What have you done... Again ? || Castiel Kingsley & Yaroslav Soukup

 
   

C'était une journée pathétiquement banale. Tu t'étais levée, pris une douche, tu étais descendue déjeuner. Tes yeux cherchèrent ton frère dans la Grande Salle qui a été rangée depuis le Bal la veille, mais ton frère n'y était pas.
Tu ne pouvais pas dire que tu était surprise, après tout, lorsqu'il découchait, il avait tendance à se lever tard le lendemain. Pourtant, lorsqu'un prof dont le visage ne resta pas dans ta mémoire vint te chercher, tu savais que ce n'étaient qu'apparences. Qu'il s'était passé quelque chose.
Tu as été convoquée à l'infirmerie. Au début tu ne comprenais pas pourquoi. Puis il a fini par te le dire. Sans en dire assez pourtant. Ou peut-être qu'il y avait des précisions, mais tu ne les as pas retenues après qu'il ait prononcé le nom.
Castiel.
Tes pas résonnent lorsque tes talons heurtent le sol avec violence. Le son arrive presque à couvrir les battements affolés de ton coeur. Presque, mais pas assez.
Tu arrives à la porte de l'infirmerie au moment où celle-ci s'ouvre. Une femme en émerge, portant un gros pull taché de sang. Tu n'aperçois d'elle rien d'autre que ses longs cheveux bruns emmêlés et bouclés, avant de pénétrer dans la large salle où tous les lits sont vides sauf le sien.
L'infirmier te jette un regard, tu le salues puis t'avances. Tu ne veux rien laisser paraître, tu veux pas sembler affolée. Ne pas laisser voir tes émotions.
C'est comme si on te l'avait inculqué ça, pourtant tu as l'impression que personne ne l'avait jamais dit à voix haute. C'était une règle prédéfinie, silencieuse, que tout le monde dans votre maison respectait, consciemment ou pas. Mais il y a eu des moments où c'était trop difficile. Et alors, c'était l'explosion.
La tête de Castiel repose sur l'oreiller. Il a l'air épuisé, mais malgré ses yeux fermés, tu sais qu'il ne dort pas. Son épaule est entourée d'un épais bandage et il a encore quelques tâches de sang sur le menton.
Tu approches une chaise, raclant le sol avec les pieds en bois, avant de te laisser tomber dessus dans une pose plutôt détendue.

Ta cavalière t'a tabassé pour avoir voulu l'attirer dans un coin sombre, Castiel ? Je t'ai déjà dit que les femmes c'était dangereux.

Tu lèves un coin de tes lèvres, mi-sourire crispé amusé. Tu te demandes réellement ce qui s'est passé pour qu'il soit dans cet état catastrophique. Et surtout pourquoi il n'a pas été soigné par la magie mais qu'il a eu besoin de recourir à des bandages. Y a donc des choses que la magie ne peut pas fixer ? Comme quoi ...
Pourtant, tu es encore plus inquiète de le voir ainsi. Il semble dépourvu de son assurance. De sa superbe.
Tu dirais même plus. Il semble brisé.  

 
   

Ses paupières s'entrouvrent enfin. Monsieur le Cadavre a cessé de jouer le mort. Tes yeux se plissent alors qu'il te jette un de ses regards que tu as délibérément nommés regards-à-la-Castiel. Celui-ci, c'est le numéro 6 ; je vais te casser la gueule si tu fiches pas le camp.
Cela te surprends, à vrai dire il t'était rarement destiné celui-ci, mais tu hausses mentalement les épaules. Ton frère a plus de mauvais jours qu'une femme par mois. Alors après tout, tu dois être mal tombée.
Tu détailles encore une fois ses blessures du regard, attentive. Tu n'arrives pas à savoir ce qui a pu ainsi le clouer au lit d'infirmerie et cela t'interpelle, te donne envie de comprendre. Le fait qu'il rejette ta présence encore plus que d'habitude ne fait que renforcer ton désir de le faire chier jusqu'à ce qu'il te hurle au visage ce qui s'est passé, juste pour te faire enfin dégager.

Tu as perdu une bagarre et c'est sur moi que tu te défoules ? Tu me déçois.

Ton ton dégouline de sarcasme. Les yeux de ton frangin se baissent sur ta tenue règlementaire et sa remarque te glace le sang. Pourquoi tu portes ça ? Il est sérieux ? Tu secoues la tête et de ta gorge s'arrache un léger rire plein d'amertume. Tes yeux se posent sur lui. Regard n°3 ; t'es con ou ça se passe comment ?

Tu n'as qu'à demander au directeur, c'est lui qui impose ces tenues. Bon, tu vas accoucher de ce qui t'es arrivé ou je dois rester ici pour te materner toute la journée ?

Tu te penches à ces mots vers lui, ta tête de travers, mettant tes cheveux derrière ton oreille pour pas qu'ils ne te gênent. Tu as l'impression que quelque chose a changé, qu'il est devenu plus dur. Plus... Bestial. Dans ses yeux brille un éclat fiévreux que tu ne lui connaissais pas et cela t'intrigue autant que ça te surprend. Qu'est donc arrivé à ton frère pour qu'il ai l'air aussi dangereux ?
Soudain tu aperçois sa baguette sur sa table de nuit. Sa baguette cassée. Tes yeux bleus s'écarquillent vivement. Comment il a pu faire ça ? Tu sais que sa baguette était comme une amie pour lui. D'ailleurs tu t'es aperçue que pour les sorciers, leurs baguettes étaient les choses les plus précieuses. Les plus importantes. Et tu sais très bien qu'est-ce que vos parents penseront lorsqu'ils apprendront qu'il a cassé la sienne.

Ta baguette...

Tu le regardes et c'est l'obligation qui parait dans tes yeux. Il doit te dire. Desuite.  

 
   

Un petit bruit sec résonne et tu baisses les yeux sur ses mains crispées. Ses phalanges ont-elles craqué ainsi ? Tu fronces les sourcils, tu essaies désespérément d'assembler les morceaux. Mais sans son aide, aide qu'il refuse par honte ou par autre motif stupide, tu es incapable de trouver la pièce principale du puzzle.
Il dit qu'il ne veut pas entendre tes sarcasmes et tu penches la tête sur le côté. Où est passé son répondant, sa vulgarité, sa violence ? Il n'est plus le même, tu ne reconnais plus ton frère désagréable et froid. Tu ne reconnais plus rien et tu détestes être perdue. De plus, son soupir las n'est pas habituel lui non plus. Il te fait presque froid dans le dos ainsi.
Et puis il fait la chose qui t'arrache un hoquet de surprise.
Il avoue sa défaite. Il avoue s'être battu, avoir cassé sa baguette. Il dit ne pas s'en soucier, s'en battre les couilles. Sa mâchoire se crispe, il détourne les yeux. Menteur, tricheur, qu'a-t-il de si ignoble à cacher ?

Tu mens. Et tu sais très bien que je le sais, Castiel. Ne nous voilons pas la face, tes petits jeux ne servent à rien avec moi.

Tu veux le regarder alors tu l'attrapes par le bras, juste en dessous du bandage. Sa peau brûlante te fait l'effet d'une décharge électrique. Il est fiévreux, brûlant, il refuse de parler. Il est presque gentil. Trop d'éléments étranges alors que pourtant c'est bien ton frère. Qui ne semble pas l'être toutefois.

Tu veux vraiment me faire croire qu'une baston te mettrait dans cet état ? Je t'en prie, on croirait que tu as été mâchouillé, recraché, puis renversé par un bus.

Tu secoues la tête encore une fois. Décidément, tu ne fais que ça depuis que tu es entrée dans cette infirmerie. Tu essaies encore une fois de tout récapituler ; blessure étrange qui ne guérit pas par magie, état déplorable et fiévreux, soudaine gentillesse liée à son refus de parler, baguette cassée... Mais qu'est-ce qui t'échappe bordel ? N'es-tu donc plus capable d'ajouter deux plus deux ?! Tu as l'impression que ton cerveau est en ébullition et qu'il s'écoule par tes oreilles.

Parle-moi.

Cela pourrait sonner comme un ordre mais ta voix est douce. Tu demandes, tu n'obliges pas. Tu ne veux pas qu'il croit que tu as pitié car ce n'est pas le cas, mais tu veux qu'il comprenne que tu es là. Que tu l'as toujours été. Que jamais tu ne l'a quitté des yeux ne serait-ce qu'une seconde.
De toute façon, il n'y avait personne d'autre qui importait autant que lui, n'est-ce pas ?

 
   

Il te lance un petit regard inquisiteur, comme s'il s'attend à ce que tu fuis, à ce que tu t'échappes en hurlant que tu le détestes. Mais cela fait trop longtemps que lui te fuyait, alors non, tu ne partiras pas. Tu ne laisseras pas filer entre tes doigts.
Il te demande de partir. Doucement, faiblement. Avec une délicatesse que tu ne li connais pas. Pourtant il te demande de te casser. Pas de partir, pas de le laisser non. Comme s'il te disait d'aller le chercher ailleurs.
Mais tu ne bouges pas, tu insistes. Et alors sa main se lève attrape ton poignet avec une force incommensurable. Tu gémis de douleur, et soudain il se met à hurler.
Finalement, il l'a répété plus de deux fois.
Il ne veux pas de toi ici, mais tu continues de le fixer dans les yeux. Car ce n'est pas quelque chose de nouveau pour toi, parce que tu es chiante, collante et parce que quand tu te décides de quelque chose, c'est jusqu'au bout.
Tu arraches ton poignet de ses mains et le frotte douloureusement. Un silence lourd pèse sur vous, mais tu ne peux t'empêcher de le rompre.

Parce que tu crois qu'il y aurait ne serait-ce qu'une personne qui voudrait de moi à ses côtés ? Me fait pas rire, Cas'. T'avait qu'à ne pas foutre la merde encore et en effet, je ne serais pas venue. Tu m'aurais encore fui.

Tu lui lances un regard plein de reproches. Ton poignet porte une légère marque rouge, reproduisant parfaitement la forme de ses doigts. Tu contemples les striures pendant quelques instant avant de soupirer et de te lever.
Tu ne comptes pas partir, non. Tu attrapes un oreiller sur le lit d'à côté et le pose dans ton dos en te rasseyant. Tu installes une distance de sécurité entre ta chaise et le lit de ton frère, question d'être hors de portée de ses mains et tu commences à te balancer en fixant le plafond.

J'ai pas cours de la matinée aujourd'hui, j'ai donc tout mon temps. Évite juste de me tuer, ça serait le second meurtre à l'infirmerie sur la fin d'année, ce serait dommage pour ce joli infirmier.

Tes yeux finissent par retourner vers ton frère. Ton regard est froid, il n'exprime rien. Presque rien. Mais à l'intérieur les mots résonnent.

Je ne veux pas de toi ici.

 
   

Oui tu es têtue. C'est la seule chose qui te permet de te maintenir à la surface. Persévérance. Parfois confondue avec témérité.
Dans le cas ci-présent cela semble un mélange parfait de ces deux termes.
Il a un sourire et tu te crispes, sentant la bombe arriver. Mais bordel, il y tient à ses secrets ! Tu ne t'en rends compte que maintenant à quel point il veut s'éloigner de ce sujet stupide. Qu'as-t-il bien pu faire pour vouloir fuir l'explication à ce point ?
La chaise retombe sur le sol lorsqu'il mentionne Père. Le venin gicle d'entre ses lèvres salies. Tu détournes le regard, la mâchoire serrée. Oui, tu le sais ça, tu sais que Père en a rien à foutre de toi. Sa dernière remarque pourtant, entrecoupée de toux, t'interpelle. Mhm, tu en connais quelques uns des Sang-Purs. Dommage que Faust n'en sois pas un.

J'y réfléchirais la prochaine fois qu'un de tes amis sera bourré et facilement manipulable.

Ton ton est froid et dur. Tu te lèves, tu avances vers son lit et ta main fuse. Mais pas pour le gifler, non, pour lui arracher ce putain de bandage, pour essayer désespérément de comprendre ce qui arrive à ton frère. Et ce que tu découvres te glace d'horreur. On dirait vraiment qu'il s'est fait mâchouiller, son épaule est dans un état si immonde que tu retiens à peine ton envie de gerber. Le sang semble continuer à suinter de la plaie, énorme, purulente, infectée.
Tu laisses échapper un hoquet de surprise, laissant tomber le bandage souillé au sol.

Mais bordel qu'est-ce que t'a fait Castiel ?!

Tu ne comprends pas, tu ne saisis pas. Pourquoi ne veux-t-il donc pas parler ? Est-ce un sortilège qui l'a ainsi amoché ? Qui l'a mis dans un état aussi catastrophique ? Tu n'as que des questions et aucune réponse venant à ton esprit ne semble convenable pour y répondre à toutes.

Une migraine se faufilait dans son crâne, perfide — et la discussion animée, envenimée, des Kingsley ne l'aidait en rien. Surprenant que le vert ait la force de créer un tel vacarme, vu son état. Il aurait aimé que cela se passe autre part, il aurait eu la possibilité de ne pas intervenir. Il retint un soupir, déjà profondément lassé de cette journée. Le travail s'était accumulé, entre les lésions du bal et les contrecoups du décès de la Blackwell. La fin d'année était épuisante ; des cernes impressionnantes se creusaient ; mais il conservait son attitude habituelle en toute circonstances. Il était capable de tirer son épingle du jeu en presque toutes circonstances , lorsqu'il était décidé à le faire  — la majorité du temps donc. Scrutant les quelques élèves étalés sur les lits, il se décida à aller jeter un coup d'oeil à la fratrie, légèrement agacé de leurs emportements. À croire qu'ils pensaient faire leur consultation psy de la semaine. Et avant même qu'il atteigne le lit de malheur, Castiel poussa un cri de douleur. Encore mieux. Et la blondinette lâche sa dernière plainte alors même que Yaroslav s'arrête non loin d'eux ; les phrases qu'il s'apprête à énoncer déjà calculées, préparées. Il le sait déjà, il sera un peu moins dans la dentelle que d'habitude. Il n'a pas la foi, et a bien conscience que l'état de l'élève constitue une parfaite excuse pour se faire plus insistant que d'habitude. Il se contente d'un claquement de langue, sourcil légèrement haussé, pour attirer leur attention. Il n'a jamais élevé la voix pour calmer le jeu, et ne compte pas commencer maintenant  — s'il y a hurlement, il y a erreur dans le procédé. Son regard passe d'un être à l'autre, vif, impartial, mais s'arrête finalement sur la plus jeune. « Ça m'arrange vraiment que vous vous employez à aggraver ses blessures, mademoiselle. » lâcha-t-il d'une voix ferme, une pointe d'ironie décelable dans son ton — sûrement inutile, mais sait-on jamais, certains seraient capable de le prendre au mot. « Surtout qu'il a réellement besoin qu'on le perturbe actuellement. » Son air est toujours aussi placide qu'habituellement lorsqu'il se détourne légèrement sur le côté, indiquant la sortie d'un geste de la main. « N'hésitez pas si vous avez besoin de motivation. » Et par là, il signifie bel et bien quelque points en moins. Il poursuit le contact visuel quelques secondes, afin d'être sûr qu'elle enregistre bien l'information, puis se dirige au chevet de son patient, étudiant sa blessure ; et enfin il sortit sa baguette et effectua un rapide accio informulé, ramenant compresses et onguents nécessaires à la confection d'un nouveau pansement.

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Il ne dit rien, laissant juste échapper un cri de douleur. Tu entends des pas derrière toi et tu te retournes, faisant face au beau mais implacable infirmier, Soukoup. Son claquement de langue résonne et fait remonter des frissons le long de ton échine. Tu n'aimes pas cette autorité qu'il croit représenter, ce regard empli de mépris qu'il pose sur toi. Ses paroles sont pleines du fiel de l'ironie et tu plisses les yeux. Tu n'aimes pas son ton, mais tu n'as pas le choix lorsqu'il t'indique la sortie. Tu t'en fiches de perdre des points, mais tu n'oses pas vraiment t'opposer à lui. On ne sait jamais ce qu'il pourrait faire. Après tout, il n'est pas n'importe qui. Il doit sûrement s'y connaître en ce qui est des poisons et des tortures. Tout médecin, infirmier doit connaître cela. Après tout, pour soigner, il faut savoir comment les blessures ont été infligées.

Je suppose que vous ne me diriez pas ce qui s'est passé, n'est-ce pas ?

Tu n'attends même pas sa réponse, parfaitement au courant qu'il ne répondra jamais à une question aussi directe. Juste parce que c'est ce que tu veux savoir. Et puis, ton frère a plus de la majorité. Tu supposes que le secret médical s'applique dans son cas têtu et inutile.
Tu te tournes vers Castiel, amère, alors qu'il te demande d'aller faire tes devoirs. Tes mains se serrent en poings. Tu ne sais pas ce qu'il a, mais tu finiras par le découvrir.

J'espère que tu te rends compte que j'en informerais nos parents. Et tu finiras par dire exactement ce qui s'est passé.

Tu secoues la tête et te détournes, faisant valser tes cheveux de sorte à ce qu'ils effleurent l'homme penché sur ton frère, lorsque tu t'éloignes vers la sortie. Pourtant, une fois à la porte, tu te retournes, les yeux pleins de regrets. Pourquoi a-t-il refusé de te parler ? Tu soupires, tu contemples de loin sa silhouette étendue sur le lit.
Tu finiras par savoir.

Le frère rajoute son grain de sel, et Yaroslav a l'impression de sentir le dédain de la blonde pulluler dans la salle. Ça l'amuse quelque peu, bien que rien ne filtre sur son visage ; et il n'écoute que d'une oreille le reste de la conversation. Il a conscience que la rouge s'est adressée à lui, mais ne prend pas ça en compte – surtout qu'elle semble avoir déjà déduit son absence de réponse, s'étant aussitôt tournée vers son frère afin de proférer une menace. Il se contente d'empiler onguents et compresses ; d'y attacher le film pour maintenir le tout. C'est un bien piètre numéro, à son goût. Son drame familial était d'une bien meilleure qualité, de la haute voltige; bien qu'il soit peu fier – bien piètre euphémisme – de la finalité de la mascarade qu'il avait vécue. Des mèches viennent le frôler lors du départ tant attendu, et il ne cille pas. C'est si enfantin, comme manœuvre.
Il met à profit l'encéphale du vert qui surchauffe sous les pensées s'accumulant, et appose finalement le pansement – et le patient hurle en frappant le lit. D'un regard, Yaroslav survole l'adolescent – la loque. Les yeux ternes, les traits tirés, les cernes creusées, le teint terreux ; l'affection qui le salit, l'infecte de l'os à la peau. Son corps entier, la moindre de ses cellules est en pleine révolution. Quelques années plus tôt, peut-être que Yaro, lui aussi, en aurait été quelque peu affecté, touché. Mais sa corde sensible, si elle avait existé ; il l'avait arrachée de son plein gré, à une période qui semblait éloignée du présent par l'éternité. Étrange, comme le moindre changement pouvait tout perturber. Alors ses prunelles sont toujours empreintes de ce flegme si coutumier lorsqu'il se redresse enfin, fixant le jeune homme en face de lui. La migraine est toujours là ; logée contre ses tempes, aussi sent-il que tout cela va être quelque peu laborieux. Mais le sommeil emporte Castiel trop régulièrement pour qu'il laisse passer l'occasion. « Tant que vous n'êtes plus la belle au bois dormant, il serait avisé que je vous explique comment agir à partir de maintenant. » D'un mouvement de jambe, il approche un tabouret sur lequel il s'assied. Et cette fois-ci, il revêt un peu plus son rôle d'infirmier lorsqu'il déclare :  « Il vaut mieux traiter ce genre de questions le plus rapidement possible. » Il aurait bien poursuivi directement par les explications, mais se devait d'être un minimum courtois – et le Kingsley avait le mérite d'avoir des circonstances atténuantes.

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