panpan // Trésor (juge mon titre)

La rentrée avait été un cauchemar. Poudlard et ses occupants lui rappelaient sans cesse ses maux ; ses angoisses ; sa terreur. Ça lui rappelait à quel point elle avait peur, comme elle était faible, comme elle n'était rien ; que désormais rien qu'une brise pouvait la briser.

Morgane avait détruit la boule à neige. Lukas n'avait répondu à rien, n'avait même pas accepté qu'elle vienne le voir. Toujours aucune nouvelle de Floyd, elle ne le cherchait même plus du regard dans les couloirs. Elle ne cherchait plus rien ; ni amis ni amours, elle errait en espérant que ses vacances n'étaient pas un rêve et qu'elle marchait dans un cauchemar.

Elle finirait bien par se réveiller.

Des livres dans les bras, elle avait monté les escaliers d'un pas fantôme et en passant devant le placard à balais, tout s'accéléra. En un instant, ses livres étaient tombés au sol et ses cheveux s'étaient emmêlés devant ses yeux, son coeur s'était remis à battre et son dos avait embrassé le mur.

En une seconde, sans avoir rien vu venir, elle s'était retrouvée dans le placard, et mis plus d'une minute - en silence - avant de désigner du doigt celui qui l'avait traînée là, un air interrogateur haussant ses sourcils.

« Trésor ?! »

Elle passa une main dans ses cheveux et soupira, tentant (malgré la proximité et le peu d'espace) de ramasser ses livres étalés à leurs pieds. Elle avait parlé d'un souffle, murmurant en supposant que s'il l'avait traînée là, c'était pour le côté discret de l'endroit.

« Je t'ai pas trouvé de meuf si c'est ta question. »

Elle l'avait observé ramasser ses bouquins à son tour. Elle ne le connaissait pas si galant, mais c'était sûrement parce qu'elle le voyait plus souvent en publique et que sa cravate jaune lui donnait de l'urticaire. Elle voulu continuer de plaisanter, car la tête et le coeur se battaient contre des émotions trop fortes et que les réveiller la rendait fragile. Mais Trésor en avait décidé autrement, il avait décidé de la mettre à terre.

Elle ravala sa salive. Elle-même se sentait encore trop honteuse – bête – de ce qu'il y a eu entre elle et Floyd, des mots qu'il a prononcé, des couteaux qu'il a planté. Elle pouvait encore sentir son baiser froid sur sa joue et entendre ses pas la quitter. Elle serra les dents. Parler de Lukas n'était pas plus facile. Il n'avait répondu à aucun de ses messages et peu importe le nombre de fois qu'elle avait demandé à le voir, il avait décliné.

Elle en était malade.

« Lukas est... »

Elle se rappela de Morgane, de sa colère et de la boule à neige au sol, et le visage de Arya était devenu si triste qu'on aurait pu voir ses émotions se dessiner à l'encre noire dans ses yeux morts.

« En prison. »

Un sanglot lui échappa.

« Sa soeur est morte, et il est accusé du meurtre de son père. Mais c'est pas vrai, Trésor, je sais qu'il aurait jamais fait ça. Pour la mémoire de Lily, il aurait jamais fait ça. »

Elle le connaissait bien, mieux que quiconque sûrement.

« Il veut pas me voir. Enfin, je suppose qu'il ne veut pas me voir. J'y suis allée et ce sont les gardiens qui m'ont dit de rentrer chez moi. Tu imagines ? Il n'a même pas été foutu de me le dire en face. »

Elle n'était même pas en colère. En fait, elle savait très bien pourquoi il agissait d'une telle manière. Elle n'était pas comme Vega, Floyd ou Trésor. Elle était fragile, et il la protégeait.

« Je sais pas quand il va sortir.. »

La surprise et l'indignation de Trésor étaient à prévoir. Elle aussi, elle avait été prise de court, lorsqu'on l'avait refusée à la prison. Mais Lukas elle le connaissait bien, si bien ; parce qu'elle avait grandi avec. Elle savait quelles pensées devaient le hanter, et ça la hantait elle aussi. Toute cette culpabilité injustifiée.

« Il doit vouloir me protéger. »

Elle sourit. Si ça n'avait pas été lui, elle se serait sûrement vexée. Mais c'était Lukas et il ne doutait pas du courage de Arya.

« Il n'a pas pu sauver Lily alors.. Je suppose qu'il cherche à me préserver moi. »

La soeur qui lui restait encore.

A la demande de Trésor, elle acquiesça. Nul doute que ça ne lui plaisait pas qu'on s'inquiète pour lui, mais il serait forcément heureux de le voir. Pour Arya, il avait juste besoin de temps avant d'être prêt. En tous cas, c'est ce qu'elle se disait.

« Je suis sûre qu'il voudra. Et puis ça ne coûte rien d'essayer. »

Elle avait ri, d'un rire bref et vaguement triste.

« Ca va, Trésor. je sais que je suis pas suffisamment bien pour être publiquement ton amie. »

Son rire s'était transformé en moquerie. Elle avait modifié sa voix pour avoir l'air d'une pétasse excédée.

« Imagine ce que Socrate penserait de moi si j'étais amie avec cette plouc de Arya ! »

Elle avait haussé les épaules. Elle la taquinait. Au fond, c'est lui qui se faisait du mal.

« Je l'accepte, tu sais ? Ca m'est égal. »

Arya se mit à rire, parce qu'il se défendait encore, alors qu'elle avait dit qu'elle l'acceptait. C'était drôle, cette manière que les gens avaient d'avoir honte d'eux-même, tant que même lorsqu'ils étaient accueillis, ils arrivaient encore à se justifier. Mais ça lui était égal, Arya, même qu'il soit dans le déni de lui, ça lui convenait. Parce qu'il était son ami, et c'était si peu important finalement.

Puis il parle de Lily, et son sourire fana. Elle s'était retrouvée muette, encore une fois, comme à chaque fois qu'on lui parlait d'elle. Lily, c'était autant sa sœur que Morgane, Lily c'était une partie de son enfance, Lily c'était beaucoup de choses qui ont fané depuis qu'elle n'était plus là. Elle revoyait encore la boule à neige brisée au sol, elle revoyait encore Morgane qui lui hurlait que tout était de sa faute.

De leur faute, à Arya et Lukas, qui brisaient toujours tout sur leur passage. Elle avait raison. A son contact, tout finissait par mourir.

« Oui. »

Elle secoua la tête à ses prochaines questions, et son silence prolongé parla à sa place. Elle ne savait pas, personne ne savait. Ils voulaient le garder enfermer là-bas, ces chiens, qui n'avaient rien contre lui, sinon des fabulations sordides. Elle était en colère.

« Je l'ai pas vu, je t'ai dit. Je sais rien, rien du tout. Au final c'est toi qui vas devoir faire le messager. »

Elle lui adressa un sourire, un peu cynique.

« Tu lui diras que je l'aime. »

Puisqu'il ne veut plus me voir.

« Au fait, tu vas rater ton prochain cours, monsieur le préfet. »