soit honnête meuf, t'as aucune idée de pourquoi t'as décidé de te faire un profil sur witcher pas plus que tu sais pourquoi t'as accepté de rencontrer ce type avec ses cheveux rouges et ses lunettes de soleil. sérieusement, qui met en première un photo un cliché de groupe où la moitié de son visage est obstrué? ouais, envy, c'est pas comme si sur les tiennes, t'avais une mèche de cheveux un peu mal placée. hypocrite. n'empêche que t'as dit oui, ouais, alors autant faire ça bien. avec un peu de chance, tu pourras p'têtre presque t'amuser.
on va finir par croire que tu les collectionnes dans ton cercle d'amis, les roux. bon, là c'est plus du rouge, mais ça compte quand même. tu repenses un instant au râteau que t'as foutu à gareth, lorsque tu appliques ton eyeliner et un soupçon de lip tint devant le miroir avant de filer pour le boire ce café. t'y étais pas allée de main morte. ça va finir pareil cette fois aussi, hein? franchement envy, t'es vilaine. une vilaine, vilaine fille. le point positif c'est qu'au moins, t'as pas prévu d'être en retard.
un dernier regard à ton allure. ça servirait à rien d'attacher tes cheveux et tu te préfères avec les mèches qui volent au vent. à part ça, t'as enfilé un col roulé à rayures fines, blanc et noir, que t'as rentré dans une jupe trapèze en cuir noir, avec une fermeture éclair sur le devant. t'as fait ça de façon à avoir l'air nonchalante mais t'as essayé de faire un effort pour pas être 100% insultante non plus. un manteau long, bleu nuit, jeté par dessus la tenue que t'as terminé avec des collants résilles à large maille, des chaussettes noires qui t'arrives à mi-mollet par dessus : t'as pas eu besoin de plus pour dévaler les escaliers de la tour avec ton sac à dos.
c'est quand t'es arrivée en bas que t'as enfilé ce que tu trimballais à la main depuis ton dortoir : une paire de patins à roulettes blancs, aux lacets et aux roulettes bleu roi, que tu adores avec ferveur. une fois bien lacés, tu t'es mise en route vers ta destination. t'avais prévu de le retrouver devant les trois balais ou une connerie comme ça. tu savais pas exactement où mais, avec ses cheveux, t'étais assez sûre de pouvoir le retrouver sans trop de soucis de toute façon. sur le chemin, tu te demandes quoi dire en premier. l'espace d'une seconde, "ça roule ma poule" te passe par l'esprit. ton cerveau fait un parallèle avec la crête des coqs et tu rigoles toute seule comme une conne. ouais, nan, on va trouver autre chose.
quand t'arrives sur place, tu plonges ta main dans la poche de ton manteau pour attraper ton pineapple. 15h30. tu devrais avoir encore du temps, avec ta sale manie d'arriver tout le temps en avance. faut dire que vu comment tu détestes les retards et vu le message que tu lui as envoyé par rapport à ça, être ponctuelle c'était le minimum syndical. tu te laisses un peu aller à rouler quelques minutes, avant de repérer un peu de rouge dans le paysage. ton portable toujours en main, t'ouvres l'application parce que t'as un doute.
c'est bizarre pourtant, il est tôt. mais nan, on dirait bien que c'est lui. sharl. tu t'approches, avec un sourire en coin. une fois arrivée à sa hauteur - façon de parler - tu poses tes mains sur tes hanches et lève le menton dans sa direction. la voix est franche, claire, un poil amusée et les mots au final plutôt spontanés.
— yo. sharl c'est ça? alors le réveil a sonné en avance finalement? t'es là depuis pas longtemps j'espère, je m'en voudrais sinon. il caille.
et comme pour accompagner tes mots, tu lui fais un geste pour indiquer la porte des trois balais en guise d'invitation à y entrer.
Tu t'es fais beau, Sharl. Enfin, beau... Faut pas se mentir, t'as quand même un look approximatif. Plus qu'approximatif même, c'est carrément un fashion faux pas que tu nous fais. T'as des chaussettes dépareillées, une avec des motifs beaufs du style feuilles de weed, et l'autre rouge flashy, des baskets légèrement défoncées et un hoodie confortable mais trop porté. Le seul élèment de ta tenue sur laquelle t'as fait un effort, c'est ton pantalon - qui pour une fois n'est PAS un joggo. Non, aujourd'hui c'est un joli jean tout neuf, pour la simple et bonne raison que c'est ta mère qui l'a acheté et que t'as l'air d'un débile dedans. Bref, pour toi, t'es tout frais tout propre, mais c'est sûrement subjectif. Tu décides de pas couvrir ta tête d'une casquette, mais tu mets quand même un bonnet swag parce que t'es frileux, et t'as pas honte de l'assumer. Après avoir soufflé une trentième fois devant le miroir de la salle de bain, tu descends en trombe les marches du dortoir, et sort de la salle commune. T'as ton skate sous le bras, et une fois que tu sors du château, tu te mets à rouler, un sourire débile collé sur le faciès. Rien que ça, ça te rend heureux comme un gamin. Dix-neuf ans, askip. Tu passes un bon moment à faire le chemin, mais t'as pris soin de partir largement en avance. Et quand tu dis largement, c'est largeeeeeeeemeeeeeent. Parce que là, tu vas arriver vers 15h15, alors que t'as rendez-vous à 16h. Mais elle a dit, Envy a dit, de pas arriver en retard parce qu'elle détestait ça, et t'avais pas envie de commencer mal au premier rendez-vous.
Quand t'arrives à Pré-au-Lard, tes pensées sont déjà remplies de plans pour le mariage et de choix de bague de mariée. Tu te projettes sûrement un peu trop loin. Tu te poses pas loin des Trois Balais, parce que c'est là que vous devez vous rejoindre ; pour un café. Tu bois jamais de café, ça t'excite encore plus, on dirait presque t'es sous bonne beuh, mais non. Faut dire qu'excité + excitant, c'est un mélange explosif. Mais tu voulais pas vraiment lui dire "viens on va boire une bière à 16h" alors que c'était votre première conversation - sinon, ça l'aurait pas fait. Tu regardes l'heure défiler avec appréhension sur l'horloge numérique de ton Pineapple, mais t'as encore le temps... Que tu crois, parce que tu crois déjà la reconnaître qui s'approche au loin, avec une belle jupe, et un beau haut, et des patins à roulettes. DES PATINS A ROULETTES. Tu perds tous tes moyens quand elle commence à te parler. Elle a une jolie voix. « Je réveil patins non pas vraiment a sonné normal t'es belle. » Quoi. T'as l'air con là, Sharl. « Euh, attend. Fais comme si t'avais rien entendu. »
Tu respires un grand coup et tu rassembles tes pensées. C'est bon, tu peux le faire, tu vas y arriver, c'est pas si dur que ça de parler à une fille. Si? « JE DISAIS DONC. Le réveil a sonné normalement j'avais juste peur d'être en retard parce que d'habitude je suis jamais à l'heure tu vois... Je voulais pas te decevoir!! Et puis tes patins sont jolis, FIN GENRE JOLIS, ILS SONT COOLOS QUOI MAMENE. » Mamène? En parlant à ton date? Mais gros débile. « Je veux dire euh j'aime bien les trucs qui roulent genre regarde moi je suis venu en SKATE!!! » Pas mal, le rattrapage. Mais débile quand même. Tu jettes un regard vers la porte du pub, puis sur Envy, puis tu souffles, puis t'hésites et t'as l'impression de plus pouvoir bouger. « Bah euh, tu veux rentrer sûrement, fin genre on est là pour ça? Fin je sais pas tu peux toujours partir je suppose... MAIS PARS PAS STEUPLAIT JE TE JURE QUE JE SUIS GENTIL EN VRAI!!! » Tu t'enfonces un peu là. Tu te mords la lèvre inférieure, et puis tu pousses la porte des Trois Balais, t'appostrophes une serveuse une fois à l'intérieur pour qu'on vous indique où vous asseoir, et tu commandes vos deux cafés par la même occasion. Une fois assis, tu te sens un peu mieux, mais t'as envie de sauter partout. « Alors euh... Comme ça t'es élève à Poudlard et tout? » Tu veux la bore to death ou lui plaire, Sharl?
haha, il est con. c'est le premier truc qui te vient en tête. non, c'est pas pour dire, c'est chou cette façon qu'il a de pas trop savoir quoi dire, c'est juste qu'honnêtement, tu t'attendais pas à ça. tu t'attendais au cliché du grand type un peu jock sur les bords - et pour ça tu semblais pas avoir vraiment tort - mais aussi un peu à un cliché de fuckboy. le comportement collait pas trop, sur l'instant. ah ça c'est clair envy, t'as vu mieux niveau smooth talk lv2.
il se reprend et t'inclines un peu la tête sur le côté pour faire genre que toute ton attention est focalisée sur lui. en vrai, t'as juste envie de rentrer : quelle connerie cette jupe avec un temps pareil... au fond, peut-être que l'allure de sharl ajoute aux regrets que tu as d'avoir fait un effort vestimentaire. il est pas moche, hein, puis au fond tu préfères que les gens viennent directement comme ils sont : ça évite les mauvaises surprises. c'est juste que t'as cette petite impression que vous êtes mal assortis et ça te titilles.
sharl, il parle un peu trop pour un début. alors ouais, tu dois avouer, t'es pas super concentrée sur ce qu'il te dit. bah, le peu que tu captes te déplaît pas trop. t'aimes bien les compliments. au final, tu sais pas trop quoi penser de ta déconvenue. il a l'air plus gentil que ce à quoi tu t'attendais. un peu trop, peut-être. mais bon, c'est pas vraiment quelque chose de reprochable alors tu te tais. c'est assez rafraîchissant, en vérité, le comportement qu'il a.
il semblerait en tout cas que vous partagiez un amour pour les roulettes. ça t'amuse assez à vrai dire et tu le notes dans un coin de ta tête histoire d'avoir un sujet de conversation à relancer - si il ne le fait pas avant toi et que le fil de la discussion finit par s'étioler. c'est marrant, parce qu'en dépit du fait qu'il soit plus âgé que toi et qu'il te dépasse d'une bonne tête, t'as quand même pourtant envie d'agir avec lui comme avec un gamin. sa dernière remarque avant d'entrer dans le café te fait pouffer de rire. ouais, il est gentil.
à l'intérieur, il fait chaud et tu te sens un peu mieux. le jeune homme interpelle une serveuse, vous trouve une table et des boissons. c'est bien, on dirait qu'il a pas autant de mal à parler aux serveuses. t'es rassurée pour lui. un peu moins rassurée par rapport à ses skills de conversation, par contre. que c'est bateau comme première phrase. un sourire se dessine sur tes lèvres, envy, avant que tu ne mimes une expression de surprise.
— incroyable!! comment tu as deviné ? du coup toi aussi, c'est ça?
un sourcil haussé, un sourire en coin, tu poses tes coudes sur la table pour t'approcher un peu de lui et poser ton visage entre tes mains. alors... de quoi est-ce que tu pourrais bien parler... tu clignes des yeux et t'efforces de dégager un air chaleureux pour qu'il patiente un peu le temps que tu réfléchisses. ah oui, tiens, ça peut être pas mal de commencer par ça.
— t'es en échange c'est ça? depuis ilvermorny j'imagine? vu l'accent. j'ai jamais vu les états-unis, ça change beaucoup de poudlard?
c'est de la vraie curiosité, même pas une sorte de pirouette hypocrite pour lui faire plaisir en faisant mine de t'intéresser à lui. je suis fière de toi, envy, tu en fais des progrès! tu prends un peu de recul pour te redresser sur ta chaise et te débarrasser un peu de ton manteau. quitte à rester ici un moment pour papoter, autant que tu te mettes un minimum à l'aise pas vrai?
mais au fond ça va, c'est pas vraiment un souci ça. ce sharl, il est plutôt abordable au fond. ouais, il est con, mais il est sympa.
« EH OUAIS c'est ça exactement, je viens d'Ilvermorny. Et ouais j'avoue ma question était débile c'est un peu logique, pardooooon. »
T'agites la tête avec vigeur comme si ça appuyait tes excuses un peu plus. T'es une boule de mouvements impromptus et des mimiques stupides. Tes amis avaient l'habitude et n'y payaient plus trop attention, mais c'est pas forcément la bonne stratégie pour un date.
« Bah du coup t'es dans quelle maison? »
Visiblement t'as le chic pour poser des questions inintéressantes au possible. Si Envy ne finissait pas séduite, elle pourrait bien finir morte d'ennui. La deuxième option semble plus probable ici, mais toi, t'es persuadé qu'elle t'aime déjà et qu'elle attend l'occasion parfaite pour te demander en mariage. Tu te fais des films vite.
« En vrai les Etats-Unis c'est pas trop trop différent... Fin c'est chelou il se passe des trucs de malade tous les jours à côté ici c le parc pour enfant t'sais. Mais bon, j'aime bien mon chez moi quand même! »
Ouais, les Etats-Unis c'est pas très calme. Y a les mass shootings et tout, un peu la loose. Mais quand on est à l'école, on est un peu plus isolé de ça, donc ça va. C'est pas pour ça que c'est une bonne chose, mais c'est mieux, pour les gens comme toi. La serveuse revient vous amener vos cafés, et t'en prends immédiatement une gorgée. Tu crains pas trop le chaud, même pas du tout.
« TU M'AS PAS DIT t'en fais souvent du patin comme çaaaaa??? PARCE QUE C'EST VRAIMENT STYLAX A DONF ET TOUT! T'as jamais pensé à les customs? En mode tuning de patins et tout..... »
T'expires, parce que t'as pas pris ta respiration de toute la phrase.
« Fin c'est une idée, c'est sorti comme ça genre BOOM et puis ça te donnerait grave un flooooooooooow!! »
tes mains se tortillent contre le bois et t'essaie de maintenir un bon niveau de eye contact, concentrée pour pas montrer que tu t'ennuies. toi, envy, t'as besoin que ça bouge et c'est vrai qu'il bouge pas mal, mais ses mots vont finir par avoir raison de toi. tapotement des ongles contre la table, les épaules remuent un instant suite à sa réponse, comme pour lui indiquer qu'il n'y a pas de problème.
— serdaigle
ouch, la réponse est courte et rapide et tu sais que c'est pas bon signe. va-t-il s'en rendre compte ? tu ne lui retournes même pas la question. non, à vrai dire, t'es presque sûre que tu connais la réponse. y'a qu'à voir sa tête, pas vrai ? pis tu te souviens l'avoir entendu crier pour supporter les rouges lors du match de quidditch, maintenant que son agitation te rappelle quelque chose.
il répond enfin à la question dont la réponse t'intéresse un minimum et même si elle te déçoit un peu, t'hoches la tête avec un petit sourire. tu serais curieuse de découvrir comment c'est, ilvermorny. peut-être pas assez curieuse pour y aller en échange, mais peut-être que si. il faudrait voir avec ta flemme et un mélange de motivation pour décider de ça au final. heh.
le café arrive et tu peux pas t'empêcher de fixer la serveuse quelques secondes. les doigts enserrent instinctivement la tasse et la chaleur les brûle mais tu essaies de ne rien laisser paraître. this is fine, comme on dit. il prend une gorgée, sharl, et l'espace d'un instant t'as peur que vous vous contentiez juste de boire vos cafés et arrêtiez de parler, mais il reprend vite la parole et toi tu goûtes ta boisson.
maintenant que t'y penses, peut-être qu'il aurait dû te demander ce que tu voulais, parce que t'aurais bien aimé un truc avec du lait dedans et genre du sucre, et du chocolat. c'est pas très grave mais t'essaies de pas faire la gueule sous le coup de l'amertume du liquide qui brûle ta gorge quand tu lui réponds, parce qu'il aborde le seul sujet de conversation que t'avais en tête.
— ouais ça m'arrive assez souvent ouais. à vrai dire, les roues que j'ai là c'est pas les roues de base. à la base elles étaient genre blanches et ennuyeuses et après j'en ai pris des bleues transparentes comme ça. c'est... j'sais pas, j'aime bien. toi tu fais du skate c'est ça ?
un instant, t'as envie de le taquiner, parce que t'es un peu vexée du double-sens que tu te plais à dessiner dans sa phrase.
— hey, t'insinues que j'ai pas de flow c'est ça? je suis sûre que si on faisait une course, moi sur mes patins et toi sur ton skate, t'aurais pas une seule chance de me battre. deal ?
compétitive petite envy, dont la vie se marbre de défis en tout genre parce qu'elle adore jouer mais déteste perdre, et enchaîne les revanches dès que c'est le cas. ça serait un moyen de rendre la journée un peu plus intéressante, en tout cas. elle reprend une gorgée de café et au final, se dit qu'elle pourrait se faire à l'amertume.
Ah bah le malaise!!! Elle te défie dans une sorte de concours mais SURTOUT elle pense que tu penses qu'elle a pas de flow... Vraiment c'est pas du tout ce que tu penses et d'ailleurs, t'es déjà en train de faire de grands gestes avec les bras pour lui montrer explicitement que c'était pas ce que tu voulais dire.
« JE VOULAIS PAS QUE TU PENSES CA OK??? T'as grave du flow c'est juste moi qui sait pas parler je te juuuuuuuure!! »
T'attrapes ton skate et tu te lèves, et t'avales ton café d'un coup, sans un frisson de dégoût qui passe même pas inaperçu. Vu la tournure des évènements, c'était même plus grave.
« Tu me battras jamais d'abord!!! Go dehors 1v1 Pré-au-Lard MAINTENANT!!! »
Tu balances l'argent sur la table, assez pour payer les deux consomations parce que bon, t'es galant quand même. Non, en vrai t'avais juste envie d'aller la battre donc t'avais pas le temps de te battre pour qui paye quoi, alors voilà. Puis ça va, t'as encore de l'argent de poche pour le mois (non, c'était tes derniers ronds, t'es ruiné maintenant, mais tu pleureras sur le trou de ton porte-monnaie PLUS TARD). Tu pousses la porte et tu balances ton skate pour le laisser rouler jusqu'à ce que tu considères la ligne de départ.
« OK. On part de là, le premier arrivé au bout de la rue a gagné? OK???? OK???? ALORS... »
Tu poses un de tes pieds sur ta planche, et tu te prépares comme si t'allais courir un marathon olympique.
« TROIS. DEUX. UN. C'EST PARTIIIIIIIIIIiiiiii!!!! »
Et tu t'élances, de toutes tes forces, le vent dans les cheveux.
et tu comprends pas trop ce qu'il se passe. d'un coup d'un seul, le grand dadais en face de toi attrape sa planche et son café, lequel il vide dans sa gorge avec une rapidité qui te fait grimacer. mais tu te démontes pas, tu l'imites même si ça te donne envie de crever une seconde plus tard. c'est marrant, parce qu'il a l'air au moins aussi compétitif que toi et tu te dis que peu importe le gagnant, ça risque de vexer l'autre. en pesant le pour et le contre et en le voyant s'exciter, tu dois l'avouer envy, t'as un mauvais pressentiment.
tu le regardes jeter ses pièces sur la table et pousser la porte pour sortir et balancer son skate avec un air quasiment circonspect, avant de le suivre en roulant doucement. maintenant que t'y penses, le provoquer alors que tu portes une mini-jupe c'est peut-être pas le meilleur deal ni ta meilleure idée de l'année, mais il est trop tard pour revenir en arrière et passer pour une poule mouillée. t'attrapes juste un élastique à cheveux pour te faire une rapide queue de cheval et te laisser une petite chance.
— ok! mais attend qu'est-ce qu'on-
et il s'élance, et tu le suis en jurant, pas vraiment prête. t'as l'impression que ta jupe va remonter jusque sur tes hanches et le vent agite tes cheveux et tu te maudis parce qu'il prend de l'avance. t'as pas encore perdu mais dans ta tête tu commences déjà à rager comme une grosse hater. tu sais ce qu'on dit envy, c'est avec un mental de loser qu'on fait des perdants. c'est probablement pour ça qu'il te distance un peu plus et arrive au bout de la rue avant toi.
tu freines à côté de lui et tu souris, d'un de ces sourires crispés que l'on fait quand, par exemple, on s'attend à passer une bonne journée et qu'on se retrouve au final dans un rendez-vous un peu nul, battue à son propre défi. tu défais tes cheveux et remue un peu la tête pour te redonner de la contenance, quand l'amertume de la défaite remplace celle du café contre tes papilles. t'as qu'à déglutir, envy, pour commencer à ravaler ta fierté.
— non mais t'es parti avant moi et puis en plus t'as un skate et... j'veux dire. bon. bien joué. alors dis-moi, tu veux quoi genre, pour ta victoire?
tu croises les bras sur ta poitrine et incline légèrement la tête sur le côté.
— genre je sais pas, j'pourrais te rembourser mon café ou un truc comme ça. tu me dis.
Tu fonces tu fonces tu fonces et tu regardes même pas en arrière parce que t'as pas le time. Tu veux la victoire et tu l'auras TU LE SAIS. Et quand t'arrives au bout de la rue avant Envy, t'exploses de joie tellement fort que t'en laisses partir ton skate de son ton pied. Tu t'empresses d'aller le récupérer avant qu'il aille valdinguer tu sais pas trop où. Quand tu reviens, ton date a lâché ses cheveux et elle RAGE BOUH GROSSE RAGEUSE BOUUUUUH C'EST MOCHE.
« J'ai fait un décompte t'as aucune excuse!!!! Et d'abord toi tes skates c'est TES PIEDS moi jdois giga contrôler pour pas perdre le skate c'est dur aussi hein!!! Bref ouais j'ai gagné je gère tout ça, mais rage pas c'est pas grave. »
En vrai t'es juste insupportable Sharl. Tu te mets à réfléchir vite fait à sa question sans vraiment savoir quoi répondre.
« Bah je sais pas non je m'en fous de l'argent t'as pas besoin de me rembourser... Fin je suis un peu à plat mais tranquille. »
T'es vraiment trop naze comme type. Tu regardes un peu autour de toi à la recherche d'idées pour la suite d'un date qui ressemble de moins en moins à un date parce que t'es un gros cassos qui sait jamais faire les choses correctement. Oh well. Bref, tu repères du coin de l'oeil Honeydukes qui te fait un clin clin lointain.
« Eh dis tu veux qu'on aille acheter des bonbons? Genre comme ça tu me rembourses pas en argent mais tu m'achètes des trucs quand même. Je suis pas un michto hein ok...... »
Tu supposes qu'elle va dire oui, et si elle dit non tant pis, parce que t'es déjà monté sur ton skate, tes doigts fermés sur son poignet tu la traines derrière toi. Elle doit bien glisser sur ses rollers. T'arrives devant la boutique de bonbons.
tu ne peux ni ne veux t'empêcher de retenir une moue lorsqu'il démonte les arguments que tu as fondé pour justifier le fait que tu rages comme pas possible, en te retenant de laisser ta langue claquer contre ton palais pour montrer ton agacement. il enchaîne rapidement pour répondre à ta question et bien que sa réponse ne t'aide pas vraiment, il change au moins de sujet et tu trouves que c'est mieux comme ça. tu le fixes, pensive, alors qu'il regarde autour de lui et tu essaies de suivre son regard pour voir ce qu'il pourrait avoir en tête.
et lorsque t'obtiens ta réponse parce qu'il verbalise ses pensées, tu plisses les yeux. sérieusement ? des bonbons ? peut-être qu'il a besoin de sucre pour faire passer l'amertume du café. tu peux pas t'empêcher de te dire que vu l'énergie qu'il a après ce café d'ailleurs - ou était-ce son état normal ? - tu crains l'effet que le sucre pourrait avoir sur lui. mais t'as pas le temps de protester, parce qu'il t'attrape par le poignet pour te tirer comme un chariot rempli d'argent pour qu'il puisse s'acheter des bonbons et que tes roues te font avancer sans résistance.
tant pis. au final, de toute façon, t'es trop blasée pour refuser à cause de ta défaite. et puis qui sait, t'aimes pas les bonbons mais peut-être que ça te rendra un peu moins amère ? peut-être qu'il pourra te recommander des trucs. tu peux pas t'empêcher de sourire d'amusement quand tu vois sa réaction à l'approche de la boutique. ouais, non, t'as plus l'impression d'être de babysitting que de rencard depuis tout à l'heure. à ceci près que t'es pas vraiment payée et que vu comment il semble considérer la perspective des bonbons, t'es quasiment sûre que ça t'aurais coûté moins cher de lui rembourser son café.
— si t'as si faim que ça, ça aurait pas été mieux si t'avais pris genre je sais pas, du gâteau ou un truc comme ça ? genre un truc plus consistant que des bonbons...
ça doit être pour ça qu'il a gagné, penses-tu. à force de se goinfrer de bonbons, il a dû recevoir un coup de pouce de la gravité. c'est pas gentil, c'est vrai, mais t'as besoin de rager et c'est pas non plus comme si tu le disais à voix haute, alors ça va, tu ne culpabilises pas trop. alors tu entres dans la boutique, en lui tenant un peu la porte ouverte, et une fois à l'intérieur, tu restes tournée vers les sucreries qui s'empilent pour le questionner à nouveau.
— qu'est-ce que tu comptes prendre ? j't'avoue que je suis pas ultra fan des sucreries... alors si t'as des recommandations, je prend.
« Bah non si j'avais faim pour un gâteau je t'aurais dit de m'acheter un gâteau t'es teuteu aussi.... »
Pour pécho, c'était définitivement mort du coup. Ouais, fallait croire que t'avais tiré une croix sur ce projet ; tant pis, au moins elle était gentille, ça fera sûrement une bonne amie plus qu'une bonne copine. Tu prends sa suite pour rentrer dans la boutique et là s'est l'extase. Tu passes dans tous les rayons avec des étoiles dans les yeux comme si ta mère t'avait emmené exceptionnellement pour te féliciter d'avoir fait un truc. Sauf que là c'était censé être date. Bref, comme on a dit, c'est mort anyway.
« Comment ça t'es pas fan des sucreries??? Alors que c'est trop bien?? T'as les baguettes magiques au réglisse et t'as genre aussi les dragées surprises ça c'est trop drôle aussi! Tu savais que mon goût favori c'est vomi? »
T'es sérieux à lui dire ça? A force elle doit savoir que t'as au grand maximum trois neurones, mais quand même, goût vomi... Elle va te prendre pour un taré.
« Bon j'avais c'est pas au goût de tout le monde et tout mais t'inquiètes... »
T'attrapes des chocogrenouilles, et un peu de tout en fait, que tu mets dans des petits sacs à confiseries, et puis tu tires Envy jusqu'à la caisse où tu sautilles en attendant qu'elle paye.
« Ouais désolé j'ai pris un peu de tout mais vu que tu sais pas trop ce que t'aimes bah comme ça on pourra goûter ensemble!!! »
Tu la tires hors de la boutique, toujours en sautillant. Dehors, tu commences déjà à taper comme un porc dans un peu tous les paquets.
tu plisses les yeux lorsque ses mots parviennent à tes oreilles, parce qu'une partie de toi peine à comprendre ce qu'il cherchait à faire. enfin non, tu devais admettre être presque certaine qu'il ne voulait que des sucreries à présent, mais t'as un peu de mal avec le fait que l'on te parle de la sorte. non mais. teuteu. je rêve. ça confirme plus que largement ton hypothèse première sur le personnage. haha, il est con. c'est lui qui est teuteu. sérieusement.
t'as les bras croisés sur ta poitrine et la mine très clairement renfrognée, alors qu'il s'extasie devant les murs de confiseries qui vous entourent. rien qu'à balayer tout ça du regard, t'as déjà l'impression de choper le diabète. t'es plutôt salé que sucré, ça a toujours été le cas, mais tu sens que même si tu avais eu une préférence pour le sucre, cette boutique aurait été trop pour toi. lui il t'énumère certaines confiseries et son dernier commentaire te donne envie de vomir. ce qui est plus qu'approprié, en fait.
— goût vomi?? hein?? c'est pas genre. dégoûtant ?
et après c'est toi qui est censée être bizarre parce que t'aimes pas les sucreries ? c'est n'importe quoi. t'as envie de lui mettre une petite gifle pour le faire revenir à la réalité. enfin, ce qui te rassure, c'est que si il a aussi mauvais goût, c'est pas grave que le rendez-vous finisse mal. mais il a dit qu'il te trouvait jolie ? l'espace de quelques instants, t'as une petite crise existentielle. qu'est-ce que ça veut dire si quelqu'un avec des goûts pareils te trouvait jolie ?
t'aurais dû te douter de ses goûts bizarres lorsqu'il a avalé son café d'un coup. parce que ça aussi, c'était dégoûtant. tu te remettais complètement en question, à ce moment là. c'est clair qu'il est pas futé, mais quand même, est-ce que ça voudrait dire qu'il pouvait te juger jolie avec ses goûts atroces ? tu te perds dans ta tête avec ton orgueil blessé mais ne t'inquiète pas envy. il te ramène à la réalité en te traînant jusqu'à la caisse.
tu tires franchement la gueule en payant toutes les sucreries. t'as juste envie de te barrer, honnêtement. mais tu ravales ta fierté - le peu qu'il te reste - et tu lui adresses un sourire forcé.
— c'est rien, t'inquiètes pas.
vous sortez et tu le regardes manger ses sucreries comme un gamin de 10 ans, avec un air beaucoup trop fier de lui. il te tire et te traîne un peu mais tu fronces les sourcils et dégages un peu ta main de son emprise pour te glisser face à lui et stopper un peu son sautillement joyeux vers tu ne sais trop où. là, ta main plonge dans un sachet dont tu sors quelques chocoballes et tu croques dans l'une d'entre elle, avant de le fixer.
tu sais pas quoi dire. tu sais pas quoi faire. alors c'est ce que tu décides de dire.
— on fait quoi maintenant ? tu veux rentrer ? je dois avouer que je sais pas trop quoi faire ou te dire. c'était sympa, hein, mais bon...
mais bon. tu n'oses pas lui dire ce qui ne va pas, parce que tu as peur que la liste s'étende jusqu'au lendemain. tu te contentes d'hausser les épaules face à lui, figée sur tes patins.
T'es un peu dég là faut avouer. ET COMMENT CA C'ETAIT SYMPA MAIS BOOOON AVEC TANT DE FLOTTEMENT DANS LA VOIIIIX. AAAAH. Tu deviens fou Sharl. On dirait t'es toujours le plus nul pour pécho et ça se vérifie une fois de plus. Tant pis, tant pis. C'est pas toi qui va la regretter c'est elle qui va te regretter. Enfin non, elle en aura probablement rien à foutre mais t'essaies de te rattraper mentalement comme tu peux. Allez respire mon grand, ça va le faire. Bonhomme.
Oui non enfin c'est vrai c'était sympa quoi donc euh ouais on peut rentrer je suppose... De toute façon j'ai euh des.. devoirs. Tu sais je suis un gars sérieux moi. Y en a dans le ciboulot. J'ai failli aller à Serdaigle tu vois...
Gros menteur que t'es... Le mec est à deux doigts de redoubler, il va probablement passer à l'année supérieure à un poil de cul mais t'espères faire croire à la dame trois fois plus fut-fut que toi que t'es le gros cerveau de Poudlard. Pas à nous Sharl, pas à nous. En tout cas, tu te mets à marcher, ou plutôt à skater, dans la rue principale de Pré-au-Lard, la tête un peu basse, te préparant à devoir retourner à l'école. Ah franchement, LA LOSE. Comme d'habitude tu es boo boo the fool. Musique de cirque est l'hymne de ta vie.
SI tu veux euh... Enfin je me disais... Seulement si ça te dérange pas on pourrait peut-être euh... rester amis?
Là, t'enfonce ta propre tombe. Sérieusement t'aurais pu lui demander genre hmmm on pourrait remettre ça un de ces quatre et laisser le doute planer entre vous... mais non, miss la plus bête qui fait genre est intelligent préfère concrétiser et dire ON EST AMIS MAINTENANT ? L'échec que tu es...
C'est vraiment comme tu veux t'sais je te force paaaas... mais ça serait cool.
son air déconfit t'attristes un peu. ouais, t'es presque sûre qu'avec quelques millimètres de plus dans sa moue, tu pourrais te sentir mal. tu hausses un peu les épaules et t'apprêtes à chercher une excuse pour justifier vraiment le fait que tu veuilles partir loin d'ici pour regagner l'école et ton dortoir, mais vraiment, tu trouves pas.
c'est même pas nécessaire à vrai dire, parce qu'il te parle de ses devoirs et que c'est une excuse assez grosse pour que t'aies pas à en rajouter. et tu peux pas t'empêcher de pouffer de rire quand il te demande si vous pouvez rester amis. t'osais pas le dire, t'osais rien dire en vrai, mais là franchement, tu trouves que c'est vraiment le pompon.
— ouais, sharl, t'inquiètes. bien sûr qu'on peut rester amis. de toute façon, tu sais comment me contacter... on aura qu'à refaire une course une prochaine fois, histoire que je prenne ma revanche.
tu lui tapotes le dos amicalement avant de commencer à t'éloigner sur tes patins, pour regagner ton coin et rincer de ta bouche cet étrange mélange de café trop amer et de bonbons trop sucrés avec un grand verre d'eau. tu peux pas t'empêcher de te demander s'il va aussi rentrer tout de suite.
vu que vous allez dans la même direction, ça serait mieux si tu te dépêchais, histoire de pas le croiser ou pire, de rouler à côté de lui. ça faisait assez d'embarras et de situations gênantes pour une seule journée, après tout. imagine si il roule à côté genre, aïe! trop tôt, beaucoup beaucoup trop tôt! alors tu te prépares à prendre de l'avance pour vous éviter ça.
et tu te retournes juste un petit instant avant de te mettre à accélérer, pour lui adresser une dernière phrase.
— et appelle-moi si t'as un autre date, j'te donnerai des conseils pour pécho !
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caedmon
Tu t'es fais beau, Sharl. Enfin, beau... Faut pas se mentir, t'as quand même un look approximatif. Plus qu'approximatif même, c'est carrément un fashion faux pas que tu nous fais. T'as des chaussettes dépareillées, une avec des motifs beaufs du style feuilles de weed, et l'autre rouge flashy, des baskets légèrement défoncées et un hoodie confortable mais trop porté. Le seul élèment de ta tenue sur laquelle t'as fait un effort, c'est ton pantalon - qui pour une fois n'est PAS un joggo. Non, aujourd'hui c'est un joli jean tout neuf, pour la simple et bonne raison que c'est ta mère qui l'a acheté et que t'as l'air d'un débile dedans. Bref, pour toi, t'es tout frais tout propre, mais c'est sûrement subjectif. Tu décides de pas couvrir ta tête d'une casquette, mais tu mets quand même un bonnet swag parce que t'es frileux, et t'as pas honte de l'assumer. Après avoir soufflé une trentième fois devant le miroir de la salle de bain, tu descends en trombe les marches du dortoir, et sort de la salle commune. T'as ton skate sous le bras, et une fois que tu sors du château, tu te mets à rouler, un sourire débile collé sur le faciès. Rien que ça, ça te rend heureux comme un gamin. Dix-neuf ans, askip. Tu passes un bon moment à faire le chemin, mais t'as pris soin de partir largement en avance. Et quand tu dis largement, c'est largeeeeeeeemeeeeeent. Parce que là, tu vas arriver vers 15h15, alors que t'as rendez-vous à 16h. Mais elle a dit, Envy a dit, de pas arriver en retard parce qu'elle détestait ça, et t'avais pas envie de commencer mal au premier rendez-vous.