Il s'était réveillé les lèvres en sang, et dans ce qu'il espère n'avoir été qu'un rêve, il avait eu les mains liées.Amnésie.
Le flou des souvenirs qu'il tente de faire remonter à la surface était si vague qu'il avait finit par abandonner puis se faire une raison. Libertà ne se souvenait ni de sa mère ni de son enfance, seulement de cette voix qui soufflait son prénom.
Libertà, comme un appel à la tentation. À l'enfant on racontait les malaises d'un trop grand travail, un acharnement qui n'avait pas lieu d'être, quelques histoires pour mieux faire passer la douleur de la vie qu'il avait oublié. Et Libertà buvait ces paroles comme celles d'un évangile, parce que papa ne pouvait pas mentir, papa avait raison et papa s'occupait toujours bien de lui. Les malaises successifs entraînaient les pertes de mémoire, il n'y avait que les trop nombreux journaux intimes calcinés pour démonter cette vérité.
La vérité, la vraie, c'était que le sortilège d'oubliettes faisait trop bien son travail et que Libertà, enfant, ne savait pas se contrôler. Alors pour pardonner les parjures de son père on effaçait ses erreurs à lui. Il n'y avait que ces voix qui résonnaient parfois, celles qu'il entendait sans oser en parler, qui ne s'en allaient jamais. Libertà avait faim de sang, et malgré l'éducation exemplaire d'un parent qui ne souhaitait que le meilleur pour son fils, le petit finissait toujours par déraper. Une fois. Deux fois. Trois fois.
Et puis hop,
Amnésie.
À force d'efforts Libertà disparaît, les gens l'oublient, l'esquivent sans le toucher, l'évitent dans les couloirs. Libertà était un enfant bizarre, vous savez, un enfant qui rencontrait souvent les mêmes personnes sans jamais les reconnaître. C'était étrange mais fascinant. Peut-être un peu effrayant aussi, et les gamins ont toujours eu tendance à vite se lasser. Très vite se moquer ; mais Libertà avait finit par complètement s'en aller de la vie des autres, il ne résidait plus que dans sa petite tête de presque grand. Ses premiers souvenirs ? Cette pièce aussi blanche que de la neige, et ces draps aussi doux que de la soie. La clinique de son oncle, au centre de Rome étrangement beaucoup trop familière ; depuis les années qu'il y venait. D'aussi loin qu'il s'en rappelle, il avait neuf ans.
Et il n'avait plus jamais dormit dans cette chambre.
Et il n'avait plus jamais croqué personne, non plus.
Il n'avait plus jamais goûté le sang de l'homme.
Ça ne lui manquait pas.
(((c'est faux)))
Car dans sa tête chantait pourtant cette jolie voix encore et encore, murmurant des Libertà Libertà, mon enfant mange-moi, chatouillant ses pensées sans jamais cesser de le hanter.Bartolomeo à Beauxbâtons travaillait dur et souriait. L'école fut libération à ses yeux, alors il faisait toujours de son mieux pour pouvoir y rester. Ses rares connaissances de l'enfance ne l'embêtaient plus, tout le monde grandissait et avec l'aventure d'une vie venait souvent quelques ennuis. Quelques romances rapidement écourtées, de trop bons amis, des rires aux larmes les journées étaient bien rythmées. Parfois dans cet entre-deux où il se croyait à son aise pour la première fois de son existence, la voix revenait encore souffler à son oreille. Il avait soif, il avait faim. Et elle le tentait, alors il avait finit par craquer.
Cette fois il s'en souvenait,
C'était en cinquième année.
Et il n'avait pas comprit comment ce goût pouvait lui avoir tant manqué.
On lui avait pardonné sa faute mais son coeur était toujours au regret. Il se sentait responsable de cette fille qui pleurait comme la voix dans sa tête.(((ça le bouffait)))
Alors il a commencé à chanter.
Le personnage qu'il s'est crée représente ce qu'il affiche aux regards des autres aujourd'hui, un Bartolomeo maladroit mais gentil. Adorable bourreau des cœurs, au sourire un peu niai, assez rêveur. Le succès a été immédiat et son meilleur ami avait eu raison d'insister, même cette chaîne sur le youtube magique semblait faire effet. Il oubliait doucement Libertà qui accourait, tout en sachant qu'il ne partirait jamais.
Cependant c'est comme tout, à un moment ça se périme.
Finalement on l'a oublié aussi Bartolomeo.
Il se sentait étouffer à Beauxbâtons.
(((ça le tuait)))
Alors il est partit à Poudlard dans l'idée de se trouver un véritable foyer.
À savoir — Bartolomeo a une double personnalité,
Libertà, qui est apparue officiellement vers ses dix ans
— il est également atteint de schizophrénie légère qui se manifeste par des hallucinations auditives ou olfactives plus fréquemment, mais également d'autres symptômes comme une dissociation de la personnalité etc lors des crises les plus graves
— il n'est pas soigné simplement parce que lui n'a pas conscience de sa situation et qu'il le cache très bien (pour l'instant)
— entend des voix depuis tout petit.
Les origines — À la base, Bartolomeo est né Libertà. C'est le prénom que lui avait donné sa mère, Bartolomeo étant celui trouvé par son père. Il n'était pas un enfant particulièrement méchant, cependant il a toujours eu du mal à contrôler sa soif de sang, dû à son côté vampire et en partie à sa schizophrénie que personne n'a su détecter puisqu'elle n'était pas totalement déclenchée. Les amnésies à répétition orchestrées par son père et son oncle l'ont détruit et il s'est forgé un nouveau lui. Une double personnalité, Bartolomeo (qui est à la base son second prénom) pour plaire aux convenances de sa famille et inconsciemment se protéger. Son père en rééduquant Libertà après chaque amnésie a finit par changer l'ordre des prénoms naturellement, pour tenter d'effacer (sans doute) ce qu'il s'était passé avec la mère de Bart' quand il était petit. Son père a donc plus ou moins participé, sans le vouloir, à la création de cette double personnalité. Libertà étant l'originelle mais trop dangereux, Bart' l'a donc enfermé au fond de lui. Tout le monde se laisse avoir étant donné que personne, pas même eux, n'en a conscience.