »
Il y voit la possibilité d'un palmarès agrandi. Il y voit la possibilité d'une image embelli. Leif se laisse porter par ses rêves, de nuit comme de jour, et si rien n'a jamais compté plus, ça ne l'empêche pas de le mettre à profit. Est-ce une excuse ? Agir pour son rêve, et non pas pour elle. Agir pour lui, et non pas pour autrui. Leif a été sincèrement bouleversé - et la voir ainsi, si indécise et triste, l'a fait bouillir de colère. Leif est humain, et il tend parfois à l'oublier ; enveloppé par une nature qu'il pense supérieure, accroché par un futur qu'il espère déjà écrit.
Ministre. Non, plus que ça. Leif n'espère pas diriger - Leif espère régner, dans la condition d'une supériorité hiérarchique écrite et respectée. Cette situation est peut-être une chance, en soi - et tout en tournant les choses dans cet angle d'optimisme, Leif s'en veut. Sam est détruite par ces événements ; est-ce donc là la malédiction dont il a été affecté ? Non. C'est trop tôt. Son but n'est pas si proche, ni près de lui échapper. Leif n'a pas à perdre ni à sacrifier. Ne pas se battre ? Un peu ambitieux, peut-être - même pour lui.
« Alors battons-nous. Si ta joie et tes désirs bienveillants ne valaient rien, tu peux rester ici à attendre que la tempête passe. Mais si vraiment tu désires aider, si vraiment tu es inquiète pour les autres alors battons-nous. Je suis prêt à te suivre dans tes idées. Tu ne me feras pas croire que tu manques de courage ? » |
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Re: Brave shine [PV Leif] Jeu 30 Mai - 14:13 | |
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| | Re: Brave shine [PV Leif] Mer 19 Juin - 1:31 | |
| Leif, tu brilles tellement. Leif, tu es si différent. Leif, j’aimerais te ressembler, brandir un tel sourire, la confiance des bénis d’un destin tout tracé. Leif, las des compliments et des évidences répétées. Leif, épris d’une modestie sincère et d’un désir presque damné. Il n’avait rien d’un être spécial, d’un garçon privilégié par un futur intimement décidé. Leif était las, agacé, oublié. Leif n’était pas que le halo bienveillant qu’on lui voyait, et ses défauts dégoulinaient de cette image enivrante comme la preuve de son humanité. Leif sentait monter la honte du doute, d’une colère injustifiée, les regrets des mots crachés. Leif ne sentait presque jamais l’angoisse, mais l’appréhension montait - et cette image jouait contre lui, traçait le portait parfait d’un ange tant aimé.
Leif n’avait jamais voulu ça, mais les mots déformaient son humanité jusqu’à des extrêmes effrayantes, ôtant à ses vérités le mal qu’il estimait nécessaire. Leif n’était pas un ange. Il voulait le bien, et dans ce but louable, agissait parfois par le mal. Le monde n’était, selon lui, pas aussi simple que la candeur des plus naïfs le souhaitait - et s’il pouvait se l’approprier de la plus belle des manières, il l’aurait fait. S’il avait pu préserver jusqu’à la moindre goutte de sang, jusqu’à la moindre larme ; s’il avait pu préserver sa propre innocence, il l’aurait fait.
Mais Leif n’était pas idiot, ou du moins, pas assez bon pour agir de telle patience. Leif se refusait à risquer le désir épicentre de toute son âme ; le pouvoir qui l’appelait comme une tentation déroutante. Il règnerait, dusse-t’il sacrifier le monde. Mais que faire, face à une telle situation ? Que faire, au risque de perdre Sam ? Leif se sentait prêt à sacrifier beaucoup de choses - mais Sam était différent. Sam avait toujours été là, brillante, indémodable, inégalable. Sam était unique. Il y avait plus brillant que la volonté semi-divine d’un Leif déraisonnable - et le sourire quotidien de son amie faisait fondre les coeurs plus de trois-cents jours dans l’année.
À ses yeux, elle était le seul être spécial parmi eux deux - et il observe avec une tendresse étonnante et nouée d’admiration.
« Je me souviens d’un garçon dévoré par ses rêves, que le sourire d’une demoiselle a su sauver. Elle ne savait pas se battre, elle ne pensait pas être intelligente non plus, mais sa volonté suffit à aider. »
Il laissa le silence couvrir ses paroles tandis que les pensées affluaient en eux. Son visage transpirait d’une neutralité inquiétante, et ses iris de rubis semblaient détailler Sam comme pour évaluer sa réaction. Depuis toujours, elle sous-estimait la force de ce qu’elle apportait au monde. La douleur avait toujours été plus mémorable que le bonheur - peut-être parce qu’elle laissait des marques. Ou peut-être parce qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de goûter à la chaleur de sa propre étreinte.
« Tu as du coeur. Et du courage. Si fort que soit un sorcier, sans courage, il ne pourra pas se battre. Tu te sous-estimes. La force, le talent, tout ça n’a pas d’importance. »
Son regard trouva le sien, portant la force d’un jugement qu’il lui imposait presque. Le tyran, dans toute sa splendeur.
« Personne n’est plus bienveillant que toi, ici. Personne. Alors je pense que personne n’est mieux placée que toi quand il s’agit de se battre pour les autres. » |
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Re: Brave shine [PV Leif] Ven 21 Juin - 13:15 | |
| Brave Shine Gérer son stress par la cuisine épisode 1 Il y a, dans le regard de Leif, quelque chose de déroutant, quelque chose que tu n'as pas vue venir, que tu ne veux pas voir venir. Il y a, dans le regard de Leif, une lueur d'admiration que tu ne comprends pas, une tendresse qui te dépasse. Tu venais de lui exposer tes défauts, de lui exposer ta vérité. Une vérité cruelle, qui faisait que tu n'étais pas à l'aise avec toi-même. Sam la maladroite, Sam qui ne se distingue pas par sa réussite scolaire, Sam qui n'est pas ultra sportive, Sam qui n'a pour seul talent sa cuisine et sa capacité d'explosion. Sam le clown, Sam qui donne mal au crâne d'Astrid, Sam qui blesse Enoch, Sam qui pleure son éloignement avec Billy. Sam qui a dix-sept ans, mais qui est incapable de se lier avec les gens de son âge, Sam qui évolue comme une enfant alors que la porte du monde adulte est face à elle. Sam qui n'a rien d'une adolescente. Sam la gamine. Sam la normale… Et pourtant.
Pourtant, il y a ce regard-là. Ce regard qui te fait comprendre que ta vérité n'est que mensonge pour Leif. Il y a ce regard qui te dit que tu te trompes, qu'il sait mieux que toi. Tu as envie de croire qu'il sait mieux que toi, il te semble que la majorité des gens savent mieux que toi. Leif te regarde et tu ne sais pas quoi dire. Un mélange de curiosité et d'appréhension. Sa vérité à lui, tu n'es pas bien sûre de pouvoir l'accepter.
La demoiselle qu'il te décrit, tu n'es pas idiote au point de ne pas deviner son identité. Cette demoiselle, pourtant, te semble étrangère. Parce que cette demoiselle qui sauve, tu n'as pas la sensation de l'avoir côtoyée. Tu n'as jamais sauvé personne. Te faire sauver, oui, ça t'es arrivée, de nombreuses fois, même. Mais sauver les autres ? Alors que tu te heurtes à l'armure d'Enoch ? Alors que tu restes prostrée là, dans le déni, quand le monde se soulève ? Tu es entêtée, tu n'as pas envie de faire le lien. Tu sais. Tu sais, mais tu ne veux pas le réaliser. Tu as envie de lui dire que ce n'est pas si simple, tu as envie de lui dire qu'il se trompe. Mais le regard qu'il t'adresse fait mourir les mots sur le bord de tes lèvres. Il y a cette petite voix, dans le fond de ton crâne, qui te dit que tu n'es personne pour contester sa vérité. Que tu ne seras jamais personne pour faire cela. Si tu as ta vérité à toi, Leif à la sienne.
« C’est comme ça que tu me vois ? »
Il y a un peu d’incertitude dans ta voix, mais une légère curiosité également.
« Est-ce que je t’apporte vraiment quelque chose ? Est-ce que j’apporte des choses aux gens ? Non parce que… » Les images de la cabane hurlante te reviennent en mémoire, la rigidité d’Enoch, ce fossé entre toi cet ami que tu chérissais au-delà des mots. Tu te souviens des mots acides d’Astrid. Quelque chose cloche. « Récemment, j’ai voulue aider un ami, mais ça n’a pas fonctionné. J’ai la sensation d’un fossé entre nous. Je suis la plus âgée et pourtant c’est lui qui prend le temps de me rassurer quand moi je… Je ne veux que l’énerver. En début d’année, aussi, je me suis légèrement disputée avec une camarade de classe. Je me suis rendue compte d’à quel point elle était grande et moi petite. Tout le monde évolue, grandit. Tous deviennent adulte quand moi je reste encore une gamine. Je grandie pourtant, mais je n’évolue pas, je pense que je n’ai pas trop envie d’évoluer, ça me fait peur. J’aimerais bien que tu me dises ce que tu vois en moi, parce que moi, bro, je ne vois pas grand choses. Dis-moi, Leif, qu’est-ce que tu vois ? »
Leif # Cuisine # Mai 2029 |
| | Re: Brave shine [PV Leif] Dim 23 Juin - 16:56 | |
| Une nouvelle fois, son regard trouve celui de Sam pour la détailler avec la dureté d’un souverain, gâté par l’expérience de la vie, et la maturité de celui qui n’a cesse de réfléchir. Depuis le commencement, ses premiers pas, la sensation d’être bercé. Depuis la conscience de soi, l’intelligence, la possibilité de regretter. Leif a toujours été différent, pas seulement, mais apte à comprendre, régner, diriger les autres, les protéger. Et malgré tout, malgré ses possibilités, sa bienveillance, il ne l’a pas toujours fait. Depuis toujours, Leif n’a toujours pensé qu’à lui - à faire ce pourquoi il estime être né, avant même de penser à le mériter. Il a voulu s’asseoir sur le trône sans même connaître son royaume.
La différence est là, non pas au regard des autres, non pas dans le courage mais dans les actes - dans le plus profond du coeur, et ce qu’il réclame. Leif ne mérite pas, et il commence à le comprendre. Leif ne mérite pas, et il tente de le corriger - par envie de diriger, mais aussi, par admiration pour celle qui l’a aidé à le réaliser. Avait-il besoin de se justifier, alors que ses actes lui rendaient honneur ? Avait-il besoin de lui expliquer, alors qu’elle se rendait honneur ? Elle semblait proche de pleurer, pleurer pour le monde qu’elle n’osait pas défendre, pour un futur qu’elle n’était pas prête à défendre - et cette loyauté était aussi inestimable qu’au coeur de son admiration.
C’est comme ça que je te vois. C’est comme ça que je t’ai toujours vu, que je nous vois, que je vois le futur, tes sourires, que j’imagine le monde sous mon règne, dans ton regard. C’est comme ça que tout devrait être, c’est comme toi que les autres devraient être.
Au fond, il a toujours été un peu jaloux. Jaloux de n’être pas ainsi, jaloux de n’être pas si bienveillant. Leif est né roi - loin du peuple, du ressenti, de tout ce qui pouvait le rendre empathique. Leif est né différent, supérieur, en un sens, mais inapte à la pitié. Faut-il devenir une mauvaise personne pour porter le pouvoir ? Faut-il oublier les complaintes du coeur pour garder sa raison ? Instinctivement, il le savait. Comme un second souffle, comme sa véritable nature, comme l’unique raison de sa présence ici. Leif connaissait la réponse - mais la culpabilité flottait en surface, comme le déchet à la surface d’un naturel lisse, porteur de mensonges apparents.
« Tout le monde fait des erreurs, Sam. Tu le sais. Je le sais. Mais combien s’en inquiètent ? Combien se souviennent de tant de détails ? Tu te soucies vraiment des choses. Pourquoi voudrais-tu évoluer ? »
Elle semble déjà à l’apogée du meilleur, transportée par sa bonté. Leif réalise, tandis que son regard de rubis se promène sur son corps, réalise ce qu’elle est vraiment. Sam la fière, Sam la forte, Sam qui sourit, rigole, qui le promène partout dans son monde, ses rêves, loin des problèmes. Aujourd’hui, Sam est celle qui a besoin d’aide. Cette fois, elle n’est qu’une petite fille que les mauvais sentiments agressent, comme si elle devait regretter, comme si elle avait d’autres torts que d’avoir voulu aider. Le problème n’est pas là - le problème n’est pas elle. Et Leif a plus tendance à penser tout le contraire.
Est-ce si absurde, de penser que je ne suis pas le modèle, alors que je ne veux que régner ? Est-ce si immature, si égoïste de ne m’en remettre qu'à toi ?
Sam n’a pas à changer. C’est ce monde qui le fait et qui l’exige, c’est le corbeau qui piaille et qui espère dicter de nouvelle façon de penser, d’exister. Leif s’y refusera. Leif n’est pas né pour se soumettre, mais pour prendre cette place. Leif n’a pas à subir le monde, mais à le diriger. Crow voulait la bataille ? Crow voulait s’en prendre à SON monde ? Très bien. Leif n’avait pas peur de la guerre, des morts, ni d’un quelconque sacrifice. Si chacun voulait vivre sa vie, garder sa liberté, il allait devoir se battre.
« Je te vois telle que tu l’as toujours été. Tu es une enfant qui rêve éveillée. Je suis un enfant qui veut devenir Roi. Tu pensais grandir, Sam ? Tu rigoles ? Si tu mûris, ce serait la fin du monde. »
Et avec un sourire, il lui vole quelques tartelettes qu’il s’enfile sans aucune retenue. |
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Re: Brave shine [PV Leif] Dim 23 Juin - 20:03 | |
| Brave Shine Gérer son stress par la cuisine épisode 1 Pourquoi voudrais-tu évoluer ? Tu ouvres la bouche, prête à répondre du tac au tac. La réponse est claire. La réponse est simple. La réponse est évidente. La réponse meurt sur tes lèvres, aussi fugace et inaccessible qu’un éclair. Elle était partie aussi vite qu’elle était venue, cette réponse, et ne restait de tes mots qu’un souffle flou, incertain, qu’on ne pouvait traduire par des mots. Pourquoi ? Ta première réponse aurait été « parce que je le dois ». C’est ce que font les humains, après tout, ce que fait chaque enfant qui rentre dans l’âge adulte, n’est-ce pas ? Il change. Il évolue. Il grandit et laisse petit à petit ce qu’il était pour devenir autre chose. Le but du jeu étant de devenir autre chose de mieux, de plus grand. Ton principal souci, c’était que tu n’avais aucun modèle pour conduire ton évolution, aucun référant à la matière. Ta mère t’avait quittée trop tôt, ton père avait échoué à tenir son rôle. Tu avais franchi un cap trop tôt, trop vite, ça avait tout déréglé. Il te semblait qu’il y avait un bug dans ton système une pièce défectueuse dans ton mécanisme. Tu fronces les sourcils, tu aimerais trouver une réponse plus honnête, plus originale, plus digne, mais la seule qui te vient, c’est que tu dois évoluer parce qu’il s’agit d’une suite logique, d’un fait normal, d’une étape à franchir. C’est comme ça et pas autrement, comme dirait certain.
« Parce qu’il le faut ? » Ta réponse est incertaine, un peu bancale, tu essayes de peser tes mots. « Je veux dire… C’est normal, non ? On ne peut pas rester éternellement un enfant il faut… Changer ? Arrêter de jouer et devenir plus sérieux, penser à son avenir, considérer heu… L’option petit copain ou petite copine… Et tout ça ? Tout le monde… Doit changer, n’est-ce pas ? Si tu restes bloqué en enfance les gens te jugent et finissent par se moquer de toi, à te trouver bête, immature, tout ça. »
C’est la sensation que tu avais, du moins. C’est ce que tu comprenais des regards hautains, des sourires désolés qu’on t’adressait. Sam qui ne s’entend jamais avec les gens de son âge. Sam qui ne sort jamais, Sam qui n’a jamais bu, Sam qui a encore des jeux d’enfant a déjà dix-sept ans. Sam qui n’est qu’une petite fille lorsqu’on attend qu’elle soit une femme. Il fallait bien changer, il fallait bien devenir adulte, mais si on ne le voulait pas. L’enfance avait une date de péremption et la tienne était dépassée. Il fallait changer. Parce qu’il le fallait. Au final, on ne fait jamais ce qu’on veut, mais toujours ce qu’il faut. C’est là la différence entre petits et grands.
On ne fait pas toujours ce qu’on veut. C’est ce qu’avait dit papa, une fois.
Mais ta vérité, encore une fois, n’est pas la sienne. Sa vérité à lui est tout autre, unique, étrange. Tu relèves doucement les yeux, incertaine. Les mots de Leif te prennent de court, ils vont à total contrecourant de ce que tu pouvais attendre. Mais, dans un sens, n’est-ce pas le propre de Leif, de prendre le monde à contrecourant ? Tu pourrais te sentir vexer par la tournure de sa phrase, une partie de toi l’est. Mûrir n’avait jamais sonné comme un gros mot, mais tu as la sensation que c’est presque une insulte, pour Leif, de se laisser grandir. Tu gonfles une demi-seconde les joues sous le coup de la frustration, une demi-seconde seulement.
« Et en quoi ce serait la fin du monde que je devienne grande ? » Tu te laisses aller à t’appuyer contre le plan de travail. « Ça veut dire que c’est ok si je reste comme ça ? Mais les gens Leif… Je n’arrive pas à m’entendre avec mes camarades de classe à cause de ce décalage et… Et si Billy et Enoch se lassent de moi ? Parce que c’est je ne suis pas assez femme ? Parce que je suis trop fille ? Si toi aussi tu t'en vas parce que tu trouves mieux, parce que tu veux avoir des conversations plus adultes ? »
Leif # Cuisine # Mai 2029 |
| | Re: Brave shine [PV Leif] Lun 24 Juin - 1:13 | |
| Les gens, les gens, les gens. Les gens qui l’effraient. Les gens oppressants, jugent, mauvais, les gens qui regardent, parlent, crachent, attaquent, insultent, jugent, shipent, sourient, de temps à autres. Les gens du monde, le monde alentour, les alentours désastreuses d’une école dévastée par le temps.
Le monde la détruit. Elle, tout doucement. Leur monde, ses rêves, le futur qu’elle défend. Le monde les détruit. Pourtant, Leif aimerait le contrôler. Leif aimerait la sauver, sauver tous ses proches. Mais qu’en est-il du monde ? Qu’en est-il de son rêve, des débris que le corbeau laissera ? Leif aimerait combattre mais se délecte du chaos, des problèmes que son règne pourra exploiter. Entre lui-même et ses proches, la question demeure en suspens. Pourtant, lorsqu’il pense à Sam, il n’a pas envie d’hésiter. Il ne veut même pas sembler hésiter, et brandir cette humanité comme une preuve de ses sentiments, de leur réalité et de tout ce qu’il semble ne pas vraiment être.
Leif est une erreur, une variante oubliée.
« Pourquoi le faudrait-il ? » Il articule cette réponse avec une surprise réelle, sa voix douce se déposant avec délicatesse sur les timbres ambiants. L’autorité se mêle au caractère reposant de sa voix, imposant sa réalité avec une conviction indémodable comme si, lorsqu’il parlait, toute autre forme de vérité semblait disparaître. Leif avait ce genre de charisme. Un charisme qui vous happait, vous rappelait à l’ordre et faisait disparaître vos moindres doutes.
Leif, lui, n’hésitait pas. Plus maintenant, du moins. Sam était importante. Plus que le reste. Plus que le monde, pour l’instant, que son rêve en suspens, et dusse sa malédiction châtier son âme pour le penser, l’heure n’était pas venu de faire un choix. Si le choix était aujourd’hui, Leif ne le regretterait pas. Mais il n’était pas le temps pour lui d’atteindre le pouvoir. Il n’était pas temps de connaître la tragédie de son destin, pas avoir d’en avoir expérimenté le meilleur. Que serait cette punition, sans ça ?
« Si quelqu’un se lasse de toi, se moque de toi ou ne veut pas de toi, il ne te mérite pas. Et ces gens-là ne méritent pas non plus tes craintes. »
Fuck les gens. Pour une fois, Leif le pensait vraiment - il en avait assez entendu pour être persuadé de la culpabilité du monde ambiant. Chacun ici, lui inclus était responsable du déclin du soleil, de la bonne humeur disparue de Sam. Chacun d’entre eux. Chacun d’entre nous. Ce crime, un jour ou l’autre, le monde le paierait. Peut-être était la nostalgie des aliments qui parlaient, envahissaient son esprit de ces images et sentiments magiques, mais Leif jugea, cette fois-là, que ce Mal avait trop duré.
Sam avait trop enduré. Si le monde persistait à ne pas vouloir la mériter, ce serait à lui de changer - et Leif y veillerait de lui-même.
« Grandir n’est pas une mauvaise chose si tu le fais pour toi et pas pour les autres. » |
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Re: Brave shine [PV Leif] Mer 26 Juin - 22:44 | |
| Brave Shine Gérer son stress par la cuisine épisode 1 Il y a de la surprise dans la voix de Leif et tu ne peux t’empêcher d’en tirer une certaine fierté. Surprendre Leif n’était pas donné à tout le monde. L’interroger n’était pas donné à tout le monde. Parce que Leif était fier, Leif était le genre de personne qui ne se posait pas de question, qui refusait de s’en poser. Tu as toujours profondément admiré cette détermination, cette faculté de ne pas douter, de ne pas laisser les craintes et les angoisses interférer avec la vie quotidienne. Tu n’avais jamais été réellement capable de cela. Un jour, peut-être, tu y arriverais. C’était un objectif que tu aimerais te fixer. Être plus forte, plus confiante, plus fonceuse sur un tas d’autres choses. Tu as la sensation que tu le dois même si tu n’en as pas envie. Pour rester aux côtés de personnes comme Enoch ou Billy, tu as la sensation que tu te dois de grandir. Ce n’est pas forcément justifié ni même intelligent. Ce n’est pas forcément la bonne marche à suivre, mais la solution qui en ressort. Tu te mets une certaine pression pour être à la hauteur. Il le faut. Tu as envie d’aller au-delà des choses, au-delà de cette apparence qui est la tienne. Tu peux être grande, tu peux être une grande enfant à défaut d’être une adulte. Tant qu’il y a le mot grande, quelque part, tu penses pouvoir t’en satisfaire.
« C’est si simple que ça ? »
Tout a l’air tellement plus compliqué, tout à l’air d’être nuance, délicatesse, subtilité. Tu n’es pas très subtile, ni même très délicate. Quant aux nuances, tu ne les perçois qu’une fois sur quatre. Il te semble que les relations d’enfants sont plus simples car plus franche. Le monde adulte est effrayant par cet aspect-là aussi. Il te semble qu’être adulte c’est calculer son coup et tu as toujours été une bille en mathématiques.
« Je prends, je jette, j’enchaîne ? » Oui. C’est une référence assumée à Hercule. « Whoua, j’aimerais pouvoir faire comme ça. Ça a l’air simple. Mais c’est plus compliqué que ça, n’est-ce pas ? Tu pourrais, toi, te détacher des gens aussi facilement ? »
Toi, il te semble qu’il est compliqué de faire ses adieux à une personne aimée. Bien sûr, tu n’es pas naïve au point de croire que tout dure éternellement. Là où il y a des adieux, il y a des rencontres et inversement. Tu ne te souviens plus trop où tu as entendu ça mais cette phrase résonne en toi comme une espèce de synchro sainte vérité. Tout n’est qu’éternel recommencement, n’est-ce pas ?
« Comment tu ferais, toi, Leif ? Perso, je n’imagine pas trop la tronche que pourrait avoir mon monde sans tous ces autres. »
Grandir n’est pas une mauvaise chose, finit-il par dire. Quand on le fait pour soi-même. Tu as déjà entendu cela quelque part, Sam. Vivre pour soi, pas pour les autres, mais pour soi. Tu as déjà entendu ça, oui. Où ? Tu ne t’en souviens pas. Mais tu as déjà entendu ça quelque part. Ton regard se pose sur Leif. Tu n’as pas menti lorsque tu disais que tu n’imaginais pas ce monde sans tous ces autres. Tu n’as pas menti, non.
« Dis, Leif. Même si je grandis, est-ce qu’on restera toujours comme ça ? »
Leif # Cuisine # Mai 2029 |
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