Le retour du Roi - Ft. Matmat

Mais… Pourquoi Arthur fait-il un cosplay de Jésus ? Il est là, comme un Saint, au milieu de la Grande Salle, à jouer avec son drap, posé sur lui comme une tunique. Pourtant, on est le 27 septembre. Est-ce que, pour la première fois de sa vie, Arthur serait en avance ? Est-ce que, pour une fois, il se projetterait enfin dans le futur ? Je ne veux pas vous décourager, mais ce serait trop en attendre de ce petit con. Une appréhension quelconque du futur serait mal le connaître. D'autant plus si l'on considère qu'il est arrivé à Poudlard la veille. Soit le 26 septembre. Soit trois semaines après le début des classes. Pas de jugement, je vous prie. Cela arrive aux meilleurs (et oui je poste sa rentrée le 17 décembre, et puis ?). Alors que s'est-il passé ? Est-ce qu'il s'est trompé d'endroit ? De lieu ? Est-ce qu'il a simplement oublié que Noël, c'était il y a neuf mois ? Pas du tout.

La veille, à peine arrivé, Arthur a cherché Mattheus partout dans l'école. M. Haubenestel, dans un échange de sms très poli, avait sous-entendu que Mattheus était déjà à l’école. Après toute une matinée à passer tous les coins du château au peigne fin, après avoir volé tous les balais des étudiants pour s’assurer qu’il ne se la coulait pas douce sur un terrain de Quiddich, Arthur a du faire ce constat affreux. Mattheus n’était pas encore à l’école. On lui avait menti. Fort de ce constat, que devait-il faire ? Aller en cours ?

Ça ne va pas ? Quelle idée idiote. Arthur, ce n’est pas un Poufsouffle. En plus de cela, le temps était beau. Les petits oiseaux (mais pas le sien) chantaient. Cette excuse lui a semblé approprier pour sécher les cours et noyer son chagrin sous un arbre. Il s'y est donc installé. Aucune grande chose n'a été accomplie, mais une lettre a été écrite. La missive, adressée à Mattheus, était simple et efficace :


Le BN est arrivé au port. Stop. Je répète. Stop. Le BN est arrivé au port. Stop. Choucroute au four. Stop. Fin de la transmission. Stop.*

*Pour ceux qui n’ont pas pris le langage Arthuréomatthéussien en LV2 : Je suis arrivé à l’école. Je répète. Je suis arrivé à l’école. Help, viens me chercher. Bye.

C’est à se demander quand est-ce qu’ils vont mûrir un peu ces deux-là. Plus ils passent de temps ensemble, plus ils régressent. Quoiqu’il en soit, après cet effort d’écriture, le Breton a attendu. Attendu. Attendu. Pas de Mattheus sauvage à l’horizon. Il l’a attendu comme le messie et… forcément… ce matin… Il a eu cette idée. Pour que Mattheus apparaisse, il fallait le provoquer. Un peu comme les fées (pas du tout. C'est juste Arthur qui déconne). Bref. Il a donc décidé d’accueillir le Messie en tenue traditionnelle de…  messie. Et c’est donc la raison de ce drap revêtu comme un habit romain autour de sa taille. Il nage en plein délire. Il va sûrement se prendre une réflexion, voir une pénalité de points pour sa maison. Qu’importe. Il dira à qui veut l’entendre qu’il est en grève. Qu’il attend Mattheus. Je sais ce que vous vous dites : quel crétin. Je ne commenterai pas.

Il est 7h12 du matin, le déjeuner est servi. Mattheus n’est toujours pas à la table des Poufsouffle, ce n’est pas normal. Arthur fait un peu le la moue. Son déguisement n’aurait pas suffi à attirer la témérité du grand Mat-Mat ? Il soupire et s’impatiente. C’est un comportement rare chez Arthur, il faut savoir l'apprécier. Il gigote, il est plus attentif qu’à l’ordinaire et finalement, il soupire plusieurs fois. Il ne porte pas attention aux Poufsouffle qui le regardent avec incompréhension, il jette simplement son dévolu sur sa voisine. Comme tous les matins depuis 394 jours, Arthur lui demande si elle veut, je cite : aider le petit jésus à monter au ciel (pardon à toutes les âmes sensibles). Bien sûr, elle va dire « non merci », ou quelque chose qui y ressemble. Arthur va rire, heureux de sa bêtise, puis va s’affaler sur la table. Mattheus ne viendra plus… Si ?

SI. Arthur se redresse. Le grand gaillard…. Là-bas… serait-ce… Lui ?

Quelques points auraient pu être grattés facilement, sans trop embobiner Mattheus, mais ce dernier subit, on ne sait trop comment, une réussite critique en intelligence. Il entre dans le jeu du Breton et déjoue habilement ses pièges. Ainsi, dix ans d’efforts arthuriens sont réduits à néant en un instant. Le royaume d’Arthur s’effondre, son trésor de guerre aussi. Mattheus fait fit du passé et remet les compteurs à zéro. Arthur fronce les sourcils. L’heure est grave. Visiblement, la nouvelle identité de Gens de Mattheus semble l’avoir ébranlé. Arthur compatit avec son ami et pose sa main sur son épaule. Oui, Arthur est le mieux placé pour comprendre son malaise. C’est dur d’être parfait. C’est dur d’être Breton.

Arthur laisse le temps à son ami de se recueillir et accepter le lourd fardeau de la perfection bretonne, tandis qu’il songe à tous ces points envolés. Partis. Enfuis. Quelle tristesse. Finis les privilèges. Finies les ‘’erreurs’’ de calcul pour gratter honteusement des points. Arthur ne peut plus magouiller ou embrouiller son ami. Ils sont désormais à égalité. Il faudra être plus malin. L’idée fait soupirer Arthur. Il aimait bien cette vie sans effort. Il soupire une nouvelle fois. Franchement, il n’aurait jamais pensé que perdre des points l’aurait autant ennuyé. Pourtant, c’est un habitué. Il jette un regard de dépit à son ami. Forcément, Mattheus ne capte pas. Au contraire, il enfonce le clou. En bon prince, il lui accorde un point pour compenser le râteau de Moera. Te voilà donc à un point. T’es pas sorti de l’auberge.

Mattheus fait diversion avant même qu’Arthur tente de négocier. Il attrape la crêpe pliée par Arthur et… Que fait-il ? Arthur se penche vers l’assiette pour être aux premières loges. En un coup de main expert ( ;) ), Mattheus répand un peu de lui sur la crêpe. Arthur oublie ses revendications et observe avec intérêt la transsubstantiation de la crêpe.

« Ceci est ton corps… et ceci est mon sang »

Mattheus a enfin tout compris. Avec reconnaissance, Arthur observe son ami. Il lui pardonne tout : sa trahison avec l’Allemagne, les choucroutes party et ses pâtes allemandes, les Knödel imbouffables. Dans cette crêpe, tout est dit. Tout est là.  Le petit sourire dissimulé au coin des lèvres, Arthur adoube cette nouvelle étape dans leur amitié. Puis, avec tout le sérieux que cette situation nécessite, le Breton s’incline devant la crêpe et déclare solennellement : « Breizh ». Ce mot clôture la messe. Il est temps de consommer cette union.

L’Eucharistie a eu lieu et Mattheus ne démord pas de son délire. Il divise la crêpe et fait un appel aux fidèles. Arthur, lui, se marre discrètement. Il s’amuse à observer le Nouveau-Breton faire le pastiche de La Cène, sous les yeux médusés de l’assemblée. Mattheus est un génie. Comment les gens n’ont-ils pu jamais remarquer cette évidence ?

En plein délire, Mattheus nomme Moera apôtre, avant de tenter une argumentation en faveur de son cul…te. Il essaie d’appâter, mais personne ne semble convaincu. Arthur secoue la tête. Il aurait dû s’en charger. C’est lui qui, avec ses grands mots et son air inoffensif, embobine les âmes faibles. Il faut rattraper le coup. Il inspire, il expire.
Et comme d’habitude, Arthur est trop long ( ... ) à la détendre détente. Mattheus expose ses conditions pour être choisi comme apôtre et le Breton écoute attentivement. Mattheus explique réserver les places aux jolies filles célibataires, disponibles pour pomper conter fleurette. Finalement, Arthur se rend compte qu’il a bien fait de ne pas l’ouvrir. Ces termes du contrat lui conviennent tout à fait, même s’il aurait peut-être ajouté que les beaux garçons sont également appelés à participer. Cependant, il ne veut pas contredire la Sein-te Parole, alors il reste silencieux. Il encourage Besto en levant son pouce à son intention et lui sourit avec diligence. Sa technique de drague est maladroite, mais ça valait le coup d’essayer. Il mériterait un point, pour l’effort.

Tout se passe si vite. Arthur a le pouce encore en l’air alors que son frère d’armes se fait prendre par derrière. Comme ça. D’un coup. Sans avertissement. Arthur observe la scène se dérouler sous ses yeux au ralenti. Il voit la main s’écraser sur la joue de Mattheus, des ongles acérés fendre les airs, puis une petite silhouette s’éloigner en courant. Arthur se redresse. Serait-ce déjà une attaque terroriste ? Une fanatique ? Pire, un infidèle ? Le pouce toujours en l’air, Arthur tente de retenir les détails de cette scène. Lorsque la silhouette n’est plus à portée de regard, Arthur revient vers son ami. Mattheus promet cent points à celui qui lui rendra des comptes sur cette situation. Avec douceur, le Breton dépose sa main sur la joue meurtrie de son ami. Le visage sérieux, la voix profonde, il professe : « Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends-lui aussi la gauche ».

Bordel, cela lui a pris toute sa concentration pour rester sérieux. Arthur retire sa main et secoue la tête. Aura-t-il droit aux cent points promis après avoir répandu cette sainte parole ?

Non. La voix de la discorde se lève déjà à ses côtés : « C’est Jessica, gros. Ta conne d’ex ».

Arthur tourne la tête vers cette voix reconnaissable entre toutes. Depuis quand Hara le Féministe est assis à côté de lui ? Arthur lève un sourcil et observe le Serpentard. Il n’a pas l’air de bonne humeur. « Vous avez l’air de deux gros blaireaux ».  Les suppositions du Breton se confirment. Hara est tout tendu (…). Heureusement, Arthur comment le prendre en main (…). Il sait comment le dé-tendre. « Normal, on est assis à la table des Poufsouffle ». Voilà, une petite méchanceté tout à fait gratuite. Ça passera ou ça ne passera pas ? Pourquoi se poser la question. Avec Hara, ça passe toujours (...).

Pour effacer son insulte à peine dissimulée, Arthur se penche derrière l’épaule de Mattheus et offre un petit sourire espiègle à Moera. Elle ne le prendra pas mal. Par contre, Hara, cela reste à voir. La petite blague ne l’a pas tempéré. Il a vraiment les dents. Il est amusant quand il a les crocs.

« On t’a manqué Hara ? »

Forcément, sa réponse est : « Non ». Arthur pouffe par le nez. Il le connait par cœur l’asticot. Ça, cette réponse et cette attitude, ça sent le manque à plein nez. Il y a deux explications à cela : soit il n’a pas chopé de nouveaux numéros, soit sa dernière expérience était naze. À moins que… Il n’en ait foutu une en cloque. Depuis le temps qu’il découche sans faire gaffe, cela lui pend au nez. D’ailleurs, comment elle va, la petite gamine naïve qui était folle de lui ? Aucune idée. Arthur s’en fiche un peu. C’était une idée comme une autre.

Avec son petit air abruti tout à fait personnel, Arthur se penche vers son plan Q B pour l’interroger sur ce qui l’intrigue réellement : « Mec, tu viens de gagner 100 points… Tu vas faire quoi avec ? ». Hara n’a pas l’air de comprendre. Râleur, comme dans ses jours de disette, il répond : « Vous avez l’air de gros cons ». Arthur soupire. « T’es jaloux parce qu’on ne t’a pas prévenu pour le sex.. la secte ». Avec douceur, le Breton lui tend la Sainte Assiette et son Bout… de crêpe.  « Tu veux nous rejoindre ? ».

« Non ».

Arthur soupire, un peu impatienté. Quel rabat-joie. Sans se démonter, il garde l’assiette à la hauteur des yeux de son ami. Arthur la lui garde sous le nez, jusqu’à ce qu’il cède. « Vous faites chier ».  Et il mange son bout de crêpe avec dédain.

Le breton l’observe, empathique. C’est triste de le voir dans cet état-là. Arthur l’aurait bien pris en main (sa son morale), mais le devoir l’appelle. Il y a une pêcheuse qui doit se confesser et se faire pardonner. « On se voit ce soir, vieux ? ». Voilà, cela va sûrement lui remonter le moral. Sans en ajouter davantage, Arthur se lève et fait signe à Mattheus de le suivre. « Viens Mat. Il est temps d’aller pardonner l’infidèle, Judassica ».

Avec incertitude, Arthur dirige leurs pas entre les tables. Il ne cherche pas un visage – quelle bonne blague-, mais des ongles acérés et une silhouette assez quelconque. Pas de fesses, pas de joli dos, juste des cheveux en bordel et des ongles pas manucurés. Il fait ses petites recherches, ne se concentrant que sur les gens de dos. Cela le fait maRRrrrrrrer. Il demande à plusieurs personnes de se mettre de dos. Son air con est si naïf que les gens, sans se poser de questions, exécutent ses demandes. Après quelques errances, il la reconnait enfin. Elle est là. Judassica. La fille sans forme aux ongles dangereux. Sérieusement ; comment Mattheus a-t-il pu sortir avec elle ? Il a dû y être obligé, ce n’est pas possible.  

Et même si Arthur ne reconnait pas les expressions faciales, celle-ci ne lui est pas étrangère. Il comprend vite qu’elle pleure. Oups.  Arthur s’assied à ses côtés, prêt à essuyer ses larmes. Matthou, Matthou, Matthou. Franchement. Arthur lève le regard vers son pote. Faire pleurer les filles, ce n’est pas bien. Heureusement, il est là pour réparer les pots cassés. Arthur dépose ses doigts sur l’avant-bras de la fille sans formes et, tout à coup, elle s’ouvre, telle une fleur : « Il ne m’a pas rappelé… Ce… cet… »

C’est le moment pour la Bretagne de briller. C’est le moment de jouer au Grand Frère. « C’est normal. T’es moche ».

Hein ? Mais ce n’est pas du tout ce qu’Arthur voulait dire. Il cligne des yeux, surpris, et remarque qu’un con de Serdaigle tend sa baguette vers lui (Arthur fait souvent cet effet là). Il est complètement hilare et Arthur le reconnait immédiatement. C’est Yann. Il n’a pas dû apprécier de vous voir jouer aux Dieux. Pour se venger, ce con t'a lancé un sortilège de vérité. Quelle enflure, bon dieu. Arthur n’a cependant pas le temps de s’émouvoir. Il veut se rattraper auprès de la jeune fille : « Je suis désolé… Mais c’est vrai ».

Foutu sortilège. Cette fois, c’est pour lui, la baffe. Échec et Mat. Il aura fait ce qu'il a pu. C'était pas sa guerre.