l'arbre-rose -- marie-lou

qu'elles sont jolies les jeunes filles-fleurs quand elles refusent de ployer sous le soleil froid de février. le sourire de marie-lou ne connaissait pas l'hiver, toujours ses joues avaient la teinte badine des oeillets et c'était peut-être pour ça que cecily la trouvait si belle, jolie comme le printemps.

sagement elles avaient piétiné l'herbe des jardins bien rangés, oh, comme c'était gentil ! les couleurs étaient défraichies par l'hiver mais déjà le jour se teintait du mauve tendre des crocus. rien de plus beau que le blanc pur des perce-neiges, opalescents comme leurs émois malicieux : lily en ferait des bouquets pour assortir aux espiègles canines de marie-lou, celles-là qui déchirent l'aurore d'un rire mutin.

les lippes teintées d'une gaieté divine cecily dévale les allées de ce jardin d'éden jusqu'à la lisière des sapins :
oh... ici aussi vous avez une forêt ? tu penses qu'il y a des plantes différentes là-bas ??
son regard est avalé par les cimes qui bleuissent l'après-midi, déjà lassée de la pâleur des florescences elle voudrait s'égarer un instant sur les sentiers ombragés pour voir s'effeuiller les ifs et les cyprès.

oh s'il te plait, on va voir ??
attache tes doigts aux miens dans une tiédeur baptismale, il ne faut que cette douce affection pour paver les chemins forestiers d'intentions louables : celles qui appellent aux odyssées les plus charmantes, dont la couleur fait écho aux rameaux des pins.