[Défi Serpentard] Arsene & Aster & Pan — Richard en forêt.

Affalée dans le fond du canapé de la salle commune, les deux jambes relevées sur sa poitrine, le regard figé sur l'écran de son téléphone, Arsene, hypnotisée, n'avait pas haussé un sourcil depuis plus d'une heure. Aster à côté avait opté pour le même état de statue, mais était plus formel.

Rien d'étonnant à ce qu'il s'étonne de la voir se relever d'un bond. Elle avait ravalé sa flemme et déclaré d'une voix ferme :

Tu viens avec moi.

Évidemment elle ne posait pas la question. Elle s'était plantée devant lui et avait vaguement penché la tête.

On va chercher Pan.

Elle l'avait posé comme un ultimatum, et s'était mise à la recherche du concerné. Elle l'avait trouvé rapidement, au détour des couloirs du sous-sols, et dans la pénombre et la solitude qu'offraient les cachots, elle avait presque l'air d'un monstre.

Il faut que vous soyez avec moi, sur ce coup-là.

Ainsi au soir de cet après-midi-là, Arsene s'était frayé un chemin parmi les ombres du château, et attendait fermement ses amis derrière les bâtiments des écuries, un foulard noué plein de sandwichs dans sa main. C'est que la seule heure à laquelle elle était certaine de ne croiser aucun professeur était bien celle du buffet, et qu'il lui avait fallut tourner le dos à celui-ci.

En apercevant la lanterne de Madame Scamander s'éloigner de la porte pour rejoindre le château, elle s'impatienta de voir ses amis arriver. Alors quand leurs silhouettes s'étaient dessinées dans la pénombre naissante, elle soupira.

J'aurais du mettre un pull plus chaud, je suis morte de froid, de vous avoir attendu là !

Elle secoua la tête, comme pour annuler ses dires, et se dirigea silencieusement vers la porte de l'écurie. Elle parlait doucement, par peur d'être entendue.

Andersen a dit que Richard était toujours dans le box du fond. L'un de vous fait le guet, j'ai pas envie qu'on nous chope.

Andersen n'aurait peut-être pas pensé que ses plaisanteries avaient sonné comme un challenge aux oreilles de Arsene..

Arsene n'était pas une élève particulièrement douée, assidue ou attentive. Elle se constituait d'une bonne logique et d'un très bon esprit d'observation, mais ceux-ci lui servaient plus souvent à assouvir ses objectifs personnels, et ses études n'entraient pas réellement dans cette catégorie. Elle y accordait le moins d'effort et d'énergie possible pour mieux se concentrer sur ses propres projets, et réussissait toujours avec le strict minimum.

Sauf lorsqu'il s'agissait du cours de Soins aux créatures magiques. Arsene, là, était incollable, et diablement efficace. Elle avait dans sa bibliothèque un nombre incommensurable de livres traitant de créatures, d'animaux, d'hybridités ou de sangs différents. Cela relevait de l'obsession, et ses notes étaient systématiquement excellentes, sans qu'elle ait eu à se forcer. C'était son truc à elle, si bien que l'hippogriffe de Madame O'Sullivan, elle le connaissait déjà un peu ; comme pour toutes les bestioles qu'elle avait étudiées, Arsene avait l'approche et le touché, le contact facile, comme si elle avait fait ça toute sa vie. C'était comme inné.

Elle s'était avancée d'un pas calculé, et calme, dans un silence religieux. Elle avait baissé la tête, salué l'hippogriffe sans mesure, et avait attendu qu'il accepte leur présence. Richard avait paresseusement levé la tête, puis salué en retour, visiblement peu importuné. Arsene s'était relevée, et avait lancé un regard à Pan. Sa voix était plus douce que d'ordinaire.

Je l'ai jamais monté. Ou conduit, comme tu dis. A peine touché lors d'un cours en présence d'O'Sullivan. Pour qu'il nous suive on aurait intérêt à trouver de la bouffe, si tu veux mon avis.

Elle grommela. Elle aurait du y penser plus tôt. Au moins, l'hippogriffe avait l'air calme.

Il doit y avoir ça quelque part par ici, non ?