Défi Gryffondor - Enoch et Haemon

S’il y a bien une facette des Gryffondor dont Enoch est fier, c’est leur propension à la fête, à la joie, au joyeux bordel. C’est donc tout naturellement que le gamin s’était allié à Haemon pour organiser le plus gros boxon que la maison féline ait jamais connu. Même si évidemment, les attentes étaient différentes d’une génération à l’autre : les plus vieux chercheraient sûrement à s’approcher davantage des vices de leur âge, tandis que les morveux comme Enoch … hurleraient probablement avec un sweat rouge et or et une tête de lion sur les épaules. Mais dans tous les cas, la fête serait réussie. Pas de doute, puisque deux générations différentes se chargeaient d’arranger les choses selon les plaisirs de chacun.

Le Gryffondor avait néanmoins été assez surpris que ce “vieux sérieux” s’intéresse à un tel projet. Enoch et Haemon ne se connaissaient probablement pas suffisamment, ou du moins le premier n’avait retenu que son âge approximatif et ses études supposées. Le droit. Ou le commerce. Un truc sérieux somme toute. Mais ça restait cool. Il y aurait au moins l’un des deux pour veiller à ce que toute l’organisation ne parte pas en sucette. Puisqu’ils s’étaient donnés rendez-vous dans la salle commune, le Leszczynski attendait bien sagement sur le canapé, la tête lourde. Avant de réaliser que non : le rendez-vous était prévu dans la Grande Salle. Pas plus logique, mais c’était le cas. Enoch déboula les escaliers si rapidement qu’eux-même n’eurent pas le loisir de changer de destination. Il débarqua essoufflé à la table des Gryffondor, qu’il avait quitté peu après le début du repas.

Pas de retard, tout allait bien. Il se posa quelques secondes pour tenter de se détendre, et se mit à observer cette elfe étrange ramasser derrière les lions bordéliques. Son coeur se serra à l’idée que cette même créature devrait tout recommencer pas plus tard que demain. Et rénover toute la tour Gryffondor après leur fiesta. Mais il balaya tout d’un revers de la main en voyant apparaître Maître Haemon, avocat noceur. “ - Salut Haemon ! ” Tu vas bien ? Pourquoi la suite logique ne sortait jamais des lèvres du gamin ? Pourtant dans son esprit c’était tout comme, et il boudait quand on ne lui répondait pas.

Il observa son camarade attraper l’assiette volante avec dextérité. “ - Bah mon vieux ! Tu serais une vraie mine d’or sur un balais ! ” Si tu pouvais prendre le vaccin que ma famille conserve jalousement. Pas évident la communication avec Enoch. Son regard descend sur l’elfe, visiblement effrayée et prête à subir de terribles assauts. Pourquoi ? Si le Leszczynski connaissait l’utilité et la raison d’être de ces semi-esclaves, il n’en saisissait pas toujours toutes les nuances. Certains hommes se prêtaient-ils à des actes violents sur des bestioles aussi minuscules ?

Et à force d’observer l’assiette et l’elfe, les neurones d’Enoch finirent par s’activer. “ - Petit comité … d’ailleurs tu en fais parti ! On a une grande mission à te confier ! Pour ton prestige. Ou pour te faire pardonner de l’assiette, comme tu le sens. Tu t’appelles comment d’ailleurs déjà ? ” Vicieux ? Un peu c’est vrai. Mais ce n’est pas avec quatre bras qu’ils pourraient organiser la meilleure teuf de l’histoire de Gryffondor. Surtout quatre bras incapables d’user de magie ...

Il est con Haemon, non ? Ou amnésique ? Enoch grimaça. Si la fête avait réellement pour objectif de célébrer super Scamander et son rejeton au sang probablement aussi obscur que le sien, non merci ! Enoch n’avait pas été informé de tous les détails ! Lui qui rêvait d’une giga fête en totale illégalité, c’était niqué. Ah moins que … Non. Haemon a des lunettes. Les gens qui ont des lunettes sont intelligents (c’est prouvé scientifiquement ou pas). Donc … donc le Gryffondor tente de jouer au même jeu ! L’esprit lent aujourd’hui Enoch ! Il acquiesce donc vivement de la tête, bras croisés, pour tenter de réparer sa bourde si l’Elfe avait émis le moindre soupçon.

S’il en avait eu le temps, Enoch aurait harcelé Sam et Billy pour tenter de constituer un dossier compromettant sur leur future complice. Les neurones à fond, il cogite. De toute façon, l’Elfe va les aider. Haemon a tranché pour elle, et lui-même n’oserait pas s’opposer à une interrogation si tranchée. D’ailleurs un Elfe … ”Eh mais attend … GENRE T’ES UNE ELFE !” merci Enoch. Visage réjouit, bras grands écartés. Mais ton idée de génie de percute pas sur tes interlocuteurs, inadapté social va. ”Genre … quand tu claques des doigts ça fait de la magie ?! Donc tu pourrais nous préparer la salle en deux secondes ! Avec des tapisseries Gryffondors modernes, des licornes rouges et ors, une piste de karaoké, une giga piste de glisse pleine de flotte, un escape game dans les dortoirs, et une patinoire intérieure ! Un coin arcade aussi ! Et on ferait des combats de chevaliers ou de danse ! ET ON METTRAIT UN FILET DU DIABLE ET-” stoooop.

Enoch se stoppe, figé dans le temps, certain d’avoir trouvé les meilleures idées du siècle. Peut-être digne d’une fête pour enfant de 10 ans, ouais. Pourtant le Leszczynski fixe Haemon sans la moindre honte, persuadé que dans quelques instants il va lâcher un “ouais Enoch est le meilleur, il a grave des idées cool. Fais-nous ça Zélune !”.

“Le prénom de Bimpy est Bimpy” … ouais ça semblait logique. Le niveau intellectuel des Elfes de maison ne volait visiblement pas bien haut. Il laissa la dénommée Bimpy ramasser ses couverts, visiblement chamboulée, et se nota de ne plus jamais touché au travail de ces créatures. La déranger était bien la dernière des choses qu’Enoch souhaitait faire. Et soudainement Bimpy se frappe. Toute seule. Elle se punit. De quoi ? Le Gryffondor ne sait pas, le Gryffondor ne comprend pas. Son regard paniqué s’adresse à Haemon, qui prend aussitôt le contrôle de la situation. Comment ça “c’est un grand enfant ?” ? Enoch lève l’index, ouvre la bouche prêt à déverser des tas d’arguments justifiant l’inverse de ce qui lui est reproché … mais rien ne vient. Il se rend donc, haussant les épaules et fourrant les mains dans ses proches. Sa mine boudeuse en dit suffisamment de toute manière.

L’idée d’arranger la salle eux-mêmes étaient séduisantes. A priori. Mais si ce rabat-joie participait au choix des décorations … le résultat semblait catastrophique par avance. Même dans le cas où ils se partageaient le travail, rien ne s’accorderait. Le Leszczynski en vint à se dire qu’un chef de groupe ne serait pas de trop pour diriger les opérations. Il pensa d’abord à Bimpy, seule des trois à disposer du luxe de la magie. Avant de se raviser : l’elfe finirait en dépression d’ici cinq minutes à peine. Puis il pensa à lui-même, après tout il était inventif et descendant de rois. … les arguments lui semblèrent si pitoyables qu’Enoch décida de nommer de lui-même Haemon. Sans pour autant le notifier de vive voix.

Et cette fois tout semble foutu. Le coup de coude. Le mime. Enoch en reste sans voix, la bouche à demie-ouverte. Un trio de demeurés. Un trio de demeurés pour organiser la plus grande fête que Gryffondor ait jamais connu. Il en aurait versé une larme de désespoir. Enoch ne pu s’empêcher de lâcher un grognement. ”On les trouvera pas dans ta caboche en tout cas …” pourquoi refusait-il d’exploiter l’Elfe ? Elle semblait ravie de les aider, non ? Plus sérieusement, la question laissait le Gryffondor songeur. ”On pourrait peut-être tenter la salle sur demande, et se taper les aller-retour SANS MAGIE.” les mots étaient sortis accusateurs. ”Sinon faudrait voir avec m’sieur Blane, chui sûr qu’on est pas les premiers à tenter le coup, il a peut-être des tuyaux.” et peut-être même qu’il participerait à la petite fête (même si celle-ci prévoyait d’être bien moins fun que la vision d’Enoch).

La folie enfantine du Leszczynski frappa de nouveau. ”Eh Bimpy, tu voudrais pas te déguiser en Lion ? Genre tu resterais avec nous et tout, tu serais notre mascotte ! Une demie-Gryffondor, ce serait chouette non ?” peut-être allait-elle faire apparaître un costume. Et Enoch suggérerait une armure rouge et or. Et une cinquantaine de bannières. Et … et en quelques minutes toutes les décorations seraient à leurs pieds sans qu’Haemon ne puisse stopper la folie de ses deux comparses du jour.