bein' toxic ✝✝✝ sainte avalon (tw : drogue)

Le souffle court et les rêves absents, il t'est impossible de trouver le sommeil par cette chaleur d'été. L'ennui te prend à la gorge et le manque d'exercice te laisse comme un cadavre blanc dans tes draps immaculés.
Les jambes dépassant des étoffes, tu te demandes ou tes frères passent l'été. Car entre les sorties avec tes copines ou les journées enfermées à coder ou regarder des séries, toi tu ne faisais pas grand chose. Quelque chose ne tournait pas rond, mais tu étais incapable de deviner ce que c'était.

Alors dans une dernière roulade dans ton lit froid, tu finis par attraper ton téléphone pour y inspecter tes contacts.
Lukas.
Son nom apparait au bout d'une longue liste de messages.
Tu te demandes s'il a avancé dans ta liste, s'il y porte encore intérêt.
Ton coeur est vide et ton lit aussi, un peu de chaleur humaine te réconforterait peut-être.... Même si ce n'était pas ce que tu voulais. Tu l'imaginais triomphant et se pavanant de sa supériorité, et toi la Sainte qui lui tendrait son épée. Vos coeurs n'étaient pas purs mais tes sens étaient libérés.

Tu te relèves en sursautant, au vu de la photo qu'il t'envoie. C'est à dire la façade de votre petit manoir, en contre plongée sur la fenêtre de ta chambre.
Ce petit diable avait piraté ton téléphone, tu le jettes à l'autre bout de la pièce, avant de courir le ramasser pour lui répondre.
Tu le vois transplaner, depuis ton petit balcon, puis revenir avec son balai. Tu recules à mesure qu'il s'approche du rebord du soupirail et une fois à l'intérieur, tu le juges du regard comme s'il était un enfant à qui on ne pouvait rien refuser.

— « Je suis sciée. Quand est-ce que tu as eu le temps de placer un tracker sur mon téléphone ? »

Tu croises les bras, mais le début de rictus au coin des lèvres que tu n'arrivais pas à dissimuler trahissait le fait qu'au final ça ne te déplaisait pas.

— « Tu ne m'as pas manqué mais... »

Tu t'approches de lui finalement, un peu moins sur tes gardes, pour venir lui prendre son balai des mains et le poser contre le mur. Puis d'un geste lent, tu lui retires la capuche de son hoodie.

— « Oh. Nouvelle coupe de cheveux. »

Et sans attendre, tu passes tes doigts entre ses mèches blondes, tes ongles venant racler le haut de son crâne comme une menace douce amer.

Allons bon, le coupable avoue ses vices. Tu le toises avec jugement alors qu'il te rappelle ce moment d'inattention. Voilà que tu dois changer de portable maintenant... et le nouveau Pineapple n'était pas encore sorti. Tant pis, tu demanderas à ton frère s'il en a un vieux qu'il puisse te dépanner.
Il était fort, ce bougre.

— « Tu penses à tout, je suis impressionnée. »

Cette fois, tu peux lui dire.
Tu l'observes inspecter ton environnement, ta chambre plongée dans la pénombre. Comme dans les films, le rideau blanc s'agite à cause du vent frais d'été de la nuit d'été, laissant transparaitre quelques rayons d'une lune timide en fin de mois.
Ta chambre était assez grande, mais bien moins que celle qui se trouvait en Russie. Un petit dressing en bordel et un bureau avec ton set up suffisait. Tu avais exigé à ta mère, comme ta jumelle, d'avoir un lit Queen size pour bien dormir (et pour quand Milla avait ses terreurs nocturnes, pour ne pas tomber du matelas).

— « Fais comme chez toi, je te dirais rien... »

Avant de tiquer par rapport à la conversation privée que tu avais eu lieu avec Edea. Ce petit batard avait accès à ton téléphone. De la joie pouvant se lire sur ton visage (en pensant à la liste qui se raccourcissait), une gêne la remplaça rapidement. Tu avais parlé à ta meilleure amie de Lukas par sms, tu en étais sûre. Même si ce n'était arrivé qu'une fois, tu avais du glisser un compliment à son égard, et tu sus maintenant qu'il avait du le lire. Et ça, ça te faisait chier par avance.

Il s'allonge dans le lit, à TA place, et les mains sur les hanches, tu le sermonnes quand à son attitude machiste.

— « Eh ! C'était peut-être aguicheur, mais n'en profite pas pour t'installer ! »

Tu le pousses de tes deux mains pour le rouler sur le côté. Dieu ce qu'il était lourd (ou alors tu devais admettre ne pas avoir de force malgré le quidditch et la boxe). M'aide pas surtout ! Tu rageais intérieuement mais ce comportement sans gêne et loin d'être prévenant était presque excitant. En tout cas, il savait y jouer dans la séduction.
Une fois qu'il fut à bonne hauteur, tu te laisses tomber perpendiculairement sur lui, ventre contre ventre. A lui de te déloger maintenant.

Il faisait exprès.
De ne pas te regarder, de se désintéresser. Ton corps objectifié, il était l'était surement. Ce garçon semblait enclins aux plaisirs de la chair, mais cette façon qu'il avait de ne pas toujours te faire sentir comme redevable, te donnait presque envie de le devenir. Esclave de ses pulsions et des tiennes. Un doux tableau qu'il fallait peindre avant de regarder. La chaleur devait monter, et elle était déjà là. Tu transpirais presque, dans cette position.

— « J'ai déjà trop chaud, là. »

Tu lui tends un peu trop de perche. Mais il n'est pas décidé à toutes les attraper. Alors qu'il te parle d'un téléphone, tu te demandes s'il n'est pas non plus legilimens au passage, vu que tu y pensais il y a à peine dix minutes.

— « Oui, c'est pratique. Je vais pouvoir m'en racheter un, hors de question que tu continues de me stalke comme ça. Ma tolérance à ta vantardise a des limites. »

Tu te redresses sur les coudes, le corps toujours cambré vers l'arrière et tes fesses toujours sous son nez. « Fais voir. » Tu avais attrapé son téléphone (ou plutôt chapardé comme un animal sauvage) avant de te redresser machinalement en un squat habile. « Haha confisqué ! » Y mettre un traceur serait peu subtile, tu ne pensais pas aussi naif, mais tu aimais l'idée de le faire suer un peu.

Debout au bord du lit, l'objet du délit entre tes mains, tu affiches une mine fière et concentrée sur l'écran pour fouiller un peu plus sur ce que tu avais entre tes mains. Tu vas dans les photos, et tu grimaces devant la liste de photos de lui même qui s'affichaient.

— « Ew. »

Tu tires la langues et tu t'en envoies pas mal par sms, quand même. Faut pas déconner.

A peine debout en équilibre sur le matelas que tu regrettais déjà le corps chaud en guise de coussin de Lukas. Tu ne l'avais pas encore gouté que tu étais déjà accroc. Quelle texture il pouvait avoir ? Tu allais trop loin Avalon, dans n'importe quel sens, c'était tendancieux. Et surement humide.
Il attrape ta jambe et tu bascules. Sa main qui fait pression sur ta cheville laisse sa marque alors que ta tête heurte un coussin perdu. Les pieds dans le vide, il bloque ton corps et fait pression pour qu'il moule bien le matelas grinçant.

— « Ça t'excite ce genre de délire ? Un peu sado-maso mais surtout sado ? »

Tu capitules et lui rend son téléphone, faisant semblant de bouder parce que ça te faisait rire. Il observe les derniers messages envoyés, oups grillée. Tu éclates de rire à sa remarque. Ça devait surement être son stock tout prêt pour ses conquêtes. Malin, pour un flemmard impossible d'être excité sur le moment. Tu te demandes comment ça se passe, ton esprit étriqué ne peut s'empêcher de se questionner. Cette liste était là pour une bonne raison, en plus d'augmenter le sex-appeal du prétendant : les mecs prenait et jetait. Tu ne serais pas une distraction d'un soir, une pimbêche qui se leurre. Tu n'avais pas l'ambition d'être unique, mais tu voulais qu'il s'en souvienne.

— « Tu peux m'occuper maintenant, si tu veux. Mais je n'ai plus froid. »

Tes yeux cherchent les siens. Ils sont si beaux, tes yeux. C'est sûrement la seule chose que tu aimais chez toi. Ils étaient azur, profond, aussi purs que l'océan déchainé. Aussi sages qu'un lagon abandonné. Tes mains se glissent dans son dos un instant, et tes doigts vinrent dessiner les lignes de ses omoplates. Tu esquisses un sourire à son insinuation. Il pouvait bien voir toutes les filles qu'il voulait, tu n'étais pas jalouse.

— « Uniquement si tu me les envoies après. »

Les photos Lukas, les photos. Tu te demandais si une belle photo de toi rendrait bien sur portable. Tu ne saurais pas tant qu'on ne t'aura pas prise dans la plus belle position.
Hahaha, encore une fois tendancieux.
Que faire ce soir ? Maintenant qu'il était là, tu ne l'imaginais pas repartir. Mais sa présence mettait à mal le pacte que vous aviez fait. Un pacte avec le diable, et tu étais trop Sainte pour le briser. Tu tentes de l'écarter, tes mains sur tes épaules.

— « Qu'est-ce qu'il te reste, sur cette fichu liste, qui pourrait nous occuper ? Je sens que tu ne pourras pas tenir longtemps. »

Menteuse. C'est toi qui n'en peux déjà plus.

Tu voulais que ton corps plie sous le sien, haleter à n'en plus pouvoir respirer. Mourir jusqu'à l'extase, et jouir jusqu'à la mort. Mais ce n'était que des fictions que vous vous imaginiez mutuellement dans vos têtes.
Deux idiots qui s'excitaient malgré le fait que vous ne feriez rien ce soir.
Deux idiots qui n'avaient même pas besoin de l'autre pour partir en live.
Vous étiez timbrés et peut-être lui un peu plus que toi.
Tu te mords la lèvre, imaginant ses mains serrant tes poignets, ta nuque et tes cheveux.
Tu le grifferais dans le dos, sur le torse et même ses yeux.
Pour qu'il n'en regarde plus aucune autre.

— « Je pense que tu te trompes. Je sais ce que tu me réserves. Je peux le voir à la façon dont tu me regardes. »

Ta langue vient embrasser sa joue. Et si tu avais une auréole, tu l'aurais perdu ce soir. Déchue, tes ailes déjà noires s'effriteraient. Tes prunelles de saphir s'assombriraient.
Et dans l'obscurité, tu l'aurais rejoins en enfer.
Une nuit folle qui serait rapidement oublié. Pourquoi sacrifier ton honneur pour un plaisir si rapide, éphémère et dépendant. Jamais tu ne réclamerais Avalon, et pourtant ton corps suppliait.
Si c'était son carburant, tu serais son diesel.

Lui envoyer des photos, s'il te pensait aussi facile, il se trompait. S'il en voulait, il se servirait, il les prendrait. Meilleur angle, plus belle lumière. Tu préfères envoyer les parties de ton corps les plus inattendu. Tes mains, ton menton, tes genoux éborgnés et tes pieds. Presque sûr que même ça, ça l'exciterait.
Tes mains sur son cou prêt à l'étrangler avant qu'il ne glisse sur le côté.

— « Il n'est pas question de ton plaisir Lukas, mais du mien avant tout. Peut-être que c'est moi qui te dominerait, quand tout ceci sera terminé. »

Termine.
Cette liste.
Au plus vite.
Et alors qu'il l'énumère, tes yeux pétillent et tes jambes tapent frénétiquement sur le matelas avec impatience et impertinence.

— « Mon PC est allumé. Vas-y. Tu seras récompensé. »

Tu gonfles les joues à nouveau. Oui, tu pourrais le dominer !
Bon ok, peut-être pas avec ta musculature de crevette. Mais sûrement que ça lui plairait ! Tu voudrais relever ce défi Avalon, parce que tu as aussi une liste pour ça. Mais celle-ci restera privée plus longtemps, ça c'est certain. Bien trop dévergondée mais tout aussi déjantée. Il y avait en toi depuis toujours l'immortelle passion d'énumérer et de concocter des listes... en passant par la célèbre Bucket List à la Sex List. Quitte à dépasser les limites, autant les cocher pour être sur de s'en rappeler.

Il se lève et tu te mets à genoux sur ton lit, pour l'observer se diriger vers ton ordinateur. Il devait déjà connaitre le mot de passe ce salaud. Heureusement que tu utilisais plusieurs type de VPN et une IP tournante.

— « Décidément, l'homme reste toujours motivé par la carotte. Affligeant. »

Cette façon qu'il avait de braver l'interdit sans peur et sans remords te faisait frissonner. C'était ça, la nuit idéale. A pirater des pauvres moldus et à se ... laisser aller ?
Tu te diriges lentement vers ton bureau aussi, en particulier un tiroir qui bloquait un peu quand on l'ouvrait. Si tes frères tombaient dessus, ça serait toi dans la tombe.

— « Et si on s'occupait d'en cocher une autre juste après ? »

Tu sors alors un petit flacon et deux aiguilles. Pire qu'un vaccin, une simple injection d'une substance qui faisait sûrement du bien deux heures et qui te pourrirait pour les prochaines vingt-quartes.
Tu ne saurais encore dire si c'était une bonne idée. Tu ne te droguais jamais, hormis la cigarette (et parfois plus) et tu n'étais pas sur de la réaction que cela aurait sur ton corps inexpérimenté. Mais tu ne le laisserais pas tomber, cette fois.

— « Mes sens seront sûrement annihilés, Mr. Robot. »

Ta tête se penche sur le côté, alors que tes yeux fixent l'aiguille et que tu la piques dans le flacon pour la remplir. « Si tu le fais je le fais. Si tu me le fais, je te le fais. » Sur que tu n'as jamais déjà rien pris. « J'ai de quoi fumer, après. Et pour la troisième on dira que ton odeur, c'est déjà quelque chose qui me rend accroc. »

C'était peut-être la première fois que tu discernais dans son regard un manque de confiance. Tu n'étais pas sûr Avalon, mais tu préférais ignorer cette alarme. Ce que vous étiez en train de faire était sûrement une énorme connerie que vous regretteriez le lendemain matin. Et tu priais intérieurement pour qu'Uriel et Gabriel soient sorti. Milla était en boite, tu savais qu'elle ne risquait pas d'entrer dans ta chambre en pleurs du démon qui la hantait. Ah oui, tu avais oublié ce détail qui parut tellement plus lucide une fois que Lukas eut planté le liquide bleu clair dans ton bras.

— « Ah oui... J'avais oublié.... Notre maison est hantée... j'espère qu'il a suivi Milla à sa soirée.. »

Ta tête tourne et tes sens te consument. Pupilles dilatées, l'hérésie ronge ton être. C'est un parasite, qui te dévore lentement de l'intérieur mais pourtant tu souris comme si tout allait bien. L'aiguille sale posée en vrac sur le bureau. La substance brule les veines, tu te demandes trop tard ce que c'était que cette merde mais tu n'avais jamais osé la prendre seule. Tu attendais ce moment, qui se vit à deux et à deux seuls. Le temps semble s'enfuir lentement, parcimonieusement ennuyé.
Tu le cherches machinalement les bras tendus, avant de te concentrer sur sa silhouette. Tu as chaud. Une goutte de sueur perle le long de ta nuque, jusqu'au creux de tes reins, de ton torse et se glissant entre ta poitrine.

— « J'ai... Dans le tiroir de ma table de nuit j'ai un.. sachet... »

Tu grimpes à quatre pattes sur le matelas qui grince, et tu t'étires jusqu'à ce dit tiroir, que tu déboites en tirant. « Hmm.. »
Sur les draps tu balances des feuilles, des filtres, tabac et petit sachet... Pour les grandes occasions. Tu l'avais acheté récemment mais ne l'avait même pas encore touché.
Tu attrapes ta baguette et essaies de te concentrer pour les rouler en vitesse. Car toi aussi, tu avais si chaud.

« Lukas je... » D'un soupire suppliant, tes lèvres gonflées tremblent comme si tu avais soudainement froid. Et machinalement, tu défais les boutons de ta chemise de nuit, avant de t'arrêter car tes doigts avaient la gigote. « Je... ça va mieux ? » Tu te hisses sur tes genoux pour lui caresser le front, prenant sa temperature. Il était chaud, comme toi.

Tu murmures à son oreille en rigolant.

— « J'ai envie que tu m'embrasses, hihi. »