I'm gonna make him an offer he can't refuse | Constance

Le château est toujours plus calme au retour des Fêtes. Qu'on soit occupé à rattraper son retard sur les cours qu'on a délaissés durant les vacances, à faire du jogging pour se donner bonne conscience, ou sous un plaid à mater des séries Netflix, on fera le bonheur des solitaires, qui pourront investir à leur gré les recoins les moins fréquentés de l'école. Comme toi, Gus. Il y avait beaucoup trop de gens dans le salon commun ce jour-là, alors tu es parti sans remords pour la bibliothèque. Sans te presser, vraiment, parce que t'es bien loin du jogging qui fait déculpabiliser. Tu as superposé les couches de vêtements pour échapper au froid et c'est avec des mitaines aux mains que tu tournes les pages de ton traité de médicomagie. Un gros truc bien chiant que tu dois lire avant le prochain cours du professeur Grantt.

C'est pratique d'avoir rendez-vous dans un lieu pareil, ça te force à travailler. Parce qu'après Nouvel An, t'avais un peu de mal à remettre ton cerveau en ordre pour bosser. Tu prends des notes en lisant le chapitre qui t'intéresse, et de temps en temps tu vérifies l'heure. Quand tu entends des pas se diriger vers toi, tu lèves les yeux et tu avises l'élève en face. Ton rendez-vous d'affaires. Dubois.

Salut. Tu voulais me parler?

Ton regard balaye la blonde de la tête aux pieds, alors que ton cerveau essaye de faire le tri entre les différents visages que tu vois passer au quotidien, retrouver les informations qui la concernent. Elle était déjà venue te poser des questions, mais tu n'avais pas réussi à déterminer ses intentions. Il te semble qu'elle est en DEMA, peut-être pas dans la même année que toi, par contre. Tu patientes, curieux.

Elle s'approche sans répondre tout de suite à ta question. Elle fait durer le suspense, mais ça te laisse plus de temps pour l'observer. Sa démarche, son attitude. Des indices aussi utiles que son nom, au final. Constance. Oui, c'est ça, Constance Dubois. J'ai quelque chose à te proposer. Tu es un garçon patient, Argus, mais l'attitude de la Serpentard porte ses fruits: tu es intrigué par ce qu'elle a à te dire. Tu le caches en repoussant poliment ton livre sur le côté.

Elle commence bien, déjà, puisqu'elle loue tes capacités en potions. Elle ne te connaît pas, mais bizarrement elle sait quelle ficelle tirer pour t'arracher un léger sourire. Faire équipe, hein?

D'accord, tu m'intéresses.

Constance se rapproche pour expliquer son idée dans le détail et, inconsciemment, tu fais de même. Elle t'a donné rendez-vous dans un lieu calme, isolé. Et tout dans son attitude laisse supposer qu'elle ne vient pas te proposer de faire tes devoirs moyennant des bonbons achetés 3 mornilles à Pré-au-lard. Non. Tu sens que c'est plus intéressant. Tu pourrais faire des potions plus "difficiles", elle savait pour ton petit passe-temps. Fabriquer des potions avait toujours été une évidence, pour le passionné que tu es, une façon de pratiquer les cours, tester de nouvelles recettes, repousser les limites de ta curiosité et de ta petite fierté. Tu préfères, en effet, les potions plus compliquées aux basiques philtres qu'on vous enseigne pour soigner les petits bobos.
Quel intérêt de soigner les furoncles quand on peut emprisonner la chance dans une fiole?

Mmh. Ok, je vois.

Tu ne vas pas répondre tout de suite, quand même, toi aussi tu peux manier le suspense. Tu es prudent, Gus, tu ne te jettes pas dans un projet aussi ambitieux sans être sûr de toi. Sans savoir à qui tu as affaire. Or, tu ne connais pas Constance. Pas encore.

Quand tu dis 50/50, tu prends aussi en compte les frais pour les ingrédients et le matériel? J'ai pas les moyens de sortir tout ça de ma poche en avance...

C'est pas totalement vrai. Tu utilises ton propre matériel pour tes potions, mais si tu te mets à les vendre, tu veux pouvoir séparer cette activité de ton passe-temps habituel. Faire de l'Amortentia n'a rien d'illégal, si on en est capable. Le vendre, c'est une autre histoire… Tu recules sur ta chaise et tu fermes ton traité de médicomagie pour signifier à Constance qu'elle a toute ton attention. Tu n'es pas prêt à accepter directement son offre, mais tu peux déjà faire un pas dans sa direction.

J'pourrais faire une liste de tout ce dont on a besoin, en fonction des potions, et établir un budget de base. À partir de là, on pourrait fixer des prix.

Tu dois te retenir de ne pas sortir un parchemin vierge de ton sac pour commencer à prendre des notes. Cette idée t'emballe plus que tu ne voudrais l'avouer.

Enfin, si j'accepte.

Pour l'instant, c'est encore de l'ordre de l'hypothétique.

Les réponses de Constance sont claires, précises et pertinentes. Elle dit exactement ce que tu veux entendre. Soit elle te connaît bien, ce qui est faux, soit elle est simplement correcte en affaires. Et aussi très intelligente. Tu gardes les deux hypothèses dans un coin de ta tête, alors que tu approuves d'un hochement ses paroles. Okay, partager 50/50 en tenant compte des frais, c'est correct. Préparer une liste des ingrédients et établir un budget, ça marche. Elle se propose même de te fournir les ingrédients difficiles à se procurer. Ça te surprend plus que le reste. Pourquoi cherche-t-elle à prendre autant de risques? Si c'est 50/50, les risques devraient être partagés aussi, non? Ce n'est pas comme si elle avait une dette envers toi, ou qu'elle te connaissait… Mais avant que tu puisses lui poser la question, elle te devance en expliquant ses motivations. Décidément, elle pense à tout. Et elle a une longueur d'avance.

Pour le challenge…

Tu répètes, en croisant les bras. Tu réfléchis. Tu essayes de comprendre, en fait. Mais tu n'y arrives pas. Enfin, il y a le goût du risque, ça oui, tu connais. Mais vendre des potions illégales, c'est pas l'activité la plus excitante qui soit, hein. Enfin. C'est son choix, donc son problème. Comme elle te le rappelle, la fabrication des potions n'est pas illégale. Ça, c'est ta part. La sienne, en revanche… Elle se débrouille. C'est exactement le genre de choses que tu veux entendre si on te propose un partenariat, Argus. Pourquoi est-ce que tu as l'impression de marcher sur un champ de mines les yeux fermés?

Tu as déjà des contacts, euh... des gens qui seraient intéressés par ce genre de potions?

En fait, tu sais ce qui te gêne. C'est la déontologie. Ton esprit scientifique s'inquiète de la façon dont on pourrait se servir de tes créations une fois que tu auras perdu le contrôle sur elles.

Je me demande juste… à quel genre de personnes tu penses vendre tout ça.

Est-ce qu'elle ciblait un public plus large que le château, ou est-ce qu'elle comptait faire son business au sein même de l'école? Et vendre aux gamins? Mais pourquoi t'es à Poufsouffle, en fait? Fichue empathie.

Je suis pas d'accord pour les ingrédients, par contre. Je peux me débrouiller pour trouver tout ce dont j'ai besoin.

Si c'est toi qui fait la potion, tu sais mieux que personne ce qu'il te faut exactement. Tu peux juger de la qualité des ingrédients et c'est important. Et surtout, tu ne laisses pas reposer sur Constance l'entière responsabilité de votre affaire pas tout à fait légale.

C'est toi qui parle de 50/50, après tout. T'inquiète pas, je sais être discret.

Cette fois, tu souris. Ouais, t'es emballé par l'idée. Si tu as un minimum de contrôle sur elle. T'es pas juste un potionniste dans son labo; si tu crées pour Constance, tu veux en connaître les tenants et les aboutissements.

Constance devine aisément tes craintes et tu ne peux que grimacer, pas trop ravi qu'elle ait lu dans tes pensées, mais forcé de reconnaître qu'elle a raison. Vendre des potions à des mineurs, c'est pas très éthique, pour un futur médicomage. Tu écoutes attentivement ses explications pour jauger de son honnêteté. Ça te va. Elle a vraiment pensé à tout. Peut-être qu'elle veut en faire son business, plus tard? Ça peut être gratifiant si elle trouve assez de clients en dehors du château. Tu sais d'expérience qu'on teste rarement ce genre de potions plusieurs fois de suite. À moins d'être accro au Felix Felicis… ou un serial lover près à tout pour séduire. Pas très légal. Mais ton instinct te dit que Constance saura repérer les arnaques assez vite et se débarrasser des gêneurs s'ils venaient à être trop accros. Il faut fidéliser le client, mais pas à ce point…

Elle accepte aussi que tu t'occupes à 100% des ingrédients, ce qui te rassure. C'est un peu plus gratifiant pour toi, également, de prendre activement part au procédé. Sans être uniquement derrière les fourneaux, on va dire. Potionniste, ou la ménagère 2.0. Tu hoches la tête pour signifier que tu es d'accord avec ça, et Constance te demande si elle a répondu à toutes tes questions.

Wow, t'es pressée en fait?

Tu soutiens son regard, et tu souris. Ce n'est pas le moment de tester sa patience.

On va faire un essai. Je te fais la liste des ingrédients, on fixe les prix, et je te prépare un petit stock de base pour commencer. Suivant comme ça fonctionne, je signe officiellement.

Tu lui tends la main, pour sceller le contrat à l'ancienne. Vous n'allez pas le faire à la mode sorcière, un serment inviolable n'est pas nécessaire… pas vrai? Après tout, ce n'est qu'un petit accord entre étudiants en mal de sensations fortes.

Tu me flattes, Dubois!

Tu souris quand elle t'affirme avoir trouvé le meilleur partenaire qui soit. C'est sûrement pas totalement désintéressé, mais ça fait toujours plaisir. Tu craches jamais sur un compliment. On ne peut pas dire que ta nouvelle partenaire se retienne d'afficher son impatience et sa motivation. Elle prend instantanément la main que tu lui tends et la serre avec détermination. Tu fais de même. C'est agréable de travailler avec quelqu'un qui sait ce qu'il se veut! C'est pour ça que t'apprécies généralement les Serpentards.

J'veux pas trop m'avancer. Mais je pense que ce sera un plaisir de faire affaires avec toi.

Tu acceptes l'échange de numéros, ça sera plus pratique pour communiquer plutôt que d'organiser des réunions secrètes à la bibliothèque à chaque fois que vous voulez parler. Tu sors ton portable pour prendre le téléphone de Constance et lui donner le tien en échange. Il faudra que tu te trouves un coin tranquille pour faire tes potions, maintenant que la discrétion est de mise… Tu te vois mal squatter la salle de classe ou le dortoir, surtout pas avec le colocataire surprotecteur et maternel qu'est Ethan Stoker.

Il va me falloir quelques jours pour la liste. Je t'enverrai un message.

Tu glisses le téléphone dans ta poche et reprends ton livre de médicomagie devant toi. Cette entrevue avait été plus productive que ta séance de travail, finalement. En plus, t'allais pouvoir mettre la théorie en pratique. Que demander de plus? Ah, oui: des gallions.