le périhélie (owain)

pas ici.

un coup de chaud s’était emparé de mon mètre soixante-trois. « pas ici. » la grande étoile s’accrochait à des constellations que ne lui seyaient pas. à quoi jouions-nous ? j’étais persuadée de tenir la distance, maîtresse non, – reine, oui. reine d’un plaisir latent…

pas de danse effrénée au milieu du chahut, pas de verre volé, reversé sans catastrophe sur ma poitrine et tout un monde pour crier comme c’est chaud. non, j’ai voulu fuir inconsciemment nous cacher dans la foule, oublier comme je fends d’être si peu fidèle.

mais on peut toujours danser à deux.






« lumos. » nos pas descendent. quelques fois il y a ma main qui vient glisser contre la tienne, jouer avec tes doigts puis repartir, juvénile, insaisissable. diffusion de caractère, alors que je nous guide « alo… alo… » la baguette tapote la serrure. « alohomo-(l)a » la langue claquante… à force de pratique le sort se reconnaissait-il enfin ? à moins qu’un « r » aussi doux que mon coréen n’a su concéder. l'alcool insuffle des miracles... si bien que ni l’un ni l’autre ne n'obstrua ma surprise, et je t’ai regardé, joyeuse, après avoir poussé la porte, la bouche arrondie. « oh ! » le pas léger, j'entre, réitérant ma prouesse sur la porte de la réserve.

lune en orbite sur l’euphorie j’ai le sourire gravé sur mes deux lippes, mais dès que tu rentres, c’est alors comme un rire qui finalement m’a bercé. le rire doux, caché dans la bouche.

« je sais. -egarde-moi owain. -egarde-moi. » et pas cette salle disgracieuse qui ne se souviendra jamais de nous. regarde plutôt comme mes deux mains ont saisies les tiennes avant de glisser dans les airs, comme mes hanches roulent, lentes, en harmonie avec mon souffle. comme mes yeux clos détruisent la peur, la honte, l’espace. comme je suis bien ici, honnête et libre, le déhanché lascif.

« et maintenant ? »

j’ai quitté l’ombre, guidée vers mon étoile fugitive.

« tu danses avec moi ? »

après tout c’était le marché. qu’on danse, jusqu’à finir au sol.


sans me demander si demain tu graviteras toujours pour moi. sans savoir si la raison se réveillera. sans s’inquiéter si les remords resteront des mirages.

les beaux yeux les mots doux. le souffle chaud, alcoolisé mais étrangement tendre. dans ma tête ne résonnent ni plus de raisons, ni mêmes de stratagèmes audacieux. il n’y a plus qu’un garçon. pourtant si proche c’est impossible de les confondre,
mais je ne sais plus le nom.
lequel.

car owain tu deviens éclat de rire laissant trainer autour de toi tant de sourires, à l’instar de poussières. nébuleuse aux couleurs d’été. étoile sans réelle orbite, je crois bien que tu t’accroches au moindre satellite qui t’appelle ? et si j’appelais tous les jours. et si j’appelais sans raison. et si ? et si…

et si en délaissant mon aigle, vautour affamé, garçon sucré semblable à l’abeille qui butine… si je laisse ce que je crois être ma terre tourner autour d’autres planètes… voudra-t-il toujours de sa lune ? quand des soleils aux sourires lumineux on en trouve un peu partout… voudra-t-il toujours se reposer sur le petit astre gris et poussiéreux…

pensées dévorées par la délicatesse d’un baiser jamais attendu lors des fins de soirées enivrées. la danse s’estompe doucement et je tangue simplement, lisant tes lèvres qui délibèrent trop de poèmes pour l’amère soirée que j’ai cru à tout prix vouloir oublier. finalement le souvenir méritait sa constellation dans la carte de mes souvenirs. secrète. caché. pour qu’aucun, qu’aucune ne puisse prétendre être l’unique, le premier,
à parler si bien en usant de mon prénom si court.

et le sourire, pas timide, honnête et éméché. qui s’étend car il est aimé. car je suis aimée.
si te rendre soûl m’apportait tant de tendresse alors j’avoue songer à toujours me promener un whisky en main. longer les couloirs des vipères me battre avec toi et finir dorlotée, presque bercée. dans un rêve éphémère où je n’ai ni à craindre le rejet ni même l’abandon, puisqu’aucun pacte ne s’est formé.

si la liberté a une sensation ; je l’ai trouvée.
et si elle a un lexique, des mots bien à elle, alors nous sommes champions.



sans avantage je peux au moins baisser les yeux et prétendre ne plus t’entendre, ne plus te lire. briser ce sommeil par l’alcool qui parfois ferait mieux de se taire. mais de toi owain je ne veux pas de relation calquée, non, et puis de tous les autres, je ne veux plus.

« aah, owain, je lis pas, je lis pas de si p-ès ! un rire qui s’épuise, le souffle qui reprend. …mais jolie ce soi-, à tes yeux oui. et puis demain, o-dinai-e… »

tangue, tangue, mon corps qui valse pour vaincre froid fatigue et soûlerie. tangue pour toujours tenir tes deux mains et les miennes, alors que de crapule l’étoile filante s’incruste dans mon ciel. tangue, et gourmande. gourmande mais honnête. honnête et tant d’autres choses finalement.

baiser malicieux lui aussi vient danser, sur ton cou.

« je te pensais iv-e et fougueux. tu es -omantique. et owain -omantique ne couche-a pas avec moi ce soi-… parce que j’ai peu- de penser à lui en appelant owain… murmures, à la forme de pensées intérieures, je peux pas avoi- les deux… et toi demain tu se-as plus là, lui m’a p-omis de toujou-s -eveni-. une lune ça tou-ne pou- une planète pas pou- deux pas pou- aucune. une lune ça tou-ne. »

bras empilés sur ta nuque pour ne plus jamais être lâchée, pour tourner pour quelqu’un pour tourner et ne jamais oublier que sans amour la lune finalement c’est trop de cratères.