sur les cendres de l'été danse le ciel en liesse ça valse sans un bruit dans les drapés d'éther ici
malgré le bal qui se déploie sous ses yeux
on se passe toujours de mélodie.
au creux de l'azur comme un second soleil qui n'a pas à rougir face au vrai
elle se dresse fièrement teinté d'orangé ;
les camaïeux de la
lune ont changé pour fêter
l’équinoxe.
sol froid des coursives de la tour d'astronomie contre les omoplates ollie se demande à quelle vitesse ça voyage une œillade car il n'est pas sûr que les siennes aient vraiment le temps d'arriver jusqu'aux étoiles au dessus de lui
c'est qu'il surveille de temps à autre l'accès à la tour d'astronomie. car ce qu'il aime chez les nébuleuses
(et toi)
c'est le coté volatile des auras
si l'on n'est pas au bon moment au bon endroit on court le risque de manquer des instants hors du monde.
lorsqu'on t'envoie des messages la nuit c'est comme avec ces galaxies dont la lumière vacille, une éclipse un nuage et tu t'échappes
sauf qu'ollie reconnaîtrait ces pas entre mille
(la faute à leur mélodie gracile).
il attend encore
rien qu'un peu
car comme en astronomie c'est une question de timing
jusqu'à ce que tu sois suffisamment proche de lui pour se rassoir en tailleurs. le sourire qui ferait mille fois le tour de la tête s'il était en orbite suffirait sûrement pour comprendre que l'été sans vérifier si tu brillais toujours autant lui a paru long
mais il faut toujours qu'il rajoute des mots, ollie.
— ça a été l'ascension ? je me suis dit qu'ici ça irait, on n'est pas si loin du perchoir des serdaigles.
lune (la vraie) accroche les rayons de l'avant-nuit les boucles ivoires comme rétro-éclairée
ce n'est pas la même gravité qui régit ton être c'est sûr
comme éthérée, lune.
— ce soir c'est un peu particulier
lune
tu sais, c'est
celui là, il le connaît par cœur il
replie tous les doigts de la main gauche sauf deux
le pouce sous le menton, l'auriculaire tendu devant soi
tandis l'autre main fermée vient s'arrêter au dessus du front.
— la lune-
euh
le second, il se souvient moins bien
c'est qu'il l'a appris tout à l'heure.
s'égrènent deux, trois secondes, avant que la risette signale qu'il se rappelle, ollie tend une main devant lui
avant d'y passer l'autre
comme pour récolter des blés imaginaires au creux de la paume.
— des moissons.
elle a pris des teintes carmin un peu de celles que tu portes souvent sur les lèvres. le souffle rieur pour se moquer de lui-même car
les signes ce n'est pas encore ça.
il aimerait bien pourtant mais il n'y a pas grand monde dans les parages pour pratiquer. assis l'un à coté de l'autre ce ne serait pas pratique alors lorsque tu le rejoins ollie se tourne rien qu'un peu
histoire de partager le face à face entre le cosmos et toi. signe en pliant deux doigts vers lui.
— ça va toi ? tu as passé l'été ici ?
rictus dépité
c'est pas ma saison l'été, c'est les trois mois où j'ai la mauvaise manie de disparaître.
ponctue la réplique qui sonne comme une excuse, l'index et le majeur viennent sous l'œil avant de désigner devant lui
de te désigner toi.
— ça me fait plaisir de te voir.
à sainte-mangouste pour tuer le temps
ollie a appris de nouveaux mots silencieux
tu vois.