Immature love says: ‘I love you because I need you.’ Mature love says ‘I need you because I love you. [Elenore & Lloyd]

Je ne savais pas trop ce qui s'était passé. Enfin si, d'une certaine façon je ne le savais que trop bien. Avant même de partager cette ... phase où tout est beau, rose, mignon, parfait, nos atomes crochus avaient été mis à rudes épreuves par nos foisonnantes différences.

J'avais été con, ouais, enfin sûrement. Mais elle avait été stupide aussi. Un partout balle au centre ?... Pas certain que cela fonctionnait ainsi entre elle et moi.

Je lui avais demandé de venir au parc, songeant que l'air extérieur adoucirait peut-être les mœurs. Je me dégoûtais presque de penser qu'en cas d'esclandre, de rupture ou de drama de pré-ado, je préférais être loin de l'école.

Adossé contre l'arbre lieu de rendez-vous, j'étais venu - comme à mon habitude - un peu en avance. Je me disais aussi qu'attendre était préférable qu'arriver pour subir directement les foudres de l'autre.

Là voilà au loin qui arrivais d'un pas décidé. À voir sa mine fermée, je savais que je n'allais pas comme dans les films avoir droit à la course folle d'une femme qui retrouve son héros de mari après une guerre sanglante. Le sang coulerait peut-être d'une certaine façon.

Inspirant un grand coup, mon souffle se fit long alors qu'elle franchissait les derniers mètres dans ma direction.

- Salut ... me contentais-je de lui dire, les bras croisés sur le torse.

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Le ton était donné. Trois mots pour me saluer et un regard qui en disait bien plus long, du style : "Bon finissons-en parce que là tu m'emmerdes sévère". Je reconnaissais bien là la diplomatie et le tact légendaire des Gryffondor. Le Choixpeau ne s'était pas trompé en l'envoyant dans cette maison.

À la façon d'un jeu d'échecs, elle me laissait jouer les blancs et déplacer en premier mon pion. J'avais certes provoqué ce rendez-vous mais elle semblait ignorer être la cause première de cette pseudo cellule de crise. Sérieusement, comment en étais-je arrivé là, à devoir, moi, participer à ce genre de discussions.

- Ok, ok .... Tu sais au moins pourquoi on est là j'espère ?... Non parce que si je me lançais dans une explication sensible sur un sujet qui n'était même pas à l'ordre du jour, c'était comme jeter un Incendio après s'être déshabillé et baigné dans de l'essence, le sourire aux lèvres.

Bien qu'ayant la furieuse envie de m'enfoncer dans le tronc de l'arbre qui me servait de support, m'y fondre pour réapparaître partout sauf ici-même, j'avais un standing à respecter et je n'étais pas du genre à éviter les obstacles. Sauf que celui-ci avait une saveur bien différente.

- Écoute, ce qui s'est passé dans les bains, enfin le tout début j'entends, j'ai l'impression quand tu l'utilises ailleurs, que tu as comme une arme pointée sur ma tempe. Alors oui tu n'avais rien demandé, j'ai pris seul le risque de faire ça et surtout je n'ai pas pour habitude de regretter mes choix.

Me détachant du rebord, je fis quelques pas qui m'éloignais légèrement d'elle, avant de me retourner dans sa direction. Bordel, même quand elle boudait elle était à croquer. Je n'aime pas regretter Elenore, surtout quand tu es dans l'équation.

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J'avais fait preuve - je pense en tout cas - de diplomatie, de mesure et d'explications claires dans ce qui nous avait conduit ici elle et moi. Dire que j'attendais la même chose de sa part était un vœu pieux mais je rêvais qu'elle adopte une certaine .... comment dire .... modération histoire de parvenir à une issue appréciable et rapide.

Non. Non non et non ... Je me fis charger comme si j'avais pris de haut un hippogriffe et l'avait blessé dans son orgueil démesuré. C'était moi pourtant l'orgueilleux d'habitude !
Exagération, amplification, coups bas et attaques frontales, j'ai eu le droit à tout en une répartie. Elle voulait la guerre, elle voulait le grand jeu, elle aurait un adversaire à sa taille.

Je serrais les poings en encaissant d'ici qu'elle termine son pamphlet. Tout n'était pas faux, mais elle se gardait bien d'adopter un avis plus neutre et global. Fort bien, j'en ferai de même.

- À mon tour. Qu'est ce qu'il y a pauvre Elenore, tu chouines comme une pucelle de première année à qui son amour interdit n'a pas donné l'attention qu'elle méritait après son tour de magie ? Le ton de ma voix commençait à s'emporter au fur et à mesure que mes mots s'échappaient de mes lèvres. C'est facile hein, de mettre ses œillères et cracher sur l'autre. Où as-tu vu que je te demandais de te mettre à genoux, de lancer un serment inviolable ou je ne sais quelle autre stupidité ?!!
Relis mon dernier SMS au lieu de me cracher à la figure, le dernier mot, tu sais, celui que tu ne peux t'empêcher d'effacer juste parce qu'il t'emmerde.

Ma main s'était dirigée vers ma baguette, instinctivement, comme si celle qui se trouvait face à moi. Au dernier moment je stoppais mon geste, je perdais mon sang froid qui était l'une de mes qualités premières. Que s'était-il passé. Malheureusement, il se trouvait que la compassion n'était pas une vertu qui m'habitait, aussi fidèle à moi-même, ce n'était pas l'heure de regretter mes paroles.

- Tu ne sais pas grand chose de moi en fait, tout ça commence à me prendre la tête.

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Un petit bisou tout mignon.... Savait-elle seulement que je n'utilisais jamais ce genre d'attention, jamais ?... Mes précédentes relations se bornaient à une compagnie de façade ou de coucherie, prendre du plaisir mais pas les responsabilités qui allaient avec. Avec elle, c'était tout l'inverse et elle osait me le reprocher ? C'est ça, dénigre mes attentions, pour que je dénigre les tiennes, on va avancer dans la bonne direction c'est sûr...

Le parc était une bonne idée. Un endroit reculé du parc était une excellente idée. Comme un orage qui couve avant de craquer, le tonnerre gronde désormais et s'abat sur moi pour me percer jusqu'à l'os. Un torrent de colère, d'aigreur, de furie contenue. Certains couples étaient un paisible lac sans la moindre brise à l'horizon. Nous étions un tsunami ravageant tout sur son passage. Un tsunami oui... mais un couple, l'étions-nous encore ?...

Mon cœur se serre, mon ego plus encore. Fait rare je n'aime pas du tout ce conflit, cette joute verbale où chacun a raison et tout le monde a tort. Je le sais, je le sens au plus profond de nos entrailles, nous étions deux jeunes abrutis qui employions les mots parfaits pour dire le contraire de ce que nous voudrions dire. Quoique ?..

Je n'aime pas la voir crier, autant parce que ça ne la réussit pas que parce qu'elle attire l'attention sur nous. Être le centre de l'attention ne me dérangeait pas, pas pour ces raisons. Je me masse les sinus alors qu'elle termine sa diatribe. Par où commencer, par où terminer surtout ... Je soupire, je n'avais plus envie de cracher les litrons de venin que j'avais encore en stock. Gee ... Tu sais quoi de moi en fait, réellement ? Ce tronc d'arbre se révèle de nouveau en un appui salvateur. Hmm dis moi ? Je croise de nouveau les bras contre mon torse, même geste de défense qu'à son arrivée. Tu m'as déjà vu énervé, sortir de mes gonds, expressif au point de perdre l'esprit ? Hmm réponds moi.

Nouveau soupir, comme si tout cela était une réalité se calquant sur le paysage ambiant, deux chemins semblaient se dessiner à présent, une sorte de non-retour une fois le choix pris. Je ne fais confiance en personne Elenore, personne. Pas même toi.

Je la fixe intensément, mon moi intérieur semblant s'engager vers l'un des chemins. Sauf que pour une raison que j'ignore ou que mon esprit cartésien veut ignorer, j'ai envie d'essayer avec la personne la plus improbable. Toi.
Mon reflet s'arrête et se retrouve à la croisée des chemins.

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Opposer le calme à la tempête était la pire des solutions généralement pour calmer un différend. Celui qui criait avait l'impression de ne pas être pris au sérieux, d'être le seul à s'égosiller car il était le seul à mettre de l'importance à ce qui se tramait. Le calme lui, jouait sur cela pour déstabiliser et porter le coup final. Inconsciemment j'utilisais cette arme pour me défendre et attaquer à la fois. Car c'était moi, Lloyd, celui au cœur froid.
Crétin.

Elle m'insulte, encore et encore et ça m'insupporte. D'autant plus que cela te rappelle ces ruptures sans émotions où la fille tentait par tous les moyens de me garder auprès d'elle, par la jalousie, la soumission, les pleurs, le désespéré en somme. Mon cœur saigne de voir qu'en fin de compte, tout ceci n'est qu'un bis repetita, même avec elle. Malheureusement avec elle.

- Tu as raison, je ne sais rien de toi non plus. C'est sûrement pour ça qu'au lieu de parler calmement, on balance l'artillerie lourde en vidant son sac alors que je t'avais fait venir ici pour m'expliquer. Je secouais la tête de dépit. Dommage. Je suis peut-être hautain, puéril, insupportable, tout ce que tu veux, fais toi plaisir. En attendant, dès le départ je voulais te voir pour justement pour que tu apprennes à me connaître et comprennes ma façon de voir les choses. Fais chier.

Tu la vois les larmes aux yeux et c'en est trop pour toi. Tu ne peux pas voir cela, voir ce fiasco en puissance détruisant ces petites pierres que tu avais mis tant de temps à poser pour que la première bourrasque de vent foute tout par terre. Je m'éloignais de l'arbre, d'elle, de tout ça. Au moment de la croiser, je fis le signe "2" avec mon index et mon majeur. Putain deux fois. Deux fois.... Je continuais ma route et après quelques pas, je balançais ma bombe, sans même savoir que c'en était une. Une sorte de cri du cœur, en guise d'adieu ? Ce sera la deuxième fois que tu me feras regretter quelque chose. Pourquoi je suis tombé amoureux de toi ...

Mes pas me menaient je ne sais où, mais le plus loin d'ici était désormais une question de survie.

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Je sens ses doigts s'entremêler aux miens et tirer suffisamment en arrière pour que je comprenne qu'il me faut m'arrêter. Je n'ai pas envie de me retourner car je sais que derrière moi se trouve un gouffre d'inconnu. Nouvelle crise, nouveaux cris ?...

Non, un coup de poignard, lent, la pointe piquant le bas de mon dos avant de s'enfoncer inexorablement dans mes entrailles. Mon cœur s'arrête de battre, au point de croire que tout ceci est réel.

- Outch, finis-je par répondre, suffisamment sur le choc pour ne pas retirer ma main calfeutrée dans la sienne. Ça fait ça alors ... d'être de l'autre côté de la barrière. J'entendais celle qui séparait les jeteurs des jetés, ceux qui rompent de ceux qui sont abandonnés. C'était une première pour moi, une belle claque dans la gueule et lachée par la personne que tu n'aurais jamais soupçonné de m'infliger ça.

Après quelques longues - interminables - secondes, je finis par tourner la tête dans sa direction, un sourire de façade trop parfait pour être crédible. Pas de souci, t'en fais pas. C'est ... peut-être mieux comme ça et puis bientôt la fin des cours, la fin de Poudlard pour nous deux. Ouaip ... pas de souci entre nous t'inquiètes.

Je n'avais qu'une parole, pas de crasse en guise de vengeance.

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Montagnes russes, j'alternais entre les tréfonds de l'Enfer et les hautes cimes du Ciel. J'étais complètement per-du. Pourquoi, pourquoi me disait-elle ça maintenant ? Je .... Je venais de lui dire qu'il n'y avait pas de souci, que finalement il s'agissait de choses qui arrivaient. Nous partions avec tellement de handicaps que réussir relevait de l'exploit.

Au lieu de cela elle précisait sa pensée, totalement contraire de ce que j'en avais compris. Pourquoi utiliser le passé, pour utiliser un tel verbe - apprécier - pour ensuite se livrer de la sorte. Voilà donc pourquoi on disait des femmes qu'il s'agissait d'un des plus grands mystères de l'univers ? Après quelques secondes à me remettre d'émotions trop fortes même pour moi, tu l'entoures de tes bras et la serre plus qu'il n'en faut. Tu ne veux pas partir ? Je ne te laisserai pas partir.

- On ne pourrait pas ... juste une fois ... faire les choses simplement ?
murmurais-je à mon tour, posant ma tête par dessus la sienne. Sérieux, arrête de me faire des trucs comme ça, mon ptit coeur de Serdaigle est sensible. Je ne savais pas trop si un peu de légèreté était approprié en cet instant mais j'en avais besoin moi. Histoire que mon cœur qui s'était arrêté il y a peu, ralentisse maintenant qu'il battait à tout rompre. Laisser les disputes pour quand nous serons deux vieux grabataires trop fatigués pour s'éviter.

Je lui caressais les cheveux, en silence à présent, laissant la brise nous envelopper de sa douceur. Peu m'importait d'être vu à présent, le temps du secret était révolu. Je n'allais pas m'afficher car ce n'était pas mon genre mais je n'irai plus cacher ce qui n'était pas une honte à mes yeux : Elenore était mienne comme j'étais sien. Contre vents et marées, envers et contre tout.

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Le silence était le plus puissant des discours, où tout se transmet alors que rien n'est dit. Nous en étions encore loin, très loin même mais nous profitions pourtant de cet accalmie. Une tendre étreinte, un léger contact de l'un sur l'autre, la trêve était à deux doigts de basculer dans une armistice dans les deux camps. Faites l'amour, pas la guerre ...

Je secoue négativement la tête alors qu'elle avoue être d'un caractère difficile. Ne dis pas ça.... Enfin, oui tu l'es mais dans ce domaine nous nous talonnons pour la première place...

Bien sûr qu'elle ne peut rien promettre, une promesse impossible à tenir aurait d'ailleurs sonné faux. Je te dis ce que tu as envie d'entendre, pas ce que je crains de devoir avouer. Peu importe. finis-je par dire avant qu'elle se déloge de notre cocon de paix et se mette à me fixer, l'air mi figue mi raisin.

Tu avais pris une décision Lloyd, cette claque aussi soudaine que vite réparée il y a un instant t'avait fait prendre conscience de certaines choses. Écoute, je ne suis pas très doué pour ce genre de .... choses, mais .... désolé. Quand ... Hum ... Trouver les bons mots, les mots justes. Quand tu es constamment sur la retenue, ça en devient une seconde nature. Pas que je m'en plaigne, c'est mon choix, mais ça peut conduire à ... ce genre de ... ça. Revois ta définition des mots justes Lloyd ...

Ma main se met à caresser le côté de son épaule comme pour ne pas rompre ce contact tactile, se rassurer sur la réalité de ce moment. Toujours est-il que ... je vais tâcher de faire des efforts. Je ne sais pas comment mais je vais m'y employer. Essaie juste de me mettre à ma place si tu ne comprends pas ma réaction. S'il te plait. Cette supplique était sincère, pour que cela fonctionne entre nous, il fallait que chacun mette un peu d'eau dans son vin. Pour boire ensemble le même calice.

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